samedi 31 janvier 2015

Miraculeuses transformations...




Cela qui se tait en toi

Qui murmure tout bas
Si tu lui donnais ton souffle
Si tu le berçais de ta chaleur
Ne pourrait-il pas accomplir un jour
En toi quelque miracle





jeudi 29 janvier 2015

Le Soi n'est pas un objet de connaissance...



« Tu ne peux pas voir ce qui est le voyant de la vision ;
tu ne peux entendre ce qui est l’auditeur de l’audition ;
tu ne peux penser le penseur de la pensée ;
tu ne peux connaître le connaisseur de la connaissance.
C’est ce Soi là qui est à l’intérieur de tout.
Tout le reste n’est que périssable. »

Brihadaranyaka Upanishad, III.4.2


lundi 26 janvier 2015

Père Pedro Opeka...

Il y a 25 ans ce prêtre lazariste argentin sortait les pauvres de la décharge d’Antananarivo pour créer avec eux des villages. Depuis, grâce à son association Akamasoa, 500 000 personnes ont pu retrouver toit et travail, joie et espérance.

Mai 1989. Une scène intolérable, cauchemardesque, se déroule sous mes yeux : par milliers, des adultes et leurs enfants errent dans la décharge de la capitale malgache, Antananarivo, au milieu des porcs et des chiens. Piétinant les ordures, ils se disputent le moindre bout de caoutchouc ou de plastique. Aucun mot ne peut sortir de ma bouche, je suis transi d’horreur et de colère. Le soir même, je ne peux trouver le sommeil. Me mettant à genoux sur mon lit, je lève les bras et implore Dieu : « Aide-moi à faire quelque chose pour ces enfants ! »

Le cri s’avère être une alliance, un pacte intérieur : je décide de rester auprès d’eux et de faire tout mon possible pour les sortir de cette misère, non pas par ma propre force, mais grâce à celle que Dieu me donnera et que je sens déjà germer en moi. Dès le lendemain, je retourne sur le terrain vague, déterminé : « Si vous voulez, nous allons, tous ensemble, vaincre la pauvreté par le travail, la scolarisation des enfants et par une discipline communautaire. » La première chose était d’unir ces pauvres entre eux, d’éradiquer la violence qui intoxiquait leurs relations. C’est comme ça qu’est née il y a 25 ans l’association Akamasoa, ce qui signifie en malgache « les amis fiables et sincères ».

Cela faisait déjà 15 ans que je vivais à Madagascar, dans le sud-est du pays. Curé de la paroisse de Vangaindrano, j’étais prêtre missionnaire auprès des villageois et des paysans. Voilà ce que je désirais plus que tout : être avec, partager le quotidien de ces personnes travaillant d’arrache-pied dans les rizières. Je ne pouvais pas supporter de les voir mourir de faim, abandonnés par leurs dirigeants. Durant cette période de ma vie, que je considère comme une seconde naissance, j’ai appris leur langue et ai tenté de m’adapter autant que possible à leurs coutumes. Moi, le prêtre argentin, je refusais en effet d’apporter des solutions toutes faites et d’imposer quoi que ce soit. Il me fallait vivre pleinement avec eux.

Ma vocation de missionnaire a été confirmée lorsque j’ai rencontré les Indiens mapuches dans la cordillère des Andes. J’avais 18 ans. Ils étaient là, reclus dans les montagnes depuis un siècle. « Pourquoi et comment a-t-on pu oublier ces frères et sœurs ? » me demandais-je, bouleversé. Depuis quelque temps, le désir de servir les pauvres, à l’exemple de Jésus, résonnait en moi, avec la conviction que foi et action étaient indissociables. Durant mon enfance à Buenos Aires, la vision des bidonvilles encerclant la ville me révoltait : comment pouvait-on accepter de vivre dans un monde avec tant d’injustices et d’inégalités ?

Ma foi et ma volonté ont d’abord puisé leur source dans celles de mes parents. Immigrés slovènes ayant fui Tito, ils étaient des exemples de courage, de droiture, d’espérance et de charité. Ma mère nous disait qu’un pauvre qui frappait à la porte ne devait jamais repartir les mains vides. Et ce qu’ils prônaient, ils l’appliquaient. Dès l’âge de 10 ans, j’aidais mon père, aux côtés de mes huit frères et sœurs, dans son métier de maçon. Ce travail physique m’a forgé dans l’exercice de la persévérance.

Jeune séminariste chez les lazaristes, j’ai commencé par étudier la philosophie en Slovénie, où je renouais avec mes ancêtres. Puis la théologie à Paris, après être allé pour la première fois à Madagascar, où j’ai aidé à la construction de maisons et joué au foot avec les jeunes, ma passion !

C’est une fois ordonné prêtre que je suis parti à Madagascar… pour y rester. Après mon expérience de 15 ans dans les rizières, je pensais pourtant quitter le pays, pour me remettre en forme. Les maladies que j’y avais contractées m’avaient en effet totalement mis à plat. La providence a voulu que je sois envoyé à Antananarivo pour m’occuper des séminaristes de la maison Saint-Vincent-de-Paul. C’est là que j’ai découvert la décharge. C’est dans cet état de faiblesse tant physique que spirituelle que j’ai retrouvé de la force auprès des pauvres.

J’ai tout de suite mis cartes sur table : « Vous êtes pauvres, mais c’est ensemble qu’on va combattre. » Il était essentiel qu’ils participent à leur propre relèvement. L’urgence : qu’ils aient un toit et un travail. Non loin de la décharge se trouvait une vaste carrière. En attaquant des milliers de tonnes de granit, nous avons pu exploiter le terrain et utiliser ce matériau pour construire de petites maisons. C’est comme ça qu’a poussé un premier village. Puis une ­vingtaine d’autres ont fleuri, avec leurs écoles, leurs cabinets médicaux… sans oublier le stade olympique ! Le dimanche, nous vivons aussi tous ensemble la messe, en chantant et en dansant. Près de 7 000 personnes viennent fêter l’eucharistie ! C’est à chaque fois une exultation, un cri de joie et de remerciement pour nous avoir sauvés de la mort, de l’asservissement à l’extrême pauvreté, à la haine et à la jalousie.

Durant ces 25 ans de combat auprès des pauvres, je n’ai jamais cédé au découragement. Aujourd’hui, j’ai 12 000 enfants qui ont besoin de nourriture, d’un logement, d’un travail. Face à leurs yeux suppliants, je n’ai pas le droit de baisser les bras ni de les décevoir : je leur ai donné ma vie ! Akamasoa relève du miracle, car, en amont de tout savoir-faire technico-scientifique, notre association a puisé son inspiration dans un esprit de fraternité, sur un terreau de violence et de misère.






samedi 24 janvier 2015

Faire le choix de l'espérance avec Monique Durand-Wood


1. Laissez-vous toucher par ce qui vous entoure
Soyez attentif aux personnes croisées, rencontrées et laissez-vous toucher par de petits détails. Dans le métro, j’aime regarder les visages. Parfois je devine leurs fragilités, leur fatigue, leur anxiété, et je me laisse atteindre par cette humanité dont je me sens solidaire. Remplacez la méfiance par ces petites touches d’émerveillement. Vous ressentirez des forces d’amour et de bienveillance circuler au beau milieu des hommes.

2. Prenez soin de votre sanctuaire intérieur
Chaque jour, prenez au moins dix minutes pour vous poser, déposer l’agitation intérieure, si possible chez vous, dans le retrait et le calme. Mais rentrez aussi en vous-même dans les embouteillages ou à votre bureau. En prenant conscience de votre respiration, laissez-vous aussi toucher par ce flux et reflux, silencieux, discret, vous permettant de vivre. Dites-vous intérieurement « Je reçois, je donne ». Cela vous mettra dans une posture de gratitude face à la vie. Je récite certains morceaux de psaumes ou de prières dans ma voiture. A posteriori, je réalise que ces moments de retrait intérieur m’aident à agir de manière plus juste et plus sage.

3. Faites preuve de délicatesse
Une main tendue, un sourire peuvent faire plus qu’une parole. J’ai appris que même dans le mutisme ou le silence il se passait quelque chose avec les patients. C’est la même chose avec nos proches. Faire preuve de délicatesse, c’est aussi être attentif : « Tiens, tu as changé de coiffure, comment te sens-tu ? »… L’autre est valorisé et petit à petit découvrira que ses goûts et ses choix ont de l’importance.

4. Espérez pour l’autre
Je crois à une solidarité dans l’invisible, à la communion des saints. Quand quelqu’un n’a plus d’espoir, on peut espérer pour lui, lui dire. Cela le portera. On retrouve cette idée chez Dostoïevski, notamment dans les Frères Karamazov : pourvu qu’un autre croie en lui, le pire des hommes peut être sauvé.





vendredi 23 janvier 2015

La folle espérance avec Monique Durand-Wood


...Tout a basculé en 1988. Mon existence me paraissait alors artificielle : un divorce, deux enfants à charge, une vie affective désordonnée et des activités professionnelles peu épanouissantes. Un soir, je suis sortie dans la rue et je me suis mise à sangloter pendant de longues heures… jusqu’au moment où j’ai ressenti une Présence m’enveloppant de sa douceur. Les joues encore trempées de larmes, je me suis assise à côté de la porte d’une chapelle et j’ai bredouillé : « Mon Dieu ouvre-moi la porte de ton Église. »

Après toutes ces années d’éloignement, j’étais persuadée que l’Église m’en voulait. Ma confession à un moine le lendemain m’a totalement libérée. Son accueil m’a émerveillée. Le concile Vatican II était passé par là : j’ai découvert une Église plus tolérante et ouverte et ai pu intégrer un groupe de chrétiens divorcés. Comme j’ai fait des études de psychologie, une dame m’a proposé de la rejoindre dans une aumônerie psychiatrique d’un hôpital de Villejuif (94). Je n’ai pas hésité une seconde.

La folie m’a toujours fascinée. Dans ma famille, il y avait des personnes artistes, hypersensibles et pour certaines psychiquement fragiles. C’est lorsque les déguisements sociaux et autres masques tombent qu’une vérité peut éclater : c’est là que jaillit le plus profond de l’être. J’ai d’ailleurs remarqué que le noyau spirituel est ce qui reste dans l’individu, qu’il soit malade psychiquement, handicapé, ou atteint de la maladie d’Alzheimer. Une fois la tempête du délire passée, la foi des malades psychiques se révèle, dépouillée, simple, humble. Humilité aussi dans la prise de conscience de leurs failles, de leur pauvreté. J’ai vu avec éblouissement ce retour sur eux-mêmes qui les ouvrait aux autres : leurs fragilités développent une compassion extraordinaire pour leurs frères souffrants.

Dans leur détresse, j’ai pu toucher une part sacrée, de Mystère en eux. En tant qu’aumônier, mon rôle était de faire appel à cette Présence. Ni jugement ni diagnostic, une écoute bienveillante de leur mal-être. L’espérance qu’il existe autre chose que le désespoir, une Lumière, une respiration, alors qu’ils n’y croient plus. Même si l’on reste malade, même si l’on n’a plus de famille, même si l’on ne voit plus d’issue à son avenir, l’espérance permet de se sentir accompagné par le Divin.

Grâce à leur manière de s’identifier aux personnages de la Bible, j’ai réalisé que ces figures sont proches de nous : les « ennemis » sont nos propres ennemis intérieurs. Combats, désirs de vengeance, de guerre, cris de désespoir, eux les vivent concrètement. Par leur façon de se saisir de cette Parole vivante, ils sont devenus pour moi des exemples de foi, des maîtres spirituels.

Cette démarche de faire vibrer la Parole en soi, je l’ai vécue en parallèle à la Maison de Tobie, où j’organise désormais des sessions de contemplation. Tout au long de ma vie d’aumônier, j’ai pu ainsi développer ma vie intérieure en dehors de la psychiatrie. J’ai appris à méditer la Bible, à la mastiquer et la laisser infuser. Grâce à Françoise Dolto et à son Évangile au risque de la psychanalyse, autre livre choc de ma vie, j’ai compris que la foi nous ramène aux racines de l’humain et découvert aussi qu’avant d’être un livre religieux, la Bible était un livre d’humanité, avec un Autre qui se tient là, tout doucement.

Les étapes de sa vie
1947 Naissance à Rochechouart (Haute-Vienne)
1968 1er mariage, dont naîtront deux enfants.
Décembre 1988 Basculement intérieur. Retourne à la messe.
1991-2006 Bénévole puis aumônier d’hôpital psychiatrique à Villejuif.
2006 Master de théologie à l’Institut catholique de Paris.
2009 Ajouter foi à la folie, Éditions du Cerf.
Depuis 2012 Responsable de la démarche de contemplation à la Maison de Tobie.
2014 Second mariage.


jeudi 22 janvier 2015

Cheikh Bentounès : "Il faut réapprendre la valeur de la vie à nos enfants"


Pour le guide spirituel soufi, c'est l'éducation qui est à l'origine du mal qui frappe l'islam de France.



"C'est dans ses bureaux de Clichy-la-Garenne que le cheikh Bentounès nous reçoit. Pour le guide spirituel soufi, rien n'excuse l'horreur commise à la rédaction de Charlie Hebdo et dans l'Hyper Cacher, les 7 et 9 janvier 2015, et les auteurs de ces attentats sont des faibles d'esprit : "Pour ces jeunes, l'islam est devenu le refoulement de toutes les frustrations, de leurs échecs. Ils n'ont pas appris à filtrer la puissance des mots et du verbe. Or, sans éducation, l'information religieuse peut être dangereuse." 

 Pour le cheikh, qui est aussi le cofondateur du Conseil français du culte musulman, ces djihadistes ne cherchent qu'une chose : devenir célèbres à tout prix, même si le prix, c'est leur vie. La seule solution pour combattre ces dérives : l'éducation. "Nous devons apprendre à nos enfants qu'avant d'être noirs, juifs, musulmans ou chrétiens, nous sommes d'abord une conscience, un être humain". Un message de sagesse et d'apaisement destiné à la société tout entière et à une communauté musulmane victime collatérale d'un islam tourmenté."


mercredi 21 janvier 2015

Le courage de "se laisser faire"...

...

Quand on ne fait plus valoir son moi, le voile de l'illusion se déchire et l'on découvre avec stupeur que les choix de la vie se mettent en place tout seuls
...
Dans le monde des choix, on se vit comme un auteur de la réponse, on lui donne du poids, on s'attache aux fruits de notre réponse. Dans le monde de l'évidence, on se vit comme serviteur, d'où la légèreté de l'action et la liberté par rapport à ses fruits ...
...
Être libre des 'je veux' et des 'je ne veux pas', c'est enfin pouvoir danser la vie telle qu'elle est, sans crispations, sans résistances, sans tensions.
...
La seule question qui compte vraiment pour moi est celle-ci :
'Que me demande la vie maintenant ?'
Extrait du livre Le courage de changer sa vie - Anne Ducrocq - Edition Albin Michel
(Chapitre 11 - André Rochette)


lundi 19 janvier 2015

Une prescription méditative de Chade-Meng Tan

Le temps pour méditer vous manque? Vous ne tenez pas plus de quelques jours? Exercez-vous, au quotidien, à ces micropratiques proposées par l'ingénieur bouddhiste.

« Vous pouvez pratiquer seul, à tout moment. Le bénéfice est extrêmement puissant sur l'instant comme à long terme : peu à peu, cela permet de modifier nos habitudes de pensée.

Si vous êtes ou avez été un méditant : le matin, asseyez-vous en posture de méditation et faites une seule respiration en pleine conscience, c’est-à-dire en portant toute votre attention sur le souffle, sans le juger ni le modifier. Ensuite, vous pouvez continuer ou pas : une respiration est déjà essentielle.

Une respiration en pleine conscience au milieu de la journée. Dans un moment de stress, par exemple juste avant de passer un appel téléphonique ou d'entrer en réunion : les yeux mi-clos, en silence, portez toute votre attention sur votre respiration. Une seconde. C’est tout.

Chaque fois que vous allez aux toilettes, faites vos premiers pas en conscience : reportez toute votre attention sur la sensation du pied qui se pose, se lève, so déroule... Juste un, deux ou trois pas.

Une pensée de bienveillance et de compassion par jour. Dans la rue ou au bureau, portez votre attention sur une personne au hasard, en pensant : “Je souhaiterais que cette personne soit heureuse.” »



source : Psychologies mag

dimanche 18 janvier 2015

Bienveillance et compassion avec Matthieu Ricard

Au travail, comment peut-on être inconditionnellement bienveillant face à des collègues qui nous irritent ?

Les différends sont bien souvent des tempêtes dans un verre d’eau. Ce qui aide beaucoup face à une personne désagréable, c’est de prendre de la hauteur. Face à ses émotions, le simple fait de rester cinq minutes avec soi-même, de laisser reposer son esprit et de se demander si l’agressivité est la solution apaise l’orage. La solution passe d’abord par le dialogue : toutes les études montrent qu’ouvrir son cœur, exprimer ce qu’on ressent est la meilleure façon de diminuer l’animosité. Dans tous les cas, il faut adopter la voie de la non-confrontation, tout en restant ferme et en faisant valoir ses droits. Cette attitude est toujours payante sur le long terme et finit par éroder la carapace des esprits chagrins.

Les religieux développent leur compassion à travers la méditation et la prière. Devrions-nous tous en faire autant ?

(Rires) Il faut démythifier ce concept, trop lié aux techniques orientales. Méditer signifie, en sanscrit, cultiver et, en tibétain, se familiariser. Je propose de considérer la méditation comme un entraînement de l’esprit. Des études menées dans des laboratoires de neurosciences montrent que, pratiquée de façon régulière, la méditation modifie la structure du cerveau et notre manière de penser. De la même manière que la pratique sportive modifie en profondeur- notre santé et notre psychisme. Dans mon livre, j’explique quatre techniques assez simples. Toutes font appel à l’attention portée aux mouvements du souffle. Chacun peut ensuite entraîner son esprit à la compassion, en se concentrant sur la souffrance d’un être cher, en visualisant les sentiments qu’on porte à un être aimé, avant d’étendre mentalement ces pensées bienveillantes à un cercle plus vaste.


A la maison et à l’école, est-ce un outil qui permet d’éviter les conflits?

Je vais vous raconter une histoire que j’aime beaucoup. C’est une école maternelle, dans le Wisconsin, où des enfants de 4 ou 5 ans, généralement issus de milieux défavorisés, apprennent à se concentrer sur le va-et-vient de leur souffle et sur les mouvements d’un petit ours en peluche posé sur leur poitrine. Puis ils vont observer comment poussent les « graines de paix » qu’ils ont plantées. De quoi ces plantes ont-elles besoin pour pousser ? Et -par association d’idées - de quoi l’amitié a-t-elle besoin pour progresser? L’enseignant les aide ensuite à comprendre que ce qui les rend sereins est aussi ce qui rend sereins leurs petits camarades. Ce programme expérimental, conduit en trois séances hebdomadaires d’une demi-heure, a modifié de façon notable le comportement de ces enfants. Après dix semaines, ils pratiquaient spontanément des actes de bonté, ils identifiaient mieux leurs émotions et celles des autres élèves et savaient exprimer de la gratitude à autrui. Incroyable, n’est-ce pas? Lorsque ces résultats ont été portés à la connaissance du dalaï-lama, il a eu ce commentaire : « Une école, dix écoles, cent écoles, puis, par l’intermédiaire des Nations unies, les écoles du monde entier... » Est-ce que j’ai répondu à votre question?»


samedi 17 janvier 2015

Etre poète avec Christian Bobin


En effet, pour être pleinement poète, il faut être aussi scrupuleusement précis qu’un notaire. Il ne faut rien ajouter à ce que l’on voit. Il s’agit de trouver tout seul les mots qui diront sans déborder ce que les yeux ont vu. 

Écrire, c’est prendre les mots un par un et les laver de l’usage abusif qui en a été fait. Il faut que les mots soient propres pour pouvoir être bien utilisés. 

Ce travail-là est le premier. Les mots dieu ou amour ont traîné partout, et pourtant ils sont trop précieux pour qu’on les abandonne. Il faut donc rafraîchir le langage pour qu’il retrouve son innocence. Il faut que les mots retrouvent cet étonnement incroyable des bébés qu’on lave et qu’on frictionne. 

Ils sont alors si purs qu’ils arriveraient presque à nous rendre aussi innocents qu’eux sur l’instant. La vérité nous rend cette candeur première, la beauté de celui qui entre dans une église pour prier sans être vu, ou de celui qui ouvre un livre dans un jardin public : le visage devient alors comme une petite chapelle. 

C’est beau : on dirait un départ sur place.


 Christian Bobin, La lumière du monde, p.97


vendredi 16 janvier 2015

Une société qui tourne à vide avec Cheikh Khaled Bentounes

Khaled Bentounès est le chef spirituel de la confrérie soufie Alawiyya, établie à Mostaganem (Algérie), qui compte des milliers d’affiliés dans le monde. Il est notamment le fondateur des scouts musulmans de France.

Le Point: N’est-il pas temps pour les musulmans de réagir fermement contre la violence djihadiste?

Khaled Bentounès: Le problème dépasse l’islam. C’est notre société qui tourne à vide. Nos jeunes sont consumés par le consumérisme. Parce qu’on n’entend parler que de violence, les gens vivent dans la peur, se replient sur eux-mêmes et finissent par refuser l’autre. Les extrêmes cultivent cette peur, et en tirent prétexte pour appeler à l’exclusion.

Iriez-vous jusqu’à dire que l’extrême droite populiste et xénophobe a finalement les mêmes intérêts que l’islam radical ?
Non, mais ils ont un point commun : tous appellent au sang en poussant les communautés à s’opposer. Il faut s’interroger sur ce que nous faisons pour vivre ensemble et cultiver les valeurs qui nous protègent de la démence.

Quelles sont les valeurs du futur, selon vous?
La plus essentielle est l’humanité. Il faut absolument réapprendre où est la ligne rouge entre humain et inhumain. Et enseigner à nos enfants la sacralité de la vie. Tout être humain, quel qu’il soit, croyant ou non, musulman ou non, quels que soient sa religion, sa philosophie, son peuple, son sexe et sa race, doit être respecté. C’est une obligation fondamentale pour chacun de nous. Mais il est aussi essentiel de refuser la violence et tout ce qu’elle implique. Il faut s’unir en tant que citoyens pour défendre les principes d’égalité et de fraternité. C’est en étant unis que nous pourrons donner du sens à la vie. C’est pour cela que nous avons demandé à l’Onu la création d’une journée mondiale du vivre-ensemble.

Une journée des femmes, une «pour vivre ensemble»... Ce genre d’initiative n’est-il pas vain?

Non, car j’en suis convaincu, c’est un moyen de poser le problème de la vie en société, de marquer la frontière entre ceux qui ont confiance dans l’humanité, qui se battent pour elle, et ceux qui n’ont qu’un désir, la détruire
.


jeudi 15 janvier 2015

mercredi 14 janvier 2015

Voyage aux pays de l'amour (2) avec Jacques Salomé




Deuxième partie - 14 min.



Voici un message de Jacques Salomé concernant les récents événements en France :

Maintenir vivante la vie! 
Indigné face à cette nouvelle violence qui plonge le pays entier dans l’obscurité d’un deuil, dans la souffrance de la perte des êtres chers, je prends ma plume, dans les possibles de mon état de santé d’aujourd’hui, pour apporter mon soutien. Nous sommes semble-t-il condamnés à vivre entre une violence apparente, celle qui tue la vie d’un ou de milliers d’individus, celle qui nous révulse, nous indigne, brouille et angoisse notre réalité et aussi notre imaginaire et la violence latente qui stérilise, blesse, mortifie, l’espoir, le rêve, nous projette dans un avenir dévitalisé, si prévisible, qu’il nous laisse sans choix. Au-delà de la violence qui nous entoure, nous envahie et tente parfois de nous détruire, garder vivante cette parcelle de vie pour l’offrir à ceux qui nous entourent et cela au présent. S’ancrer au présent, dans l’instant pour résister, pour faire contrepoids, pour continuer à alimenter une énergie d’amour.


dimanche 11 janvier 2015

Je pense de toutes mes forces qu'il faut s'aimer à tort et à travers...


Dans son métier de chanteur-poète, Julos Beaucarne était secondé par sa femme, Louise-Hélène. Le 2 février 1975, un déséquilibré l'a poignardée.
Après ce drame épouvantable, Julos a écrit à ses amis, au cours de la nuit même qui a suivi la mort de sa femme, la lettre que voici :


Amis bien-aimés,

Ma Loulou est partie pour le pays de l'envers du décor, un homme lui a donné neuf coups de poignard dans sa peau douée. C'est la société qui est malade, il nous faut la remettre d'aplomb et d'équerre par l'amour et l'amitié et la persuasion. C'est l'histoire de mon petit amour à moi, arrêté sur le seuil de ses trente-trois ans. Ne perdons pas courage, ni vous ni moi. Je vais continuer ma vie et mes voyages avec ce poids à porter en plus et mes deux chéris qui lui ressemblent.

Sans vous commander, je vous demande d'aimer plus que jamais ceux qui vous sont proches ; le monde est une triste boutique, les cœurs purs doivent se mettre ensemble pour l'embellir, il faut reboiser l'âme humaine. Je resterai sur le pont, je resterai un jardinier, je cultiverai mes plantes de langage. A travers mes dires vous retrouverez ma bien-aimée ; il n'est de vrai que l'amitié et l'amour. Je suis maintenant très loin au fond du panier des tristesses. On doit manger chacun, dit-on, un sac de charbon pour aller en paradis. Ah ! comme j'aimerais qu'il y ait un paradis, comme ce serait doux les retrouvailles.

En attendant, à vous autres, mes amis de l'ici-bas, face à ce qui m'arrive, je prends la liberté, moi qui ne suis qu'un histrion, qu'un batteur de planches, qu'un comédien qui fait du rêve avec du vent, je prends la liberté de vous écrire pour vous dire ce à quoi je pense aujourd'hui : je pense de toutes mes forces qu'il faut s'aimer à tort et à travers.






samedi 10 janvier 2015

L’art de prendre son temps ! avec Jacques Castermane


« Lorsque je médite je fais l’expérience d’un retour à moi-même ; il m’arrive de me sentir calme, de me sentir être. Mais au cours de la journée je suis rapidement pris par les choses de la vie ; je m’oublie dans ce que je fais. Plus je médite régulièrement et plus je sens cette dichotomie entre deux manières d’être. Je sens que la vie quotidienne pourrait être animée par la qualité d’être qui m’habite lorsque je médite, mais je n’y arrive pas. Est-il possible de relier ces deux modes d’être au monde, que je vis comme étant séparés ? »

La personne qui tient ce discours résume assez bien le problème auquel sont confrontés la plupart de celles et ceux qui méditent régulièrement avec sincérité. Afin de sortir de cette dichotomie entre deux manières d’être s’impose l’exercice de l’attitude méditative dans le quotidien qui prolonge l’exercice de la méditation. Parce que ces qualités d’être que sont le calme intérieur, la paix intérieure, ne sont pas des aptitudes qui tombent du ciel !

Existe-t-il une recommandation sur la conduite à suivre afin de ne pas rester dans ce grand écart entre ce que je vis au cours de la pratique de la méditation et ma façon de vivre dans le quotidien ?
Oui. La première recommandation est d’apprendre l’art de prendre son temps !
Il m’arrive aussi, poussé par je ne sais quelle impulsion, de me presser, de me hâter, sans raison aucune. C’est le moment où l’homme témoigne qu’il est coupé de ce qu’il ‘’est ‘’ par ce qu’il ‘’a ‘’ dans sa conscience ordinaire, me disait Graf Durckheim.
Cela s’appelle : « Être hors de soi ! »

L’art de prendre son temps participe à la culture de la tranquillité, à la culture du silence intérieur. Ralentir ! Décélérer ! Afin de momentanéiser ces actions considérées comme étant banales : marcher de la cuisine à la salle à manger, passer d’un bureau à l’autre, marcher du domicile au parking (exercice à interrompre lorsque vous traversez une voie de circulation ! ).

Je sais que ce qui exaspère l’homme occidental, décidé à se prendre en main afin de devenir celui qu’il est vraiment dans la profondeur de son être, c’est la simplicité des exercices. Pourtant, il y a dans cette simplicité la garantie qu’il s’agit bien d’une Voie qui a pour sens de tendre vers la sagesse. Parce que ce sont les exercices les plus insignifiants qui conduisent à la connaissance immédiate de notre propre fonctionnement, à la connaissance de notre manière d’être et de faire, qui fait obstacle à l’accomplissement de notre nature essentielle.

En ce début d’année, moment privilégié pour prendre la décision de changer sa manière d’être, je vous invite, à prendre le temps de vous asseoir (chaque matin pendant une vingtaine de minutes) dans la tenue juste (plus juste), dans la forme juste (plus juste) et de ne ‘’rien faire‘’ ; ne rien faire si ce n’est vous glisser dans la pleine attention au va et vient du souffle. Cela s’appelle exercer la méditation de pleine attention.

Et je vous invite, de temps à autre dans la journée, de profiter des quelques pas qui permettent un déplacement pour prendre le temps de marcher un tout petit peu plus lentement que d’habitude. Cela s’appelle exercer l’attitude méditative dans le quotidien.

D’accord ! Mais quel sera le bénéfice de ces exercices ? 
A chacun de le découvrir en pratiquant !


vendredi 9 janvier 2015

Hommages dessinés...






L'homme s'ennuie du bien, cherche le mieux, trouve le mal et s'y soumet par crainte du pire.
François Gaston de Lévis 



jeudi 8 janvier 2015

Allô Papa Tango Charlie...Répondez, nous vous cherchons

  






 « Tu ne tueras point » (Le Coran)


من أجل ذلك كتبنا على بني إسرائيل أنه من قتل نفسا بغير نفس أو فساد في الأرض فكأنما قتل الناس جميعا ومن أحياها فكأنما أحيا الناس جميعا ولقد جاء تهم رسلنا بالب ينات ثم إن كثيرا منهم بعد ذلك في الأرض لمسرفون


Traduction approchée
C'est pourquoi Nous avons prescrit pour les Enfants d'Israël que quiconque tuerait une personne non coupable d'un meurtre ou d'une corruption sur la terre, c'est comme s'il avait tué tous les hommes. Et quiconque lui fait don de la vie, c'est comme s'il faisait don de la vie à tous les hommes. En effet Nos messagers sont venus à eux avec les preuves. Et puis voilà, qu'en dépit de cela, beaucoup d'entre eux se mettent à commettre des excès sur la terre. (Al-Ma'ida 5: 32) La table servie


mercredi 7 janvier 2015

Le sourire de mon père avec Christian Bobin



La mort a oublié d'emporter le sourire... 
Hommage de Christian Bobin à son père 
accompagné ensuite d'une musique...
(7 min.)





lundi 5 janvier 2015

VOEUX 2015


Phytospiritualité vous remercie de votre fidélité et vous partage sa vidéo 
pour cette nouvelle année.
Restons proches de notre nature pour entrevoir l'éclosion de chaque instant.
Bonne rentrée sur le chemin 2015 !





dimanche 4 janvier 2015

Rien ne sert de courir…avec Alexandre Jollien


En Asie, nous sommes dans l’année du Cheval. Osons marquer une petite pause pour considérer à quelle allure notre vie se déploie-t-elle. Bien souvent, je galope comme un dératé toute la sainte journée, ignorant que le trot ou le pas existent aussi. Mais la paix, la joie sont également à découvrir au cœur du tumulte. Et dans l’agitation même se cachent la tranquillité, la douceur et le calme. L’autre jour, en traversant un carrefour noir de monde, mon fils Augustin m’a dit : « Papa, ne passe pas en système pressé ! »

Soudain, j’ai vraiment connu une petite révélation grâce à cet enfant de 8 ans. Pourquoi est-ce que je cours si souvent comme un étalon qu’on sort de l’écurie ? À quoi bon cette course continuelle ? Aux côtés de mon fils, je veux désormais éviter de rentrer dans l’engrenage, car dès lors que l’on met un pied dans ce satané système, nous sommes happés et, en général, les erreurs, les faux pas se pointent à la vitesse grand V. C’est une chance d’être en vie, un miracle. Combien de fois ai-je grillé un feu rouge pour faire mes emplettes ? L’ascèse, ici, est des plus simples : repérer à chaque fois que ma volonté se raidit, voir quand je me précipite pour ne pas perdre les pédales et avancer tranquillement. D’ailleurs, ce qui me frappe le plus lorsque je côtoie un homme de paix et de sagesse véritable, c’est précisément l’impression qu’il a tout le temps du monde, qu’il agit dans le présent et vit carrément débarrassé de tout pourquoi.

Récemment, après les bains publics, je suis allé faire masser un peu mon corps courbatu. Une charmante dame a pétri mes muscles une heure durant et, alors que j’étais à deux doigts de m’éteindre dans une extase quasi complète, j’ai entendu des sons bizarres. La sympathique coréenne aux doigts de fée jouait à un jeu électronique de la main gauche tandis que, de la droite, elle soulageait ma nuque. Une des règles de base que je m’assigne ici jour après jour, c’est une seule chose à la fois : « Quand tu marches, marche ! Quand tu es assis, sois assis ! »

Principe de base qui reste ardu à appliquer à l’heure de KakaoTalk, Viber, Skype, WhatsApp et Facebook. Le vide, le manque, les carences nous saisissent à la gorge avec d’autant plus de force dès qu’une minute reste inoccupée. La vraie subversion, la véritable révolution, c’est de ralentir. L’amour et l’essentiel ne se conjuguent qu’au présent, ils se déploient tout entier dans l’ici et maintenant. À Séoul, quand nous prenons le métro, j’aime demander à mes enfants de dire un chiffre au hasard, puis nous arrêter pile à la station qui correspond à leur proposition. Qu’il est bon de se perdre, de ne plus tenir compte de l’horloge et de se laisser nourrir par ce qui advient. Paradoxalement, cette disposition intérieure congédie tout ennui, et la vie redevient un sacré miracle.

La masseuse joueuse me rappelle une célèbre phrase de Montaigne qui me fait toujours bien rire : « Ésope, ce grand homme, vit son maître qui pissait en se promenant : “ Quoi donc, fit-il, nous faudra-t-il chier en courant ?” Ménageons le temps ; encore nous en reste-t-il beaucoup d’oisif et de mal employé. » Montaigne, d’ailleurs, était un as de l’équitation. Je forme tous mes vœux pour que nous vivions l’an neuf en nous tenons le plus possible à l’écart du système pressé sans pour autant être à cheval sur le principe.

Alexandre Jollien est un philosophe et écrivain né en 1975 à Savièse, en Suisse. Son dernier livre, Petit Traité de l’abandon, est paru au Seuil.


samedi 3 janvier 2015

Me Voici Forêt de Jean-Pierre Denis

Pommiers

Les arbres je suis
Le jardinier de l’ordinaire
En mon cœur si peu
D’essences rares.

Les arbres je regarde
Les pommiers longtemps
Avant qu’ils ne fleurissent
L’insignifiant m’aveugle.

Les arbres printemps
Que ne sais-je enfin
Te deviner dans l’ennui
Des rameaux nus.



Feuilles et feuillages



Les arbres me voici
Forêt face au feuillage
Ne comprenant jamais
Comment il faut s’y prendre.

Les arbres opposant
Au poème la dureté
De ta masse compacte
Forêt tu fais bloc.


Extrait de "Me voici forêt", de Jean-Pierre Denis,
le Passeur


vendredi 2 janvier 2015

De l'enfance à l'enfance

Passer la souris sur la carte...

carte


jeu de cartes de la guérison par Caroline Myss, Peter Occhiogrosso



jeudi 1 janvier 2015

Se décongeler...




Ce n'est pas parce qu'on est malade ... qu'il faut en faire toute une maladie.

Ce n'est pas parce qu'on fait la gueule ... qu'il faut continuer à faire la gueule.

Ce n'est pas parce qu'il y a des problèmes ... qu'il n'y a pas de solutions.

Ce n'est pas parce que le passé n'est plus ce qu il était ... que le présent n'est pas ce qu'il est.

Ce n'est pas parce que les circonstances ne sont pas extraordinaires ... qu'il n'est pas possible d'améliorer l'ordinaire.

Ce n'est pas parce qu'on ramène tout à soi... que les autres n'ont pas besoin qu'on ramène tout à eux.

Ce n'est pas parce qu'on n'arrête pas le progrès ... qu'il ne faut pas s'arrêter de faire des conneries.

Ce n'est pas parce que les jeunes d'aujourd'hui ne sont plus comme avant ... que les jeunes d'avant étaient mieux que ceux d'aujourd'hui.

Ce n'est pas parce que c'est comme ça ... que cela ne peut pas être autrement.

Ce n'est pas parce qu'ailleurs c'est mieux qu'ici ... qu'on ne peut pas vivre ici mieux qu'ailleurs.

Ce n’est, pas parce que plus tard ... que déjà maintenant.

Ce n'est pas parce qu'on est con-gelé qu'on ne peut pas retrouver un peu de chaleur humaine.


Bernard Leblanc-Halmos
"Qu’as-tu fait cet hiver pour préparer le printemps?"