jeudi 14 décembre 2023

De la crise, ou de quoi méditer en ces temps de crise ...

 

Issu du grec krisis (décision), ce mot a d’abord été un terme du jargon médical, désignant un tournant décisif dans l’évolution d’une maladie ou d’une blessure. C’est de là que lui vient sa connotation angoissante actuelle. 

En chinois l’idée de « crise » s’écrit avec deux idéogrammes. 

Le premier, 危 wēi représentait à l’origine une personne se tenant au bord d’une falaise. Au cours des siècles à cause de cette image d’une situation dangereuse, il s’est amalgamé avec un mot homophone plus ancien ayant lui le sens de : malheur, difficultés ; ce qui a conduit au sens actuel de ce mot : péril, passe difficile. 

Le second, 机jī, dans sa forme ancienne (機) représentait le ressort des arbalètes. Ces armes avaient constitué un des éléments déterminants de la supériorité militaires de Qin Shi Huangdi dans sa conquête des différents Royaumes Combattants aboutissant en 220 avant à la première unification impériale de la Chine et dont les milliers de guerriers en terre cuite qui gardent son tombeau donnent un idée de la puissance. Particulièrement l’arbalétrier au « présentez-armes ». 

Aujourd’hui, cet idéogramme a toujours un sens en rapport avec son ressort d’origine puisqu’il signifie : mécanisme efficient, ressort, moyen ingénieux, stratagème, occasion imprévue, opportunité.

L’écriture chinoise de la notion de « crise », le binôme危机  wēi jī, combinant ensemble l’idée de « passe difficile » avec celle de « ressort, d’occasion », offre une perspective plus vivifiante de ce qui est pour nous une crise. Il ne s’agit plus d’une aggravation dangereuse d’une situation critique, d’une fatalité mortifère mais bien plutôt d’un moment décisif, certes difficile, mais surtout porteur d’opportunités à saisir pour orienter la situation vers une vitalité nouvelle.

Winston Churchill, qui disait « Le pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, l’optimiste voit l’opportunité dans chaque difficulté », connaissait-il ce distique de son compatriote le poète William Blake : 

Bénédiction lénifie

Malédiction tonifie


Cyril Javary
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