"Du fait de mon handicap, j'ai été nourri par le besoin, mais également le désir de la lutte. Et le bonheur était inclus dans ce combat : il fallait se battre pour être heureux. Et puis j'ai eu des enfants. J'ai compris qu'ils étaient dans la joie naturellement, et que moi, pauvre philosophe, je ne savais pas. J'ai découvert que la logique de guerre que j'avais appliquée à ma vie depuis toujours m'avait finalement fragilisé, parce que je ne savais pas par quoi la remplacer. C'est peut-être confortable de vivre dans le combat, parce qu'il est toujours plus facile de se battre contre quelque chose que d'affirmer ce que l'on veut vraiment. C'est ainsi qu'il est plus facile de taper sur Dieu que de trouver des raisons de vivre sa foi au quotidien. Il est plus facile de se battre contre les immigrés que de trouver des solutions pour les intégrer. Etre en lutte, c'est se lever le matin pour changer le monde. Demeurer dans la joie, c'est sans doute se réveiller le matin avec une question : "Qui, quel geste, quelle action va me rendre joyeux aujourd'hui?" Cela ne nie pas les difficultés du quotidien. Au contraire, cette attitude nous permet de les affronter. Elle empêche la souffrance d'être le centre de notre vie. Loin de la naïveté il s'agit d'habituer son regard à voir toute la réalité, le positif comme le négatif, le bien comme le mal. Chaque jour, nous nous imposons des responsabilités, des missions, des devoirs, au premier rang desquels celui d'être heureux. A mon sens, c'est lorsque l'on renonce à être heureux à tout prix qu'on le devient. Le véritable hédonisme, ce n'est pas renoncer à être heureux, c'est se libérer de la volonté de l'être. Spinoza me sert de guide : "Bien faire et se tenir en joie." Pour moi, la morale peut tenir dans ces mots. "
mardi 4 novembre 2008
L'essentiel est essentiel...
Inscription à :
Articles (Atom)