Tout allait bien, j’avais rencontré l’homme de ma vie, ensemble, on avait eu un petit garçon et une petite fille, j’avais un travail intéressant et rémunérateur. J’étais heureuse jusqu’à cet été où j’ai découvert que ma fille ne marchait pas normalement. De médecin en neurologue, j’ai appris le jour de ses 2 ans qu’elle avait une maladie génétique grave qui touchait le système nerveux et lui laissait quelques mois à vivre. Tout à coup, mon bonheur est tombé à plat, avec tous mes projets d’avenir. Mais le bonheur, on l’a en soi. La vie était toujours là, et on a promis à Thaïs qu’elle serait heureuse, que si nous ne pouvions ajouter des jours à sa vie, nous allions ajouter de la vie à ses jours.
J’étais persuadée de passer entre les gouttes des épreuves, et qu’être heureux, c’était être épargné par la vie. Or, j’ai découvert avec Thaïs le vrai sens de la vie et ce qu’était vraiment l’amour. J’ai appris à aimer la vie avec cette petite fille, en m’appuyant sur nos forces et nos fragilités.
Nous avons eu des moments d’abattement, de fatigue et de pleurs, mais le bonheur s’est construit dans notre famille, on a appris à être heureux tous ensemble. Notre fille ne pouvait plus voir ni entendre, mais elle pouvait aimer.
Aujourd’hui, je peux affirmer que ma fille, avec toutes ses infirmités, a été heureuse, car elle était aimée pour ce qu’elle était et comme elle était. Le bonheur ne dépend pas de nos humeurs, mais il est intimement inscrit en nous.
Aujourd’hui, je n’ai plus peur de la vie, je sais qu’on peut être heureux en toutes circonstances. Le véritable ennemi du bonheur, ce ne sont pas les épreuves, mais c’est la peur.
Anne-Dauphine Julliand
(source : La Vie)