Saison magnifique du retour à la vie. Partout on ressent ce frémissement qui signe cette éternelle renaissance. Les oiseaux chantent à nouveau dès le lever du soleil, les premiers bourgeons apparaissent et la durée des jours augmente de façon tangible. C’est le printemps de la nature et de la vie, pas celui du calendrier occidental. C’est celui qui se dessine dès le début février, avec la remontée progressive de la sève. Dans les profondeurs du sol, la graine se réveille et le loir endormi commence à s’étirer un peu. C’est la saison de la pulsion et de l’impulsion de vie. Elle commence, selon le calendrier solaire chinois, entre le 4 et le 10 février de chaque année. C’est la date véritable parce qu’observée dans son essence même et non par la simple vision de ses manifestations. L’équinoxe n’est donc pas son début mais son apogée. Lorsque le jour est égal à la nuit, le printemps est à son expression maximale. Cela fait déjà un mois et demi qu’il a démarré et que la sève a commencé à monter.
C’est ici que l’on peut constater combien les visions de l’Orient et de l’Occident sont parfois différentes. L’un observe les phénomènes dans leur nature alors que l’autre dans ce qu’il en voit. L’un se préoccupe de l’équilibre et l’autre de s’opposer au déséquilibre.
La crise actuelle, à laquelle personne ne peut échapper, en est la démonstration flagrante, dans la manière de la voir, de la percevoir et de la concevoir. Cela fait un an que l’on déploie une énergie folle, à vouloir contrôler l’incontrôlable. Toutes les stratégies de « lutte contre », échouent. Pourtant aucun effort n’a été ménagé pour confiner, interdire, empêcher, restreindre, etc. Pour quel résultat tout en se persuadant que sinon, cela aurait été pire.
Dans cette vision occidentale, nous avons perdu de vue ce qu’est la vie, c'est-à-dire un risque à prendre. Par besoin de prétendue préservation, on a étouffé toute pulsion. On a étouffé les deux franges extrêmes de la population, les anciens et les jeunes. On a exilé les anciens et désespéré les jeunes. Alors les anciens se laissent partir et les jeunes n’ont plus l’envie de démarrer. Pourtant ces deux populations sont l’essence même de la survie d’une société. Les anciens sont les racines, les références et les jeunes sont le devenir. Les anciens sont l’énergie de l’Eau, essence même de vie par excellence et les jeunes, l’énergie du Bois, essence même de la créativité et du dynamisme.
Ces énergies sont puissantes dans le corps. L’énergie de l’Eau est celle de la résistance à la fatigue et au stress. C’est aussi celle des références et de la culture… L’énergie du Bois c’est celle de l’impulsion, du démarrage, de la mise en route. C’est elle qui fait que l’on se redresse comme la tige qui sort de terre pour grandir vers le ciel. C’est aussi celle qui a la charge de l’immunité acquise, parce qu’elle se nourrit de la rencontre… Faut-il développer pour se rendre compte combien tout cela a été mis à mal, pour ne pas dire plus?
Mon propos ici n’est ni politique, ni sociétal. Il est un constat de ce qui nous attend. Il est destiné à nous faire comprendre combien la place de tous ceux qui « restent droits », va être majeure dans les temps qui viennent. Il nous faut garder confiance et persévérer car nombreux sont ceux qui ont ou auront besoin d’une présence forte, pour pouvoir tenir.
Les énergies du printemps, au niveau macrocosmique, sont inaltérables. Elles dépasseront toujours les blocages et nuisances que notre monde fabrique. Alors servons-nous en. Appuyons nous sur cette puissance qui fait que la plus petite racine d’arbre est capable de soulever tous les murs et les bétonnages que nous faisons. Nos enfants et nos parents attendent cela de nous, comme nos patients ou tous les êtres en souffrance que nous croisons. Ils attendent que nous libérions leurs blocages, mais aussi leur parole et leur droit à être. Ils attendent que nous les libérions de la peur qui fait courber l’échine et effondre les défenses.