Comment le chrétien peut-il vivre son affectivité, comment l’Évangile peut-il imprégner notre mode de vie ? Dans ma quête, un livre m’a particulièrement éclairé. Écrit par le jésuite J.K. Kadowaki, le Zen et la Bible, chez Albin Michel, en appelle à une conversion de tout l’être, affectivité comprise. Précisément, il s’agit de cheminer vers une unité de l’être.
Dans la conversion, le corps ne doit pas être perçu comme l’adversaire à abattre. Précisément, pour que la Bonne Nouvelle puisse descendre dans le cœur, elle doit embrasser tout l’être, corps compris. Aussi la prière, l’amour ne sauraient se borner à une posture intellectuelle. Aimer ses ennemis, par exemple, peut n’être qu’un précepte théorique s’il n’a pas envahi la région de l’affectivité, s’il ne relève que d’un effort volontaire, voire d’une posture. De même, lorsqu’on parle d’abandon, c’est tout l’individu qui doit s’abandonner à Dieu. Pour ce faire, Kadowaki nous convie à faire de chaque phrase de l’Évangile une invitation à la pratique, un puissant appel à la metanoia. Surtout, ne laissons pas la parole devenir une rengaine dominicale.
L’auteur, qui a rencontré sur le tard le christianisme, tire de son expérience du zen quelques fécondes indications. Il pointe notamment le danger de limiter la religion à une vue de l’esprit quand se faire disciple du Christ, c’est mettre tout l’être au service du royaume de Dieu.
Mais donnons-lui la parole : « Pour recevoir le royaume de Dieu, il faut avec joie entrer chez soi et vendre tout ce qu’on a : c’est le total abandon. On doit revenir à son propre soi et alors abandonner ce soi avec toute la force de son esprit et de son corps. » Voilà qui est concret et invite assurément à un dépouillement de tout l’être.
Comme les moines bouddhistes méditent un koan, une énigme qui vise à sortir les disciples de leurs raisonnements logiques, chaque verset du Nouveau Testament peut devenir l’occasion d’écouter, de sentir, de vivre l’appel de Jésus pour l’enraciner dans sa manière d’être. Les paraboles, les gestes inattendus du Christ ne déconcertent-ils pas le légalisme, et les calculs intéressés ? J’aime relire ainsi les versets de Matthieu 16, 24 : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive. » Qui pourrait tenter de vivre ces lignes en restant dans les étroites limites de l’adhésion intellectuelle ? Pourquoi ne pas renoncer à soi-même avec notre corps et notre âme pour être disciple du Christ ?
Suivre Jésus, c’est assurément réorienter la totalité de sa personne, se changer soi-même, ouvrir son cœur, élargir son esprit. Au-delà des concepts, il sied avant tout de retrouver l’esprit d’enfance si cher aux Évangiles. Comme un enfant, c’est une unité, un corps, une âme, des sentiments, un tout qui va vers Dieu et se jette tout entier dans les bras du père.
Dans la conversion, le corps ne doit pas être perçu comme l’adversaire à abattre. Précisément, pour que la Bonne Nouvelle puisse descendre dans le cœur, elle doit embrasser tout l’être, corps compris. Aussi la prière, l’amour ne sauraient se borner à une posture intellectuelle. Aimer ses ennemis, par exemple, peut n’être qu’un précepte théorique s’il n’a pas envahi la région de l’affectivité, s’il ne relève que d’un effort volontaire, voire d’une posture. De même, lorsqu’on parle d’abandon, c’est tout l’individu qui doit s’abandonner à Dieu. Pour ce faire, Kadowaki nous convie à faire de chaque phrase de l’Évangile une invitation à la pratique, un puissant appel à la metanoia. Surtout, ne laissons pas la parole devenir une rengaine dominicale.
L’auteur, qui a rencontré sur le tard le christianisme, tire de son expérience du zen quelques fécondes indications. Il pointe notamment le danger de limiter la religion à une vue de l’esprit quand se faire disciple du Christ, c’est mettre tout l’être au service du royaume de Dieu.
Mais donnons-lui la parole : « Pour recevoir le royaume de Dieu, il faut avec joie entrer chez soi et vendre tout ce qu’on a : c’est le total abandon. On doit revenir à son propre soi et alors abandonner ce soi avec toute la force de son esprit et de son corps. » Voilà qui est concret et invite assurément à un dépouillement de tout l’être.
Comme les moines bouddhistes méditent un koan, une énigme qui vise à sortir les disciples de leurs raisonnements logiques, chaque verset du Nouveau Testament peut devenir l’occasion d’écouter, de sentir, de vivre l’appel de Jésus pour l’enraciner dans sa manière d’être. Les paraboles, les gestes inattendus du Christ ne déconcertent-ils pas le légalisme, et les calculs intéressés ? J’aime relire ainsi les versets de Matthieu 16, 24 : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive. » Qui pourrait tenter de vivre ces lignes en restant dans les étroites limites de l’adhésion intellectuelle ? Pourquoi ne pas renoncer à soi-même avec notre corps et notre âme pour être disciple du Christ ?
Suivre Jésus, c’est assurément réorienter la totalité de sa personne, se changer soi-même, ouvrir son cœur, élargir son esprit. Au-delà des concepts, il sied avant tout de retrouver l’esprit d’enfance si cher aux Évangiles. Comme un enfant, c’est une unité, un corps, une âme, des sentiments, un tout qui va vers Dieu et se jette tout entier dans les bras du père.
Alexandre Jollien est un philosophe et écrivain né en 1975 à Savièse, en Suisse.
Source : La Vie 2009