En fait, aucun désir ne peut être réellement satisfait : j'ai obtenu le poste de directeur que je convoitais depuis des années mais cela ne m'apporte pas ce que j'en attendais, je ne suis pas complètement content. Qui plus est, cette promotion a entraîné une série de conséquences fâcheuses auxquelles je ne m'attendais pas et qui pèsent sur moi : jalousie d'un de mes collègues qui briguait également ce poste et qui fait tout pour me nuire à présent, ou surcroît de travail que j'aurais dû prévoir mais que je n'ai pas voulu envisager et qui m'amène à ne plus pouvoir m'occuper de mes enfants le soir comme je le faisais auparavant. Donc non seulement ce désir ne m'a pas apporté la satisfaction que j'en escomptais mais il a même été la cause de conflits dans mon milieu professionnel et familial auxquels je dois maintenant faire face. Aucun désir ne peut être vraiment satisfait. Si vous regardez, si vous voyez, vous en serez très vite convaincus. Je ne suis pas en paix. J'ai certes obtenu ce poste de directeur mais mon désir de réussite et de puissance n'a pas pour autant diminué.
En ce cas, pourquoi accomplir des désirs si cela ne doit pas procurer une diminution de ceux-ci? Parce qu'on ne peut se rendre compte de leur vanité qu'après avoir réellement tenté de leur donner ce qu'ils réclament. Sinon, on reste persuadé que le bonheur dépend de l'accomplissement de telle ou telle aspiration : « si » et « quand ». Comme le disait une célèbre vedette : « L'argent ne fait pas le bonheur, mais je ne le sais vraiment que depuis que j'en ai. » Derrière tous les désirs relatifs, il y a en effet un goût, une recherche d'absolu : l'objet du désir, une fois conquis, n'est jamais assez complet, jamais assez intense, jamais assez beau par rapport à cette demande d'absolu immanente à l'être et que seul l'Absolu pourra satisfaire. Un jour apparaît une nouvelle aspiration qui est d'être vraiment libre de toutes ces attirances. En être libre devient encore plus important que de les combler et vous êtes alors mûrs pour la mise en cause du fait même du désir, du jeu du désir, et de son opposé, la peur. Ceci dit, je le répéterai comme un leitmotiv, c'est une érosion progressive. Où en êtes-vous aujourd'hui et vers quoi est-ce que vous allez?