« Et, finalement, soi, qu'est-ce que l'on aura accompli ? Qu'est-ce qui aura fait sens ? Avoir mis au monde des enfants, les avoir accompagnés, avoir planté quelques arbres, construit une maison, écrit quelques livres. Ce sont des choses qui importent, il est vrai, mais il me semble qu'il n'y a d'accomplissement que dans le don, et je me sens encore si loin de ce don. Le mot "pardon" vient du latin per-donare, la "perfection du don".
Peut-être n'y a-t-il pas de plus grand don à autrui que ce pardon à soi-même. Se pardonner de s'être laissé blesser ; d'avoir blessé à son tour ; et de ce que nos existences honorent si peu l'infini des royaumes qu'elles contiennent.
Ce n'est pas que la vie n'ait désormais aucun sens, c'est qu'elle n'a plus aucun sens connu. Qu'est-ce qui compte ?
Dignité, manifestation, élévation. »
Extrait de Lorette,
de Laurence Nobécourt,
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