La transformation des émotions participe d'une démarche qui dure dans le temps et suppose une évolution globale de la personne. Cette progression ne doit en aucun cas occulter la possibilité d'une transformation d'un état émotionnel, dans l'instant, face à une situation particulière, qu'on peut expérimenter sans s'engager dans un processus aussi long et impliquant. Tout le monde ne souhaite pas s'y lancer et le lecteur trouvera ici une synthèse des ingrédients qui lui permettront de tenter cette alchimie par lui-même. Quels en sont les principes essentiels?
— Tout prendre.
En premier lieu, se garder de toute discrimination négative envers certaines émotions sous prétexte que nous les trouvons indignes de nous, puériles, mauvaises: prendre toute émotion telle qu'elle s'impose spontanément, sans la discuter, déjà pour reconnaître sa nature — peur, colère, jalousie, désespoir, ressentiment. « Aucun déni, jamais, sous quelque forme que ce soit », recommandait Swami Prajnanpad. Nous serons souvent confrontés à des jugements et à des émotions secondaires qui interfèrent et brouillent notre conscience, comme la peur, la honte et la culpabilité. Elles aussi doivent être identifiées pour aboutir à un état des lieux aussi précis que possible des forces en présence, englobant aussi le fait déclencheur. Par exemple : je me sens mal après un conflit avec ma compagne. Qu'est-ce que je ressens ? Je suis énervé, contrarié, je lui en veux.
- Préciser.
Qu'a-t-elle fait pour cela? Elle a encore une fois accordé la priorité à des considérations matérielles qui me semblaient secondaires, alors que je cherchais à lui communiquer quelque chose d'important pour moi. Déjà pour reconnaître cela, je dois au préalable constater les jugements qui montent contre elle et les pensées réactives de vengeance qui risqueraient sinon de m'absorber complètement et de me dissimuler mes émotions. L'animosité de ces pensées me confirme que j'ai de la colère et du ressentiment.
Je reviens donc à moi : quel est le point sensible qui a été touché ? Cette question est fondamentale, car sous l'effet de la colère j'ai envie de me fermer, de décréter qu'elle est trop bornée, qu'elle ne me mérite décidément pas et que je n'en ai rien a fiche.
Il est donc essentiel d'admettre que je suis touché dans un point sensible et que je ne prétende pas le contraire. Dans bien des situations notre amour-propre voudrait être au-dessus de certaines réactions émotionnelles - même pas mal ! - et nous aurons tendance à les nier. Donc ne pas nous mentir au nom de la bonne image que nous voulons préserver de nous-même.
- Ressentir pleinement.
Nous pouvons dire : « Je sais très bien que je suis énervé », mais en fait cette conscience se cantonne à un niveau très superficiel de nous-même. C'est un piège dans lequel nous tombons souvent. Quand nous disons: « Je sais très bien », nous ne nous arrêtons pas sur l'émotion, nous passons dessus sans la vivre réellement. Nous sommes emportés par elle sans véritable expérience consciente de tout ce qui se modifie en nous du fait de cette émotion, psychiquement et physiquement. Nous sommes sous emprise et ne le mesurons pas.
Constater la présence de l'énervement et du ressentiment doit nous conduire à un arrêt sur image: si j'ai cette intensité de réaction, un point sensible a été touché, lequel ? Dans mon vécu, ses préoccupations matérielles comptent plus que ce qui me tient à coeur, donc plus que moi et, de surcroît, cette situation s'est répétée, ce qui explique le ressentiment. Je suis blessé et même, pour une part, humilié de passer ainsi après des histoires de courses et de placards à ranger. Plus je me rapproche du point sensible, plus la colère se mue en tristesse. Derrière mon irritation, j'ai de la peine que ma compagne ne perçoive pas l'importance pour moi de ce que je veux partager avec elle. Et puis, en y regardant de plus près, je m'aperçois aussi que je ne suis pas très à l'aise, car je sais que je l'ai agressée, que je ne voulais rien entendre de son point de vue sauf pour le contredire, tant la colère m'agitait. Maintenant, je me sens pleinement en contact avec la palette d'émotions déclenchées par la situation. Je les ai identifiées, je les ressens, je vois où ça fait mal.
— Lâcher prise.
J'ai commencé à me détendre et le moment arrive où il serait bienvenu de lâcher prise. Lâcher quoi ? Déjà, l'idée que j'ai forcément raison, que mon attente était prioritaire et donc qu'elle a tort et mérite des mesures de rétorsion ; puis, que je ne m'accroche pas à l'interprétation qui affirme qu'elle se préoccupe plus du matériel que de moi. Est-ce une certitude à 100% ? Non. Je suis juste sûr qu'elle n'a pas été disponible à ce que je voulais lui dire et que j'ai mal vécu cette situation et me suis senti blessé.
— Tout prendre.
En premier lieu, se garder de toute discrimination négative envers certaines émotions sous prétexte que nous les trouvons indignes de nous, puériles, mauvaises: prendre toute émotion telle qu'elle s'impose spontanément, sans la discuter, déjà pour reconnaître sa nature — peur, colère, jalousie, désespoir, ressentiment. « Aucun déni, jamais, sous quelque forme que ce soit », recommandait Swami Prajnanpad. Nous serons souvent confrontés à des jugements et à des émotions secondaires qui interfèrent et brouillent notre conscience, comme la peur, la honte et la culpabilité. Elles aussi doivent être identifiées pour aboutir à un état des lieux aussi précis que possible des forces en présence, englobant aussi le fait déclencheur. Par exemple : je me sens mal après un conflit avec ma compagne. Qu'est-ce que je ressens ? Je suis énervé, contrarié, je lui en veux.
- Préciser.
Qu'a-t-elle fait pour cela? Elle a encore une fois accordé la priorité à des considérations matérielles qui me semblaient secondaires, alors que je cherchais à lui communiquer quelque chose d'important pour moi. Déjà pour reconnaître cela, je dois au préalable constater les jugements qui montent contre elle et les pensées réactives de vengeance qui risqueraient sinon de m'absorber complètement et de me dissimuler mes émotions. L'animosité de ces pensées me confirme que j'ai de la colère et du ressentiment.
Je reviens donc à moi : quel est le point sensible qui a été touché ? Cette question est fondamentale, car sous l'effet de la colère j'ai envie de me fermer, de décréter qu'elle est trop bornée, qu'elle ne me mérite décidément pas et que je n'en ai rien a fiche.
Il est donc essentiel d'admettre que je suis touché dans un point sensible et que je ne prétende pas le contraire. Dans bien des situations notre amour-propre voudrait être au-dessus de certaines réactions émotionnelles - même pas mal ! - et nous aurons tendance à les nier. Donc ne pas nous mentir au nom de la bonne image que nous voulons préserver de nous-même.
- Ressentir pleinement.
Nous pouvons dire : « Je sais très bien que je suis énervé », mais en fait cette conscience se cantonne à un niveau très superficiel de nous-même. C'est un piège dans lequel nous tombons souvent. Quand nous disons: « Je sais très bien », nous ne nous arrêtons pas sur l'émotion, nous passons dessus sans la vivre réellement. Nous sommes emportés par elle sans véritable expérience consciente de tout ce qui se modifie en nous du fait de cette émotion, psychiquement et physiquement. Nous sommes sous emprise et ne le mesurons pas.
Constater la présence de l'énervement et du ressentiment doit nous conduire à un arrêt sur image: si j'ai cette intensité de réaction, un point sensible a été touché, lequel ? Dans mon vécu, ses préoccupations matérielles comptent plus que ce qui me tient à coeur, donc plus que moi et, de surcroît, cette situation s'est répétée, ce qui explique le ressentiment. Je suis blessé et même, pour une part, humilié de passer ainsi après des histoires de courses et de placards à ranger. Plus je me rapproche du point sensible, plus la colère se mue en tristesse. Derrière mon irritation, j'ai de la peine que ma compagne ne perçoive pas l'importance pour moi de ce que je veux partager avec elle. Et puis, en y regardant de plus près, je m'aperçois aussi que je ne suis pas très à l'aise, car je sais que je l'ai agressée, que je ne voulais rien entendre de son point de vue sauf pour le contredire, tant la colère m'agitait. Maintenant, je me sens pleinement en contact avec la palette d'émotions déclenchées par la situation. Je les ai identifiées, je les ressens, je vois où ça fait mal.
— Lâcher prise.
J'ai commencé à me détendre et le moment arrive où il serait bienvenu de lâcher prise. Lâcher quoi ? Déjà, l'idée que j'ai forcément raison, que mon attente était prioritaire et donc qu'elle a tort et mérite des mesures de rétorsion ; puis, que je ne m'accroche pas à l'interprétation qui affirme qu'elle se préoccupe plus du matériel que de moi. Est-ce une certitude à 100% ? Non. Je suis juste sûr qu'elle n'a pas été disponible à ce que je voulais lui dire et que j'ai mal vécu cette situation et me suis senti blessé.