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Lorsque
au début d’un séjour au Centre Dürckheim, je demande aux personnes présentes si,
éventuellement, elles pratiquent déjà l’exercice de la méditation, les réponses
sont variées.
Cependant,
parmi celles et ceux qui pratiquent déjà une forme de méditation, ces réponses
révèlent surtout que, dans la plupart des cas, elles/ils se
servent de la méditation
afin d’atteindre un but pré-médité.
Les
motivations sont nombreuses et diverses: vaincre l’insomnie ... assumer le
stress dans le milieu de l’entreprise ... élargir ses capacités mentales ...
espérer guérir telle ou telle maladie ou échapper au cancer... ou encore, cette
espérance un brin immature et illusoire résumée dans cette formule tendance :
“rien
que du bonheur !”.
Si
la méditation devient pré-méditation
c’est parce que, dans notre culture occidentale, on ne peut penser l’homme
autrement qu’en rapport avec sa conscience des choses, la
conscience “de”
(mind). Or, depuis vingt-cinq siècles, en Orient et en Extrême-Orient,
l’exercice de la méditation a pour sens de se percevoir et de percevoir le monde
à travers la conscience
intérieure,
la conscience sensitive qui est antérieure à la conscience qui objective et fait
de tout ... un objet. Or, la méditation
de pleine attention
s’appelle : méditation sans
objet.
Je
connais bien le danger de
se servir de la méditation
pour répondre aux désirs de la conscience-ego. Méditer afin de garantir son
besoin de sécurité, d’assurer son confort, d’assurer son désir de permanence et
autres vaines espérances.
La
méditation
de pleine attention
enseignée au Centre invite la personne en chemin à une rupture avec l’ego;
rupture avec notre manière d’être habituelle, rupture avec notre manière de
penser habituelle.
Plus
de quarante ans de pratique de la
méditation de pleine attention
m’incitent à dire à celles et ceux qui s’engagent sur ce chemin d’exercice et
d’expérience :
« Ne
vous servez pas de la méditation ... servez-la ! »
Pratiquer
sans but n’est pas sans effets. Mais ces effets n’ont rien à voir avec les
désirs du « moi », cette part superficielle de nous-même
qui
n’est pas notre vrai point d’appui dans l’existence.
C’est
en servant
la méditation
que la personne qui médite se glisse à un niveau d’être d’elle-même qui est
autre que l’ego; le zen l’appelle la
vraie nature de l’être humain,
Dürckheim l’appelle notre
propre essence.
Notre
vraie nature est le domaine du calme fondamental, du silence intérieur, de
l’équilibre intérieur; qualités d’être que nous ne pouvons pas construire à
coups d’exercices.
Les
retraites et sesshin que nous vous proposons cet été auront pour thème :
« Ne
vous servez pas de la méditation ... servez-la ! ». Ce
faisant, « La
méditation de pleine attention favorise la rencontre avec soi-même d’une façon
jusqu’alors refoulée ou inconnue».
(K.G.
Dürckheim)
Jacques
Castermane
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dimanche 11 juin 2017
Passer de "se servir de la méditation" à "la servir"
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