Comment définir un rêve ? C’était autrefois un récit que l’on pouvait faire le matin, oralement à son psychanalyste ou par écrit sur son journal de bord. C’est devenu un objet scientifique, étudié dans les laboratoires du sommeil des Universités et des hôpitaux. Les rêves constituent la moitié de notre vie, et les comprendre, les diriger voir les expérimenter peut changer toute notre vie. Alors, comment faire pour que nos nuits soient plus belles que nos jours ?
Qu'est-ce qu'un rêve ?
Avant de comprendre les rêves, il faut pouvoir s’en souvenir. Il faut commencer par retrouver un bon sommeil, puis apprendre à s’endormir à volonté, vaincre ses insomnies et se rendormir rapidement. Il n’y a pas de vie heureuse sans un bon sommeil. Pour retrouver le souvenir de ses rêves, de nombreuses règles peuvent être données. Je dirais qu’il faut « les aimer ». Tout est là. La règle générale est que pour retrouver le souvenir de ses rêves, il faut leur attacher la plus grande importance. S’y intéresser, s’en occuper, les écrire, les dessiner, les raconter, s’en inspirer ! Nous devons être plus préoccupés par nos rêves que par nos soucis de la journée.
Le rêve est une autre vie qui accompagne toute notre vie. Il ne nous quitte pas de la naissance à la mort. Les découvertes scientifiques récentes font donc du rêve un objet d’étude scientifique nettement déterminable dans les laboratoires de rêve de chaque grande université. Et elles nous montrent que le rêve est plus important que le sommeil. Rêver est vital pour l’homme. Les expériences de privation de rêve n’ont jamais pu être prolongées bien longtemps.
Pour comprendre quelque chose aux rêves, il faut commencer par admettre qu’il en existe plusieurs catégories : les cauchemars, les rêves ordinaires et les songes. Les cauchemars sont les mauvais rêves. Le critère du vrai cauchemar est qu’il nous réveille puis nous angoisse.
Les rêves ordinaires, quant à eux, sont ceux que nous avons toutes les nuits et qui ne parlent que de ce que nous faisons tous les jours. Nous ferions volontiers une catégorie intermédiaire entre les rêves ordinaires et les songes avec les rêves psychanalytiques. Lors d’une psychanalyse, ou de certaines psychothérapies analytiques, les rêves vont changer et devenir de plus en plus profonds et révélateurs. Le patient rêve ainsi pour son analyste, grâce au transfert. Peu à peu, les rêves vont apparaître profonds, bien construits et symboliques. Ils vont jalonner la cure, en marquant ainsi ses principales étapes. Et enfin, les bons rêves qui, en français correct, doivent se nommer des songes. Ce n’est pas pour rien qu’en français nous avons deux mots, les rêves et les Songes.
Nous pouvons ensuite essayer de comprendre nos rêves seul, avec un journal de rêves. Au bout d'une centaine de rêves sur le nocturnal, nous pouvons commencer à faire des analyses de contenus et des pourcentages. C’est une première manière de les comprendre, accessible à tous, sans psychanalyste. Le sens unique du rêve est dans l’inconscient du rêveur. Nous pouvons également avoir besoin d’un psychanalyste, car si le rêveur possède seul le secret du sens de son rêve, il peut parfois ne pas l’admettre. Il va donc le dire, au milieu d’un tas d’autres choses, au psychanalyste qui va doucement et prudemment le souligner en le lui retournant plusieurs fois, jusqu’à ce que des recoupements successifs forcent le rêveur à bien admettre sa vérité. D’ailleurs si les deux n’ont pas trouvé aussitôt le sens de ce rêve, l’inconscient va s’en charger et provoquer par la suite un autre rêve qui sera le sens du précédent. Les amplifications des rêves représentent une autre piste. Nous pouvons interpréter le rêve, mais aussi le jouer et le développer en le considérant comme un point de départ.
L’idée selon laquelle chaque élément du rêve représente une partie du rêveur autorise une autre façon de comprendre le rêve en l’amplifiant. Cette méthode a été très efficacement développée par Fridriech Perls dans sa technique de Gestalt-thérapie. Puisque le rêve émane du rêveur, il est tous les personnages et les objets de son rêve et ne doit pas être abusivement réduit au personnage qu’il a choisi d’incarner dans son rêve.
Les psychanalystes ont assez interprétés les rêves, il est temps maintenant de les changer, pour faire en sorte que nos nuits soient plus belles que nos jours. Il est possible de transformer ses rêves afin d’obtenir des songes ou vision de vérité : songe de beauté, de puissance, sortie hors du corps, rêve prémonitoire, thérapeutique, curatif, créatif… L’intérêt pour les rêves et leur transformation est partagé dans de nombreuses traditions ou cultures, et on en retrouve des traces à chaque époque. La transformation des rêves est essentiellement une question d’état de conscience. Pour avoir des rêves lucides, il faut introduire la conscience dans ses rêves et pour y arriver le secret est d’installer la conscience de rêve dans la vie de tous les jours. Différents exercices gradués peuvent nous aider à y parvenir.
La découverte de ce genre de rêves lucides va être de la plus grande importance pour la psychologie comme pour la philosophie. Elle va permettre d’autres découvertes et peut-être de grands changements dans la science et dans notre vie. Pour cela il faut commencer à s’interroger sérieusement sur les raisons du rêve : pourquoi rêvons-nous toutes les nuits ? Pour les philosophes, il faut pousser l’interrogation plus profondément et se demander : pourquoi l’homme est-il programmé pour rêver ? Ainsi le rêve lucide, après nous avoir fait échapper à l’illusion des enfers de notre inconscient, peut nous délivrer de l’illusion sensorielle pour nous faire découvrir de nouvelles réalités.
Source INREES
Marc-Alain Descamps est psychanalyste et professeur de psychologie. Il est didacticien en Rêve-éveillé. Il a étudié les différentes techniques de rêves dans ses voyages du Mexique à Bornéo et en Malaisie.
jeudi 2 septembre 2010
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