dimanche 20 novembre 2011

Un chemin de vie...pour trouver sa nature.




Source: site sur le deuil de Christophe Fauré

Un endroit tranquille avec Joshin Luce Bachoux

Peut-être l’avez-vous croisé un jour, ce jeune moine bien décidé à trouver un endroit tranquille pour prier et pour méditer ? Sa décision prise, il s’éloigne d’abord de la ville, cette ville si pleine de gens, avec leur tohu-bohu, leurs rires, leurs pleurs ; ces gens qui appellent, qui se parlent, qui s’amusent ; non, la ville, ça ne va pas, il est dérangé sans cesse par toute cette vie autour de lui. Alors, il cherche une grande maison, dans une belle banlieue et, au départ, cela lui semble un bon choix, mais très vite, de nouveau, des gens, et des voitures, et des bruits de construction, et encore du brouhaha. Alors, ce sera la campagne. Malheur ! Il y a des gens, oui, encore, et des tracteurs, des camions, des machines inconnues qui emplissent l’air de leurs bourdonnements et de leurs craquements de l’aube au soir. Il s’enfonce dans la montagne, car il est plein de bonne volonté, ce moine, pour méditer et prier, et bien décidé à chercher aussi longtemps qu’il le faudra...


La montagne est pentue, c’est bien connu, et il souffle quelque peu en arrivant au-dessus des pâturages – parlons-en, des pâturages : plein de bêtes qui meuglent, hennissent, bêlent, enfin blablatent ! Il n’y traîne pas. Il s’installe à l’orée de la forêt, soupire d’aise, ouf, voilà, il peut poser son sac, fermer les yeux, plus personne autour, le calme et... des oiseaux ! Des chants d’oiseaux, des roucoulades, des pépiements, encore du tintamarre !


Mais notre moine sait que le chemin est long et ardu, qu’il s’agit de ne pas se laisser décourager par les obstacles, d’avancer d’un pas, puis encore d’un autre, alors il reprend son sac, ravale quelques soupirs, et s’enfonce dans la forêt. Il marche, il marche, pour laisser enfin derrière lui toute cette agitation, tout ce qu’il considère comme le tumulte de la vie ; il veut un endroit tranquille pour se consacrer à l’essentiel : la prière et la méditation.


Au milieu de la forêt, une clairière : seul un grand arbre s’y dresse, loin de tout. Le jeune moine, aguerri par ses mésaventures, vérifie d’un coup d’œil : ni ruisseau qui chuchote, ni écureuil qui grignote. Épuisé, il s’assoit adossé à l’arbre, et enfin ! Enfin, se laisse envahir par le silence... Mais, à ce moment précis, juste à côté de lui, tombe une feuille. Et notre moine, à bout de nerfs, éclate en sanglots…


Existe-t-il en ce monde un endroit tranquille où rien, absolument rien ne viendrait nous déranger ? Pour prier, pour méditer, nous faut-il systématiquement nous enfoncer loin des hommes, des animaux et de toute vie ? Selon les traditions et les époques, différentes réponses ont été données. Mais il y a un endroit tranquille que toutes ont reconnu : nous-même. 
Si je ne trouve pas d’endroit tranquille à l’extérieur, alors je dois devenir moi-même un endroit tranquille. Il n’y a pas d’autre solution. Devenir un endroit tranquille, c’est déjà prier ou méditer exactement là où je suis, plutôt que chercher sans fin un endroit, un milieu, un moment qui me conviennent. C’est choisir la vie, entière, telle qu’elle est. 


Poser les armes, enlever les masques, arrêter de courir, dire oui de tout cœur, cela peut faire de moi, de chacun de nous « un endroit tranquille ». Il ne le savait pas encore, ce petit moine, mais il allait l’apprendre : être un endroit tranquille, c’est là, sans doute, le premier pas, le pas décisif dans notre méditation, dans notre prière.



Source : La Vie