« Pour Schopenhauer, nous sommes tyrannisés par le désir. Et nous ne prenons jamais le temps d'interroger celui-ci. L'important est de comprendre qu'existe en nous un désir d'absolu. On pense y répondre en obéissant à quantité de petits désirs — une nouvelle voiture, un nouveau vêtement... — mais il ne sera jamais comblé. Cela ne veut pas dire qu'il faille vivre sans désir, mais être conscient qu'il y a peut-être en nous une blessure, une béance qui réclame réparation ou compensation. II ne s'agit pas de culpabiliser en disant : "Je ne devrais pas compenser." Mais voir que nous compensons. Vivre imparfait, c'est accepter d'être soi et non quelqu'un d'autre de plus riche, plus beau, plus heureux. Bien sûr, nous voudrions tous être au-dessus de nos faiblesses, avoir soldé les comptes qui nous alourdissent. Mais non : parfois, il nous faut juste vivre avec. Accepter notre place. Vivre dans l'imparfait, c'est revenir à la distinction d'Epictète : "Qu'est-ce qui dépend de moi et qu'est-ce qui ne dépend pas de moi?" Dès lors, il est plus facile de faire le tri entre ce que nous pouvons changer et ce que nous devons accepter. Si l'action prend sa source en nous, si elle obéit à un vrai désir de joie, c'est formidable. Mais prenons garde au désir de fuite. »
extrait du magazine Psychologies de novembre 2006
extrait du magazine Psychologies de novembre 2006