Tu prendras les mots comme ils te viendront. Mais ce que tu diras reviendra à ceci : dans la crèche il y a l’enfant-roi, l’enfant divin. Autour un père, une mère, des animaux avec des yeux de miséricorde. Un peu plus loin, un peu plus tard, il y a des bergers, des mages, tout un peuple qui vient prendre sa place. Et ce soir, il y a nous, autour de la même crèche, sur le même plan qu’elle. Elle n’est pas un élément du décor. Elle est le centre de nos vies. Le véritable soleil.
À Noël, l’enfance nous regarde d’un regard solaire. L’enfance de Dieu. Dieu comme enfance. À jamais. C’est le seul cadeau qui ne s’évente pas. Qui ne soit pas déjà ouvert. La mort peut venir avec ses hymnes désastreux. Le temps peut frapper à la porte avec ses clichés usés jusqu’à la trame. Le roi-enfant nous donne sa gloire et son regard d’amour. Ici et maintenant. À Noël, l’enfance te regarde. Elle revient de la longue nuit, et tu portes au visage, soudain, tes beaux yeux de toujours.
Emmanuel Godo. Poète et essayiste
(source : La Vie)
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