Grand prix de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre, Jacques Brosse (1922-2008) était un naturaliste chrétien, moine zen, écrivain, peintre... Il a publié notamment "la Mythologie des arbres" (Payot, 1993) - La Magie des plantes, coll. "Espaces Libres" — Zen et Occident, éd. A. Michel. Son dernier livre : "Pourquoi naissons-nous et autres questions impertinentes" est paru à l'automne 2007 .
En hommage à Jacques Brosse, Marc de Smedt dans le magazine "Nouvelles Clés" témoigne de la richesse de cet homme qui vient de nous quitter à 86 ans :
Comme les grandes sessions se déroulaient toujours à la campagne, nous aimions, entre les séances de méditation, faire de grandes balades, où cet amoureux des arbres me parlait d'eux et des espèces de plantes rencontrées, avec un émerveillement constant : « C'est la Nature que je vois en ces manifestations les plus secrètes. La Nature inépuisable qui donne à tout instant naissance à des milliards d'êtres, à des millions d'espèces différentes, chacune avec son petit climat intérieur, son petit système, avec chacune sa façon bien à elle de concevoir le monde, de le concevoir au sens qu'elle le produit, qu'elle le crée, chacune pour soi .» Je me souviens ainsi de sa joie, un jour, dans le Lot, où il découvrit une plante qu'il n'avait jamais vue sous cet aspect-là : il connaissait le nom latin de sa famille, mais cette forme-là, il ne l'avait jamais rencontrée. Loin de lui l'idée de la cueillir, tout juste accepta-t-il de la photographier, il lui suffisait de l'avoir vue.
Il regrettait sans cesse l'injuste séparation opérée entre l'humanité et la nature, et il l'exprime fort bien dans la conclusion de son très beau livre, Mythologie des arbres : « [...] D'ouverte qu'elle était jadis, l'humanité s'est de plus en plus refermée sur elle-même. Cet anthropocentrisme absolu ne peut plus voir, hors de l'homme, que des objets. La nature tout entière s'en trouve dévaluée... Parce qu'il l'a perdue, l'homme aujourd'hui la détruit et par là se condamne. »
[...] Il a essayé toute sa vie de spiritualiser l'existence et de dévoiler ce qu'il y avait de caché sous l'apparence des phénomènes. Son oeuvre en témoignera longtemps encore : « Tournant mon attention vers l'intérieur, j'écoute de l'autre côté du tympan. Alors j'entends le coeur qui bat, le sang qui souffle, le souffle qui monte et descend. Je m'enfonce plus avant, je suis le sang qui rampe le long de l'artère, qui s'effuse dans des paludes rougeoyantes, puis se rassemble dans la veine draineuse plus avant encore et j'entre dans une de ces cellules qui inonde en sa crue, amibe qui ignore ce qui se passe autour d'elle, qui ne sait à quel ensemble elle appartient et qui pour cela me survivra, libre de tout préjugé, s'insérant ailleurs, dans un autre tout. Alors, m'identifiant avec cette cellule anonyme, je deviens immortel. »
Egalement à lire, le texte "Vers une écologie spirituelle ou Écologie, bouddhisme et christianisme" par Jacques Brosse.
Il regrettait sans cesse l'injuste séparation opérée entre l'humanité et la nature, et il l'exprime fort bien dans la conclusion de son très beau livre, Mythologie des arbres : « [...] D'ouverte qu'elle était jadis, l'humanité s'est de plus en plus refermée sur elle-même. Cet anthropocentrisme absolu ne peut plus voir, hors de l'homme, que des objets. La nature tout entière s'en trouve dévaluée... Parce qu'il l'a perdue, l'homme aujourd'hui la détruit et par là se condamne. »
[...] Il a essayé toute sa vie de spiritualiser l'existence et de dévoiler ce qu'il y avait de caché sous l'apparence des phénomènes. Son oeuvre en témoignera longtemps encore : « Tournant mon attention vers l'intérieur, j'écoute de l'autre côté du tympan. Alors j'entends le coeur qui bat, le sang qui souffle, le souffle qui monte et descend. Je m'enfonce plus avant, je suis le sang qui rampe le long de l'artère, qui s'effuse dans des paludes rougeoyantes, puis se rassemble dans la veine draineuse plus avant encore et j'entre dans une de ces cellules qui inonde en sa crue, amibe qui ignore ce qui se passe autour d'elle, qui ne sait à quel ensemble elle appartient et qui pour cela me survivra, libre de tout préjugé, s'insérant ailleurs, dans un autre tout. Alors, m'identifiant avec cette cellule anonyme, je deviens immortel. »
Egalement à lire, le texte "Vers une écologie spirituelle ou Écologie, bouddhisme et christianisme" par Jacques Brosse.