Avons-nous oublié la joie des effondrements ?
L’effondrement du mur de Berlin par exemple, la révélation, la découverte de ce que tout le monde savait : derrière chaque côté du mur il n’y a pas des ennemis mais des frères…
Pourquoi construisons nous sans cesse de nouveaux murs, entre Russes et Ukrainiens, Palestiniens et Israéliens, Américains et Mexicains, Africains et Africains, fronts populaires de droite et fronts populaires de gauche…?
Des murs, encore des murs de mots, de haine et de plus en plus nucléaires.
Malgré toutes les peurs, les énergies, la violence, le ressentiment que nous mettons à les construire, nous le savons de science certaine : tous ces murs sont destinés à l’effondrement et à la révélation de l’évidence que nous sommes tous Un, interreliés, interdépendants.
Ce n’est pas moral ou politique, c’est physique. Tout le monde le sait et fait semblant de ne pas le savoir.
La conscience de cette physique, de cette « matière » intriquée, c’est ce qu’on appelle l’amour ou la spiritualité. Ignorer ces évidences, c’est ce qu’on appelle la guerre, la guerre des sexes, des peuples, des civilisations, la guerre mondiale…
D’où nous vient ce goût du sang ? Était-il dès l’origine mêlé à notre lait maternel ?
Le poison de la volonté de puissance est-il le sel ou l’épice qui « relevait » nos premières viandes ?
Après l’édification guerrière de tous ces murs, combien de temps nous faudra-t-il attendre, dans la souffrance, l’incompréhension, l’illusion… avant que de nouveau, tout s’effondre et que nous respirions ensemble le grand air commun ?
Maintenant, n'est jamais ni trop tôt, ni trop tard.
- Jean-Yves Leloup, juillet 2024