La vigilance est un état de conscience, d’ouverture et de disponibilité à ce qui advient. Etre vigilant, c’est regarder défiler les trains de pensées et d’émotions, sans vouloir les retenir ou chercher à les faire disparaître, sans se laisser captiver par un wagon ou un autre, sans courir derrière. C’est demeurer sur place, tranquille, et les laisser passer. Être vigilant, c’est être conscient de tout.
La vigilance peut se définir comme le fait d’être conscient de ce qui se passe, d’être « présent ». Elle doit s’étendre à tous les domaines de l’existence sans exception. Il n’y a d’ailleurs pas de préhension du réel sans vigilance, celle-ci nous permet précisément de prendre conscience de nos mécanismes intérieurs de refus et de revenir au réel. D’ordinaire, ceux-ci se déroulent dans l’ombre ; nos habitudes, le poids du passé, perpétuent à notre insu un conflit avec l’instant tel qu’il est. Nous ne sommes alors même pas conscients de notre coupure avec le réel.
La vigilance de l’homme en chemin et celle de celui qui est parvenu au terme de sa quête ne peuvent pas être la même. La vigilance de l’être réalisé, entièrement spontanée, est simple vision de ce qui est, la vigilance du débutant est aussi vision de ce qui est, mais celle-ci englobe nécessairement les émotions, les associations d’idées, les humeurs diverses auxquelles il est encore soumis.
Véronique Desjardins
Marie Chantale Forest
Anthologie de la vigilance
Editions Accarias l'Originel
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