mercredi 27 août 2014

L'appel de la pleine conscience et la méditation des cailloux avec Thich Nhat Hanh

«Arrête ta pensée, bois ton thé »... Ce conseil résume l’activité du village des Pruniers {24), centre monastique bouddhiste fondé par le moine Thich Nhat Hanh, qui livre ici quelques principes.

«La pleine conscience dont je suis l’initiateur n’est ni une philosophie, ni une religion mais une pratique méditative qui constitue un art de vivre. Le but est de vivre chaque moment qui nous est donné. Si vous êtes attentif à l’instant présent, vous êtes heureux car libre de tout souci passé et de toute peur future. Le contact avec les merveilles de la vie, qui sont là pour vous nourrir, devient plus aisé.
Pour atteindre cet état, la méditation assise et la méditation marchée sont à notre portée. En se concentrant sur sa respiration, tous les deux pas, on revient à l’instant présent. Dans ce même objectif, au sein de notre communauté, nous appliquons d’autres méthodes simples et adaptées à notre époque comme ce que nous appelons la mindfulness bell, la “cloche de pleine conscience”. Lorsque retentit une cloche, une sonnerie dans le monastère ou un téléphone, tout le monde est invité à suspendre son activité pour respirer. En inspirant et en expirant, nous sommes vraiment là et tout devient plus vrai. Une énergie collective, bénéfique pour tous, est ainsi engendrée.

Ce retour peut s’effectuer également en buvant du thé ou son équivalent pour les enfants, de la limonade.

Les plus jeunes, nombreux à la retraite d'été, ont une pratique qui leur est propre : la méditation des cailloux. Son concept est simple : chaque enfant a dans sa poche quatre cailloux qui représentent, l’un une fleur, l’autre une montagne puis l’eau et l’espace. Le jeune met la première pierre dans sa paume qu’il recouvre avec son autre main.

Et il s’exclame à trois reprises : “J’inspire, je me vois comme une fleur. J’expire, je me vois frais et beau comme une fleur.” Le corps humain est une sorte de fleur dont il faut préserver la fraîcheur. Cette action est à répéter avec les cailloux suivants qui symbolisent d’autres conditions du bonheur : la force, la tranquillité et la liberté.

Ces retraites d'été sont essentielles, car pratiquer seul n'a rien d'évident. Aussi, je conseille à ceux qui ont lu un livre ou suivi un enseignement de fonder ensuite une communauté - sangha (en sanskrit). Sans elle, on ne peut pas faire grand-chose, les politiciens ou les psychothérapeutes le savent. La communauté nous protège, nous soutient et nous ressource. Bâtir une petite sangha dans notre ville permet de garder la pratique vivante. C’est aussi une manière de diffuser la pleine conscience à ceux qui ne la connaissent pas et cherchent une voie de guérison. En effet, la souffrance progresse et s’étend dans le monde. 


Nos enseignements prennent en compte ses évolutions afin de permettre à chacun de trouver l’apaisement. C’est ainsi que les nouveaux maux font naître de nouvelles pratiques. Pour les mettre en œuvre, nous proposons à chacun de travailler sur les racines de sa souffrance afin de se frayer un chemin vers la guérison. Dans le bouddhisme, nous parlons de lâcher-prise. Il faut être prêt à abandonner ce que l’on sait pour pouvoir apporter des réponses neuves. Ensuite, rien de plus facile que de transmettre cette nouvelle pratique en parlant “avec le cœur”.