Depuis le drame Je suis retourné tous les ans au monastère, à En Calcat, puis à Solesmes et d’autres encore. Mon christianisme est toujours en chantier, mais quand je suis dans ces communautés, je ne doute plus, je suis sous perfusion de foi et comme en sécurité dans la main de Dieu. J’aime ce contact charnel et sensoriel avec la prière, le bruissement des robes de bure, le claquement des pupitres, l’austérité des chants grégoriens. Les psaumes, les prophètes, ce monde de l'Ancien Testament, qui décrit la violence des émotions et où le seul recours est Dieu, m’a tout de suite fasciné.
eu à peu, à travers des discussions avec des amis jésuites, avec ma femme, qui vit l’Évangile au quotidien, le message christique a fait son chemin. C’est paradoxalement à travers le bouddhisme, auquel je me suis intéressé en tant que médecin, que j’ai commencé à être sensible au Christ. Après avoir découvert la figure de Bouddha et son enseignement sur la souffrance, je me suis interrogé sur la philosophie de ce Jésus, si forte du respect du prochain et d'un désir de non-violence.
Et puis il y a la paternité, cet énorme tremblement de terre. Je suis encore épaté d'avoir été co-créateur de trois êtres humains ! Je me sens la responsabilité d'être un modèle pour mes filles : m'efforcer de ne pas trop me plaindre, d’être heureux et généreux, ce sera leur meilleur héritage. Dans une certaine mesure, l'amour que j'ai pour la personne de mes patients est de même nature que celui que j'ai pour mes enfants : je sens ma responsabilité, immense, de protéger leur fragilité. Je dis souvent aux étudiants : soyez gentil avec vos patients, soyez présent avec votre cœur, en ayant toujours foi dans leur possibilité de changer. Plus je deviens un vieux médecin, plus je suis dans la compassion et plus je m’attendris. 11 m’arrive de pleurer avec eux ou après leur départ.
En devenant père, je suis devenu plus humain, plus habité par le bonheur et la gratitude. C’est mystérieux, mais je suis convaincu que la joie n’est pas que légèreté, elle peut côtoyer en nous la plus grande gravité. Je garde l’esprit ouvert au mystère de la souffrance et de l’existence de Dieu, dont je n’aurai la clé que quand je serai face au Créateur. J’aime méditer : c’est là que je rencontre ce sentiment de cohérence totale entre le bonheur et la souffrance qui m’habitent, comme tous les humains. C’est parce que la souffrance existe que nous devons nous réjouir d'être vivants. Le bonheur n’est qu’un moyen qui donne la force de traverser la douleur et d'aller au secours de celle des autres.
eu à peu, à travers des discussions avec des amis jésuites, avec ma femme, qui vit l’Évangile au quotidien, le message christique a fait son chemin. C’est paradoxalement à travers le bouddhisme, auquel je me suis intéressé en tant que médecin, que j’ai commencé à être sensible au Christ. Après avoir découvert la figure de Bouddha et son enseignement sur la souffrance, je me suis interrogé sur la philosophie de ce Jésus, si forte du respect du prochain et d'un désir de non-violence.
Et puis il y a la paternité, cet énorme tremblement de terre. Je suis encore épaté d'avoir été co-créateur de trois êtres humains ! Je me sens la responsabilité d'être un modèle pour mes filles : m'efforcer de ne pas trop me plaindre, d’être heureux et généreux, ce sera leur meilleur héritage. Dans une certaine mesure, l'amour que j'ai pour la personne de mes patients est de même nature que celui que j'ai pour mes enfants : je sens ma responsabilité, immense, de protéger leur fragilité. Je dis souvent aux étudiants : soyez gentil avec vos patients, soyez présent avec votre cœur, en ayant toujours foi dans leur possibilité de changer. Plus je deviens un vieux médecin, plus je suis dans la compassion et plus je m’attendris. 11 m’arrive de pleurer avec eux ou après leur départ.
En devenant père, je suis devenu plus humain, plus habité par le bonheur et la gratitude. C’est mystérieux, mais je suis convaincu que la joie n’est pas que légèreté, elle peut côtoyer en nous la plus grande gravité. Je garde l’esprit ouvert au mystère de la souffrance et de l’existence de Dieu, dont je n’aurai la clé que quand je serai face au Créateur. J’aime méditer : c’est là que je rencontre ce sentiment de cohérence totale entre le bonheur et la souffrance qui m’habitent, comme tous les humains. C’est parce que la souffrance existe que nous devons nous réjouir d'être vivants. Le bonheur n’est qu’un moyen qui donne la force de traverser la douleur et d'aller au secours de celle des autres.
Source : La Vie
avril 2014