Tout est mouvement. La vie est mouvement. Les cellules, les êtres, les choses, les pensées, apparaissent, croissent ou se construisent dans le cas des objets, puis tout ce qui apparaît vieillit et meurt. Tout est mouvement organique en nous et pourtant nous aimerions vivre un monde stable et définit, répondant à la seule logique de nos intérêts personnels, avec le bonheur tout le temps comme jardin.
Dès lors qu’il est vu que le mouvement est inhérent à notre nature profonde, alors nous pouvons nous relier à ce mouvement, être simplement présent à cela, sans plus chercher à rien retenir : ni les pensées, ni les autres êtres humains, ni les situations. C’est une invitation à voir, en nous, que nous sommes à chaque seconde différent. Notre vibration, nos perceptions de ce qui est, rien n’est jamais fixe.
Toute idée de contrôle sur soi, sur sa vie, le monde qui nous entoure, est par conséquent une illusion. La croyance que nous décidons du « quoi, pourquoi, où, comment », nous rassure dans un premier temps, puis cette croyance finit par nous enfermer dans un monde limité, figé, mort. Nous perdons de vue la vie qui est là.
Définir des projets d’avenir, se projeter sans cesse dans le futur, prévoir cet avenir, l’anticiper, faire de ses projets des buts à atteindre est dans mon expérience un frein à leur réalisation même car nous les limitons à ce que nous avons imaginé ou voulu. La vie se retrouve comme contrainte dans cette vision étroite.
Cela m’évoque une citation tirée d’un livre que j’ai lu il y a très longtemps et qui m’a marqué (« Le grand livre tibétain de la vie et de la mort »). Je ne me souviens plus de son auteur et la citation est approximative. Mais elle m’avait tellement inspirée, malgré que le sens m’échappait encore pas mal, que je l’avais apprise par cœur et que je m’en souviens encore très bien je pense :
« Faire des projets d’avenir, c’est comme aller puiser dans le lit sec d’un torrent. Rien n’arrive jamais comme on s’y attend. Alors s’il ne te faut penser qu’à une chose, que ce soit à l’incertitude de l’heure de ta propre mort. »
Christophe Le Bec
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