A la lecture d'ouvrages scientifiques faisant le point sur les avancées les plus récentes en astrophysique, physique quantique et mathématiques, on se rend compte qu'au fond, les scientifiques sont amenés presque obligatoirement vers les mêmes questions que les expérimentateurs spirituels.
Quelle est la nature de notre réalité? Quelle est la source de celle-ci? Peut-on la connaitre? Si oui, comment?
Ces dernières années, je me suis replongé dans nombre de ces ouvrages, qui m'apportent plus que de nombreux livres "spirituels" qui ne font que ressasser pour la énième fois les mêmes poncifs, sans que l'on sente toujours de manière très vive que l'auteur a réellement éprouvé ce dont il parle.
Par ailleurs, et c'est peut-être ce qui est le plus surprenant, ce sont aujourd'hui les récits et les questionnements de ces grands scientifiques qui véhiculent les idées les plus "magiques", les plus irrationnelles (au sens qu'elles défient le "bon sens", le sens commun). Elles dépassent même les cosmogonies traditionnelles dans leur description de l'apparition de la réalité.
A ce jour, les scientifiques cherchent toujours une théorie de l'unification des domaines quantiques et de la relativité générale. Une des théories qui a émergé et qui permet de lever les "singularités" faisant exploser les théories quantiques ou de la relativité générale, se nomme la théorie des cordes.
Cette théorie, par exemple, impose mathématiquement une réalité multidimensionnelle, dont la plus couramment décrite est à 11 dimensions, 10 spatiales et une temporelle. Certaines de ces dimensions sont tellement "repliées" qu'elles sont invisibles, mais peuvent être plus proches de nous que la distance de l'épaisseur d'un cheveu. Le taoïsme traditionnel décrit une réalité à 9 dimensions (ce chiffre 9 doit être pris symboliquement, et peut représenter un range de multiples dimensions). Étonnant, n'est-ce pas?
Les théories récentes sur le développement de l'univers, son origine, son devenir, font intervenir nombre de modèles où la réalité mathématique impose des idées d'univers infinis, de multi-univers (multivers), de branes (variantes de multi-univers), etc...Dans tous ces modèles, ce qui devient obligatoire, c'est que notre univers existe sous une forme répliquée quelque part, ailleurs, et pas seulement une fois, mais une infinité de fois. Des univers très légèrement différents du nôtre, ou très différents, existent également de la même manière. Cela signifie que dans certains de ces univers, une version identique de nous mêmes a dû faire des choix légèrement différents, ayant entraîné d'autres expressions de la réalité. En résumé, si nous sommes un saint dans cet univers, nous sommes peut-être un voleur, un violeur, ou n'importe quoi d'autre dans la version alternative de notre univers. En résumé, encore une fois, il apparaît scientifiquement que la réalité ultime cherche à s'exprimer sous toutes ses formes possibles. Elle cherche à actualiser tous ses "potentiels". Autrement dit encore, elle cherche à "s'éprouver" sous toutes ses formes d'expressions possibles.
Pour quelle raison, depuis toujours, les grands spirituels disent qu'il n'y a ni bien ni mal, mais juste une Unité Fondamentale? Ce n'est pas en raison d'une sirupeuse béatitude coupée des réalités. C'est l'inverse, à vrai dire. Avec la pratique spirituelle, la partie accessible de la grande Réalité devient plus vaste que dans notre condition humaine initiale. De ce fait, on peut sentir pour une partie, et pressentir pour une autre que la réalité existe sous une forme plus complète, plus complexe aussi que la réalité sensible qui s'offre grossièrement à nous. Quand on prend conscience que des variétés infinies de nous-mêmes existent et que des variétés infinies des autres existent également avec des décisions et des choix infinis, cela relativise grandement ce qui arrive dans cette univers et dans cette vie. Dans un autre, sous une autre forme, le destin des protagonistes est différent et tout aussi réel.
Ceci ne veut pas dire, bien évidemment, que ce qui nous arrive ici et maintenant ne doit pas être vécu entièrement et éprouvé de manière complète, y compris émotionnellement. Mais cela peut être vécu, dans le même temps, avec une perspective large et ouverte qui entraîne une confiance fondamentale dans la justesse de ce qui advient, ici et maintenant.
Pour finir sur un exemple symbolique et intuitif: le taoïsme postule que la Réalité est Une et émane du Vide (plein) pour ensuite se matérialiser peu à peu jusqu'à devenir les formes multiples que nous sommes ou éprouvons. Dès sa matérialisation, le Vide devient Un, c'est à dire le Dao 道, ce qui fait fonctionner toute chose sans être lui ou elle-même modifié(e). Traditionnellement, on dit que le vide se transforme en Un, puis en deux (le jeu de la dualité), puis en trois, puis en une myriade de formes (les 10000 êtres). La réalité ultime doit donc traverser de multiples formes de matérialisation jusqu'à pouvoir apparaître telle que nous la percevons quotidiennement. Comme le taoïsme a-t-il exprimé cette idée?
De manière assez simple finalement: en anthropomorphisant cette descente dans la densité et la matérialisation. Le taoïsme a imaginé tout un panthéon d'Immortels, des plus désincarnés et proches de la source jusqu'aux petits immortels tous proches de nous.
De manière assez simple finalement: en anthropomorphisant cette descente dans la densité et la matérialisation. Le taoïsme a imaginé tout un panthéon d'Immortels, des plus désincarnés et proches de la source jusqu'aux petits immortels tous proches de nous.
Pourquoi avoir procédé ainsi? Simplement pour que la forme énergétique correspondant à ces différentes modalités de matérialisation progressive nous devienne perceptible et surtout communicable. Par ailleurs, cette manière de faire permet plus facilement la mise en relation avec ces différents niveaux. L'homme a en effet besoin de relations pour pouvoir prendre conscience...
Ce qui est intéressant, c'est que les trois premières déités du taoïsme, celles qui sont les plus proches de la source et situées au plus haut du panthéon se nomment les San Qing (les trois purs). Tout récemment, en lisant un topic sur les couleurs "primaires", je me suis rendu compte que les San Qing n'ont pas été colorés de manière aléatoire. Comme on peut le voir sur le graphique montrant les couleurs primaires dans le modèle "additif", l'addition de toutes les couleurs donne le Blanc. Le Blanc, qui contient tout le spectre des couleurs nous apparaît donc comme Vide ou absent. Mais en réalité, c'est un vide plein de toutes les potentialités, comme un ensemble de nombre premiers (positifs et négatifs) a une valeur additive de zéro, alors qu'il contient TOUS les nombres premiers.
Les trois premières couleurs qui apparaissent ensuite sont le cyan, le magenta et le jaune (vous savez, les mêmes que vous avez dans vos imprimantes). Celles-ci sont toujours composées de spectres superposés et sont donc situées entre le potentiel et l'actualisé. Or regardez la photo des San Qing annexée. Vous verrez qu'ils sont colorés exactement de cette manière. Marrant, non?
Evidemment, ceci n'est qu'un détail qui peut rester flottant. Mais les grandes traditions ont constitué des pratiques permettant de se mettre en contact, ou en tout cas d'essayer, avec ces différentes réalités. C'est là qu'elles deviennent intéressantes et opératives.
A l'avenir, le dialogue entre scientifiques et spirituels, qui cherchent au fond la même chose et font face aux mêmes problèmes de fond (la réalité qui se voile au delà d'un certain point) devrait permettre à chacun des camps d'élargir ses champs d'horizons et de remodeler leur manière d'envisager la réalité.
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