...S'ils ne s'aiment pas, c'est qu'ils s'identifient à une partie négative d'eux-mêmes. On a tous une partie négative. Je leur explique comment est fait l'être humain, et j'utilise ce que j'appelle la parabole de la caverne d'Ali Baba. Je leur montre que l'être humain est fait de trois couches :
- La première, c'est la façade. On peut avoir une belle façade cachant de la pourriture ; à l'inverse, une façade désavantageuse peut cacher une belle sensibilité (pensez à certains trisomiques).
- Derrière la façade vient la couche de nos défenses : la carapace. Elle a une fonction positive : elle nous protège et nous défend contre les intrusions de gens un peu curieux qui essaieraient de pénétrer dans notre intimité. Mais si cette carapace est trop épaisse, elle ne va pas permettre une communication. Le vécu de notre vie -c'est là notre péché originel- s'est inscrit dans cette carapace. Si on a eu du succès, on peut s'être constitué une carapace faite de suffisance ; si on a été maltraité ou incompris, on a pu se composer une carapace faite d'agressivité ou de timidité etc...
- Heureusement, il y a le cœur de la personne, la caverne d'Ali Baba (qu'un psychologue appelle "le petit prince"). C'est la partie merveilleuse de l'être humain. Il a en lui une richesse qu'il ne soupçonne même pas. Nous n'avons pas assez d'une vie pour développer toutes nos possibilités et nos qualités. Chacun, pour s'aimer, doit savoir qu'il est une caverne d'Ali baba. Dans la rencontre avec l'autre (ou les autres), il lui est possible, par le sésame de la communication et de la confidence respectueuse, de dépasser sa façade et sa carapace pour découvrir, ébloui(e), le merveilleux de sa caverne. J'aime dire à une épouse : « Votre mari, vous ne le connaissez pas encore pleinement : le meilleur de lui ne vous est pas encore apparu ! ».
Père Denis Sonet
(Revue Reflet n°7)