La sagesse populaire nous enseigne depuis longtemps que les tensions de notre corps sont en lien avec nos attitudes dans la vie. Nombreuses sont les expressions qui traduisent cette relation : nous rentrons les épaules pour nous protéger, nous bombons le torse pour nous affirmer, nous serrons les poings pour contenir notre colère, nos yeux se fixent sous l’effet de la peur, nous pouvons en avoir gros sur le cœur ou plein le dos. Aucun d’entre nous n’existe séparément de son corps : tout ce que nous vivons, nous l’éprouvons dans notre corps, et tout ce que nous ressentons dans notre corps a des effets sur notre état intérieur. Cette relation à double sens nous invite à considérer l’être humain dans sa globalité comme une unité corps-esprit.
Le bien-être est à la fois physique et intérieur, la santé ne peut se limiter à l’absence de maladie. Notre moral est fonction de nos sécrétions hormonales et du fonctionnement de notre système nerveux, comme le prouvent toutes les recherches scientifiques menées sur le stress. Celles-ci ont d’ailleurs mis récemment en évidence l’existence, caché au creux de l’intestin, d’« un cerveau du ventre », un second cerveau avec 200 millions de neurones, antérieur dans l’évolution à notre cerveau crânien et qui serait en relation autant avec les processus digestifs qu’avec la vie émotionnelle.
De la manière dont il bouge, dont il fonctionne, dont il se tient, notre corps traduit nos expériences de vie et notre vécu.
Ses tensions et ses maux au quotidien reflètent au présent nos difficultés à traiter avec certaines situations de notre vie, avec les sentiments qui nous dérangent, les émotions qui nous perturbent, les motivations subconscientes qui nous animent. Avec le temps, nos comportements coutumiers, nos émotions prédominantes et nos réactions habituelles modèlent petit à petit notre posture physique et conditionnent la santé de nos organes
Par ses contractures, ses douleurs, par ses symptômes de toutes sortes, au pire par la maladie ou même par des accidents, notre corps nous signifie à sa manière qu’il n’est pas d’accord avec certains de nos comportements et de nos positionnements de vie. Les tensions du corps comme les dysfonctionnements organiques sont des messages du corps qui requièrent une compréhension plus large de nous-mêmes et des enjeux profonds des situations dans lesquelles nous sommes impliqués. Ces tensions et ces dysfonctionnements mettent souvent en lumière des conflits intérieurs, des peurs, des motivations inconscientes que nous préférerions ignorer.
Nous sommes ainsi invités par notre corps, avec ce que nous ressentons, à nous interroger sur l’origine et la cause des tensions physiques et des soucis de santé qui nous affectent pour trouver des positionnements de vie plus adéquats et plus en accord avec nous-mêmes.
Le Massage Corps Esprit n’a pas pour but de débarrasser le corps de ses tensions musculaires ou organiques comme si elles étaient nuisibles et préjudiciables. Il vise, en les relâchant et en amenant un ressenti positif, à favoriser des repositionnements de vie, à réaccorder et à réconcilier la personne avec sa dynamique de vie. Il implique de la part du masseur une approche sensible du corps et de la personne, une empathie pour la souffrance de l’autre qui permettra l’écoute de cette souffrance et sa transformation. Cette empathie de cœur - certains préfèrent le terme de compassion -, détermine la relation du masseur et du massé et inspire la conduite du masseur et ses gestes en leur donnant toute leur valeur.
Chaque partie du corps remplit une fonction physiologique et elle gère de la même manière un aspect de notre vie : nos jambes par exemple nous servent à nous tenir debout et à marcher, elles sont en lien avec notre stabilité intérieure et notre capacité à avancer dans la vie. Dans la marche, le mouvement débute avec les hanches, les genoux servent d’amortisseur et les chevilles permettent le déroulement du pied. Chaque partie de la jambe a un rôle différent, les tensions et douleurs ont un sens autre selon l’articulation concernée : les hanches concernent la décision de quitter une situation, les genoux, l’adaptation aux conditions extérieures, les chevilles, l’énergie mise en œuvre.
Prenons maintenant l’exemple d’un organe : l’estomac qui digère la nourriture sera en lien avec l’assimilation des expériences de la vie : de l'acidité ou des crampes d’estomac nous invitent à rechercher une expérience que nous avons plus de mal à intégrer que nous le pensions, qui nous laisse un mauvais goût. Cette identité de signification s’applique aussi aux grandes fonctions corporelles : les vaisseaux sanguins permettent la circulation du sang autant que l’échange des sentiments, le squelette maintient le corps en même temps que l’intégrité de la personne, la force musculaire détermine la capacité à agir. Une douleur ne nous interroge pas de la même manière selon qu’elle est osseuse ou musculaire ou circulatoire.
Jean-Louis Abrassart
Extraits de Massage Corps Esprit