lundi 31 octobre 2016

Quatre conseils pour accompagner la souffrance

par Roseline de Romanet 

1. Laissez-vous habiter par le Christ

Nourrissez votre vie intérieure en prenant par exemple tous les matins un temps de silence ou de prière pour vous laisser visiter par Dieu avant d'aller visiter la personne en souffrance. Car, aller à la rencontre de l'autre, c'est déjà s'être laissé rencontrer soi-même par Dieu. Le Christ se révélera par la paix et la douceur qui émaneront de vous, par-delà les paroles.

2. Prenez part au questionnement

Considérez avec sérieux les questions existentielles et spirituelles de la personne en fin de vie, même si vous n'avez pas de réponse. Vous pouvez témoigner de ce en quoi vous croyez, si elle vous le demande, en veillant à respecter son histoire, qui est sacrée. Le recours aux questions sur ses désirs profonds, ses angoisses ou ses appréhensions, plus qu'aux affirmations sur ce qu'il devrait faire ou penser, ouvre un dialogue dans une liberté réciproque, et permet parfois un bouleversement intérieur, avec des grâces de pardon, d'ouverture, de conversion.

3. Soyez dans la réciprocité

Je me souviens d'un patient qui m'avait dit d'un bénévole : « Il s'est confié à moi et j'ai osé lui parler. » Il n'y a pas de vraie rencontre sans réciprocité. Il y a une manière chaste de se confier, sans étaler sa vie entière. Une façon de dire « je » qui manifeste à la personne en face qu'elle est une personne et non un malade.

4. Restez collé au réel

Veillez à garder les pieds sur terre. En prodiguant des petits plaisirs : un dessert préféré, un brushing, un soin du visage... Quand il y a de la tristesse, un pardon non donné ou une rupture avec un proche, interrogez la personne sur son désir. Proposez-lui de l'aider aussi concrètement : parfois en retournant à domicile pour régler des papiers, en allant voir le notaire, ou en organisant une fête de famille.

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dimanche 30 octobre 2016

Roseline de Romanet : infirmière en soins palliatifs, une école de vie


Infirmière à la Maison médicale Jeanne-Garnier, à Paris, cette ex-bénédictine s'attache à prendre soin de la personne dans toutes ses dimensions.

« Je n'oublierai jamais cette rencontre. Elle eut lieu à Jeanne-Garnier dans la chambre d'un patient dont le visage était couvert de nodules. M'approchant de lui, je fus saisie par son regard qui semblait crier : « Comment pouvez-vous prendre soin de moi qui me présente à vous sous une apparence aussi laide ? » Je ne pouvais pas le laisser sans réponse. Après lui avoir prodigué des soins, je me suis permis de lui dire : « Je ne vous connais pas bien, et je vais peut-être être maladroite, mais, au-delà de votre apparence, c'est la beauté intérieure de votre être que je soigne et que je vois. Aujourd'hui, vous êtes aussi digne qu'il y a trois mois quand vous n'aviez pas un seul nodule. » J'ai ensuite embrassé sa joue abîmée. Loin de toute mièvrerie, ce baiser venait signer ma parole. Le visage de l'homme a soudain été transfiguré, il est passé des ténèbres à la lumière. En larmes, il m'a soufflé dans un sourire radieux : « C'est extraordinaire. » Au travers de cette personne, c'était le Christ que je soignais. Plus un visage est défiguré, un corps abîmé, plus j'ai à cœur de rétablir le patient dans l'estime qu'il a de lui-même.

Je suis devenue infirmière en soins palliatifs après avoir passé 15 ans chez les Bénédictines, à Paris. En 2004, je quittai cette congrégation qui était en crise. Ce départ fut extrêmement douloureux. Mais ce n'était pas être fidèle à ma vocation que d'y rester, en laissant la situation se dégrader. Ayant été moi-même burinée par les épreuves, ayant vécu la perte de repères, pour finalement me relever grâce à Dieu, j'ai eu à cœur ensuite de me tourner vers les personnes vulnérables qui affrontent la fin de leur vie. J'avais soif d'être source de paix et de solidité pour ces patients qui cherchent à retrouver l'unité de leur être, là où la maladie a fait voler en éclats leur sécurité, leur vie de famille, personnelle, professionnelle. En tant qu'infirmière, je suis appelée à prendre soin de la personne dans toutes ses dimensions. J'ai l'immense privilège d'avoir accès non seulement au cœur, à l'intelligence et à l'esprit, mais aussi au corps. Or, le spirituel et le charnel vont ensemble. Toucher le corps c'est toucher la personne dans son intimité la plus profonde et cela rejaillit dans tout son être. Bien souvent, le patient en fin de vie pense qu'il n'est plus digne, plus utile ; il se sent rejeté. La manière dont je vais lui prodiguer des soins, le sécuriser, l'apaiser, le regarder comme un être unique, infiniment respectable est déterminante pour le conforter dans son identité de sujet jusqu'au bout.

Côtoyer au quotidien la perspective de la mort, la souffrance des patients, des familles, ne peut laisser indemne. Jeanne-Garnier est pour moi une école de vie où l'on accepte de se montrer en vérité. L'expérience de la fragilité et l'approche de la mort agissent comme des loupes sur les enjeux existentiels, à côté desquels nous passons parfois : quel est le désir qui m'habite ? Quel a été le sens de ma vie ? Et aujourd'hui ? Quelle est ma relation à l'autre ? À l'Autre ? Aussi, je suis sans cesse placée face à mon impuissance : même si la personne va mourir, je ne dois pas le vivre comme un échec personnel mais emprunter le chemin de l'humilité et m'en remettre toujours à plus grand que moi. Tout l'enjeu est de prodiguer en équipe des soins, tant physiques, psychiques que spirituels, afin que la personne garde, jusqu'au bout, la meilleure qualité de vie possible. La confrontation avec l'extrême fragilité m'apprend à vivre intensément l'instant présent. Je pense à ce garçon âgé de 20 ans qui, un an après la mort de sa mère, lut lors d'une célébration un texte bouleversant : « Je vous en supplie, n'oubliez pas deux choses : de dire "Je t'aime" et "Merci" aux personnes qui vous sont proches. » Ces paroles, il les avait adressées tous les dimanches à sa mère. Et c'étaient elles qui lui avaient permis de tenir face à l'injustice de la maladie.

Nous pleurons mais nous rions aussi beaucoup à Jeanne-Garnier. J'y goûte par moments une intensité de joie que je ne retrouve pas dans le monde. Quelque chose de l'ordre de la surabondance. À défaut de pouvoir rajouter des jours à la vie, nous essayons, personnels soignants et bénévoles, de rajouter de la vie aux jours. De faire prendre conscience que la fragilité ne nous rend pas moins vivants, au contraire. La fin de vie est un moment de crise, un kairos où le drame advient. Mais de ce drame peut jaillir la lumière, notamment au travers d'échanges extrêmement profonds entre les patients et leurs proches. Je me souviens de cet homme qui écrivit à sa femme : « Ce sont les dix mois les plus beaux de notre vie, les plus beaux de notre amour. » Je revois aussi cette mère de famille dont le projet initial était de passer quelques jours seulement à Jeanne-Garnier, afin que nous l'aidions à mettre en place une hospitalisation à domicile. Au bout de trois jours, elle a supplié le médecin de la garder. Lorsqu'une amie de Jeanne-Garnier lui a confié qu'elle aurait aimé la rencontrer en d'autres circonstances, elle lui a répondu : « Je ne sais pas. J'ai vécu tant de choses depuis deux semaines. Jamais nous ne nous sommes autant parlé mon mari, mes enfants et moi. »

Nous portons tous en nous une dimension spirituelle, que nous soyons croyants ou non. Je me souviens de ce patient qui disait : « Je suis un athée aimant ! » Son visage rayonnait de bonté. Par cette parole, il révélait quelque chose de son rapport à l'existence. Certains ne prononceront jamais le mot Dieu durant leur séjour à Jeanne-Garnier tout en ayant un vrai sentiment d'accomplissement de leur vie : ils ont été aimés, ils ont aimé, ils ont eu une profession intéressante. Ils partent sereinement. Et leur parcours intérieur n'en sera pas moins extraordinaire par la manière dont ils se seront attachés à faire le bien, à emprunter un chemin de pardon, à transmettre le meilleur à leurs enfants.

Je perçois dans la fin de vie un mystère de solitude. Plus que l'angoisse de mourir, c'est en effet la peur d'être seul qui prédomine. Un bénévole m'a confié qu'un jour, en réponse à la parole « Ce que vous vivez est difficile », le patient rétorqua : « Oui, mais vous êtes là. » Mystère de la présence, de la gratuité, de la communion dans le silence. Mystère de la rencontre, jusqu'à l'ultime. »


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source : La Vie 2016



samedi 29 octobre 2016

Le lierre qui grimpe dans notre estime...

Voyons les arguments fallacieux des anti-lierre. 

 - Le lierre représente pour l'arbre une surcharge.
C'est vrai ! mais l'arbre saura compenser cette surcharge en régulant sa pousse.
C'est le cas lorsqu'il se trouve déstabilisé par un mouvement du sol, un coup de vent brisant une branche maîtresse, ou le déracinant partiellement, un changement d'éclairement.
Ce phénomène de compensation pourra être aisément constaté lors de la coupe de l'arbre, les cernes de croissance témoigneront du lent travail d'équilibre des forces.

- Le lierre envahit l'arbre.
Non, le lierre n'a pas, comme l'arbre, besoin de beaucoup de lumière, il se contentera de ce que laisse l'arbre, et jamais il n'envahira le houppier ni l'extrémité des branches garnies de feuilles.
L'hiver est la saison idéale pour contrôler cela, allez en forêt et regardez où s'arrête la progression des feuilles du lierre.

- Le lierre "pompe" la sève de l'arbre.
Le lierre ne "pompe" pas la sève de l'arbre, il suffit de le regarder pour constater que le lierre se débrouille très bien sans l'arbre Il puise sa "nourriture" à l'aide de ses racines dans le sol tout simplement. Ce qui peut tromper un public non observateur, ce sont les fines tigelles pouvant être confondues avec des "suçoirs". Ce sont des racines transformées. À différents stades de sa vie, les branches du lierre ont plus ou moins de fils accrocheurs, en fait, des poils ventouses. Ne trouvant pas de support pour s'accrocher, ils sèchent et meurent . Une fois accrochés au support la taille de ces "poils" augmente, offrant un solide appui à la plante qui continue sa progression vers la lumière Une observation rapprochée permet de constater que les "poils ventouse" ne pénètrent pas sous l'écorce mais restent bien sagement en surface.

Ce qui est véridique :
- le lierre offre une assurance supplémentaire à l'arbre contre le feu, un feu courant embrasera le lierre sans que l'écorce soit touchée
- le lierre offre une protection contre le gel, qui parfois fend l'écorce et le bois.
- le lierre protège l'arbre contre les coups de chaleur excessifs.
- le lierre offre gîte et couvert à de nombreux animaux, qui peuvent lutter contre certains organismes nuisibles à l'arbre.


De septembre à novembre, dans certains cas, fleurs et nectar sont à la disposition des insectes lorsque tous les autres ont plié bagage.
En hiver les fruits ont ont été consommés, ceux du lierre arrivent à point nommés Les graines du lierre se rencontrent fréquemment dans les crottes, ou les fientes abandonnées par les animaux.
Le lierre "protège" l'arbre des écorçages provoqués par les cervidés
Le lierre fait "revivre" les arbres morts en les couvrant de verdure.

source : photo nature Fontainebleau 


Le lierre est la plante du moment qui nous montre un exemple d'élévation...


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vendredi 28 octobre 2016

Merci à Pierre et Jacqueline Dhainaut




Pour la sortie du jeu "Les trois cheveux d'or", nous avons été invités à déjeuner avec Pierre et Jacqueline Dhainaut. 
Pierre nous a appris, en avant première, que c'était lui le lauréat du prix Guillaume Apollinaire, considéré comme le Goncourt des poètes... 
Belle synchronicité !
Lors de la remise du prix à Paris, Juliette Binoche lira des textes de Pierre Dhainaut.



In Pierre Dhainaut © Éditions les Vanneaux 2008, p.177, 
extrait de Six variantes à partir d'un chant de grive


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jeudi 27 octobre 2016

La gentillesse contre la folie par Roger McGowen



Un souvenir me revient souvent à l’esprit, ici dans ma cellule. Je suis un petit garçon de 7 ou 8 ans et je me tiens debout sur une planche en bois posée entre deux parpaings. Je me vois en train de remuer un liquide visqueux dans le grand chaudron noir de sorcière, comme nous l’appelions à l’époque. J’y mets toute mon énergie, à l’aide d’une cuillère en bois, pour obtenir une belle texture lisse. Comme j’étais fier d’aider ainsi mon arrière-grand-mère à faire du savon ! Elle qui m’a élevé ainsi que tous mes frères et sœurs ! Je n’oublierai jamais comme j’étais heureux de pouvoir remuer cette cuillère dans cette grosse marmite, tandis que la fumée s’élevait du feu allumé juste en dessous.

Quand tout était fondu, les graisses et tout ce qu’elle rajoutait pour parfumer le savon, il fallait laisser refroidir. Puis nous versions le mélange dans une poêle plate qu’elle utilisait pour le faire sécher. Ensuite, elle coupait le savon en petits carrés qu’elle entassait à l’arrière de la maison sous la véranda, pour qu’il sèche encore. Une fois qu’il était bien sec, après de nombreuses vérifications de ma part, nous allions faire le tour du voisinage pour le distribuer aux personnes âgées. Oh mon Dieu, ils étaient tous si heureux de recevoir leur petit carré de savon ! Ensuite, c’était la période des conserves et des confitures. Je grimpais dans le prunier du voisin pour cueillir ses prunes bien mûres. Je remplissais le panier de mon arrière-grand-mère avec tellement d’ardeur ! Puis je l’aidais à éplucher tous les fruits. Cela m’amusait beaucoup, parce que je pouvais lécher la cuillère quand elle avait fini et dérober quelques fruits pour les manger en cachette.

Rasés, baignés, épouillés

Beaucoup de mes amis du quartier se moquaient de nous quand nous refaisions le tour avec mon arrière-grand-mère, pour distribuer cette fois toutes nos conserves et nos confitures non seulement aux personnes âgées, mais aussi aux familles pauvres des alentours. Oh bon sang, comme j’étais gêné parfois que l’on me voie avec cette grand-mère ! Comme il m’est arrivé d’avoir honte de cette distribution sous les yeux de mes copains ! Et bien sûr elle devinait mon embarras et me lançait haut et fort : «Roger McGowen, il n’y a pas de honte à être gentil !» Ou encore : «Roger McGowen, n’aie jamais peur de donner quand tu possèdes plus que le nécessaire !» Ou bien : «Roger McGowen, il n’y a rien de mal à donner tout ce qu’il te reste si quelqu’un en a plus besoin que toi !»

Ces mots se sont imprimés en moi pour le reste de ma vie. J’ai sans doute été si heureux de vivre aux côtés de cette arrière-grand-mère, de participer à tous ces actes de bonté que ces petites phrases et tous ces dons complètement désintéressés ont fini par intimement m’imprégner.

L’un des actes le plus désapprouvé en prison, spécialement dans le couloir de la mort, c’est précisément celui de la «gentillesse». Elle est même fortement déconseillée par les gardiens, tant elle peut produire de la camaraderie, voire de l’amitié, ce qui est formellement interdit en milieu carcéral. Oui, la gentillesse est si dangereuse, tant elle pourrait démontrer combien les prisonniers sont encore des êtres humains, au lieu des animaux que tout le monde souhaite nous voir devenir.

Pour la plupart d’entre nous, l’incarcération se fait en plusieurs étapes. D’abord nous sommes placés dans la prison du comté, en attendant le procès. Et puis une fois que le procès a eu lieu, et que le verdict de culpabilité a été prononcé, chacun doit subir divers examens. Nous sommes alors rasés, baignés, épouillés, et l’on nous donne le peu de choses autorisées en prison. Pendant tous ces épisodes, une phrase nous est constamment répétée par chaque personne que nous rencontrons : «N’accepte jamais quoi que ce soit de qui que ce soit… C’est un piège ! N’accepte jamais rien d’autrui !» Soyons justes, d’ailleurs : il est certain que beaucoup de jeunes détenus se sont parfois fait avoir avec quelques générosités manipulatrices, produisant alors des conséquences graves pour leur vie carcérale. La plupart des détenus qui arrivent en prison sont donc dans une extrême méfiance. Et ils n’acceptent rien de personne même si, dans de nombreux cas, les aides offertes par les codétenus le sont sans intention de mal faire. J’ai tellement vu de vieux prisonniers qui essayaient seulement d’aider le nouvel arrivant à mieux vivre cette période difficile qui suit l’incarcération, un moment que chacun vit toujours si douloureusement. Tout au plus essayent-ils de rendre cet enfermement soudain un peu moins dur que ce qu’ils ont connu eux-mêmes.

Je n’étais pas différent en arrivant dans le couloir de la mort ! J’étais un jeune prisonnier encore sous le choc de son incarcération, rempli de méfiance envers tous les autres. Mais en ayant grandi auprès de cette arrière-grand-mère, une petite phrase trottait sans cesse dans mon esprit : «Roger McGowen, il n’y a pas de honte à être gentil !» Sans doute, malgré tous les avertissements de chacun, avais-je encore un peu confiance dans les hommes !

Odeur âpre, sauvage, animale


Je suis arrivé dans le couloir de la mort en novembre 1987. Et la première chose qui m’a frappé, ce fut l’obscurité, et l’odeur de l’aile de la prison dans laquelle je fus enfermé. Je m’en souviens encore, c’était l’aile J-23 ! Il y avait du grillage de poulailler tendu au-dessus des cellules, et des rangées de clôture tout autour de la promenade. La lumière pâle et blafarde était si faible qu’elle donnait une atmosphère lugubre au cachot. Quant à l’odeur, elle m’était totalement inconnue. Elle était âpre, sauvage comme une odeur animale. Je n’avais jamais rien senti de tel. Quelle stupeur pour un homme d’entrer dans un monde pareil !

J’en suis certain aujourd’hui, tout était amplifié par ma peur. Car personne ne peut imaginer qu’un tel monde soit possible sur la Terre. J’en suis certain aussi, cette odeur incroyable était due aux prisonniers enfermés dans leurs toutes petites cellules. A tous ces corps non lavés, à toute cette sueur, auxquels s’ajoutait la puanteur de la mort ambiante.

Dès mon arrivée, je fus placé dans une petite cellule (3 mètres sur 2) au deuxième étage. Ayant été transféré tard, j’avais manqué le repas du soir. Cette situation était tellement nouvelle, si inattendue, dans un monde tellement hostile, que je ne savais pas à quoi m’attendre. Fallait-il que je dise quelque chose ? Fallait-il que je fasse quelque chose ? Ou bien devais-je tout simplement m’asseoir là, et attendre ?

«N’accepte rien d’autrui»

Mon problème fut vite résolu quand un jeune gardien noir vint dans ma cellule pour m’apporter une sorte d’oreiller contenant aussi deux draps, une brosse à dents, de la poudre de dentifrice et des écouteurs pour écouter la télévision (à cette époque, nous pouvions encore regarder la télévision). Je m’en souviens très bien : il me confia son nom, et me demanda si j’avais mangé. Evidemment sur la défensive, craignant un de ces pièges dont on m’avait parlé, je lui répondis que non !

Alors il partit, et je fus pris par la crainte de la célèbre loi des prisons : «N’accepte jamais rien d’autrui !» Il revint quelques minutes plus tard et déposa un petit sac dans ma cellule sans rien me dire. Ce fut plus fort que moi : j’en sortis le contenu, si dérouté par l’événement qui venait d’avoir lieu. Il y avait là un sandwich au thon, un paquet de chips et une pomme. Il y avait là surtout un peu d’humanité ! Plus tard, j’ai su qu’il m’avait donné la moitié de son propre dîner. Ainsi, peu à peu, lui et moi nous avons eu une excellente relation, sans jamais reparler de ce petit repas offert à mon arrivée.

Les années passant, j’ai souvent été en situation de pouvoir aider à mon tour beaucoup d’autres détenus. Certains acceptèrent mes dons, mais à cause de la règle tacite consistant à refuser toute aide, d’autres non. Combien de chaussures, de cafetières et de vivres ai-je ainsi pu offrir à tous ceux qui le voulaient bien ? C’était à mon tour, comme le faisait mon arrière-grand-mère, de partager avec les plus démunis, même en risquant la honte dans un tel lieu.

Un matin, je fus transféré au tribunal pour le procès concernant mon affaire. Et dans la prison du comté où je fus placé, je savais qu’il allait faire très froid, tant dans ces bâtiments blindés ils maintiennent tout le temps une climatisation glaciale, été comme hiver. Aussi fallait-il s’y préparer en s’habillant chaudement. Les seuls vêtements qui nous étaient donnés pour ce transfert étaient tellement fins : juste une combinaison de prisonnier, à savoir un pantalon et une chemise à manches courtes ! Alors j’ai décidé de rajouter mon sous-vêtement long, et deux tee-shirts, avec en plus ma veste enfilée par-dessus. Mais malgré tout cela, j’avais quand même très froid dans cette cellule d’attente où nous étions déjà trente, si serrés.

Et puis ils ont rajouté un jeune gars dans notre cellule pourtant bondée. Il avait seulement sa petite combinaison légère sur lui. Il tremblait de froid par tous ses membres en essayant de tirer sur ses manches pour les rallonger. Certes, j’avais froid, mais je savais qu’à cet instant il avait bien plus froid que moi. Et c’est là que la voix de mon arrière-grand-mère a surgi dans mon esprit : «Roger McGowen, la gentillesse ne connaît pas la honte !» Alors j’ai déboutonné ma combinaison pour enlever mon long sous-vêtement et l’un de mes tee-shirts, et je lui ai offert de les mettre pour se réchauffer un peu. Il y a eu alors un instant incroyable. Il m’a d’abord simplement regardé. Et je l’ai moi aussi regardé, sans qu’un seul mot soit prononcé. Et nous nous sommes vus, tellement vus tous les deux. Cela a duré peut-être trente secondes. Puis, il a pris les vêtements pour les enfiler sans faire aucun commentaire. Pas un mot ne fut prononcé. Mais je peux vous dire qu’apparemment, il avait bien plus chaud, grâce aux vêtements mais aussi grâce à l’événement qui venait de se passer… Et j’ai entendu mon arrière-grand-mère qui riait derrière moi !

La leçon de l’arrière-grand-mère

Quand on nous ramena à la prison, il fut placé dans la même aile que moi. Et il vint à ma table pendant le dîner, ce tout jeune détenu si égaré qui vivait à son tour son premier jour d’incarcération. Après le repas, en passant devant sa cellule, j’ai pu voir combien il n’avait rien, aucun ustensile, rien. Alors je lui ai apporté d’abord une tasse et un bol. Et puis je lui ai empaqueté un grand sac de nourriture, complément indispensable pour manger à sa faim. Evidemment, il commença par refuser, tant il avait été averti lui aussi de la règle de ne jamais rien accepter. Alors je lui ai raconté ma propre histoire lors de mon arrivée. Et je lui ai dit combien, depuis ce jour, je faisais tout ce que je pouvais pour aider au mieux les nouveaux détenus. Et puis je l’ai rassuré : «Je ne réclame rien en échange, tout ce que je te demande, c’est de transmettre de l’amour à ton tour !» Il a regardé autour de nous, juste pour voir si personne ne nous épiait. Il était inquiet. Il voulait tellement ne pas être pris pour un faible en acceptant quelque chose de ma part. Alors pour le rassurer un peu plus, je lui ai confié ce que mon arrière-grand-mère me disait toujours : «La gentillesse ne connaît pas la honte !» Il a pris le sac, avec un petit sourire. Et nous avons fini par devenir bons amis au fil du temps.

Plus tard, bien plus tard, il fut libéré. Et je l’ai vu donner à un autre prisonnier, qui venait d’arriver, tout ce que je lui avais donné. Après sa sortie, il m’envoya une lettre de remerciements, et il y avait mis de l’argent pour m’aider. Je n’ai plus jamais, par la suite, entendu parler de lui. J’espère qu’il mène une vie droite et honnête, et qu’il continue à transmettre de l’amour.

Savons-nous combien nous pouvons faire toute la différence dans la vie d’une autre personne, seulement en offrant un peu de gentillesse ? Savons-nous combien un peu de gentillesse peut parfois tout changer ? Je crois que c’est la plus grande leçon que m’ait offerte mon arrière- grand-mère. C’est la leçon qui me sert chaque jour, ici, dans le couloir de la mort. Parce que s’il existe un lieu où la gentillesse est vitale, c’est bien dans le couloir de la mort. Etre gentil sans honte, c’est parfois la seule manière de sauver sa raison, d’éviter de sombrer dans la folie. Essayez-le ! Essayez-le surtout avec ceux qui ne sont pas gentils, ou bien envers ceux avec qui vous n’avez jamais été gentils ! Essayez-le sans attendre, tendez la main vers celui qui a besoin d’un geste réconfortant. Souvenez-vous de mon arrière-grand-mère : «La gentillesse ne connaît pas la honte !»


Traduit de l’américain par Catherine Spec
— 12 décembre 2009

En vue de la révision du procès de Roger McGowen, vous pouvez envoyer des chèques libellés à l’ordre de Comité français de soutien à Roger Mc Gowen et adressé à : Comité Français de soutien à Roger Mc Gowen, Poitou, 47220 Caudecoste. Ou sur le site www.rogermcgowen.fr, paiement par carte bancaire ou Paypal. Pour toute correspondance : contact@rogermcgowen.fr


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mercredi 26 octobre 2016

Mesage d'une transformation en prison ...



« Mais à travers tout ceci, nous sourions, nous rions, nous nous faisons des amis, nous croyons, nous prions, nous vivons et nous mourons (dans une cellule de 2 mètres sur 3 !).
Beaucoup de gens nous demandent : “Mais comment faites-vous jour après jour pour ne pas devenir fou ?” Et je réponds : “Nous transformons ce qui est le plus nuisible en ce qui est le plus positif nous avons pris la haine qui nous était offerte et nous l'avons rendue sous forme d'amour...” Regardant le ciel, j'ai réalisé un jour que même si j'aimais sa couleur bleue, elle ne m'avait pas manqué et je me suis demandé pourquoi. Et la réponse fut : j'avais tout ce dont j'ai besoin en moi et n'avais nul besoin de sortir de moi-même.
En moi, il y a aussi un soleil, une lune, de l'herbe verte et un ciel très bleu et très beau.
Alors, j'ai ôté le papier qui bloquait ma fenêtre pour permettre à la lumière d'entrer. Maintenant, mon monde a deux lunes et deux soleils et mon amour et ma compréhension de moi-même ont aussi doublé.
Chaque jour, j'apprends quelque chose sur moi-même et cela me rend heureux... Merci de m'aimer. »


"Certaines attitudes peuvent nous aider à faire face aux défis et à les accepter. La première consiste à apprécier ce qu'on a et à prendre le temps d'en jouir. Faites en sorte que les personnes qui comptent le plus dans votre vie sachent à quel point elles sont importantes pour vous. Ne présumez pas qu'elles le savent déjà. Dites-le leur, montrez-le leur et soyez sincères. Prenez le temps de faire quelques-unes des choses que vous aimiez faire avant que les exigences de la vie vous aient accablés. Profitez de chaque moment qui vous a été donné et ne prenez rien comme allant de soi. Je peux vous dire, de ma propre expérience, qu'il n’est rien de plus doux... Je vous en prie, mes amis, prenez vraiment le temps et faites en sorte que votre vie soit la meilleure possible."

Roger Mac Gowen
(détenu depuis 30 ans aux Etats-Unis)




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Emporté... ou en portée...


Une ouverture est toujours possible. 
Se mettre à l'écoute de notre musique intérieure...



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Parce que s’il existe un lieu où la gentillesse est vitale, 
c’est bien dans le couloir de la mort. 
Etre gentil sans honte, 
c’est parfois la seule manière de sauver sa raison, 
d’éviter de sombrer dans la folie.

Roger Mac Gowen

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lundi 24 octobre 2016

Un instant de vie avec Amma


Pour commencer la semaine, 
fermons les yeux pour nous retrouver 
et trouver ce qui en nous regarde...



« Que nous en soyons conscients ou non, 
le véritable but de la vie est de réaliser la divinité en nous. » 
Amma (Mata Amritanandamayi)

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vendredi 21 octobre 2016

En marche...




Chaque homme doit décider s'il marchera 

Dans la lumière de l'altruisme créatif;
Ou dans les ténèbres de l'égoïsme destructeur.

Martin Luther King

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jeudi 20 octobre 2016

mercredi 19 octobre 2016

Catherine Harding chez José Le Roy pour une rencontre de "Vision sans tête"

Pour tous ceux qui n'ont pas eu la chance de l'entendre et de la voir, voici une partie de son introduction, qui a touché les amis qui étaient présents chez José Le Roy la semaine dernière. 
Merci Catherine !


"Catherine Harding : J’ai reçu ce corps à la naissance, mais il tombe en ruine maintenant. Il faut changer des pièces, comme dans un contrôle technique. En fait, cela m’aide beaucoup, car je n’ai plus aucune identification avec ce corps ; il n’y a plus rien là de ce qui s’appelait Catherine : j’ai été opérée dans les pieds, j’ai des hanches en métal, des épaules en métal, des prothèses dentaires, il n’y a plus rien…Cela se détraque, une chose après l’autre (rires)…alors qu’au centre rien n’a changé, rien. Ce qui regarde le monde ne bouge pas. Dans ce qui regarde en moi, rien ne change. Je suis retournée dans ma ville natale, Strasbourg, que j’ai quittée à sept ans, ce qui remonte à la guerre, je regardais la rivière qui traverse Strasbourg, et j’ai constaté qu’il n’y avait rien de changé dans mon regard ; sept ans…maintenant…c’est pareil. Ce qui regarde en moi, n’a pas changé depuis que je regarde. Je mesure que rien ne change à l’intérieur de moi.

C’est d’ailleurs un problème, parce que parfois je me dis « bon je vais faire ceci ou cela » et boum, je ne peux plus. La carcasse, la bagnole ne suit pas (rires). Cette carcasse arrive bientôt au bout, elle va aller à la casse, et elle n’est plus à l’argus du tout, mais ce n’est que la carcasse…Et plus on vieillit, et plus on s’en aperçoit. Pour moi, le vieillissement quelque part est très intéressant, et c’est un grand enseignement. Ce n’est pas grave, car le bonheur d’être ne change pas, sauf quand on a de grandes souffrances physiques. Mais même là, la Vision Sans Tête ça marche. Ce qui ne va pas dans ce corps c’est cette carcasse, mais moi ça va. Quand on applique cette vision, on est centré, eh bien, la douleur existe, mais elle est dehors, un peu dehors; bien sûr cela dépend de son intensité, mais elle toujours un peu dehors. Cela permet de supporter beaucoup mieux, parce qu’on n’est pas atteint en plein centre.

Et ce que j’apprends aussi en vieillissant, c’est que j’étais quelqu’un de très actif, je faisais beaucoup de choses, et là j’apprends à simplement être, au lieu de faire. Je vois la différence entre faire plein de choses et être, être tout simplement, dans le silence, ; et cela est très intéressant aussi. Faire ou être, faire et être. Il y a la question de Hamlet : « être ou ne pas être telle est la question ? » Un livre de Douglas Harding porte ce titre : Être et ne pas être telle est la réponse. Et en fait c’est vrai. Voilà, c’est pour redire encore une fois : ayez confiance car le retournement de 180° ça marche, pour rentrer chez soi, pour rentrer à la maison, la maison étant ce que nous sommes vraiment, vraiment. C’est souverain quoi qu’il arrive. C’est un accès physique, qui passe par le corps, à ce que nous sommes : l’Être, la Conscience et la Joie, satchidananda. Pour moi, je l’appelle la paix. J’ai eu beaucoup de problèmes récemment, physiques, perte d’être chers, et j’aperçois qu’il suffit que je rentre en moi-même, comme nous allons le faire ce soir, pour retrouver la PAIX, une sérénité, une joie profonde. La joie de l’être est donnée à tout le monde.

Je lis plein de livres et les trois quarts de livres spirituels, parlent de rencontrer un maitre, de tomber un samadhi…etc…tout le monde court après. Pour moi, ce n’est pas cela. C’est une perte de temps. Parce que vous n’avez à aller nulle part, vous y êtes déjà. On y est tout le temps. Il suffit d’en prendre conscience. Cela vous rend libre, vous permet de rester indépendant et de ne pas dépendre d'un gourou quelconque…Pour moi, c’est un grand cadeau. C’est à la portée de tout le monde si on veut bien regarder. Certes de grands maîtres nous l’ont dit aussi, mais je crois que Douglas est le seul qui ait donné cette clef physique, toute simple. On entend cette expression depuis 2000 ans : « Regardez à l’intérieur de vous ». Je me disais « Oui, je comprends, mais comment est-ce que je fais pour regarder à l’intérieur de moi » Pourtant c’est tout simple, grâce à ces exercices que Douglas a inventés.

Il faut beaucoup d’humilité, je crois, pour arriver à cela. Et ça aussi, la vieillesse, les problèmes physiques, nous l’apprennent. Quand on est dans un état vraiment terrible, pire que mal, on dépend de tout le monde, l’orgueil d’être la petite personne…tout tombe. Et l’humilité est essentielle. La petite personne est très précieuse, le véhicule est précieux, mais on s’identifie à cela. Je réalise que Catherine est un nom qu’on m’a collé, ce corps c’est pareil avec ses qualités et ses défauts, on n’est pas responsable de tout cela ; ce n’est pas vraiment nous. Mais ce que nous sommes c’est ce qui est, ce qui regarde. On le voit dans le regard des enfants, cette béance qui n’est qu’accueil. Et c’est cela que nous sommes tout le temps et qu’il faut retrouver. On a été recouvert par plein de conditionnements familiaux, national, etc..

Mais cela, la vision de soi, est une bénédiction : où qu’on soit, quelle que soit la couleur de notre peau, quel que soit l'endroit où nous sommes nés…rien ne nous empêche de faire ce retour et retrouver qui nous sommes vraiment." 

 Catherine Harding





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dimanche 16 octobre 2016

Méditation pour les étudiants


Un cours obligatoire de méditation... même si la méditation est plus que cela... c'est déjà ça :




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Chemin méditatif pour lâcher les pensées...


"Le Chemin, tout le Chemin en un sens, peut être considéré comme la levée des obstacles à la véritable méditation... "

Chemin de la plaine

"Dans les jours qui viennent, essayez de passer vos pensées au crible de la buddhi : quelles pensées se lèvent en moi, quelle valeur ont-elles, font-elles ou non partie des pensées à éliminer pour acquérir la maîtrise de mon mental? Si vous reconnaissez la nécessité de cette maîtrise proposée par le Bouddha, vous ne laisserez plus une pensée nuisible, contraire au chemin, consommant votre énergie, vous arrachant au centre, s’installer dans votre cerveau. Vous n’accueillerez plus ces pensées. Une idée en entraîne une autre qui en entraîne une autre à son tour et ainsi de suite. 
Non."
Lac de méditation



"Swâmiji (Swami Prajnanpad) disait : « Intérieurement soyez activement passif, extérieurement soyez passivement actif. » 
« Extérieurement, passivement actif » veut dire actif mais avec un non-agir, un lâcher-prise, une soumission intérieurs. Et pourquoi « intérieurement, activement passif »? Si vous n’exercez pas une certaine activité pour vous rendre passif, vous ne serez pas silencieux intérieurement : vous serez agités, des pensées viendront. La moindre impulsion motrice est une action, une pensée est une action mentale. 
Si vous vous contentez de ne rien faire, « allongez-vous, relâchez-vous, faites le vide, ne pensez à rien », au lieu de ne penser à rien vous allez vous laisser happer par les associations d’idées, les distractions et vous ne serez nullement passif. 
Vu du dehors vous resterez immobile mais intérieurement? Et au bout de quelque temps, vous ne serez même plus immobile vu du dehors. Ça va commencer à bouger, le visage, les épaules, les doigts. 
Extérieurement, soyez passivement actif, comme un instrument de la vérité ayant une compréhension supérieure à la compréhension ordinaire du mental. Intérieurement soyez activement passif, vigilant.

Extraits de "Approches de la Méditation"
de Arnaud Desjardins

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samedi 15 octobre 2016

En chemin méditatif avec Chandra Swami

Ce que dit Swamiji à propos de la Méditation : 



 "Par la méditation, on n'accomplit rien de nouveau. Par la méditation, on découvre simplement son Être essentiel, son véritable Centre."

"Apprendre à méditer, c'est comme apprendre à nager. Vous ne pouvez pas apprendre à nager uniquement dans les livres ou en écoutant des discours sur la natation. Comment apprend-on à nager? On se met à l'eau. Pas trop profonde, pour ne pas risquer de se noyer, mais assez quand même pour juste garder la tête hors de l'eau. De même, pour apprendre à méditer, il faut s'asseoir et essayer, pour ainsi dire, de se maintenir au-dessus de ses pensées et de ses sensations. Pour cela il faut être alerte et vigilant, pour ne pas se laisser aller à s'identifier à quelque pensée ou sensation. La vigilance est la clé de toutes les techniques de méditation."

"Méditer, c'est être assis auprès de Dieu en pleine conscience, comme un amant auprès de sa Bien-aimée. Qui peut s'endormir alors qu'il (elle) est en compagnie de son (sa) bien-aimé(e), occupés à échanger des mots doux ? N'ai-je pas raison ? Faites de Dieu votre Bien-aimé, et pendant la méditation, asseyez-vous en sa compagnie.”

"La concentration spirituelle implique de rassembler toutes les énergies et capacités éparses de l'être, et de les diriger vers le Divin dans l'unique but de Le réaliser par expérience directe."

"Le mental est comme un miroir où vous vous regardez. Quand le miroir est sale, vous ne pouvez distinguer clairement votre visage. De même, lorsque votre mental est agité et impur, vous ne pouvez pas savoir qui vous êtes vraiment. Le but de la méditation est de purifier le mental et d'en arrêter les modifications, afin que vous puissiez prendre conscience de votre propre Être essentiel et vous établir en Lui."

"Pour vous connaître, vous devez faire prendre à votre attention un virage à 180 degrés. De ce qui est vu, l'attention doit se tourner vers celui qui voit, le Témoin. C'est ce que Jung appelle 'inverser le courant de l'attention'. Le principe qui sous-tend toutes les méthodes de méditation est de commencer par séparer le Témoin de ce qui est vu."

"Il y a plusieurs étapes dans la méditation. Dans la méditation non duelle, le sujet et l'objet, l'observateur et l'observé, ne font plus qu'un. C'est dans la méditation non duelle uniquement que persiste la Conscience sans aucun objet."

"Le but de la contemplation spirituelle est de nous emmener au-delà du mental, jusqu'à la vision supra-mentale directe du Divin. Une parfaite contemplation nous conduit à un état de relaxation sans contraintes et sans efforts dans l'Esprit divin.On peut dire aussi à une absorption spontanée dans le Témoin, dont la pure lumière brille dans le silence profond, là où les activités mentales, penser, vouloir, savoir, sentir, n'existent pas."

"Le but ultime, le plus haut accomplissement de la méditation n'est pas l'obtention de la paix du mental. La paix du mental, l'accession au silence réel, l'état libre de toute pensée, tout ceci n'est qu'une étape sur le chemin spirituel. Il y a au-delà tant d'expériences spirituelles plus élevées ! L'expérience ultime est la Réalisation de Dieu: atteindre pleinement Dieu, résider en Lui, se noyer en Lui, retourner à Lui comme la vague retourne tout entière à sa source, l'océan. Le but ultime de la méditation est la fusion en Dieu, qui est Béatitude infinie, Conscience infinie, Amour infini, Lumière infinie et Existence infinie."

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source : ashram de Chandra Swami


vendredi 14 octobre 2016

Les Trois Cheveux d'Or pour se guérir...

J'ai le plaisir de vous annoncer la parution d'un nouveau jeu auquel j'ai collaboré :




Parution des Trois cheveux d'or de Sabine Dewulf, Stéphanie Delcourt et Eric Dewulf aux éditions du Souffle d'Or. 

Il s'agit d'un jeu complet et original, outil de guérison. 
Créativité, shiatsu et méditation consciente pour le quotidien sont au rendez-vous.



Vous pouvez déjà tirer une carte en cliquant sur le poème ci-dessous :





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jeudi 13 octobre 2016

En chemin méditatif avec Chandra Swami


Inspiré par le Divin, Swamiji observe depuis 1984 un silence ininterrompu qui se poursuit à ce jour. Au cours des vingt dernières années, des milliers de chercheurs spirituels ont fréquenté Sadhana Kendra Ashram, attirés par l'irrésistible magnétisme spirituel de ce sage silencieux. 
Swamiji accueille et accepte tout le monde avec le même amour inconditionnel, et guide chacun sur le difficile chemin de l'épanouissement spirituel. Simultanément, il supervise toutes les activités de l'ashram, demeurant constamment établi dans la Béatitude ininterrompue du Soi, à la fois acteur divin et témoin détaché de tout ce qui se déroule autour de lui. 
Il est indéniablement un instrument du jeu divin (lila).



Swamiji classe en 3 catégories fondamentales les différentes techniques de méditation pratiquées dans les diverses traditions spirituelles ou religieuses: 
la méthode négative, la méthode positive, et la méthode d'observation des pensées. La méthode négative consiste à rejeter toutes les pensées ou émotions qui s'élèvent dans le mental au cours de la méditation. 
La méthode positive implique l'usage d'un support: nom, mantra, image, ou idée reliée au Divin, sur lequel on concentre le mental, afin de le rendre silencieux et focalisé. La méthode d'observation des pensées consiste à simplement observer le mental, et toutes les pensées, images ou émotions qui peuvent y surgir, avec l'attitude détachée d'un témoin, sans s'y impliquer. Toutes ces méthodes sont exposées en détail dans le livre de Swamiji "L'Art de la Réalisation". 

Selon Swamiji, toutes sont à même de rendre le mental silencieux et paisible, et donc, de mener à la Réalisation. Mais il met particulièrement l'accent sur l'importance et l'efficacité de la prière et de l'abandon de soi à Dieu dans le cheminement spirituel, conjointement à l'effort personnel.

"La méditation peut être décrite comme un art de voir sans interférence de notre mental conditionné. Détournez votre attention de tous les objets, de toutes les situations et relations, et regardez à l'intérieur de vous-mêmes. C'est cela, la méditation." 

 Shri Chandra Swami Udasin

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mercredi 12 octobre 2016

Quand l'aubier nous parle de l'aube...


Hêtre à l'aulne de l'éveil,
c'est un sacré bouleau !



"L’arbre est un symbole extraordinaire pour représenter la croissance et le développement progressif sur les plans physique, émotionnel, mental et spirituel. Il commence par une petite graine pour devenir un être grand, fort, solide et droit. Il produit d’autres graines, symboliquement d’autres enfants. Il s’établit à un endroit, comme l’être humain dans sa maison, et il travaille comme une véritable usine, produisant tous les éléments qui le constituent et mettant à disposition tout ce qu’il produit, tout ce qu’il est. Il transforme la pollution et participe à la création de l’oxygène indispensable à la vie sur Terre. 

À lui seul, il représente une véritable société altruiste, car il offre gratuitement abri, nourriture et autres, à une multitude d’espèces, y compris l’homme. Par rapport à l’être humain, les racines de l’arbre symbolisent l’ancrage dans la vie concrète, dans le monde de la matérialité, mais aussi le travail réalisé au niveau de l’inconscient et qui nous aide à nous construire solidement pour grandir dans la droiture avec de belles pensées, de beaux sentiments et matérialiser par la suite de belles œuvres. 

Son tronc représente la droiture, la solidité des jambes et de la colonne vertébrale ; sa couronne constituée par les branches, les feuilles et les fruits symbolise la tête, la chevelure et le cerveau ; son apparence générale représente l’énergie que nous dégageons, c’est-à-dire notre aura, notre rayonnement, notre épanouissement, les beaux sentiments. Quand notre arbre intérieur est solide, en santé et épanoui, il produit des fruits que nous pouvons partager avec les autres. Par son lien avec le Ciel et la Terre, il nous communique la Connaissance, nous aide à retrouver nos racines originelles et à assumer l’expérience de la matérialité avec confiance."

source : Univers/Cité Mikaël






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mardi 11 octobre 2016

Au cœur du chemin...


Quand il n'y a plus rien, il n'y a que l'Amour. 
Il n'y a plus que l'Amour. 
Tous les barrages craquent. 
C'est la noyade, c'est l'immersion.
L'amour n'est pas un sentiment. 
C'est la substance même de la création... 

 Christiane Singer

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dimanche 9 octobre 2016

Thich Nhat Hanh : un maître du bouddhisme (3)



Lors de votre enseignement, vous avez expliqué le lâcher-prise, en utilisant la métaphore du vacher qui doit lâcher ses vaches s’il veut moins souffrir. N’est-ce pas décalé, dans un contexte de crise où les gens souffrent moins de « trop posséder » que du manque de travail et de ressources?
T.N.H. : Souvent, on pense que l’on ne peut pas lâcher telle personne ou telle propriété parce que l’on ne pourra pas continuer de vivre sans elle. Mais peut-être est-ce en s’en détachant que l’on souffrira moins. Alors, il faut avoir assez de courage pour pouvoir la laisser aller. Mais toutes les possessions ne constituent pas des obstacles au bonheur ! Seule est une « vache » la possession que vous ne savez pas lâcher. Car elle fait de vous son esclave.

Que conseillez-vous, alors, pour « bien » lâcher prise?
T.N.H. : Dressez une liste, par écrit, de toutes vos « vaches », ces choses mais aussi ces connaissances que vous croyez très importantes, car si vous ne pouvez pas lâcher une connaissance, vous ne pourrez pas arriver à une plus élevée. Puis regardez-les en pleine conscience. Et entraînez-vous à les laisser s’éloigner. Cela vaut avec tous les attachements. Dans le couple ou dans la relation parent-enfant, l’amour véritable consiste à cultiver la liberté des uns et des autres. 

Certains vous qualifient d’« être éveillé » ou de « bouddha ». L’êtes-vous ?
T.N.H. : Tout le monde l’est ! Car tout le monde a une conscience. Vous aussi, si, lorsque vous marchez, vous êtes consciente de votre pas, vous êtes un être éveillé ! Mais, selon votre pratique, vous pouvez l’être à 10 %, à 20 %, à 40 % de votre temps. Et 40 % ou 50 %, c’est déjà beaucoup ! Il faut garder un peu de boue pour pouvoir faire pousser le lotus. La souffrance sera toujours là, car tant qu’il y a de la vie, il y a de la souffrance. Mais celui qui pratique apprend à la transformer dans la joie et dans la paix.

Comment préparez-vous l’« après-Thây » au Village des Pruniers ?
T.N.H. : Je ne vais pas mourir. [Il éclate de rire.] Si vous regardez autour de vous, vous pourrez me voir dans les moines et moniales. Mais ils vont aussi pratiquer le lâcher-prise : des États-Unis à Hong Kong, partout les sanghas travaillent déjà seules. Et notre tradition doit continuer d’évoluer en se nourrissant des sciences et de la psychologie.

Vous n’avez pas d’héritier direct?
T.N.H. : Tous le sont. On va comme une rivière, non comme des gouttes d’eau. Comme on l’a dit au Parti lors de notre retour au Viêt Nam * : « Les vrais communistes, c’est nous ! » [Il rit]


*Thich NhatHanh a obtenu la permission de se rendre au ViêtNam, où chacun de ses déplacements, attirant des milliers de personnes, a été très encadré par le gouvernement.

Psychologies magazine - mars 2014

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samedi 8 octobre 2016

Thich Nhat Hanh : un maître du bouddhisme (2)


Pouvez-vous me parler de vous enfant ?
T.N.H. : [Long silence.] Regardez cette photo au mur [il désigne de la tête un portrait de lui, en noir et blanc, enfant à l’air grave et serein]. Cet enfant a eu des parents très aimants et il avait seulement 16 ans quand il est devenu moine ! [Rires]

Vous voulez dire que vous n’avez pas d’enfant intérieur blessé? Vous êtes pourtant passé par des guerres...
T.N.H. : Des guerres terribles... Cela nous fait souffrir. Mais cela nous aide, aussi. Quand, à l’école, des amis ont été tués par des soldats, il est devenu évident que l’on ne pouvait pas se contenter de réciter des sutras. Il fallait agir. Ainsi nous est venue l’idée du « bouddhisme engagé » : on a organisé des groupes de jeunes moines et laïcs pour créer des hôpitaux, des écoles... Cela aide à soigner les blessures physiques et mentales : celles des autres et les siennes. Il faut apprendre à savoir souffrir afin de souffrir moins.

Qu’est-ce que ça signifie, « savoir souffrir » ?
T.N.H. : C’est ne pas chercher à fuir sa souffrance, mais l’accepter, la regarder en pleine conscience. Puis l’utiliser pour en tirer une énergie positive : la transformer et, ainsi, se transformer.

L’utilité de la « communauté » (sangha) paraît évidente dans des conditions de guerre. Mais aujourd’hui et ici, à quoi sert-elle ? 
T.N.H. : Au village, nous organisons des retraites pour plus de mille personnes : pour aider un tel groupe à se transformer, un maître, même talentueux, ne peut pas suffire; il a besoin d’une sangha qui génère une énergie collective de compassion et de pleine conscience. Je pense qu’il en va de même pour les thérapeutes : s’ils s’organisaient en communautés de pratique, ils aideraient mieux les gens. 

Est-ce la sangha qui vous a aidé à supporter la souffrance de l’exil, dès 1966 ?
T.N.H. : Au fil de la pratique, on en vient à reconnaître que notre pays n’est pas telle partie de la planète et que nos concitoyens ne sont pas que des Vietnamiens, mais aussi des Français, des Anglais, des Américains... Il n’y a plus de discrimination.

C’est ce que vous appelez l’« inter-être » : vous dites que nous ne « sommes » pas, mais que nous « inter-sommes »...
T.N.H. : L'inter-être n’est pas une philosophie, c’est une vision profonde que l’on acquiert en tournant son regard vers la nature. Par exemple, la science a découvert que matière et énergie « inter-sont » : l’une peut devenir l’autre. Si les chrétiens et les musulmans se regardent en profondeur, ils découvriront cette nature de l’inter-être et la guerre cessera. 

Cela fait un demi-siècle que vous diffusez ce message de paix, y compris auprès des plus puissants, mais nous sommes encore loin d’un monde sans guerre !
T.N.H. : Parler de paix aux puissants, c’est facile, mais cela ne suffit pas. Il faut que chacun applique cette loi de l’inter-être dans son quotidien. Et pour cela, il faut s’organiser en sanghas, c’est-à-dire pratiquer la pleine conscience ensemble : en famille, à l’école, dans l’entreprise, au conseil municipal... 


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vendredi 7 octobre 2016

Thich Nhat Hanh : un maître du bouddhisme (1)

Sa lutte non violente contre la guerre du Viêt Nam, son pays, avait fait de lui un ennemi majeur aux yeux des dirigeants et une source d’influence pour Martin Luther King, entre autres. Plus de quarante ans plus tard, Thich Nhat Hanh reste un maître inégalable.
Des millions de bouddhistes et de laïcs suivent son enseignement via ses livres, ses conférences ou ses retraites données chez lui, en France, au Village des Pruniers. Il a créé ce centre bouddhique en 1982, seize ans après avoir été contraint à l’exil par le gouvernement vietnamien.

C’est là que nous le rencontrons, tôt le matin, dans une grande salle peuplée de moines et moniales et de laïcs venus des quatre coins du monde pour une retraite de quelques jours, semaines ou mois. D’un pas lent, arrive Thây (« maître »), un petit homme de 87 ans qui en paraît 60, à l’air inébranlable. Avant de donner un enseignement, il invite, sans rien dire, à une méditation, puis à quelques gestes de gymnastique - dont il expliquera qu’il ne les fait pas « pour être en forme », mais pour le plaisir de se sentir vivant. Une occasion parmi d’autres de pratiquer la pleine conscience, principe central du bouddhisme. Plus tard, nous obtenons un rendez-vous dans son ermitage : assis à son bureau, à la lueur rougeâtre d’une lampe et face à une forêt de pins, Thây réalise des calligraphies. L’image semble sortie d’un conte bouddhiste ancestral. Sœur Không, sa plus ancienne compagne de route et cofondatrice du Village des Pruniers, et sœur Dinh, son autre bras droit, nous invitent à nous asseoir face au maître, qui nous a rejointes en silence. On aimerait que cet homme, qui a échappé par miracle aux bombes françaises, américaines, puis aux mains des communistes et à la douleur de l’exil, nous parle de lui.
La voix douce et ferme, il répond : « “Moi, moi”, il n’y a pas de soi séparé. » Rencontre rare avec un vrai sage.

Psychologies : Votre nouvel ouvrage porte sur l’enfant intérieur, une notion de psychologie. Comment la définissez-vous en tant que bouddhiste ?
Thich Nhat Hanh : Quand vous plantez une graine de maïs dans le sol, elle pousse et se transforme en plante. Alors, vous ne voyez plus la graine. Elle est pourtant toujours vivante. Lorsque vous regardez un adulte, l’enfant est bien là, même si vous ne pouvez pas le voir. Souvent, cet enfant a souffert et continue de souffrir. Pour le guérir, il faut commencer par le voir, reconnaître sa tristesse, puis lui parler en l’entourant de votre tendresse, en pleine conscience. Ainsi, vous l’apaiserez.

Vous considérez-vous comme un thérapeute?
T.N.H. : Dans notre tradition, on nomme le Bouddha « le roi des guérisseurs ». Car le dharma [l’enseignement du Bouddha,] a pour fonction de guérir les gens : la colère, le désespoir ou la jalousie sont leurs maladies. Le bouddhisme a, depuis l’origine, une approche psychologique. On y parle de la « conscience du tréfonds », qui correspond à l’« inconscient ». C’est là que résident les graines de ces « maladies », qui ne sont des maladies que si nous laissons leur énergie nous nuire sans utiliser la pleine conscience. Elle seule permet de se guérir, et de guérir les autres.

« Prendre soin de son enfant intérieur » n’est donc pas qu’une démarche individuelle...
T.N.H. : Non, car l’enfant intérieur est un enfant collectif. Il est une continuité des enfants intérieurs de votre père, de votre mère et de tous vos ancêtres. Si vous pouvez apaiser le vôtre, vous apaiserez aussi les leurs. Vous pratiquez non seulement pour vous, mais pour vos ancêtres.

Dans votre enseignement, ce matin, vous avez dit : « Si vous n’êtes pas heureux, c’est à cause de vous, parce que vous n’utilisez pas la pleine conscience. » Croyez-vous vraiment que cela soit suffisant?
T.N.H. : La marche méditative, la respiration consciente vous permettent d’être vraiment là. Et si vous êtes vraiment là, alors vous reconnaissez les conditions du bonheur que vous possédez. En profiter devient enfin possible. Tout de suite !

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