jeudi 19 juillet 2007

En chemin sur "La voie et ses pièges" de Arnaud Desjardins


"S'il existe un chemin, une voie – et ce sont des termes qu'on retrouve partout, via en latin, marg en sanscrit – il y a un point de départ, un trajet (un parcours) et un point d'arrivée. Le point de départ, c'est notre niveau d'être ou notre condition actuelle et le point d'arrivée, c'est ce niveau d'être ou cette condition transcendante, telle qu'elle nous est décrite, telle que le sage l'incarne, telle que nous l'entrevoyons. Et en vérité, il n'y a de départ qu'à cause du but. Nous ne nous mettons pas en route si nous ne sommes pas attirés."

"Et le chemin de la sagesse propose une solution radicale, absolue, qui est l'abolition de ce sens du moi individuel. Donc, s'il y a bien une part du chemin commune aux psychothérapies et aux voies spirituelles, ce n'est jamais qu'une part, et même une petite part. Ensuite apparaît nettement la différence. Vous aurez tendance, sauf exception, à interpréter ce que vous entendez en fonction de la conscience ordinaire qui vit dans la dualité, de la dualité, par la dualité, pour la dualité (qu'est-ce que l'ascèse va m'apporter à moi, est-ce que je vais aller mieux ?) sans entrevoir que, si la voie peut vous être bénéfique à l'intérieur de ce monde de la dualité, elle vous appelle en vérité à transcender celle-ci."

"Au départ du chemin, ce qui est cruel, c'est de reconnaître « je ne suis pas » et au bout du chemin, ce qui est merveilleux c'est d'avoir le droit de dire « je ne suis plus ». Mais subsiste-t-il un « je » pour le dire? "

"La première partie du chemin sera dominée par la structuration, la présence à soi-même, la volonté (will power), l'axe, le centre, l'autonomie par rapport aux fonctionnements. La deuxième partie verra l'extinction ou la dissolution de l'ego, la réalisation mystique proprement dite. Mais la voie de l'effort précède le non-effort, un effort intense de conscience, de vigilance, d'attention..."

"Tous les êtres vivants aspirent à être heureux, complètement heureux, d'un bonheur parfait, auquel rien ne manque et qui soit stable, définitif, à l'abri des événements, des malheurs, des tragédies. Ce bonheur est inatteignable dans les conditions courantes de l'existence qui permettent tout au plus d'aspirer à des satisfactions et à des joies relatives. Et pourtant, l'inimaginable promesse des enseignements spirituels, c'est que le bonheur absolu dont nous portons tous la nostalgie est accessible à l'homme à condition de comprendre ce qui nous en sépare et comment nous pourrions nous établir en lui."