Mon parcours spirituel ne suit pas une ligne droite, mais se dessine plutôt en cercle.
Car même si extérieurement je parcours un chemin avec des étapes, je sens bien intérieurement que je passe et repasse par les mêmes choses pour les creuser, changer de point de vue, ouvrir mon regard et mon cœur...
Tout a commencé de façon probablement décisive par mon baptême à l’hôpital à 2 jours.
Ma mère avait peur de ne pas y arriver sans l’aide de Dieu. Comme si j’avais été “marquée”... J’ai ensuite eu une enfance très “catholique bon teint”, j’ai même poursuivi après le catéchisme par deux ou trois années de philosophie religieuse. Les drames de la vie m’ont rattrapée en cascade, et vers 18 ans, j’ai dit un soir à ma mère que je lui rendais son Dieu qui nous protégeait si mal de la souffrance avant de claquer violemment la porte. Fin du premier acte...
Sept années ont suivi, où j’ai découvert et pratiqué la méditation bouddhiste vipassana. Je réalisais qu’on ne m’avait pas parlé de ce qu’était l’ascèse, je découvrais la participation du corps au travail spirituel, je descendais dans le silence...
La révolution ! Un soir que j’étais en retraite de dix jours, la Présence m’a soudainement physiquement manqué... J’ai cherché un lieu chrétien où méditer, l’assise silencieuse était devenue trop importante pour moi. J’ai rencontré des orthodoxes occidentaux en Moselle.
Tout y était : le silence, le mystère, l’expérience, le quotidien comme exercice... et j’y ai rencontré le Souffle, l’Esprit saint, que je ne connaissais pas, présence omniprésente sans laquelle ils ne font rien. Quatorze années ont été nécessaires avant que je ne sente la nécessité de me “convertir” à l’orthodoxie. Je vois d’ailleurs plutôt cela comme un prolongement de ma foi que comme une rupture. J’ai enfin trouvé ma famille spirituelle, mais je n’ai pas fini de creuser mon sillon... »