J’ai
la chance d’habiter dans le midi où souvent les routes départementales,
pas très larges, suivent la côte et, donc, serpentent selon le relief
ou les villages et les hameaux. De temps en temps, la route devient si
étroite qu’un panneau annonce : « Point de retournement à 100 m. » C’est
l’avertissement que si vous voulez faire demi-tour, c’est LA-BAS, à 100
mètres. L’information est utile. Pour la circulation routière. Sans
plus.
Mais chaque fois cela résonne en moi comme un clin d’œil qui me rappelle avec humour le grand retournement :
Le
Retournement Vital, celui qui consiste à retourner notre regard vers
l’intérieur de nous-même, à regarder Ce qui regarde en nous, La Présence
dont dépend notre bien-ETRE.
Ce retournement de l’attention qui devient un mode de vie libérateur.
Pour
ce retournement là, pas de panneau indicateur. Mais des signaux, des
alarmes : ce sont les problèmes, les difficultés sur la route de la vie
qui nous indiquent :
« Urgent! Point de Retournement à 0 centimètre de vous, ICI et maintenant. »
J’ai
déjà beaucoup parlé de la difficulté à vieillir et combien cette
inversion du regard, le retour à notre vrai visage, notre visage
originel sont souverains.
Tu te retournes
Face à non-face
Tu vois Dieu
Il t'efface
Rien d’autre »
Jacques Goorma
Effacer le visage acquis (celui que nous a donné le conditionnement
social), c’est la libération, c’est laisser place à notre visage
originel, cet Espace Grand Ouvert, Accueil pour le monde, Ce que nous
sommes vraiment, vraiment.
On
me demande souvent : et la douleur physique ? Oui. Je la connais. Ô
combien ! « Depuis 4 ans, c’est non-stop ». Et à nouveau, le seul remède
que j’ai trouvé c’est ce retournement, ce retour au centre de
nous-même, à la Conscience pure, lumineuse, vide, et pourtant vibrante
de vie.
S’asseoir,
immobile, silencieux, expirer profondément, et se laisser descendre
dans l’Espace Infini, se fondre dans la Présence au plus profond de
soi-même, longtemps, longtemps … abandonner toute saisie, se laisser
dissoudre dans cet infini. Voilà ma recette.
« Là, tout n’est que Luxe, Calme et Volupté », disait Baudelaire à son amie.
Moi je dis à mes amis : «ICI tout est n’est que Paix, Amour et Joie d’Etre »
Essayez votre visage originel.
Établi dans ce vide lumineux, regardez le monde là-dehors.
Regardez bien la douleur !
Où est-elle ?
Où êtes-vous ?
N’est-elle pas périphérique ?
Et vous, central ?
Oui la douleur est là, mais vous, immergé dans la paix profonde,
Vous pouvez l’accueillir, l’accepter, comme vous accueillez et acceptez le reste du monde.
Et la douleur acceptée diminue, devient supportable.
Essayez…
(source : Eveil impersonnel)