C’est un point essentiel. L’idéologie de la croissance repose sur l’idée que, pour développer la richesse matérielle, il faut sans cesse accroître la productivité qui, aux yeux de la majorité des économistes, concerne essentiellement le travail. On prête peu d’attention, en revanche, à la productivité énergétique et à la productivité écologique, c'est-à-dire à l’impact que l'activité productive a sur l’environnement. Il faut raisonner en termes de productivité globale, c’est-à-dire envisager toutes les dimensions de la productivité, tous les facteurs qui entrent en jeu dans la production, en prenant en compte en priorité l’impact écologique. Prenons pour exemple le secteur agricole. L’agriculture industrielle, basée sur l’utilisation massive d’OGM, de lourds tracteurs, de pesticides et d’engrais, permet de développer la productivité du travail. Mais, parallèlement à cette productivité en apparence très élevée, les productivités écologique et énergétique sont très faibles. Cheminer vers une agriculture bio plus protectrice de l’environnement engendrerait une productivité du travail plus faible, qui permettrait de créer de nombreux emplois dans l’agriculture. Tout en consommant moins d’énergie et en ayant un impact sur l’environnement et sur la santé beaucoup plus faible...
Le cheminement vers une réduction de la consommation matérielle et énergétique suppose une mutation culturelle qui conduira les hommes à s’intéresser davantage aux liens qu’ils noueront entre eux et avec la nature et le monde dans sa splendeur et son étrangeté, qu’aux biens matériels.
S'intéresser aux choses de l’esprit suscite de nouvelles interrogations religieuses ou métaphysiques. L’esprit et le cœur se tournent alors vers d’autres centres d’intérêts que la consommation.
Hervé Kempf
Alliance n°31
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