Connaître notre ombre
Quelle montée de la violence, ces derniers mois ! Insultes, propos racistes, harcèlement à l’école, exaspération haineuse. Une vague inquiétante, amplifiée par les réseaux sociaux. Notre surmoi moral et républicain ne semble plus capable, dit-on, d’endiguer ce flot.
Le passage à l’année nouvelle pourrait être le moment de s’engager à faire barrage aux petites violences qui tentent quotidiennement de s’imposer à nous, presque à notre insu. Ne suis-je pas, comme tout le monde, traversée d’impatience, d’exaspération, d’indifférence ? Un tel engagement n’est-il pas à ma portée ? Bouddhistes, chrétiens, humanistes ont compris depuis longtemps que le meilleur moyen de faire obstacle au mal dans le monde est de commencer par soi-même. Apprendre à reconnaître ce que Jung appelait notre « ombre ». Et à la contenir. Rien de naïf là-dedans. Il s’agit d’une bonté active. D’un acte de résistance. D’une façon de s’indigner.
Alors, indignons-nous, au sens noble du terme, portons haut notre exigence de respect, de soi, de l’autre, surtout et parce qu’il est différent.
Faire un vœu
Le passage à la nouvelle année, c’est aussi le moment de faire un vœu. Faisons celui d’être heureux et de ne pas passer à côté de la beauté. Voilà quelque chose qui pourrait nous aider à mettre un peu de lumière et d’amour autour de nous. Nous poser tous les jours la question : « Qu’ai-je trouvé beau aujourd’hui ? »
Selon François Cheng, il y a deux mystères dans la vie : le mal – évoqué plus haut – et la beauté. « La beauté est mystère, parce que l’univers n’était pas obligé d’être beau », souligne-t-il. Il se trouve qu’il l’est, et cela semble trahir « un désir, un appel, une intentionnalité cachée qui ne peut laisser personne indifférent ».
Qui peut dire que même dans un univers de laideur ne se cache un infime détail qui nous rappelle ce mystère ? Etty Hillesum, dans l’horreur du camp d’extermination où elle a terminé sa courte existence, cherchait tous les jours la petite étincelle de beauté qui lui permettrait de garder le goût de vivre, et l’âme intacte.
Nous relier à l’âme
L’âme ! Voilà un mot que l’on n’osait plus prononcer, tant il avait perdu son sens profond et universel au profit de sa seule signification religieuse. Or, l’âme est liée au cœur et à l’intuition. C’est quelque chose d’intime, de secret, de sensible. C’est l’interface entre mon identité dans ce qu’elle a d’unique et le monde autour de moi. « L’âme est pour moi cette larme qui coule de mes yeux. Et ce sont les yeux de l’humanité tout entière », écrivait Stéphane Hessel, nous rappelant que l’âme diffère de l’esprit par l’émotion qui l’habite.
Une émotion qui permet la communion affective avec les autres, la nature, les animaux, ces êtres doués de sensibilité, et même avec les objets ou les lieux, porteurs eux aussi de l’émotion que nous leur prêtons.
Ne dit-on pas qu’un lieu a une âme ? Une vibration, une résonance ?
Marie de Hennezel
(source : Psychologie magazine)
Quelle montée de la violence, ces derniers mois ! Insultes, propos racistes, harcèlement à l’école, exaspération haineuse. Une vague inquiétante, amplifiée par les réseaux sociaux. Notre surmoi moral et républicain ne semble plus capable, dit-on, d’endiguer ce flot.
Le passage à l’année nouvelle pourrait être le moment de s’engager à faire barrage aux petites violences qui tentent quotidiennement de s’imposer à nous, presque à notre insu. Ne suis-je pas, comme tout le monde, traversée d’impatience, d’exaspération, d’indifférence ? Un tel engagement n’est-il pas à ma portée ? Bouddhistes, chrétiens, humanistes ont compris depuis longtemps que le meilleur moyen de faire obstacle au mal dans le monde est de commencer par soi-même. Apprendre à reconnaître ce que Jung appelait notre « ombre ». Et à la contenir. Rien de naïf là-dedans. Il s’agit d’une bonté active. D’un acte de résistance. D’une façon de s’indigner.
Alors, indignons-nous, au sens noble du terme, portons haut notre exigence de respect, de soi, de l’autre, surtout et parce qu’il est différent.
Faire un vœu
Le passage à la nouvelle année, c’est aussi le moment de faire un vœu. Faisons celui d’être heureux et de ne pas passer à côté de la beauté. Voilà quelque chose qui pourrait nous aider à mettre un peu de lumière et d’amour autour de nous. Nous poser tous les jours la question : « Qu’ai-je trouvé beau aujourd’hui ? »
Selon François Cheng, il y a deux mystères dans la vie : le mal – évoqué plus haut – et la beauté. « La beauté est mystère, parce que l’univers n’était pas obligé d’être beau », souligne-t-il. Il se trouve qu’il l’est, et cela semble trahir « un désir, un appel, une intentionnalité cachée qui ne peut laisser personne indifférent ».
Qui peut dire que même dans un univers de laideur ne se cache un infime détail qui nous rappelle ce mystère ? Etty Hillesum, dans l’horreur du camp d’extermination où elle a terminé sa courte existence, cherchait tous les jours la petite étincelle de beauté qui lui permettrait de garder le goût de vivre, et l’âme intacte.
Nous relier à l’âme
L’âme ! Voilà un mot que l’on n’osait plus prononcer, tant il avait perdu son sens profond et universel au profit de sa seule signification religieuse. Or, l’âme est liée au cœur et à l’intuition. C’est quelque chose d’intime, de secret, de sensible. C’est l’interface entre mon identité dans ce qu’elle a d’unique et le monde autour de moi. « L’âme est pour moi cette larme qui coule de mes yeux. Et ce sont les yeux de l’humanité tout entière », écrivait Stéphane Hessel, nous rappelant que l’âme diffère de l’esprit par l’émotion qui l’habite.
Une émotion qui permet la communion affective avec les autres, la nature, les animaux, ces êtres doués de sensibilité, et même avec les objets ou les lieux, porteurs eux aussi de l’émotion que nous leur prêtons.
Ne dit-on pas qu’un lieu a une âme ? Une vibration, une résonance ?
Marie de Hennezel
(source : Psychologie magazine)