lundi 30 novembre 2020

Soleil intérieur

 


Tout être possède en lui un soleil intérieur ; l'essentiel est de le découvrir, d'y adhérer afin de pouvoir devenir entièrement soleil.

La pensée taoïste compare l'homme à un vase porteur d'une fleur d'or. Soleil ou fleur de lumière constituent le trésor caché, le soi recouvert de voiles.

Se connaître c'est pouvoir contempler sa nature originelle et lui être fidèle au sens du texte de l'apôtre Jacques : "Si quelqu'un écoute la parole et ne la met pas en pratique, il est comparable à un homme qui regarde dans un miroir le visage de sa naissance et qui après s'être regardé oublie ce qu'il est."

M.M.Davy


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On se prépare… En Avent !

 Voici un calendrier que j'aime bien. N'hésitez pas à partager et à le réaliser…


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dimanche 29 novembre 2020

« Retrouver cet espace en nous de calme et de douceur »

 

Par Jean-Yves Leloup, écrivain, théologien et prêtre orthodoxe, qui a publié en septembre Métanoïa, une révolution silencieuse (Albin Michel).


« Tout ce qui est élevé doit être abaissé, et tout ce qui est creux doit être relevé », nous explique, au sujet de l'Avent, Jean Baptiste le précurseur.

Cela revient à être attentif à nos moments de débordement, de colère, de révolte. Nous devons préparer notre terrain pour accueillir la présence de l'Esprit qui peut s'incarner en nous. Nous sommes tous plus ou moins cyclothymiques, à passer par des hauts et des bas. Tout ce qui est dépressif en nous, tous les ravins doivent être comblés, même si aujourd'hui nous sommes tentés de baisser les bras. Dans le même temps, tout ce qui est dans la prétention doit redescendre. Cette notion d'humilité renvoie à l'humus, à l'humanité car être « humain » c'est accepter notre glaise, cela nous ramène les pieds sur terre, sans descendre « sous » terre. Salomon nous dit également que la sagesse cherche un lieu de repos dans l'être humain, et, effectivement, nous sommes des êtres agités, déprimés ou excités qui doivent retrouver cet espace en nous de calme et de douceur : c'est là que le divin peut s'incarner, que l'éveil peut se manifester, que l'Être peut vraiment se donner. 

interview Aurélie Godefroy pour La Vie

vendredi 27 novembre 2020

Révéler l'Or dans l'Ordinaire des jours


Cet ouvrage comporte une série de récits inspirés au fil des rencontres et évènements de la vie, tel un pèlerinage à la fois intime et universel. Il n'a pas de table des matières, l'au-delà de la matière et les dialogues avec l'invisible en sont l'essence. Il révèle que toute traversée, qu'elle soit individuelle et collective, est accompagnée de moments "Kairos" et d'Amour. 
Bienvenue dans l'Ordinaire des jours !





C'est l'âme vibrante et le cœur engagé que Maryvonne œuvre depuis des années au service de la ré-humanisation des relations, des organisations et des collectifs.

Elle accompagne de nombreux groupes, en France et à l'international pendant près de trente ans, quand sa vie bascule vers l'inconnu. Elle sent les prémisses de cet effondrement plusieurs mois auparavant quand une lassitude s'installe peu à peu, l'entrain disparaît et la joie s'éteint. L'inconscient va lui servir de guide malicieux et créer le "décor parfait" pour que l'ego perde ses repères. La voie est ainsi ouverte vers un effondrement qui s'avèrera plus tard salutaire et qu'elle traversera en écrivant ces récits et inspirations.

La bonne nouvelle dont elle témoigne dans ce pèlerinage à la fois intime et universel, est la terre nouvelle et florissante qui se révèle progressivement des débris de ce qui fut "l'ancien monde".

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"...Lorsque l'automne paraît, nous sommes invités à vivre le même processus, laisser partir et lâcher l’ancien feuillage, se laisser effeuiller par le vent de nos existences et entrer dans la fraîcheur des jours et des nuits, tout en douceur. Il n’y a rien à retenir, rien à garder, la nature sait ce quelle fait et la vie fait son œuvre. Nos terres reçoivent nos feuilles mortes, nos schémas obsolètes, nos anciennes traces, nos desseins et intentions dépassées. Les empreintes s’effacent une à une tandis que les journées raccourcissent.

L'automne, la décomposition.

Comme ce mot peut faire peur tant il évoque la fin de quelque ordre ancien. Et pourtant, il est le nécessaire accomplissement vers une recomposition à venir dont nous ne pouvons contrôler le processus.

Etre juste les passagers du voyage, qui s émerveillent des lumières qui scintillent déjà ici et là, annonçant les jeunes fleurs qui déjà pointent délicatement leur visage."

Maryvonne Piétri
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jeudi 26 novembre 2020

Voyage poétique en soi

 


Pour écouter l'émission Boomerang de France Inter (que j'ai redécoupée) avec Le Clézio. Cliquer

"La poésie est résistance. S’il n’y avait pas ce désir de s’opposer à tout ce qui bafoue les règles les plus élémentaires de l’humanité, la poésie n’aurait pas de sens."

"Je ne m’attendais pas à lire dans la poésie quelque chose qui allait changer si radicalement ma façon d’être. Elle exposait une vérité : nous sommes le monde, il suffit de le regarder et nous devenons ce que nous regardons."

Il n’y a jamais eu dans l’histoire de l’humanité un moment où la poésie a été aussi défendue et appréciée que sous la dynastie Tang. Elle nous apprend que la culture chinoise est la culture du livre et du savoir." 

"Nous avons désappris à voir que nous faisons partie de la nature. Nous ne sommes pas étrangers au monde. Il faut faire un voyage en soi-même et se changer : il faut pratiquer une hygiène de la vue." 

"Pour moi, la Bretagne est le pays de la mer, du lointain. C’est ce que j’aime chez elle et ailleurs. Oui, j’aime rencontrer dans le monde ces espaces dans lesquels on peut se perdre et oublier." 


"Je ne suis pas quelqu’un d’apaisé. J’ai un certain âge, mais je n’ai pas les cheveux blancs de la sagesse. Je suis toujours ému par la jeunesse, et je pense que les gens ont besoin de fréquenter cette jeunesse davantage." 

"Je crois que la compassion est indispensable. On en manque un peu aujourd’hui. De nos jours, le plus fort doit survivre, et les autres se débrouillent, ce qui est contraire à toutes les règles de l’humanité." 

"Il faut entendre les cris des disparus. Ils se plaignent. C’est une demande de justice. Il faut leur prêter attention." 

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mercredi 25 novembre 2020

Aux jeunes et ceux qui viennent après nous.

 (Ce texte reprend une chronique parue dans le magazine Kaïzen)


« Il ne suffit pas d’avoir de belles idées , d’être sincère et dynamique pour contribuer à un monde meilleur. Il faut, et c’est une vérité largement méconnue, avoir les moyens intérieurs de ses bonnes intentions »
La « spiritualité « c’est le lien. Plus précisément, une maturité intérieure qui permet de se vivre et concevoir de moins en moins comme une entité séparée, possédante et contrôleuse de son petit monde mais comme une forme, à la fois unique et totalement interdépendante de l’ensemble dont elle fait partie. Cet ensemble comprend non seulement le présent dans toutes ses composantes, humaines, sociales, naturelles, environnementales mais aussi le passé et l’avenir.
Une culture saine honore la mémoire des ancêtres. Sans nostalgie mais avec gratitude pour ce qu’ils ont permis. Il est également sain de se pencher sur les erreurs passées , pas tant pour cultiver de tardives repentances que dans l’intention d’éviter que ces erreurs se reproduisent. Et une culture saine se vit comme responsable de l’avenir, cet avenir qui, par définition, n’existe pas encore mais que pourtant nos actes d’aujourd’hui préparent, du moins pour une grande part. 

S’il est bien une attitude que l’on pourrait qualifier d’anti spirituelle, c’est celle qui a pour devise « après moi le déluge » , prétendant ne se déployer que dans un présent sans racines et sans perspective. Le présent conscient inclut le passé dont il est la conséquence et se soucie de l’avenir qu’il prépare. L’ego dans tout son aveuglement, c’est notamment cette incapacité de concevoir quoi et qui que ce soit en dehors de soi et après soi. Ou, pire encore, le concevant, le fait de ne pas s’en soucier. Cet égocentrisme se manifeste comme toujours à l’échelle individuelle comme à l’échelle collective. Sommes nous bien conscients , au fur et à mesure que nous avançons en âge, que nos enfants et héritiers auront à vider notre maison, qu’ils devront s’occuper de nos affaires dans l’état où nous les leur laisserons ? Bien entendu ce qui vaut pour nos habitations et nos papiers vaut pour la maison -planète …

Le fait est que la vie ne se réduit pas à « ma » vie. La vie est un continuum de changement auquel je participe de manière certes éphémère mais significative puisque mes actes ont des conséquences dont certaines seront assumées par ceux qui viennent après moi.
En tant qu’auteur et enseignant ayant passé la soixantaine, transmetteur, tant bien que mal, de valeurs à mes yeux essentielles, je suis toujours très touché de voir venir à nous des jeunes. J’étais moi même jeune quand j’ai rencontré un certain nombre d’ainés essentiels qui devaient orienter la suite de mon existence. S’ils ne sont physiquement plus parmi nous , j’avance chaque jour conscient de tout ce que je leur dois, conscient de ma responsabilité de faire en quelque sorte fructifier leur héritage en lui étant fidèle. Ou serai je et que serai je, s’ils n’avaient pas en leur temps oeuvré et témoigné ? En regardant les jeunes avec lesquelles je suis en lien, je ne perds jamais de vue qu’ils vieilliront avec ce que nous leur aurons légué.
A cet égard, il y a, bien sûr, l’état dans lequel nous allons leur laisser la planète. Faut il être insensé pour dorénavant ne pas voir que là est l’urgence des urgences,… D’autres en parlent ici et ailleurs mieux que moi. Et puis, il y a ce que nous allons leur léguer en termes de qualité d’être. 


Si nous pouvons nourrir de légitimes craintes, et pourquoi pas aussi quelques espoirs en la capacité de rebond et de réveil de l’humain, nous ne savons exactement pas de quoi demain sera fait, jusqu’à quel point, dans quelle mesure, les temps seront difficiles. Et quelle que soit la teneur des défis qui viendront, ils seront relevés par des êtres humains qui y feront face non seulement avec leurs compétences, leurs idées et leurs valeurs, mais aussi et avant tout avec leur qualité d’être.
Car il ne suffit pas d’avoir de belles idées, d’être sincère et dynamique pour contribuer à un monde meilleur. Il faut, et c’est une vérité largement méconnue, avoir les moyens intérieurs de ses bonnes intentions. Lesquelles risquent sinon, d’être vite compromises par les luttes de pouvoir et autres mesquineries qui savent s’introduire partout. Ceux qui seront là après nous devront composer avec ce que nous aurons fait - ou pas fait …- et ils se souviendront aussi , plus ou moins consciemment, de ce que nous aurons été, de qui nous aurons été. La manière dont ils répondront aux enjeux qui se présenteront à eux en dépendra dans une large mesure.

Gilles Farcet

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mardi 24 novembre 2020

Pensée transmise par Matthieu Ricard

 



Tous les bonheurs du monde viennent
De la recherche du bonheur d'autrui ;
Toutes les souffrances du monde viennent
De la recherche de son propre bonheur.

Bodhicaryavatara, La Marche vers l'Éveil, chap. 8, versets 129-130.

SHANTIDEVA (685-763)


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lundi 23 novembre 2020

Plaisir ou satisfaction profonde ?

 

Nous confondons trop souvent plaisir avec satisfaction profonde ou vie pleine de sens.
Sont-ils en opposition, et devrions nous renoncer à l'un pour l'autre ? Pas du tout. Mais ne pas les différencier est une erreur qui peut nous coûter cher, sur le long terme.
Le plaisir est le ressenti plaisant allant éventuellement jusqu'à la jouissance, lorsque nous avons accès à quelque chose que nous désirons et qui procure un plaisir immédiat : sexe, alcool, consommation matérielle, fête super trop cool entre potes, compliment reçu, super livre ou super film, nomination, etc...
Le plaisir est comparable à celui qui doit sauter à l'élastique pour se sentir vivant. C'est bien, mais cette intensité, si elle est confondue avec le sentiment subtil d'être vivant, devient un problème à moyen terme.
Le plaisir a cette caractéristique énervante : il ne dure pas, et laisse le plus souvent derrière lui un sentiment de polarité opposée (frustration, dépit) dont la durée dépasse généralement le temps du plaisir. Autrement dit, si c'était une transaction, nous serions perdants.
Par ailleurs, il entraîne de manière mécanique une demande automatique de nouvelle récompense et de recherche de nouveau plaisir. Qui suivra le même cours que le cycle précédent...
D'un point de vue émotionnel cela entraîne des montagnes russes épuisantes, pour l'entourage, mais surtout pour soi-même, et à la longue, un sentiment de vide difficile à supporter.

La satisfaction profonde est discrète et subtile. Elle résulte d'un alignement complet entre Terre (environnement et relations), Ciel (pensées), Homme (actions) et Nature intime (nos dons et aspirations profondes).
C'est le signal doux et aimant que nous envoient chacune de nos cellules quand cet alignement est réalisé.
On le repère au fait qu'il est beaucoup plus stable et n'entraîne que de minimes fluctuations, qui n'ont plus le pouvoir de nous déstabiliser, et n'est pas suivi d'un sentiment de polarité opposée. Il est aussi, malgré sa discrétion apparente, infiniment plus nourrissant.
Et nous permet d'atteindre la "Plénitude des Reins", un état de confiance et de tranquillité qui nous installe dans une forme de disponibilité habile, apte à répondre adéquatement aux multiples sollicitations qui viennent à nous.
Si vous le voulez, essayez dorénavant de différentier les deux. Le chemin vers la satisfaction profonde commence toujours par le discernement et la clarté.
Bonne pratique
Fabrice
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dimanche 22 novembre 2020

Comment traverser l'épreuve de l'inceste ?

 


1. Libérer la parole

Il est d'une urgence vitale pour les victimes, mais aussi pour les proches, de parler, de sortir du secret, de lever le tabou. Jésus nous pousse à oser mettre des mots sur les maux car « la vérité vous rendra libres » (Jean 8, 32). Ce n'est pas un choix, mais un devoir pour nous tous, même si, évidemment, de telles paroles peuvent provoquer des tsunamis.

2. Se faire accompagner

Une victime d'agression ne peut pas s'en sortir seule. Le rôle de l'entourage, des proches, est primordial. L'accompagnement psychologique également. Si je n'avais pas entrepris une thérapie à partir de 2009, j'aurais sans doute sombré. Tout le défi est de trouver le bon thérapeute, formé au traitement des violences sexuelles.

3. Prier pour l'agresseur

J'ai entendu une parole forte un jour : « Il n'est pas en notre pouvoir de ne plus sentir et d'oublier l'offense, mais le coeur qui s'offre à l'Esprit saint retourne la blessure en compassion transformant l'offense en intercession. » Quand j'ai commencé à prier pour mes parents, pour leur conversion, j'ai fait un grand pas sur le chemin du pardon, et donc de ma libération intérieure. Car l'incapacité à libérer la bénédiction retient la guérison. J'ai pleinement conscience que certaines victimes ne souhaitent pas emprunter cette voie ou n'y parviennent pas. Le pardon est un long chemin.

4. Pardonner

Le pardon, ce n'est pas l'oubli. Le pardon ne supprime pas la nécessité de la justice. Il faut dénoncer le mal pour se considérer comme victime et pour aider l'agresseur à corriger sa faute. J'ai fini par comprendre que le vrai pardon, c'est accepter que mes cicatrices, et la souffrance qui en découle, ne disparaîtront jamais, mais qu'elles peuvent se transformer en quelque chose de beau. Pour moi, le vrai pardon est un fruit de la foi. Sans Dieu, je n'aurais jamais pu pardonner à mes parents, ni d'ailleurs à moi-même - la culpabilité aurait continué à me ronger.

Mathilde Désanges


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samedi 21 novembre 2020

Il y a un chemin !

Je souhaite vous faire connaître une poète, Brigitte Maillard , dont le désir est de faire vivre la poésie au cœur de nos vies ! 



Renaître chaque seconde de l’ampleur du monde.

Renaître au plus beau souvenir de l’ombre, pour que danse l’image dévoilée. Renaître à la solitude des géants, la nature sauvage, la grâce du vivant. Renaître pour donner au monde ce goût de la renaissance. Cette odeur fraîche sur les papilles, ce transfert des organes à la lune et le ciel en pleine étoile. Première image, premier rouge, premier dommage, premier désir, première victoire, premier soleil, première urgence.

 

Ouvre le chemin, porte le monde, il est à ta mesure. Sous les dents, l’haleine. Sur la langue sa fraîcheur, son endurance, sa solitude.

L’aventure se déploie. De la rive à la mer je suis le salut des vents, mon seul terrain d’exil.

Vivre sans rien refuser de la vie. Accueillir. Aimer. S’aimer. Vous aimer. Vivre sa fragilité et s’élancer vers le seul lien qui nous relie au cosmos, la lumière !


J’ai traversé une longue période de maladie et par ce chemin, j’ai commencé à
parler à la rivière, chanter avec l’oiseau, rafraîchir la pluie, faire lever le soleil pour ne ne plus vivre la vie, mais la vie devenir. La vie se chante quand elle revient vers nous avec tant de vérité. C’est le regard intérieur qui pas à pas m’a conduit à vivre la réalité d’une façon plus intime, à découvrir qu’au-delà des apparences, il y a une Vie. J’ai du réapprendre à vivre. Repartir, recommencer, respirer à nouveau et me défaire de bien des choses – concepts, évidences, croyances...  Renaître à chaque seconde, cela pourrait être la vraie santé humaine ! Nous sommes en manque de Vie.

Vivre directement avec la vie, c’est cela la santé. Même si nous sommes « malades ». Nous ne sommes pas la maladie. Il y a autre chose à découvrir en nous. Une vie immense, généreuse, discrète, étoilée, vibrante.

Face à cet inconnu, accepter d’être en prise directe avec la vie, sans vivre au travers de ceci ou cela, permet l’ouverture d’une voie vraiment personnelle.

Ainsi se mettre au monde. Oui.

Si mon corps ne porte plus la guerre et ses stigmates, s’il n’est plus soumis au dur, pourrais-je le réinventer dans la douceur, écouter le murmure de la source, entendre mon âme se dire.

 Renaître pour que danse l’image dévoilée du monde. Renaître à la grâce du vivant.

  

Ô lumière !

C’est le cri de tous les personnages placés, dans le drame antique, devant leur destin

                                                                                                    Albert Camus

 

Il y a un chemin Brigitte Maillard ed. Librairie Galerie Racine 2019




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vendredi 20 novembre 2020

Et bien, tançons maintenant

 


LE MOINE SOSEI – IXème –Xème siècle (traduit du japonais par G. Renondeau)

Qui connaît
La demeure du vent
Coupable de la chute des fleurs ?
Qu’il me l’indique
Et j’irai tancer l’impudent !

-
(Extrait de Anthologie de la poésie japonaise classique, Poésie/Gallimard)
-
"Ejiri dans la province de Suruga" (1839) estampe de Hokusai (Japon)

musique pour accompagner :
Toru Takemitsu, And then I knew't was Wind

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jeudi 19 novembre 2020

On ne pratique pas zazen avec le mental !

 

 « On ne pratique pas zazen avec le mental ! »  (Hirano Katsufumi Roshi)

 


La lettre D’Instant en Instant est destinée aux personnes qui pratiquent l’exercice désigné par le kanji ZAZEN. D’années en années, il semble que de plus en plus de personnes qui pratiquent d’autres exercices (Yoga, Tai-Chi Chuan, Chi-Gong et des activités artistiques, artisanales ou martiales issues de la tradition japonaise) sont intéressées par ce qui n’est autre que la Voie tracée par K. Graf Dürckheim.

 

Une formule concise indique le à-quoi-bon de ces techniques si différentes les unes des autres : l’éveil de l’homme à sa vraie nature d’être humain. Autrement dit, passer de l’identification de "MOI je suis / Je suis MOI" à l’expérience que "JE SUIS".

MOI, pronom personnel tonique, est l’idée que je me fais de JE ; « Moi je crois, que je suis, ce que je pense que je suis ! ». 

Jusqu’au jour - et on l’observe aujourd’hui plus qu’en d’autres circonstances - où  manque un je-ne-sais-quoi qui pourrait donner sens à ma vie. Je rencontre des hommes, des femmes, qui additionnent les succès dans la société de consommation qu’est devenu le monde et qui, tout à coup, se disent « Bien ! Mais maintenant ? Quel est le sens de tout cela ? ». Il est vrai que MOI avoir plus … MOI savoir plus … MOI pouvoir plus … n’empêche pas cet activisme mental incessant qui est la cause de l’inquiétude latente, de la peur souterraine et de l’agitation intérieure ; ces symptômes qui conduisent à la consommation quotidienne — en France de plus de vingt-deux millions d’unités anxiolytiques, de somnifères, d’antidépresseurs.

 

Il serait donc bien de pratiquer zazen, le Yoga, le Kyudo afin de vaincre l’insomnie ?  NON ! Je pratique ces exercices afin de ne pas rester esclave de l’activité mentale qui est la cause de l’insomnie, du déséquilibre de ma vie intérieure. 

Plus d’un demi-siècle de pratique de zazen m’amène à voir (à ne pas confondre avec comprendre) que le MENTAL (mind) est le domaine de l’angoisse et des états qui l’accompagnent  et que le CORPS-VIVANT (Leib) est le domaine du calme, de la sérénité, de la paix intérieure. Et lorsqu’on trouve ou retrouve le calme intérieur, on dort bien.

 

La difficulté de l’homme occidental intéressé par les exercices orientaux est de les approcher en s’appuyant sur l’entendement, cette approche mentale (mind) du réel.

C’est l’approche mentale, intellectuelle, rationnelle du corps qui ouvre sur l’idée :J’ai un corps. 

L’approche du corps réalisée à travers un exercice, comme zazen, ouvre sur l’expérience : corps je suis. 

 

 


L’HOMME EST SON CORPS !

 

C’est fraichement diplômé Licencié en Kinésithérapie que je me suis installé en Forêt Noire (1969) pour suivre l’Enseignement de K. Graf Dürckheim. 

Je ne peux oublier ce qu’il m’a dit quelques semaines après mon arrivée:

 « Monsieur Castermane, il semble que vous disposez d’un large savoir objectif, rationnel, sur ce que j’appelle le corps que l’homme A (Körper) ; mais je dois vous dire que vous n’avez pas la moindre connaissance de ce que j’appelle le corps que l’homme EST (Leib). 

Aussi longtemps que vous pratiquerez zazen en vous appuyant sur le point de vue dualiste : Moi, numéro 1 et quelque chose, numéro 2, mon corps, vous ne pourrez pas dire que vous pratiquez zazen ! ».

Avec cet avertissement, commençait non seulement une autre approche du corps mais une autre approche de l’être humain et, ce faisant, une autre approche de ce qu’on appelle l’autre, le monde, la Vie.

Une approche qui nécessite, en premier, de s’apprendre soi-même.

 

S’APPRENDRE SOI-MÊME !

 

S’apprendre soi-même exclut l’usage de notre conscience ordinaire : la conscience DE ;  la conscience qui objective et oppose le sujet et l’objet.

S’impose l’usage de la conscience SANS de, la conscience sensorielle qui est dès l’origine de notre existence.  

Notre vraie nature est insaisissable par le processus mental qu’est la conscience objective.

 

 

Jacques Castermane

 

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mercredi 18 novembre 2020

Une approche neuve...

 


Quand Depardieu parle de méditation
« … Lorsque tu arrives pour une retraite à Shaolin, tu commences par une marche silencieuse. Le maître donne le rythme. Tu rentres ainsi peu à peu en état de méditation. Le temps s’installe dans ton corps.
C’est un peu comme quand tu vas sur une tombe dans un cimetière. Ce n’est pas au moment où tu arrives sur la tombe que tu commences à te recueillir. Ca commence petit à petit, quand tu prends la décision d’aller au cimetière, quand tu achètes des fleurs, quand tu passes la porte du cimetière. Tu te laves de tout pour être devant la tombe du bien-aimé, tu rentres progressivement en toi, tu fais de la place. Tu te mets en état de disponibilité. Tu fais silence. Puis, enfin, tu peux entrer en méditation.
A Shaolin, tout se passe assis dans la position du lotus, moi, je ne peux pas à cause de l’état de mes genoux, je me suis assis simplement, sans bouger et sans aucun besoin de bouger. J’étais mort en arrivant là-bas la première fois, cassé de partout, à cause du décalage horaire, à cause de mon rythme de vie. Je n’ai pas vu passer les trois heures qu’a duré cette méditation immobile, j’en suis sorti comme après une très longue nuit de sommeil. Plus reposé que jamais.
Elle avait absorbé tous mes poisons.
Dans la méditation, tu te débarrasses de tout ce qui t’encombre. Tu te mets en état de disponibilité. Là, tu peux enfin t’élever et espérer te distinguer de ta connerie. C’est fascinant ce que tu peux apprendre comme ça. Non, pas apprendre, parce que moi j’apprends pas, mais ressentir, ressentir des choses qui sont en toi… »



Extrait de « Innocent » - Gérard Depardieu – le cherche midi éditeur


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mardi 17 novembre 2020

Des mots essentiels !

 


Et la saloperie des autres est aussi en nous. Et je ne vois pas d'autre solution, vraiment aucune autre solution, que de rester en soi-même, dans son propre centre et de l'extirper de son âme, toute cette pourriture. Je ne crois plus que nous puissions corriger quoi que ce soit dans le monde extérieur, que nous n'ayons d'abord corrigé en nous. Et cela me paraît l'unique leçon de cette guerre : de nous avoir appris à chercher en nous-mêmes et pas ailleurs.

Etty Hillesum
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lundi 16 novembre 2020

Une rencontre inoubliable avec Swami Prajnanpad


Svâmi Prajnânpad (1891 – 1974) est un maître spirituel, l’un des plus grands que je connaisse, en même temps qu’un thérapeute : il a inventé, entre psychanalyse et Vedânta, une voie originale vers la sagesse ou la liberté. Sagesse de l’action, sagesse de la lucidité : sagesse libérée et libératrice. C’est à ce titre qu’il nous importe. « La spiritualité, disait-il, n’est qu’un autre nom pour l’indépendance. » Et rien ne libère, que la vérité. Il ne s’agit pas d’inventer une nouvelle religion. Il s’agit de trouver – entre Orient et Occident – un chemin vers l’essentiel, où nous sommes déjà. C’est sur ce chemin que Prajnânpad nous guide, nous accompagne, nous éclaire. Un philosophe ? Point, mais beaucoup mieux : un sage. La denrée est plus rare et – y compris pour les philosophes – plus utile.
André Comte-Sponville « De l’autre côté du désespoir »


Interview de Colette Roumanoff par Quincy Russell 22 août 2020 / Copyright: Quincy Russell


Le visage de celui/celle qui marche sur la voie de prajñana devrait resplendir de l’éternel épanouissement de la jeunesse! S’il n’en est pas ainsi, tout est inutile.

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samedi 14 novembre 2020

Approche...

 

C'est à l'instant où je mourrai que je serai un peu mieux homme, le plus près de Dieu, j'en suis sûr. 


Texte de Maurice Genevoix

dans "Un jour"



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vendredi 13 novembre 2020

Accueil de feuilles...




Il ne suffit pas de lever les mains.
Ni de les abaisser
ou de dissimuler ces deux gestes
sous les embarras intermédiaires.
Aucun geste n’est suffisant,
même s’il s’immobilise comme un défi.
Reste une seule solution possible:
ouvrir les mains
comme si elles étaient des feuilles.

Roberto Juarroz,
Poésie Verticale

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