Je vous partage l'article du blog de Yannick David
A quoi aboutit une démarche spirituelle?
C'est tellement merveilleux de répondre par
des mots aussi forts que libération, amour sans condition, paix
inébranlable, bonheur infini et autre nirvana... Cela fait miroiter un
goût de paradis, comme une publicité mensongère : "Achetez cette voiture
et vous connaîtrez le grand bonheur (avec une femme merveilleuse à vos
côtés)", ou "Buvez telle boisson et vous pétillerez d'énergie!"
C'est faire croire que l'ego peut connaître cela, peut envisager la chose! Cela semble très attirant, mais je m'insurge en faux.
Celui qui s'engage sur la voie dite spirituelle ne connaîtra jamais ce dont parlent tous les livres de sagesse. Pourquoi? Parce qu'il y a un passage obligatoire qui est la mort de l'ego.
L'ego peut croire, rêver, espérer tout ce
qu'il veut, mais il ne connaîtra jamais le grand but qui est justement
sa disparition. C'est, par définition, impossible. Celui qui désire par
dessus tout la libération devra réaliser un jour que tout ce qui est
désir, même subtil, est un effet de l'ego, d'une volonté déguisée, et
par là même un empêchement.
On ne peut pas arrêter de vouloir non
plus, ce qui est aussi une forme de volonté, et donc d'ego. Mais alors
que faire, me direz-vous, ou sans doute quelques uns? Rien, juste voir
cela qui se trame en nous, observer ce qui se passe sans prendre parti.
Voir, c'est prendre du recul, c'est apprendre le détachement, c'est ne
plus alimenter son tempérament de base avec tous ses mécanismes. C'est
le début d'un lâcher prise. La mort de l'ego, ou la mort à soi-même,
c'est le lâcher prise total et permanent, l'abandon sans discussion
aucune à la vie. Ce que l'ego ne peut concevoir bien sûr, et ce qui ne
se décide pas non plus. Dire : "Je lâche prise" témoigne encore d'une
certaine prétention. Le détachement vise l'impersonnel, il ne peut en
être autrement.
En tout cas il faut apprendre ou se préparer à mourir, plutôt que de rêver d'une libération. Peut-être certains goûteront à cette expérience, même si elle n'est pas définitive, qui laissera un goût indicible dans leur être. Nous ne décidons de rien, de rien du tout, ni de vouloir quoique ce soit, ni de s'abandonner. C'est une histoire d'usure, de confrontation à l'inéluctable, jour après jour...
Arnaud Beltrame |
Dans notre période troublée, c'est assez
extraordinaire qu'un homme ait donné sa vie pour en sauver d'autres lors
de cette histoire sanglante il y a quelques jours à Trèbes. Curieuse
coïncidence que cela arrive une semaine avant le vendredi saint que nous
sommes aujourd'hui pour la tradition catholique... L'église catholique
dit que Jésus a donné sa vie pour sauver l'humanité, je ne soutiendrai
pas cette version, très peu de gens l'ont suivi en fait, et l'église
encore moins. Sa mort n'a de sens que par la résurrection, mais pas une
résurrection de la chair, non, celle de l'esprit. Toutes les traditions,
toutes les sagesses disent la même chose malgré des mots différents.
Message incompréhensible s'il n'est pas déjà là en nous, me semble t-il.
Yannick David
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