Matthieu Ricard, en rencontrant le bouddhisme, a renoncé aux performances de la biologie pour baigner dans la légèreté de la non-importance de soi... Il nous parle de l'égo (extrait du magazine Psychologies de Juin 2008)
"Le bouddhisme m'a permis de me délivrer de l'illusion de l'ego"
« Dès ma première rencontre avec des sages du bouddhisme tibétain, j'ai été frappé par leur absence complète d'un sentiment d'importance de soi.
J'avais moi-même observé à quel point l'identification à un moi qui siégerait au coeur de mon être était source de vulnérabilité. Mais l'idée de se dégager de l'emprise de l'ego peut d'abord laisser perplexe, parce que nous croyons qu'il est notre identité fondamentale. Or c'est une entité imaginaire. L'expérience montre qu'il n'y a pas de moi statique, rien que des processus. L'ego illusoire est donc fondamentalement dysfonctionnel, car il est en porte-à-faux avec la réalité. Fondé sur une erreur, il est constamment menacé par la réalité, ce qui entretient en nous un profond sentiment d'insécurité. Conscient de sa vulnérabilité, on tente par tous les moyens de le protéger et de le renforcer, éprouvant de l'aversion pour tout ce qui le menace et de l'attirance pour tout ce qui le sustente. De ces pulsions d'attraction et de répulsion naît une foule d'émotions conflictuelles. Nous pourrions penser qu'en consacrant la majeure partie de notre temps à satisfaire et à renforcer cet ego, nous adoptons la meilleure stratégie pour atteindre le bonheur. Mais c'est faire un mauvais pari puisque c'est tout le contraire qui se produit. Car en vérité, nous ne sommes pas cet ego. Et s'en affranchir ne revient pas à extirper le coeur de notre être, mais simplement à ouvrir les yeux, à dissiper une erreur. »
"Le bouddhisme m'a permis de me délivrer de l'illusion de l'ego"
« Dès ma première rencontre avec des sages du bouddhisme tibétain, j'ai été frappé par leur absence complète d'un sentiment d'importance de soi.
J'avais moi-même observé à quel point l'identification à un moi qui siégerait au coeur de mon être était source de vulnérabilité. Mais l'idée de se dégager de l'emprise de l'ego peut d'abord laisser perplexe, parce que nous croyons qu'il est notre identité fondamentale. Or c'est une entité imaginaire. L'expérience montre qu'il n'y a pas de moi statique, rien que des processus. L'ego illusoire est donc fondamentalement dysfonctionnel, car il est en porte-à-faux avec la réalité. Fondé sur une erreur, il est constamment menacé par la réalité, ce qui entretient en nous un profond sentiment d'insécurité. Conscient de sa vulnérabilité, on tente par tous les moyens de le protéger et de le renforcer, éprouvant de l'aversion pour tout ce qui le menace et de l'attirance pour tout ce qui le sustente. De ces pulsions d'attraction et de répulsion naît une foule d'émotions conflictuelles. Nous pourrions penser qu'en consacrant la majeure partie de notre temps à satisfaire et à renforcer cet ego, nous adoptons la meilleure stratégie pour atteindre le bonheur. Mais c'est faire un mauvais pari puisque c'est tout le contraire qui se produit. Car en vérité, nous ne sommes pas cet ego. Et s'en affranchir ne revient pas à extirper le coeur de notre être, mais simplement à ouvrir les yeux, à dissiper une erreur. »