vendredi 26 décembre 2008

La peur de la nature et la nature de la peur avec François Couplan

N'ayez pas crainte de lire ce texte, il nous rapproche de notre forêt intérieure...

Toutes ces petites peurs qui m'empêchaient de vivre – j'étais très timide par exemple – m'ont paru triviales. Et puis, savoir que je pouvais partir seul dans la nature, m'y débrouiller et m'y nourrir, rester en vie face à la puissance des éléments m'a donné une grande force intérieure. Ainsi ai-je progressivement acquis la confiance en moi dont je manquais cruellement. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'organise ces «survies douces», où j' emmène les gens avec moi, munis du strict minimum, afin de vivre dans la nature. Beaucoup de participants m'avouent que la perception de leur place dans le monde s'en est trouvée transformée.

Parce qu'ils ont eu peur ?

Se retrouver en pleine nature exacerbe l'insécurité, même si l'on sait que rien de bien sérieux ne peut nous arriver dans nos régions. Nous ne pouvons pas mourir de faim en une semaine et les loups (ou plutôt les chiens errants...) ne croquent guère que quelques moutons.... Mais le manque des stimulations du quotidien habituel nous renvoie face à nous-mêmes : plus d'échappatoire possible dans le travail, les journaux, la télévision, la lecture, les jeux vidéo ou Internet. Impossible de ne pas se confronter aux questions essentielles. La peur de la mort n'est pas juste la crainte de disparaître. C'est avant tout une angoisse existentielle, la peur de la vie. Notre questionnement à tous se formule ainsi, souvent de façon inconsciente : « Que fais-je ici, sur cette terre ? Quelle y est ma place ? Que signifie tout ce qui se passe autour de moi ? Je sais que je suis né pour quelque chose, mais je n'ai pas encore trouvé, et je ne veux pas mourir avant d'avoir élucidé ce mystère.» Dans la réponse à cette question réside, nous le pressentons, la clé de l'immortalité. La peur de la mort n'est pas seulement liée au grand saut dans l'inconnu, à la perte de tout ce qui nous est cher, c'est aussi un sentiment d'urgence qui ne nous laisse aucun répit. Voilà pourquoi l'être humain croit au progrès : il se situe constamment un peu au-delà du présent et vise le « mieux ». Regardez tout ce qui tourne aujourd'hui autour du «mieux-vivre». C'est une course paradoxale à l'immortalité, paradoxale, car elle fuit en fait son propre but. Nous ne pouvons devenir immortels que dans le présent qui englobe en même temps le passé et l'avenir. Ce n'est qu'en cessant de chercher que nous trouvons... ce qui a toujours été là. La vie dans la nature, propice à une méditation active, peut se révéler une aide inestimable contre toutes les peurs qui nous hantent.

Dans la nature, il n'y a pas d'échappatoire...

Passer du temps en pleine nature, seul de préférence, oblige à se retrouver face à soi-même et à regarder ses peurs dans les yeux. C'est la première étape, indispensable, pour s'en libérer.
J'irai même plus loin. Je pense que se nourrir de plantes sauvages peut être l'élément clé qui nous permettra de ne plus avoir peur de la nature en nous familiarisant avec elle ! Les plantes sont le meilleur intermédiaire entre la nature et nous. Les récolter, s'en nourrir nous invite à découvrir la nature avec un autre regard. Peu à peu surviennent quelques débuts de réponses à nos questions fondamentales. Et notre vie s'en trouve changée !
Extrait de "La nature nous sauvera" de François Couplan