mardi 30 juin 2020

Tuer le Bouddha qu'on n'a pas rencontré


Revendiquer la radicalité
Par crainte de sa médiocrité
Affirmer qu’« il n’y a personne »
Parce que l’on ne croit pas en soi
Brandir la simplicité
Par évitement de la complexité
User de grands mots
Parce qu’on se sent petit
Adopter une posture
Faute de positionnement
Attaquer d’emblée
De crainte d’être touché
Récuser le chemin
Par refus de marcher
Se proclamer indépendant
Parce que la relation fait mal
Vouloir enseigner
Parce qu’on ne veut plus apprendre
Donner des leçons
De peur d’ en recevoir
Se vouloir au dessus de la mêlée
De peur de se découvrir ordinaire
Se rêver éveillé
Pour ne pas ouvrir les yeux
Tuer le bouddha
Qu’on n’a pas rencontré
Seigneur , seigneur
Prends pitié

Gilles Farcet

lundi 29 juin 2020

La grande erreur humaine


Ressentez ce visage immense ouvert grâce à Douglas Harding :



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Bonne semaine d'ouverture  !

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samedi 27 juin 2020

Offrandes


Rien que des merveilles ce matin ! Mon regard est d'abord tombé sur ce massif de delphiniums, impressionnants avec leurs hampes bleu intense, et, à leurs pieds, déjà les premières tiges frêles de capucines qui se déroulent, intrépides ; au fond, le vieux rosier, accroché aux pierres du mur, a retrouvé l'enthousiasme de la jeunesse et croule sous les fleurs et les boutons, pendant que, toutes pimpantes, les marguerites se balancent au gré de leur petite musique. 
J'étais sortie bien décidée à en finir avec tout ce qui est en retard : la cabane à bois, c'est simple, on ne peut plus y rentrer, je vais y remettre de l'ordre, ah mais il y a les outils de jardin qui ont besoin d'être bichonnés, le petit bois à ranger dans des cageots et ce tas de cartons à plier et mettre dans la voiture, et... et... mais le monde m'a stoppée dans mon élan et m'a rappelé le plus important, que j'oublie trop souvent : regarder, admirer, remercier.

Une prairie éclatante

Juste en face de la porte de la cuisine, le jardin m'a attrapée en premier ; il a été l'objet de nos soins : plantations, désherbage, toute une attention bienveillante ; nous avons encouragé ses hôtes avec des gratouillis à leurs pieds et des paroles roucoulées. Nous l'admirons d'un regard de propriétaire, c'est notre travail, notre oeuvre, notre récompense. Mais si je tourne un peu la tête, je vois la prairie, et là ! C'est une énergie incroyable, toute en vrac, en fouillis, herbes et fleurs mêlées, à qui poussera le plus haut, à qui aura plus de fleurs, à qui attrapera le premier rayon de soleil. Il y a du bleu, du jaune, du rose, et du vert, du vert qui fait du bien aux yeux et au cœur, du vert si tendre qu'on voudrait le manger, ou si éclatant qu'on voudrait le mettre dans sa poche pour le garder toujours. 
Nous avons passé tant de semaines à regarder le monde comme dangereux, presque hostile : oui c'est vrai, il peut l'être, mais j'avais oublié qu'il était aussi - d'abord ? - beauté, don, offrande.
Chaque printemps la prairie nous surprend avec des petits bouts de tiges qui se haussent du col sur une terre encore gelée, de minuscules fleurettes qui s'ouvrent sans craindre la prochaine chute de neige, puis en début d'été, elle éclate de promesses et s'abandonne à la pure joie d'être, à la vie. À la contempler, je sens quelque chose qui se dénoue en moi : nous avons passé tant de semaines à regarder le monde comme dangereux, presque hostile : oui c'est vrai, il peut l'être, mais j'avais oublié qu'il était aussi - d'abord ? - beauté, don, offrande.

La trame de toute existence

Abritée entre des murs, j'avais ignoré la force de la terre et son travail aussi vieux que le monde : faire renaître la vie ; enfermée, j'avais désappris le don du ciel sans limites qui chaque matin réveille l'espoir. J'avais perdu ce qui est la trame de toute existence : l'offrande continue, indispensable, invisible. Immobile au milieu de la cour, respirant dans la grande respiration du monde, me reviennent à l'esprit les mots d'un ces vieux moines japonais : « Le ciel et la terre font des offrandes. L'air, l'eau, les plantes, les animaux et les êtres humains font des offrandes. Toutes les choses se font des offrandes mutuelles. Ce n'est que dans ce cercle d'offrandes que nous pouvons vivre. » Ce cercle d'offrandes, je le vois maintenant partout autour de moi, dans l'herbe et ses insectes, dans le petit nuage blanc qui flotte, dans les abeilles, dans notre travail aussi et celui de tous ceux et celles qui nous ont précédés ici. Et ce moine, Kodo Sawaki, poursuit : « Le monde dans lequel nous donnons et recevons est un monde magnifique et serein. » 
Matin d'offrandes, matin de merveilles, un matin comme tous les matins.

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(sources : La Vie)

Méditons sur la méditation


Lâcher les mécanismes de protection sans compensation...


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vendredi 26 juin 2020

Sésame, rouvre-toi

Je vous partage le témoignage de Nicole qui a vécu l'isolement imposé par les événements récents de ce début d'année. Je la remercie pour sa belle présence sur Phytospiritualité.

Voici un essai, un début difficile de décryptage intérieur:
"....samedi 12 juin 17 heures. J'ai envie pleurer .....
............ C'est la seule chose dont j'ai envie
C'est le sésame ouvre-toi,
la seule porte d'entrée sur cette étrange partie " organique "
qui émerge après trois mois de confinement...Elle est en moi,
elle est moi,je suis enceinte d'elle...
Elle est moi et en même temps tellement étrangère à ce que je suis....
La seule chose qui me touche, c'est qu'en acceptant sa destruction intime, cela me permet d'un peu m'approcher d'elle.......
Je veux simplement mieux la connaître. Apprendre à mettre des mots sur ce qui se vit là...pour moi, pour les personnes âgées qui m'entourent. Pour accéder parfois à la porte d'entrée de cet " autre '' qu'est ma voisine de table...Apprendre à rencontrer son sourire figé...
Oser ses yeux vides qui errent dans le vide...
Ne pas avoir besoin de l'aider
voir ses yeux.
C'est tout...
Ne rien vouloir
non, simplement voir;


Nicole 

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Autrui, morceaux de l'Un



jeudi 25 juin 2020

Lumineux sommeil


« Le sommeil n’est pas une fuite, un relâchement complet mais une détente, un repos. 
Ton lit doit être confortable, ni trop dur ni trop mou. Commence par remercier Dieu de la journée écoulée puis détends-toi en ayant conscience des forces que tu devras déployer le lendemain. 
Il n’est pas question de s’écrouler. Un artisan de lumière ne peut pas dormir comme tout le monde : avant de fermer les yeux, mets-toi sous la protection divine et tourne-toi, conscient et confiant, vers la lumière. Les ténèbres de la nuit ne doivent pas avoir de prise sur toi. Il ne faut pas non plus que tes rêves aillent dans un sens labyrinthique, anarchique. 
Si tu veux être fils de lumière, ne la rejette pas à l’extérieur de toi. Dès lors, ton sommeil ne sera plus une tombée dans le noir mais un repos dans la lumière. Dors comme un éveillé. » 

Le Maître m’assure que mon sommeil va progressivement changer de qualité et qu’avec quelques efforts, bientôt je serai plus vigilant et pourrai dire, comme dans le poème du Cantique des Cantiques, « je dors mais mon cœur veille ». Les dauphins eux-mêmes ne dorment que d’un œil et continuent de nager pendant leur sommeil. Comme les oiseaux migrateurs qui peuvent voler jour et nuit sans s’arrêter...

Jean-Luc Leguay
Extrait de "Le maître de lumière" (2009, éditions Dervy)

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mercredi 24 juin 2020

La vérité du corps


"Le temple a été fait pour l'homme, pas l'homme pour le temple. En retrouvant le temple du corps, nous retrouvons l'univers tout entier, la liberté et la responsabilité d'origine. Lorsque nous approchons ensemble, respectueusement, consciemment, l'énigme et le miracle du corps, nous le faisons habités de cette intention, de cette mémoire ancienne qui nous pousse à retrouver notre dimension véritable, à nous réinsérer harmonieusement, justement et activement dans le grand processus vivant. Cela se passe sur le parvis du temple, quand nous passons du profane au sacré. De la même façon, sur le parvis de votre corps, entrez dans le sacré en entrant dans la conscience du temple qu'il est."

Yvan Amar
Extrait de "La conscience corporelle"


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mardi 23 juin 2020

Espace insondable


"Quelle est donc, alors, cette Véritable Nature prétendument mienne, cette merveilleuse découverte des sages qui promet de tout résoudre ? Il vaudrait mieux que j'aie dès maintenant une petite idée de cette Identité que je recherche, sinon je ne vois pas comment je pourrai établir sa présence ou son absence. En résumé, ce qu'on me conseille de rechercher n'est pas du tout une chose. C'est illimité, libre de tout conditionnement, immobile, intemporel (je répète : intemporel), simple, silencieux, et par-dessus tout, d'une évidence éclatante et intensément conscient d'être tout cela. C'est l'inconnaissable dont Aristote disait qu'il n'y a rien de plus connaissable. C'est l'insondable abîme de mystère-sans-fin qui est en même temps mon refuge et mon Soi. On lui a donné toutes sortes de noms tels que Absence, Clarté, Transparence, Claire lumière, Espace, Vide immaculé, pure Capacité, le Non-Né et le Non-Mortel... qui ne servent à rien d'autre qu'à m'aider à le reconnaître quand je tombe sur lui. (On m'assure qu'il y a une marge infinie entre chercher le mot juste pour le décrire, tout savoir à son sujet, le penser et même le sentir - et puis la réalité, c'est-à-dire le voir vraiment, plus clairement que tout, et ainsi être consciemment lui.)"

Douglas HARDING ., Le petit livre de la vie et de la mort, Ed Dervy 1997, p.17)

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dimanche 21 juin 2020

Plaisir du jour


"Chaque jour, je vois ou j’entends quelque chose qui plus ou moins
me fais défaillir de plaisir, qui me laisse comme une aiguille
dans une botte de foin de lumière.
C’était pour cela que je suis née – pour voir,
pour écouter, pour me perdre à l’intérieur de ce monde pénétrable -
pour m’instruire encore et encore
en joie, et en acclamation.
Je ne parle pas non plus de l’exceptionnel,
de l’effrayant, du terrible, de l’extravagant extrême –
mais de l’ordinaire, du commun, du plus quelconque,
des présentations quotidiennes.
Ô, bon élève, me dis-je à moi-même,
comment ne pourrais-tu pas devenir sage avec de tels enseignements –
la lumière insicelable du monde,
la brillance de l’océan,
les prières faites de brins d’herbe?"

Mary Oliver
A thousand mornings
peintre-illustrateur: Oamul Lu

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samedi 20 juin 2020

La grandeur de Swami Prajnanpad


LA GRANDEUR DE L'HOMME
Préface de Roger-Pol Droit
à partir du 23 juin 2020

Ce livre est un ensemble de citations des Upanishad, choisies et commentées par Svâmi Prajnânpad, sur le thème de la grandeur de l’homme. Il n’existerait pas sans l'immense travail qu’a fait Daniel Roumanoff pour conserver et analyser l’enseignement de ce maître.

Il restait un inédit, préparé par Daniel, de citations et de commentaires sur les sujets suivants : Homme, Dieu, Mythologie, Religions et Science. En reprenant le manuscrit pour la publication, Colette Roumanoff a cherché à en rendre la lecture plus aisée, d’autant que les sujets abordés sont délicats et peuvent nourrir des polémiques.

Cet ouvrage est une mine de citations authentiques, dont beaucoup sont inédites. Il plaira à coup sûr à ceux que cet enseignement intéresse déjà. Pour ceux qui ne le connaissent pas, ils seront agréablement surpris de la modernité des upanishad et de la critique faite par Svâmiji des dérives actuelles concernant les pratiques religieuses ou spirituelles qui rabaissent l’être humain.

Svâmi Prajnânpad nous propose de décoder autrement les événements qui se produisent dans notre monde intérieur et notre monde extérieur. Ses paroles peuvent nous permettre, à condition de questionner nos habitudes de pensée et nos jugements de valeur, d’accéder à une vie moins conflictuelle et plus heureuse. Dans cet ouvrage, il questionne particulièrement nos croyances sur les religions, le sens de la vie, la place de l’homme dans l'univers.

Cet ouvrage traite de la grandeur de l’Homme. Grandeur dont nous sommes invités à nous montrer dignes, en nous respectant nous-mêmes et en respectant les autres.

224 pages. - 18 €
ÉDITIONS ACCARIAS L’ORIGINEL 3 allée des Œillets - 40230 Saint Geours de Maremne
accarias@orange.fr

A suivre bientôt, quelques extraits....
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vendredi 19 juin 2020

Le temps de la Lumière


Il existe un tunnel obscur dans la Lumière Infinie.
On l'appelle « Temps ».

Lorsqu'un humain entre dans ce tunnel,
On appelle cela « naître ».

Lorsqu'un humain marche au long de ce tunnel,
On appelle cela « vivre ».

Lorsqu'un humain sort de ce tunnel,
On appelle cela « mourir ».

Considérer que vivre se réduit à évoluer au long de ce tunnel obscur,
Cela s'appelle « illusion ».

Percer des trous dans ce tunnel obscur, 
Cela s'appelle « science ». 

Savoir que la Lumière est autour du tunnel, 
 Cela s'appelle « Foi ». 

 Voir la Lumière dans le tunnel obscur, 
 Cela s'appelle « Amour ». 

 Voir la Lumière à travers le Tunnel obscur, 
 Cela s'appelle « Sagesse ». 

 Éclairer le tunnel obscur de sa propre Lumière, 
 Cela s'appelle « Sainteté ». 

 Confondre la Lumière et le Tunnel obscur, 
 Cela est au-delà des mots. ...

source non connue
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jeudi 18 juin 2020

La Vie a lieu...


"Entre, les limaces, les oiseaux, les rats-taupier, les taupins (a moins que ce soit un hanneton, une cétoine ?), les fourmis, les pucerons, tous ces nuisibles ! (qui n'existent pas...), les "mauvaises herbes" ! (qui n'existent pas non plus...), le manque d'eau, le trop d'eau, le vent, les grêles, la terre argileuse, la terre sablonneuse, les nuits trop fraiches, la serre en surchauffe, la faim d'azote, le BRF ou la paille ?, le fumier frais ou séché ?, la terre trop acide ou pas assez acide, le manque de pollinisation, la fonte des semis...etc, il y a 1001 raisons pour ne pas avoir de fruits ou de légumes et pourtant le miracle de la vie finit toujours par avoir lieu mais encore faut-il savoir apprécier ces moments à leur juste valeur. 
Quelles joies d'aller manger ses premières groseilles ou ses premiers cassis, framboises ou groseilles à maquereaux directement sur l'arbre, quel moment merveilleux que de s'arrêter devant les premières cerises produit par ce cerisier qui revient de si loin et de les déguster à cet instant précis sans penser à rien d'autre que de savourer ce moment. 

Il y aura toujours des contraintes à subir aussi n'attendez le monde parfait pour être heureux, agissez pour bâtir le monde que vous souhaitez sans vous préoccupez de ce que font les autres et appréciez ces petits moments de la vie qui feront votre bonheur, c'est votre récompense pour ce que vous faites pour la nature en général et pour vous nourrir en particulier..."

Source : L'oasis des mauvaises herbes

Bon anniversaire Arnaud !


"Tout de suite, ici, vous êtes aussi près que vous ne le serez jamais et vous êtes « aussi près » pour l’éternité. « Just be ; just be . » « Juste, soyez. » Soyez – à l’intérieur de toutes les formes. "

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mercredi 17 juin 2020

En soi avec Amma



′′ D'abord, l'esprit humain doit être harmonisé, 
puis l'harmonie de la nature aura spontanément lieu." 
Amma (Sri Mata Amritanandamayi Devi)





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mardi 16 juin 2020

Non séparation avec Gilles Farcet



L'impression de séparation est intimement liée à celle qui nous faut nous croire le possesseur de quoi que ce soit. 
Pour reprendre l’exemple de l’automobiliste coincé dans un embouteillage : si cette route est ma route, alors elle n'est pas insérée dans un ensemble et donc soumise aux chaînes de causes et d’effets à l'œuvre dans cet ensemble. Le fait qu’elle soit en travaux pour le bien de la communauté ne me concerne pas, moi qui entend aller attraper mon train pour mon rendez-vous dans ma journée à moi ! Selon l’expression consacrée, « ce n’est pas mon problème » ! En tant que moi possesseur et contrôleur, je me fantasme et me positionne du même coup comme séparé, existant à part du tout. 
Dans le monde séparé de l’ego, le fait que la lumière ne s’allume pas alors que moi j’aurais besoin d’y voir clair n’a rien à voir avec le tout qui n’est même pas pris en considération. L'EDF est en grève, il y a eu des tempêtes, les magasins vendant des ampoules sont fermés le dimanche ? « Pas mon problème », serine l’ego.

Cette fabrication d'un ego contrôleur, possesseur et séparé repose sur un mécanisme à l’œuvre au cœur de notre relation à ce qui est, à savoir le refus. Chaque fois qu'au nom de ce qui devrait être (« la route devrait être dégagée ») je refuse que ce qui est soit, j’alimente très concrètement l’illusion de l’existence d’une entité que nous appelons ego. C'est pourquoi la pratique du oui à ce qui est, bien envisagée à sa place c’est-à-dire dans l’instant et non dans le déroulement du temps au sein duquel il s'agit de se positionner, n’est pas seulement une démarche de bon sens mais bien une pratique spirituelle par laquelle l’existence même de l’ego se trouve mise en cause. Chaque fois que le conflit cesse, l’ego se trouve déjoué.

Sans doute avons-nous aussi entendu affirmer que l’ « ego n’existe pas ». Et, en effet, s’il existe bien momentanément une personne, il n’existe pas d’entité située à part de l’ensemble, apte à contrôler et propriétaire de « son » monde. Et pourtant, tant qu'une illusion nous tient, elle existe bel et bien pour nous. L’enfant qui, dans la pénombre de sa chambre, tremble de peur du fait de la présence d'un monstre est, certes, victime d’une totale illusion. Il n’y a pas de monstre. Reste qu’il a bel et bien peur tant que ses parents n’allument pas la lumière et ne lui montrent pas que la méchante créature n’était que sa fabrication. Il ne s’agit donc pas de prétendre détruire ou soumettre le mécanisme de l’ego mais plutôt de le déjouer par la pratique du « oui » et ainsi d'en arriver à voir, soit son inexistence - si on entend par ego un moi possesseur, contrôleur, séparé -, soit sa dimension provisoire et relative - si on entend par ego l’inévitable point de vue individuel.

Demeure alors la personne humaine, dans sa plénitude non défigurée par l’ego. Le « sage», c’est la personne parvenue à maturité et donc à plénitude, le rayonnement de la personne que les masques de l’ego ne sont plus là pour distordre. Et cette personne non déformée a alors toute latitude d’être au service de l’ensemble dont elle-même fait partie.


A la vérité, tout ce qui participe à la maladie du monde, avidité, égoïsme, violence, exclusion, manipulations, procède de l'ego et de sa prétention à posséder et contrôler à partir de sa position isolée. Un « ego sain », ce que Swami Prajnanpad entendait sans doute lorsqu’il affirmait avoir besoin d'« ego forts », c’est la plénitude d’une personne purifiée des mécanismes de l’ego. « On n’est pas plus ou moins libre mais plus ou moins asservi », rappelle Arnaud Desjardins. Disons alors que moins elle se trouve asservie à la prétention à posséder, contrôler et à l'illusion de la séparation, plus la personne unique reflète Dieu, si l'on entend par là, ainsi que l'exprimait Swami Prajnanpad, « la plus haute possibilité de l'homme ». L’humain purifié des déformations de l’ego s’exprime, se déploie, le visage humain lavé des grimaces du moi illusoire resplendit dans sa beauté et sa grandeur.

Gilles farcet

lundi 15 juin 2020

Renouons avec notre nature...


Vous écrivez que nous avons oublié notre enracinement à la terre et que cette séparation est source de souffrance. Comment celle-ci se manifeste-t-elle?


M.R. Un chercheur australien a remarqué que, dans une vallée particulièrement enlaidie et abîmée par les activités humaines, les gens allaient mal, ils étaient tristes, anxieux, fatigués, alors même que leur vie personnelle se déroulait plutôt bien. Outre la satisfaction de ses besoins primaires, l'humain a besoin de beauté, il s’en nourrit, même sans s'en rendre compte. Ces dégradations nous affectent tous, même ceux qui sont dans le déni ou dans l’absence de conscience. Car nous faisons partie de la nature, nous la constituons, comme les végétaux, les minéraux et les animaux. On le sait, les souffrances non reconnues sont à l’origine de maux bien réels, physiques, mais aussi psychiques : anxiété, addiction, dépression...


Selon vous, la pollution extérieure actuelle correspond à notre pollution intérieure.
Cela signifie-t-il que, avant de nettoyer et de soigner l’extérieur, il faudrait commencer par l’intérieur?

M.R. : En réalité, il faudrait travailler sur les deux fronts. Nous nous trouvons à un carrefour : soit nous prenons soin du lien avec les autres et avec la nature, soit nous continuons à vivre en individualistes et en matérialistes forcenés, et nous fonçons droit dans le mur. Par peur de la puissance de la nature et par avidité, nous avons choisi de la dominer plutôt que de coopérer. Nous en faisons aujourd’hui les frais : pollution, accidents climatiques, déforestations, crises alimentaires, maladies psychiques et physiques... Au lieu de consacrer notre intelligence à la seule recherche de solutions techniques pour polluer moins, ne serait-il pas profitable de réfléchir également au lien d’interdépendance qui nous unit à la chaîne du vivant? Là se trouve, me semble-t-il, la vraie nécessité : cesser de considérer la nature comme un adversaire pour redevenir partenaires, vivre une « reliance » plus grande avec elle.

Marie Romanens (extraits de Psychologies magazine)

dimanche 14 juin 2020

Tomber amoureux de l'ennuyeux


Quand on observe les gens qui ont réussi dans leur domaine, et notamment dans le domaine spirituel, on ne voit souvent que la très fine pointe de l'iceberg.
D'une manière générale, nous pouvons être admiratifs de ce qu'ils incarnent en terme d'excellence, et pouvons même peut-être parfois être un peu jaloux de ce qui peut nous apparaître comme des privilèges. Par exemple, ces personnes peuvent avoir la "chance" d'approcher le Dalaï Lama, ou d'être interviewés, ou d'avoir de l'influence, ou tout simplement, d'être heureux, le plus souvent, sans raison.
Mais ce dont nous devrions être jaloux, en réalité, c'est de leur exceptionnel talent pour tomber amoureux de l'ennuyeux, du répétitif, de l'ordinaire assumé avec tant de patience.
Pour une pièce de Mozart jouée avec tant de dextérité et de sensibilité, combien d'heures de travail répétitif, ennuyeux, effectué dans la solitude?
Pour une réussite apparente, combien d'échecs, du frustrations, de petits petits pas à se relever et à recommencer, en changeant juste un tout petit peu d'angle? Combien de foi (sans s!) dans cette minuscule étincelle qu'ils savent présente, envers et contre tout et tous, dans l'ordinaire le plus déprimant?
Pour une forme de Qi Gong maîtrisée, combien de centaines d'heures d'ennui, de déception, d'énervement, d'envie d'aller boire un café plutôt que poursuivre?
Je me souviens de Wu Changzhen, une femme, une des plus hautes autorités spirituelles du taoïsme vivant, qui nous disait: "Tous les jours, à la même heure, je suis au rendez-vous de ma méditation. Parfois elle vient, parfois elle ne vient pas. Mais moi, je suis là, tous les jours. Je ne veux pas la rater quand elle décide de venir".
Oui, tomber amoureux de l'ordinaire, de l'ennui, du banal, de la frustration, de l'énervement, de la déception, c'est la clé de notre réussite et de nos fulgurances.

Fabrice Jordan
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samedi 13 juin 2020

Ouverture du regard !


"Apprenez à poser le même regard sur tous les êtres et à voir le soi en toute chose."
Srimad Bhagavatam

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vendredi 12 juin 2020

A vous de jouer...


Voici un avis trouvé sur Facebook concernant le jeu de développement personnel de Sabine Dewulf.
C'est un véritable moyen ludique de connaissance de soi à partir de la vision sans tête de Douglas Harding
"Ce jeu m'a conquis en seulement 1 tirage de 2 cartes ! Alors je me devais d'en parler 😊
C'est un coffret de développement personnel, disponible aux Editions Le Souffle d'Or, qui porte un nom assez évocateur, en effet. On parle bien de Miroirs (au pluriel), car comme l'explique l'auteure, nous avons plusieurs facettes en nous, et c'est ce qui fait notre richesse. Encore faut-il réussir à saisir ces facettes et à les comprendre. Ces magnifiques cartes sont là pour nous aider à y voir plus clair justement... Bientôt la review 😉
"Miroirs, mes beaux miroirs" "


"Je viens de publier ma review vidéo du "Jeu des Miroirs" créé par Sabine Dewulf, illustré par Josette Delecroix et disponible aux Editions Le Souffle d'Or
A la fin de la vidéo je propose un exemple de tirage ultra rapide en 2 cartes, afin de montrer le potentiel extraordinaire de ce jeu."


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jeudi 11 juin 2020

1970 – Entretien avec Graf Dürckheim

J’ai profité de ce temps de confinement pour relire le contenu des Enseignements dont j’ai bénéficié, à raison de deux séances chaque semaine, lorsque je vivais à Rütte (1969-1974). Ces Enseignements sont la base et la charpente des retraites proposées au Centre. En relisant ces Enseignements, cinquante ans plus tard, je suis conscient qu’ils ne concernent pas un travail qui aurait été fait mais un travail à faire.

Jacques Castermane. — En quoi la pratique de zazen peut-elle être utile à l’homme occidental ? Parce qu’il s’agit d’un exercice qui a ses racines en Orient.
Graf. Dürckheim. — Ce serait un grand malentendu que de croire que zazen est un exercice oriental. Le Zen se pratique principalement au Japon où il a été introduit au treizième siècle. Mais si je vous décris ce qui m’a touché dans le Zen vous percevrez très rapidement que l’expérience humaine, pour laquelle cette tradition prépare les conditions, dépasse le Japon traditionnel, culturel et spirituel.

J.C. — Ce n’est pas ce que je lis dans certains livres qui défendent l’idée que le zen est et ne peut être qu’une branche du Bouddhisme.
G.D. — On ne rencontre pas le Zen dans un livre. On rencontre le Zen dans la présence des hommes du Zen. Ceux que j’ai pu rencontrer pendant mon séjour au Japon m’ont toujours paru remarquables. Là où vous rencontrez le Zen, il y a toujours une atmosphère très fraîche, très forte, très vivante et pleine d’humour. Authenticité et véracité, voilà ce qui m’a frappé dans le milieu du Zen, dans ma rencontre avec les maîtres et leurs disciples. Ce qui m’a attiré c’est aussi que le Zen n’est pas une théorie. C’est une pratique. A la base du Zen il y a l’exercice et l’expérience.

J.C. — L’exercice, je suppose que c’est zazen que nous pratiquons chaque matin. Mais l’expérience dont vous parlez m’est étrangère ; sans doute est-elle pour plus tard ?
G.D. — Moins étrange et bien plus proche que vous le pensez. Le Zen repose entièrement sur une « expérience libératrice » appelée Satori ou Kensho. Il s’agit d’une expérience qui, d’un moment à l’autre, vous libère des préoccupations du moi existentiel. Satori, est une expérience au cours de laquelle se révèle la réalité la plus profonde de nous-mêmes. Expérience de ce côté caché de nous-mêmes que voile notre conscience humaine. Voilà le paradoxe ! Ce qui nous différencie de l’animal, la conscience humaine, est en même temps notre danger ; celui d’être coupé de ce que le zen appelle la vraie nature de l’être humain, ce que j’appelle notre être essentiel.

J.C. — C’est ce que les bouddhistes appellent la nature de Bouddha.
G.D. — Oui, les maîtres Zen parlent de la nature de Bouddha en chaque homme. Eh bien, en chacun de nous, que l’on soit chrétien, bouddhiste ou athée, il y a ça qui n’est pas un ça.

J.C. — Et c’est l’exercice qui est la chance d’une telle expérience ?
G.D. — L’exercice sur le chemin tourne autour de cette expérience. L’exercice appelé zazen, comme aussi l’exercice du tir à l’arc ou de la calligraphie, est une préparation lente et systématique de l’homme. L’exercice, quel qu’il soit, n’a qu’un but : la transformation de l’homme qui le fait.

J.C. — Et ce qui caractérise votre Enseignement est la place que vous donnez au corps ?
G.D. — Oui. Le champ le plus directement accessible à la pratique du chemin, c’est notre corps. Mais l’exercice du corps ne servira à la maturation de l’être humain que dans la mesure où il n’est pas considéré comme quelque chose de biologique opposé à quelque chose de spirituel. Le corps, c’est l’homme entier dans sa façon d’être là. Nous devons comprendre le corps, le corps vivant (Leib), comme l’ensemble des gestes à travers lesquels l’homme devient ce qu’il est ou se manque. Le corps n’est pas quelque chose derrière lequel se trouve une personnalité. Si je vous regarde, je ne vois pas votre esprit, je ne vois pas votre âme ; je vois l’homme dans sa globalité et son unité. Je ne renie pas ici les conceptions philosophiques ou religieuses qui séparent l’âme du corps, mais et c’est cela le Zen, je me place sur le plan de l’expérience directe, vous et moi, ici et maintenant. Le Zen nous invite à avoir le courage d’oublier nos théories pour prendre au sérieux ce que nous vivons, ce que nous sentons à l’instant.

J.C. — En vous entendant, je prends conscience que personne ne m’a appris à sentir et à prendre au sérieux ce que je sens. A l’université on nous a même averti du danger d’une approche du réel à travers la sensation. Jusqu’à nous conditionner à l’idée que ce que nous sentons n’est que subjectif. 
G.D. — Se glisser dans le sentir fait partie du chemin. Par exemple, pour un moment sentez vos pieds … sentez-vous là où sont vos pieds. Qu’est-ce que je sens là où sont mes pieds ? Chaleur … froid … lourdeur … gêne … une crispation … ? Dès que vous entrez dans la réalité perçue sensoriellement vous vous rendez-compte qu’elle n’a rien à faire avec la réalité conceptuelle du dictionnaire ou du livre d’anatomie dans lequel vous trouvez la définition du mot : pied. La réalité conceptuelle nous coupe de l’expérience vécue.

J.C. — Satori, c’est ce que vous appelez l’expérience de l’être ?
G.D. — De l’être ? Oui. Au plan individuel il s’agit de l’expérience que, en ce moment : « Je suis ». Effectivement, il s’agit de l’expérience que, en ce moment, « Je suis corps vivant » ; traduction de l’expression « IchLeib » dans la langue allemande.
Voilà une découverte de nos jours en Occident : l’homme en tant que corps vivant pour qui la réalité n’est pas la représentation conceptuelle de ce que je vois, entend, sens et ressens. Cette réalité, est la réalité pour le sujet, différente de la réalité objective. Cette réalité du sujet est exactement celle qui doit être éliminée par les sciences qui se veulent objectives. Mais une expérience comme celle appelée Satori ne repose sur aucun critère scientifique.


2020 — En quoi la pratique de zazen peut-elle être utile à l’homme occidental ? A rien pour l’ego ! Comme l’indiquait Graf Dürckheim il y a cinquante ans : « Le zen n’a pas pour but de guérir LE moi qui souffre mais de guérir DU moi qui est la cause de la souffrance propre à l’être humain ».

La première chose à faire lorsqu’on pratique zazen ? se détendre … se détendre … se détendre en accord avec ce geste de la Vie qu’est l’acte d’expirer et la première chose à faire lorsqu’on pratique zazen est de s’ouvrir … s’ouvrir … s’ouvrir en accord avec ce geste de la Vie qu’est l’acte d’inspirer. Le Zen devient alors la culture du silence intérieur, la culture du calme intérieur, la culture de la paix intérieure.

Jacques Castermane

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mercredi 10 juin 2020

Paix du pays sage...


La paix qui émane du paysage te touche à ce point parce qu’elle éveille en toi un lieu similaire, un lieu qui l’accueille et la comprend, un lieu qui lui répond. Sa douceur, son harmonie secrète, sa grâce singulière, ne font que susciter d’intimes correspondances. 

Si tu parviens à rejoindre ce lieu profond, à en situer le che­min – ce lieu caché, ce lieu qui n’en est plus un, qui donne forme plus qu’il ne contient -, où que tu ailles, quoi qu’il arrive, toujours cette paix sera là. Par quel miracle, par quelle mystérieuse alchimie, deman­des-tu? 

Regarde, regarde encore, contemple la paix en sa beauté, jusqu’à ce qu’elle se dessine en toi, s’y imprime, jusqu’à ce que tu comprennes qu’elle est la forme même de ton âme.
Philippe Mac Leod, Sens et beauté (Ad Solem, 2011)


mardi 9 juin 2020

Désir du non désir...


Satisfaire les désirs ?

"Le désir c'est essayer d'obtenir de plus en plus d'objets extérieurs de façon à combler le sentiment d'être limité. Aussi les désirs doivent-ils être satisfaits autant que possible entièrement jusqu'à ce que vous sentiez : " Non, maintenant, pas davantage." En même temps, vous devez sentir qu'aucun désir ne peut être complètement satisfait."

La connaissance de soi, p 211.
Citation extraite de Le Maître du OUI p 101

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Bon anniversaire à Alain (de iPapy) !

dimanche 7 juin 2020

Spontanéité de l’instant


Se laisser ressentir que tout ce qui survient est absolument sans problème.
Et si cela n’est pas ressenti comme tel, simplement laisser la porte ouverte à cela,
Dire oui à la possibilité que cela puisse être ainsi.
Car penser est absolument sans problème,
Éprouver de la peur est absolument sans problème,
Se faire du souci pour un proche est absolument sans problème,
Se sentir « envahi » par une énergie forte de colère est absolument sans problème,
Pleurer de joie est absolument sans problème,
Être amoureux de la vie est absolument sans problème…..
Tout ce qui survient est absolument sans problème car rien n’est personnel. Personne n’en est l’auteur.
Lorsque ceci est reconnu, tout peut se détendre, c’est un véritable cadeau.
La recherche de « sens », de mieux-être s’évanouit,
Les jugements et résistances se dissolvent d’eux-mêmes, la dualité s’estompe et s’efface.
Tout survient, simplement.
Rien n’a changé dans le monde, c’est la perception que l’on en a qui s’est transformée. 
C’est la libération, la « magie » de la vision.
Je suis cela en qui tout survient, simplement. Gratitude.
Marion
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samedi 6 juin 2020

Le monde a peur...



Le monde extérieur est neutre, mais si le monde extérieur est neutre , à quoi bon agir ?

Ce n'est pas l'extérieur qu'il faut changer mais la cause intérieure. Il ne s'agit pas d'agir sur l'effet, c'est-à-dire la projection mais sur la cause : notre propre incompréhension : " Ce n'est pas les autres qu'il vous faut changer mais vous-même."... " C'est vrai, vous créez votre propre monde. Si la peur est en vous, vous aurez peur de tout ce qui est à l'extérieur. Le monde extérieur est votre propre projection ! Quand vous êtes libre de la peur intérieure,vous êtes libre de la peur au dehors..."
Svâmi Prajnanpad, Manque et Plénitude

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vendredi 5 juin 2020

Au cœur du changement...



S'il n'y a pas un petit changement, plus un petit changement, plus un autre petit changement, il n'y aura jamais pour finir une grande transformation. Or, dans ce domaine, attention moyenne, c'est-à­-dire celle qui sert à l'existence courante, plus attention moyenne, plus attention moyenne, c'est rien puis rien puis encore rien. Nous avons à exercer un effort actif pour recevoir, comprendre, assimi­ler; alors la vérité prend racine en nous et nourrit ce personnage particulier du disciple, seul « cen­tre de gravité permanent » dans notre existence.


Par l'effort conscient une petite graine va devenir un arbre immense. Car ce que nous appelons habituellement conscience n'est pas une conscience digne de ce nom. La conscience apparaît avec le degré supérieur de l'attention, quand les trois fonctions y participent, tête, coeur et corps. C'est sans aucun doute un élément de croissance intellectuelle que de lire avec beaucoup d'attention des idées nouvelles, difficiles, surprenantes peut-être, mais vous concentrer dans cet effort intellectuel actif n'est pas encore suffisant. Il faut que le corps participe avec une certaine sensation, une manière d'être là, un abandon à la respiration. Il est évident que vous ne pouvez pas passer l'existence dans une posture rigide et hiératique dite « de méditation ». Il faudra bien apprendre à vivre un relâchement du corps, une tranquillité de la respiration, un contrôle sur les différentes tensions sans que cela se voie du dehors. Et enfin la vivante attention du coeur donne leur sens aux deux autres. A cet égard vous constatez que vous êtes très démunis. La plupart du temps ce sentiment, cette intelligence du coeur, vous fait défaut parce que vous êtes sous l'emprise d'une coloration émotion­nelle qui influence vos pensées et vous empêche de voir la réalité telle qu'elle est. Et ce qui vous est possible face à vos états intérieurs, au prix de cette intense vigilance, c'est d'abord de voir et reconnaître, le « See and recognize » de Swâmiji. Celui-ci ne s'accomplira pas tout seul, s'il n'y a personne pour voir et personne pour reconnaître. Vous apparaissez et pour un moment vous êtes : je vois et je reconnais, je me désengage par le non-conflit et l'acceptation, je me rapproche de la cons­cience témoin. Et qu'est-ce que je vois, au niveau physique, émotionnel, mental et le plus souvent les trois ensemble? Des formes que je peux nommer. Ceux qui connaissent tant soit peu la doctrine hindoue se souviennent – mais avec quelle qualité d'attention? – de nama et rupa, le nom et la forme.

La voie et ses pièges
Arnaud Desjardins

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jeudi 4 juin 2020

Quand l'idéal nous piège



Pour « guérir » d’un idéal excessif, le meilleur moyen n'est même pas de l’atteindre. Comme le disait Oscar Wilde : « Il y a deux drames dans la vie d'un homme : ne pas arriver à obtenir ce qu'il souhaite. Et y arriver. » Se dégager de l'emprise de ses idéaux n’est pas chose facile, notamment parce qu’ils jouent parfois un rôle compensatoire à une blessure enfantine de l’estime de soi : le sentiment de ne pas avoir été respecté par son père va être, par exemple, à l’origine de l’acharnement au travail et à la réussite de tel homme d’affaires. La prise de conscience de nos idéaux, parfois masqués à nos propres yeux, est souvent la première démarche qui nous permettra de les assouplir : c’est le but de nombreuses psychothérapies.


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source : L'Estime de soi
Christophe André et François Lelord
S'aimer pour mieux vivre avec les autres

mercredi 3 juin 2020

Reliure intérieure


"Quand le regard n'est plus tourné vers le dehors,
mais vers le dedans,
on contemple le mystère :
la conscience, l'âme.
C'est cela, voir l'Immense !
Et si l'on demande :
"Qu'y a-t-il donc de spécial
dans cette vision ?"
La réponse est que l'on atteint alors
et d'un seul coup la satisfaction de tous les désirs !
Tous les êtres
désirent les plaisirs des sens.
Or la Révélation dit
que ces plaisirs ne sont que
des reliques du plaisir de l'Immense."

Vidyâranya, 
L'Illumination de la science du clan de la perdrix, 22-24