Nous ne savons rien de Dieu. Nous balbutions parfois. Nous croyons toucher quelque chose, franchir un pas décisif. Mais il n’est sans doute rien à savoir, seulement une présence à apprivoiser, en la contournant, en l’approchant avec vénération comme l’homme surpris en son désert. Il y aurait toute une mystique de la présence à promouvoir, non point en échauffant les sens, mais au jour le jour, instant après instant, dévoilant peu à peu l’immensité d’un amour qui évoque plus un infini qu’une pâle inclination.
L’amour, vois-tu, l’amour qui nous envahit, l’amour qui nous dépasse, se mesure à l’aune de la présence, présence qui se nomme et se communique du dedans. Dieu est amour. Dieu est présence. De cette présence qui dit plus que l’existence, qui fait son rayonnement comme sa substance. Vécue en profondeur, seule cette présence, toujours plus consciente, plus débordante, donnera consistance en toi à l’amour. Car lui-même se donne et se reçoit comme présence. Ne nous leurrons pas, nous ne pouvons pas aimer en esprit et en vérité sans creuser, sans développer en nous et autour de nous ce sentiment inépuisable de la présence.
Le mystère de la personne humaine nous conduit à l’universel. La simple perception que tu as de toi-même sourd d’une conscience plus large que tu ne le penses, d’abord d’une histoire propre, puis de toute l’histoire dont elle est l’ultime rameau, le fruit caché, la jeune feuille sur la plus haute branche : conscience de ce mystère d’être soi, d’être vie, et de le saisir, de le tenir un moment et de pouvoir le dire, même imparfaitement, comme si toute l’aventure de l’existence s’achevait dans ce savoir d’elle-même – conscience qui ne l’enferme pas, mais au contraire l’élargit à s’y perdre.
Dedans et dehors tout à la fois, immanence et transcendance se rejoignant dans le même battement, voilà ce qu’est la présence. Il est sans doute inévitable de les distinguer, mais plutôt comme des attitudes, au même titre que la chair et l’esprit. Il faut nous placer à l’intérieur des êtres et des choses, c’est-à-dire dans leur profondeur. En son for interne, on peut toujours être au-dehors, dans l’imaginaire, les fantasmes, l’artifice. En tout et partout se trouve un centre, on peut le chercher ardemment ou s’en tenir à la périphérie. L’intériorité ne s’oppose jamais frontalement à l’extériorité : c’est une couche plus profonde, le visible et l’invisible se chevauchant, se recouvrant ou se clarifiant l’un l’autre.
Dieu est, Dieu est présence. Nous passons toute une vie à côté de cette évidence criante, car nous avons perdu le contact avec notre propre présence. Aussi, prendre conscience de toute présence, plus profondément, plus intensément que de coutume, dans une attention toute pure, au-delà des intérêts, des besoins, du plaisir comme du déplaisir, dans une sorte d’immédiateté nue, qu’il s’agisse d’une présence humaine ou de ce sentiment de la nature qui parfois nous gagne, nous rattache nécessairement à cette présence universelle qui fait l’être en son fond. Prendre conscience de Dieu, ce n’est pas penser mentalement à Dieu, mais d’abord prendre conscience de soi, de l’autre, du monde qui nous entoure, dans une sorte de transparence qui nous mène tout droit à la source, à la racine, à l’origine, à cette lumière une qui sous-tend et traverse toute chose.
Source : La Vie
L’amour, vois-tu, l’amour qui nous envahit, l’amour qui nous dépasse, se mesure à l’aune de la présence, présence qui se nomme et se communique du dedans. Dieu est amour. Dieu est présence. De cette présence qui dit plus que l’existence, qui fait son rayonnement comme sa substance. Vécue en profondeur, seule cette présence, toujours plus consciente, plus débordante, donnera consistance en toi à l’amour. Car lui-même se donne et se reçoit comme présence. Ne nous leurrons pas, nous ne pouvons pas aimer en esprit et en vérité sans creuser, sans développer en nous et autour de nous ce sentiment inépuisable de la présence.
Le mystère de la personne humaine nous conduit à l’universel. La simple perception que tu as de toi-même sourd d’une conscience plus large que tu ne le penses, d’abord d’une histoire propre, puis de toute l’histoire dont elle est l’ultime rameau, le fruit caché, la jeune feuille sur la plus haute branche : conscience de ce mystère d’être soi, d’être vie, et de le saisir, de le tenir un moment et de pouvoir le dire, même imparfaitement, comme si toute l’aventure de l’existence s’achevait dans ce savoir d’elle-même – conscience qui ne l’enferme pas, mais au contraire l’élargit à s’y perdre.
Dedans et dehors tout à la fois, immanence et transcendance se rejoignant dans le même battement, voilà ce qu’est la présence. Il est sans doute inévitable de les distinguer, mais plutôt comme des attitudes, au même titre que la chair et l’esprit. Il faut nous placer à l’intérieur des êtres et des choses, c’est-à-dire dans leur profondeur. En son for interne, on peut toujours être au-dehors, dans l’imaginaire, les fantasmes, l’artifice. En tout et partout se trouve un centre, on peut le chercher ardemment ou s’en tenir à la périphérie. L’intériorité ne s’oppose jamais frontalement à l’extériorité : c’est une couche plus profonde, le visible et l’invisible se chevauchant, se recouvrant ou se clarifiant l’un l’autre.
Dieu est, Dieu est présence. Nous passons toute une vie à côté de cette évidence criante, car nous avons perdu le contact avec notre propre présence. Aussi, prendre conscience de toute présence, plus profondément, plus intensément que de coutume, dans une attention toute pure, au-delà des intérêts, des besoins, du plaisir comme du déplaisir, dans une sorte d’immédiateté nue, qu’il s’agisse d’une présence humaine ou de ce sentiment de la nature qui parfois nous gagne, nous rattache nécessairement à cette présence universelle qui fait l’être en son fond. Prendre conscience de Dieu, ce n’est pas penser mentalement à Dieu, mais d’abord prendre conscience de soi, de l’autre, du monde qui nous entoure, dans une sorte de transparence qui nous mène tout droit à la source, à la racine, à l’origine, à cette lumière une qui sous-tend et traverse toute chose.
Source : La Vie