dimanche 4 août 2024

La caravane passe, les chiens aboient…

 


La caravane passe, les chiens aboient ou applaudissent. Chacun y trouve son plaisir ou son devoir, le plaisir, le devoir d’aboyer ou celui d’applaudir.

Les grognons, jamais de leurs groins ne produiront une chanson. Les béats, jamais de leur bouche béate ne produiront une critique.

Où sommes-nous ? Qui sommes-nous ?

Dans la caravane ? Tout occupé à notre « performance », nous n’entendons ni les aboiements, ni les sifflets, ni les applaudissements, ou si nous les entendons, ils sont secondaires. L’or de la médaille (heureusement ! où hélas !) brille plus fort que les ordures qui l’environnent.

Parmi les chiens ? Les aboyeurs professionnels, les jamais contents, les hypocrites qui imposent sans jamais les vivre leurs grandes valeurs : ceux pour qui aboyer c’est vivre. Tant qu’on râle on est encore vivant, n’est-ce pas ? 

Parmi les chiens ? Ceux qui glapissent, qui applaudissent, qui se tiennent debout sur leurs « papattes » pour sucer le « susucre » que leur tend le maître ?

Peut-être aussi que ces chiens là trouvent plus de bonheur à rire, à jouir et à chanter qu’à « bien penser ? »

La caravane passe… Elle est passée… Que deviennent les chiens ?

Plus de prétextes aux aboiements, ni aux applaudissements. Que faire ? Attendre ou chercher une nouvelle caravane ?

Ou écouter enfin cette « voix de fin silence » dont nous avons le pressentiment au cœur même de nos exploits et de nos mascarades. Ce silence qui est partout et toujours là, juste avant, juste après, le pathétique de nos aboiements et de nos applaudissements. Le Réel qui est partout et toujours là : dans la caravane qui passe, dans le chien qui grogne, le chameau qui (dé)blatère et dans l’ange qui sourit…

- Jean-Yves Leloup, juillet 2024

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