vendredi 30 juin 2023

Vision illusoire...


Vous devez abandonner votre conception du bonheur. C'est votre propre conception du bonheur qui vous bloque et vous fait souffrir. Votre plus grande difficulté est d'avoir des images du bonheur, avec les peurs qui sont là, et la nécessité de maintenir les deux, car c'est la nécessité de maintenir votre monde. 

Même la guidance : vous vous imaginez que la guidance vous amène vers vos images du bonheur. Mais ce n'est pas le cas. Il n'y a pas de bonheur "là-bas", il n'y a que misère. Vos espoirs pour un futur meilleur, vos images du bonheur, c'est la misère à venir.

~ Sriman Narayana



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jeudi 29 juin 2023

En disponibilité...

 


Les choses arrivent à qui est disponible pour les vivre, les entendre ou les voir. C’est formidable d’être à la disposition de son destin.

Sinon, que se passe-t-il ? Rien.

Se laisser guider par son instinct, suivre des chemins inconnus où tout devient important. Avoir le sentiment d’être de nouveau un enfant. Être curieux du monde et apprendre sans cesse. Tout a du sens quand on est comme cela, en voyage dans sa vie. 

Jacques Higelin

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mercredi 28 juin 2023

Appréciation

 Comment s'apprécier à sa juste valeur ? Déjà prendre conscience que notre corps est une merveille où chaque cellule vit en harmonie avec les autres. Plus je le respecte, moins je suis soumis aux agressions extérieures...



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mardi 27 juin 2023

Le Couple

"Il n'y a pas de meilleur ashram que la relation au conjoint."

Yvan Amar 


«L'expérience m'a montré que nous n'épousons jamais par hasard l'homme ou la femme avec qui nous vivons. Dans mon expérience comme autour de moi, j'ai souvent pu constater que l'homme ou la femme incarnent d'une certaine façon la difficulté, la faille de l'autre. Il n'y a pas de meilleur ashram que la relation au conjoint.

Vivre de plus en plus consciemment nos réactions à l'autre est l'une des grandes occasions de croissance qui nous soit donnée sur le chemin.

On entre en relation dans cette voie comme d'autres entrent en religion, et le fait d'entrer en relation nous oblige à devenir de plus en plus conscient de la façon dont nous vivons cette relation de couple.

Vivre de plus en plus consciemment cette relation nous fait découvrir qui nous sommes, aussi profondément que peut le faire la méditation dans une voie solitaire.»

Yan Amar, Grandir ensemble, chap. IX, la relation consciente.

Photo Francine Baraban - "Mademoiselle Julie" Off d'Avignon 2021 avec Sarah Biasini et Yannis Baraban

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lundi 26 juin 2023

Présentation du jeu de Sabine Dewulf

Voici une personne qui a bien compris la portée et les grandes ressources offertes de ce jeu de connaissance de soi (à partir des lettres de l'alphabet).
Je l'utilise dès que j'en ai besoin et il me répond de façon surprenante... Je vous laisse avec cette présentation.


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Rencontre ailée

Étonnante rencontre alors que je lisais un conte où un être aquatique sortait de l'eau...



"On imagine donc très bien que la libellule symbolise la sagesse de la transformation et de la capacité d’adaptation. Elle est directement associée à la symbolique du changement et de la lumière.

La libellule, merveilleux être du vent, voyage à travers les éléments de l’eau, de la terre et de l’air. L’apparition de cet insecte qui déploie ces ailes majestueuses indique qu’il est temps de sortir de notre chrysalide, d’émerger des eaux de l’immaturité et de révéler notre véritable nature."

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samedi 24 juin 2023

Les fleurs nous écoute

 Le Glossophage de Pallas est une espèce de chauve-souris cubaine qui survole les fleurs. Elles se régalent de leur nectar, qu'elles viennent pomper avec leurs langues à toute vitesse, sans même se poser. 

Certaines fleurs sont capables d'appeler les chauves-souris : les chercheurs ont découvert qu'une fleur de vigne avait adapté la forme de sa feuille de manière à ce qu'elle puisse renvoyer les ultra-sons à l'oreille de la chauve-souris pour indiquer sa présence. Grâce aux appels de la feuille de vigne, la chauve-souris peut en visiter deux fois plus en une nuit et la plante gagne un pollinisateur efficace... Un bel exemple de synergie.

Quelle partie de la fleur lui permet d'écouter ?

Une étude a fait le buzz dans la communauté scientifique récemment : une équipe israélienne a mis au jour un autre système de collaboration. Les chercheurs ont diffusé les bourdonnements d'abeilles mellifères dix centimètres au-dessus d'une centaine d'onagres, une herbacée aux petites fleurs jaunes. Résultat : la production de nectar a explosé et en à peine trois minutes, la concentration en sucre des plantes a augmenté de 20%. Cette technique permet à la fleur d'attirer d'autres insectes pour peu qu'elle en ait entendu un seul, et ainsi disséminer efficacement son pollen.

L’équipe a reproduit l'expérience en enlevant un ou plusieurs pétales : la fleur ne réagissait plus au bourdonnement. Les pétales des fleurs feraient donc office d'oreilles. C'est sûrement pour cette raison que de nombreuses fleurs ont une allure d'antenne parabolique, idéale pour recevoir et amplifier les ondes sonores... même si pour l'instant ce phénomène n'a été identifiée que chez une seule espèce.


S'agit-il vraiment d' "oreilles" ?

N'allons pas trop loin dans l'anthropomorphisme - on parle d'"oreille", mais les plantes n'ont pas d'oreilles comparables à celles des animaux. Elles possèdent plutôt des détecteurs de vibrations qui sont répartis dans toutes les cellules de l'organisme - et même dans les racines, comme on l'a vu avec le maïs. 

La discipline de la phytoacoustique est aujourd'hui en plein essor. Les chercheurs doivent à présent comprendre les processus moléculaires ou mécaniques à l'origine de ces écoutes et traitements du son. Certains scientifiques pensent que les plantes pourraient également être affectées par les bruits que nous émettons. 

En attendant, il y en a une qui n'a pas l'air de s'en plaindre : Desmodiym Gyrans, la plante qui danse.  On a encore du mal à savoir pourquoi mais les sons déclenchent chez elle des mouvements rapides de ses feuilles, et en rythme s'il vous plait. 

source : radio France et les 4 saisons


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vendredi 23 juin 2023

Le sacré doit revenir



"Quand chacun de tes jours
Te sera sacré,
Quand chacune de tes heures
Te sera sacrée,
Quand chacun de tes instants
Te sera sacré,
Quand la terre et toi
L’espace avec toi
Porterez le sacre
Au long de vos jours,
Alors tu seras
Dans le champ de gloire."

Eugène Guillevic 1907-1997
Sphère
estampe: Kawase Hasui 1883-1957

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jeudi 22 juin 2023

Ma Peine



Comme mon ombre
ma peine me suit
cependant nul ne la voit
je ne relaie pas sa parole
ni ne chante sa chanson
moi seul capte sa mélopée en sourdine
elle se cantonne à la place
que je lui ai assignée
dans un recoin de ma personne
un petit coin bien propre et net
dans lequel elle vit, respectée
mais sans empiéter sur le reste du territoire
elle s’en ira quand elle voudra
quand le temps sera venu
je ne la retiendrai
pas plus que je ne la repousse
je ne la regretterai pas
mais me souviendrai d’elle
avec cette sollicitude
que l’on doit à tout ce qui participe de l’humain

Gilles Farcet
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Toutes les réactions :

mardi 20 juin 2023

Le chemin

 Un Chemin pas à pas - Encouragement à une pratique quotidienne

« On ne trouve pas le ciel si on élimine la terre »  K.G.Durckheim

Longtemps, je me suis représenté le Chemin, la Voie spirituelle, comme une ligne linéaire qui monterait régulièrement vers le ciel. Chemin qui m’emmènerait forcément vers le haut, hors de ma « pauvre » condition existentielle.

Idéal rêvé d’un paradis meilleur, toujours ailleurs, toujours pour plus tard …

Maintenant je dirais que, si progression ou progrès sur la Voie il y a, ce chemin gagnerait à être représenté par une descente, afin d’éviter de se bercer d’illusions spirituelles ne concernant qu’une élévation de l’esprit par rapport au corps.

Commencer ce chemin de connaissance par une descente en soi-même, c’est quitter le mental, ses pensées et croyances diverses et variées, pour faire marche arrière, revenir à une conscience prémentale que nous avons connu bébé, et qui est encore là.

Une conscience sensitive qui nous réunifie à la « Grande Vie*».

Descendre, c’est quitter la compréhension intellectuelle, les savoirs, pour redécouvrir un autre point d’appui que la conscience rationnelle, en reprenant contact avec l’énergie, la stabilité, l’espace, la profondeur … qualités propres à ce centre de l’homme appelé « Hara ».

S’appuyer en « Hara », c’est retrouver l’ordre vital du bassin, du bas ventre, siège de forces qui ne dépendent pas de nous et nous portent, nous animent dans un élan de transformation incessant, et cela depuis les premières heures de notre vie.

Descendre, c’est se rencontrer tel que l’on est, c’est assumer et traverser ombres et lumières de notre existence depuis ce centre retrouvé.

Patiemment, activement, quotidiennement, prendre sa place, se mettre en ordre, faire face aux conditions existentielles du moment.

Descendre, c’est réunir, avant d’y mettre des concepts, les mots âme-esprit-corps dans un même geste d’être vivant.

« La découverte du centre terrestre de l’homme, incarné dans l’espace de l’abdomen et du bassin, est d’une importance capitale sur le chemin de la transparence à notre vraie nature. Elle marque le premier pas sur la Voie qui va du moi profane à la Personne*».

Il nous appartient donc, sans renier notre vie existentielle, de nous mettre en chemin, de remettre en cause notre manière d’être, de nous libérer de nos idéaux, de nous débarrasser du trop-plein de la conscience rationnelle en suivant avec persévérance ce chemin d’expérience et d’exercice qu’est le zen. L’entrainement, l’exercice, à cette autre conscience sensitive et vitale, pré-mentale, favorise « la percée de l’Être*».


Cette renaissance, par la reconnaissance de notre lien au vivant, nous soutiendra, nous portera, si nous ôtons, ne serait-ce qu’un instant, le voile de la conscience ordinaire ; si nous apprenons à « nous abandonner à ce qui nous est donné*», à faire passer le vital, processus en éternel devenir, avant le mental, qui fige et fixe tout geste vivant en concept.

Cette renaissance nous mettra sur le chemin de la transformation naturelle qu’est le Zen, aussi surement que le bébé a rampé, s’est assis, mis debout, puis s’est mis en marche …

Quel que soit notre âge, ce processus œuvre toujours en secret en chacun de nous. « L’expérience de l’Etre n’est légitime et ne s’achève qu’en éveillant l’homme à cette transformation perpétuelle … C’est seulement à partir du moment où l’homme aura pu réaliser et accepter la tâche de cette transformation qu’il se trouvera sur ce qu’on appelle le Chemin*».

Le Chemin, c’est être ancré dans l’existence, avoir les pieds sur terre, retrouver Confiance et Sens en chaque instant, chaque pas.

« Bien faire ce pas … maitriser ce pas … maitriser parfaitement ce pas … parfaire la maitrise de ce pas, et … Se reprendre »

Ces quelques mots, entendus maintes fois lors de l’exercice de la marche appelée Kin-hin, donnent le ton de tous les exercices pratiqués sur la Voie du Zen.

Lorsque l’on parle d’exercices, c’est la pratique, l’apprentissage, la reprise journalière d’une technique particulière (Za-zen chaque matin par exemple), qui nous libère de notre conscience ordinaire, nous fait prendre au sérieux une autre manière d’aborder le monde.

L’exercice, c’est aussi la pratique, selon Dogen, des « quatre attitudes nobles » dans nos faits et gestes du quotidien : marcher, être debout, être assis, être allongé, et agir de la manière la plus juste possible, la plus digne de la Personne que nous devenons.


« L’Eveil est un processus vivant continu » nous rappelle maitre Dogen.

Se reprendre, d’instant en instant, dans la forme juste, la tenue juste, le rythme juste …

Se reprendre, afin de laisser s’épanouir un geste plus juste et être touché par ce geste ; non pas un geste juste parce que parfait et contrôlé, comme Moi je le veux.

Juste parce que plus naturel, plus transparent aux lois du tout corps vivant que je suis, plus ouvert à une rencontre sensible, sensorielle, sensitive avec moi-même et ce qui m’entoure.

« La réalité dans laquelle nous vivons est une réalité de la rencontre*».

Se reprendre … Juste un pas … Ce geste … S’ouvrir, s’offrir au renouvellement du vivant. La pleine attention à « ce pas » est l’empreinte de toute personne en chemin.

Personne non pas figée dans une posture de Sage, mais pleinement humaine, qui trébuche, tombe, se relève … Et renouvelle constamment son engagement à « bien faire ce pas ».

La vie quotidienne est le lieu où la pratique de la Voie s’actualise à chaque instant, dans chaque activité. La pleine attention à « ce pas » est le son de la rupture avec notre mécanicité, notre besoin de fixité, notre habitude de tout penser, de tout contrôler.

Rupture avec notre attention fixée sur le Moi, pour s’ouvrir à l’appel de l’Être profond, notre vraie nature.

* expressions ou citations de K.G.Durckheim

Joël PAUL

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lundi 19 juin 2023

Réalité à percevoir

 


Les choses ne sont pas ce qu'elles semblent être. Nous jugeons les situations par la façon dont elles se présentent. Nous regardons quelqu'un et nous pensons que c'est ainsi qu'il est. Nous répondons à nos conditionnements. Nous avons subi un lavage de cerveau depuis notre enfance pour croire que les choses devraient être d'une certaine manière. Mais les choses ne sont pas censées être de cette manière. Les choses "sont", tout simplement. Elles n'ont aucune substance, elles n'ont aucune réalité. Lorsque vous réagissez aux conditions, vous gaspillez votre énergie, alors que vous pourriez utiliser cette énergie pour découvrir votre Soi, pour découvrir votre propre réalité. 

~ Robert Adams

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dimanche 18 juin 2023

OUI

 


Il n'y a rien à trouver dans cette vie que le "Oui" 

qui définitivement l'enflamme. 

Christian Bobin


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samedi 17 juin 2023

Temps qui trépasse...

Le temps s'accélère et se contracte. Le nombre de mails, de sms, de contacts... de disruptions font de nous des êtres branchés. Les pauses sont là pour rattraper le temps perdu. La durée du sommeil diminue.

Quand respirons-nous avec notre esprit et notre corps ? L'esclavage devient temporel... Réapprendre à goûter et ressentir le temps est urgent ! Réapprendre le lien avec soi et avec l'autre !


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vendredi 16 juin 2023

Mastiquer c'est la santé

Mastiquer rend intelligent


Tout aliment de qualité est porteur de vie, de plaisir. Notre estomac n’est pas une poubelle, mais un sanctuaire : entre l’œsophage et l’anus, nous avons cent millions de neurones aussi intelligents que ceux de la tête et producteurs de vingt neuromessagers, les mêmes que ceux du cerveau.*

Chez les Chinois, le ventre est notre premier cerveau, le second est dans la tête. Il y a beaucoup de vrai dans leur perception du corps. Comparez l’image d’un cerveau et celle d’un intestin : il y a de fortes ressemblances. Toutes les parois de notre tube digestif, de haut en bas, sont pourvues de neurones. Les chercheurs le savaient bien depuis deux cents ans ou plus, mais il était irrecevable d’accepter que nous puissions avoir des trucs intelligents au-dessous de la ceinture !

Les aliments qui régalent nos papilles régalent aussi notre cerveau. Les laboratoires s’en sont aperçus depuis longtemps puisque certains médicaments censés faire du bien au cerveau soignent l’estomac et vice versa. Notre estomac et notre intestin ont droit à autant d’égards et de respect que notre cerveau. Soyez conscient que tout ce qui entre par votre bouche va entrer en contact direct avec vos neurones, les toucher tout de suite ; ces mêmes neurones que ceux qui commandent votre tête. Voilà pourquoi les plaisirs liés aux aliments, mais aussi les troubles, sont si rapides. Lorsque vous consommez du chocolat, la théobromine agit comme calmant sur vos neurones. Une coupe de champagne à jeun perturbe immédiatement vos neurones, qui vous envoient alors des commandes erronées et vous font marcher de travers. En effet, il est physiologiquement impossible que l’alcool passe à une telle vitesse à travers le sang jusqu’au cerveau. Ce sont bien les neurones de l’estomac qui agissent sur notre comportement. Ce qui nous explique pourquoi boire de l’huile ou manger des cacahuètes, avant de boire un verre d’alcool à jeun, en retarde les effets.

C’est aussi grâce aux plaisirs de la bouche que nous pouvons fabriquer non seulement des endorphines (excellentes pour supporter les moments difficiles de la vie), mais aussi des images visuelles, sonores, olfactives, gustatives et même tactiles, capables de réapparaître pour notre plus grand bonheur. Tout le monde connaît l’histoire de la fameuse madeleine de Marcel Proust !

Une mastication lente renforce l’empreinte des mets dans notre imaginaire, organisant ainsi une réserve de souvenirs prêts à ressurgir à tout moment — d’où l’intérêt de préparer des mets appétissants, sur une jolie table, de les partager avec des personnes aimées. Voilà pourquoi il vaut mieux manger parfois mal avec volupté que bien tristement ! ...


... Écraser grossièrement, laisser la salive imprégner, masser les glandes salivaires, écraser encore, insaliver...

La petite quantité d’aliments est dans votre bouche. Vous l’écrasez trois ou quatre fois, puis vous laissez la salive descendre et humecter complètement les aliments. Si la salive ne vient pas en abondance, vous pouvez vous faire un auto-massage des glandes salivaires dans le creux des os, à la hauteur du bas du lobe de l’oreille, sous la jonction des deux maxillaires. Faites un essai en dehors des repas : la salive doit s’écouler très rapidement. Lorsque les aliments sont bien humectés, vous les broyez encore quelques fois. Si vous êtes en train de manger du pain, des céréales, des pâtes, vous devez sentir que ces aliments se liquéfient complètement et deviennent plus sucrés. Vous pouvez alors les avaler.

Tout cela peut vous paraître fastidieux, mais vous prendrez vite l’habitude. Ne faites surtout pas descendre ce qui est dans votre bouche à l’aide d’eau ou d’une quelconque boisson. Cette méthode qui consiste à laisser la salive faire son travail de dégradation des amidons, est beaucoup plus agréable que de devoir écraser les aliments cinquante fois. Il vous faudra peut-être beaucoup de temps avant d'être capable de mastiquer correctement tous votre repas. Ne vous découragez pas. Depuis votre naissance peut-être, vous avez toujours avalé. Accordez-vous une bonne année avant d'y arriver.

* “Notre ventre est un cerveau”, dossier de la revue Ça m'intéresse, août 2001.
Extrait de "Mastiquer, c'est la santé" de France Guillain (Ed. Jouvence)
 

jeudi 15 juin 2023

L'envol en vers

 




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extrait de L'envol de Christine Billard et Jacqueline Ricard (Ed. L'Atelier des Noyers).

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mercredi 14 juin 2023

conseils taoïstes pour une vie épanouissante

Les vertus taoïstes pour une vie épanouissante


Le taoïsme met l'accent sur le développement de certaines vertus, qui sont considérées comme essentielles pour une vie épanouissante. Voici quelques-unes des vertus taoïstes à cultiver pour améliorer 
votre bien-être émotionnel et spirituel :

  1. La simplicité : Apprenez à vivre de manière simple et authentique, en évitant les complications inutiles et les désirs excessifs.
  2. La compassion : Développez votre empathie et votre bienveillance envers vous-même et les autres, en reconnaissant que tous les êtres vivants partagent une nature commune et sont interconnectés.
  3. La modestie : Cultivez l'humilité et le respect pour les autres, en évitant l'arrogance et l'attachement excessif à votre ego.
  4. La flexibilité : Apprenez à vous adapter aux changements et aux situations imprévues, en cultivant une attitude souple et résiliente face aux défis de la vie.

La communication taoïste : parler avec justesse et écouter avec attention

La communication est un aspect fondamental de nos relations avec les autres. Le taoïsme nous enseigne à communiquer de manière authentique et respectueuse. Voici quelques conseils pour améliorer votre communication en suivant les principes taoïstes :

Parlez avec sincérité : Exprimez-vous de manière claire et honnête, sans chercher à manipuler ou à tromper les autres. 

Écoutez attentivement : Prêtez une attention sincère aux paroles des autres, en mettant de côté vos jugements et vospréoccupations personnelles.

Cultivez le silence : Apprenez à apprécier le silence et à l'utiliser comme un outil pour favoriser une communication profonde et réfléchie.

-------- source: Fabrice Jordan

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mardi 13 juin 2023

Continuum


" En réalité le monde est créé à chaque instant. 

C'est juste le souvenir qui nous donne la fausse impression de continuité."

Jean Klein

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lundi 12 juin 2023

Urgence humaine


 Nous avons une facilité étrange de penser par groupes : telle classe, telle profession, telle race, tel peuple. Qu'il y ait sous ces étiquettes des êtres vivants dont chacun a une destinée personnelle, nous n'éprouvons aucun scrupule à l'ignorer. 

Et nous portons, avec une assurance dogmatique, sur des millions d'hommes, dont nous ignorons le langage, les œuvres et la vie, dont nous ne connaissons intimement aucun, des jugements définitifs, qui les obligent éternellement à être ce que, pour la commodité de notre système ou la vanité de notre information, nous avons déclaré qu'ils devaient être.

Comme il est urgent de défaire en notre esprit ces unités factices, et de discerner, dans le groupe, les personnes : chaque personne, avec son devoir merveilleux et son droit imprescriptible de vivre humainement !

L'humanité est en péril de mort, parce que tous les problèmes - pédagogiques, économiques, sociaux, politiques sont posés dans l'abstrait, en l'ignorance systématique de la question qui les éclairerait tous :

Qu'est-ce que l'homme ?

Que voulons-nous sauver, en définitive ? Quelle est la valeur, commune à tous les hommes, dont nous sentons obscurément que toutes les autres dépendent, sinon la vie?

La vie, en sa dignité spirituelle, en ce mystérieux dedans qui en fait tout le prix.

Ce petit enfant qui est tout innocence et tout spontanéité, ce petit enfant dont le sourire vous illumine et vous purifie, pouvez-vous concevoir qu'il devienne, dans trente ou quarante ans, cet être alourdi, amer et charnel, automatique et anonyme, que tant d'entre nous sont devenus ?

Maurice Zundel

L’Evangile Intérieur - 1936 (extrait)

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dimanche 11 juin 2023

Esquisse vivante

 


Il n'existe aucun moyen de vérifier quelle décision est la bonne car il n'existe aucune comparaison. Tout est vécu tout de suite pour la première fois et sans préparation. Comme si un acteur entrait en scène sans avoir jamais répété.

Mais que peut valoir la vie, si la première répétition de la vie est la vie même?

C'est ce qui fait que la vie ressemble toujours à une esquisse.

Mais même "esquisse" n'est pas le mot juste, car une esquisse est toujours l'ébauche de quelque chose, la préparation d'un tableau, tandis que l'esquisse qu'est notre vie est une esquisse de rien, une ébauche sans tableau.

Milan Kundera (L'insoutenable légèreté de l'être)

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vendredi 9 juin 2023

Goûter la saveur de chaque instant

 Mes chers amis,


Lors de la méditation dans notre jardin à Saint Maxire, nous avons essayé de goûter la saveur de chaque instant. 

Nous avons commencé par  goûter avec nos papilles gustatives de la moutarde, du chocolat puis de l'eau. Cela nous a mis dans le concret et vous pouvez préparer les ingrédients si vous voulez faire la méditation.

Nous avons ensuite essayé de goûter chaque instant. Chaque instant a sa propre saveur, une saveur insaisissable, toujours changeante, unique, jamais semblable à un autre instant.

Ce n'est bien sûr pas sucré, salé ou amer, quoique ne dit-on pas que l'amour est comme du miel et que la colère est un peu amère...

Le fait de goûter l'instant est un moyen d'être présent à ce qui est là, d'y être vraiment attentif, de réaliser que chaque événement nous fait quelque chose et c'est ce que l'événement nous fait qui lui donne sa saveur. Un événement semblable pouvant avoir une saveur très différente suivant l'état émotionnel, l'état mental, dans lequel nous sommes.

Il y a bien sûr des saveurs que nous préférons à d'autres.

Pouvons-nous goûter la saveur de l'instant du plaisir gustatif, du plaisir sexuel, de la possession, de la fin du plaisir, de la perte, de la souffrance, du compliment, du blâme, du jugement, de l'amour et du désamour

Tous ces instant ont un goût et une saveur particulière, osons les visiter, les explorer avant d'y réagir.

Je vous souhaite à tous une belle journée pleine de saveurs que je vous invite à découvrir, ainsi vous apprendrez peut-être à mieux les apprécier.

Philippe Fabri

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Emotion et "Possession"

 EMOTION ET « POSSESSION » (extrait du "carnet")

« L’émotion n’est jamais justifiée »  - Swami Prajnanpad

NB : le terme « émotion » est ici employé selon le sens spécifique que lui donne Swami Prajnanpad qui distingue l’émotion du sentiment. 


La puissance de l’émotion …

Ce fait, ce simple fait, évident, et cependant rarement vu, à la portée si peu mesurée : l’émotion, quand elle prend possession de nous, est si impérieuse, si dictatoriale …

A la vérité, sa force de persuasion est immense, donc d’autant plus redoutable. 

Il n’est pas exagéré dès lors qu’on prend toute la mesure de ce phénomène si banal, de parler de « possession » car c’est exactement de cela dont il s’agit. 

Dans le cas bien entendu de  « l’émotion » au sens très précis et spécifique que donne Swami Prajnanpad à ce terme. 

Dès l’instant, donc, où une émotion, quelle qu’elle soit, de quelque nature qu’elle soit, sur quelque sujet et thème qu’elle porte, quel que soit son ou ses déclencheurs « à l’extérieur » -  c’est à dire dans le courant des « conditions et circonstances » de l’existence- , dès l’instant, donc, où l’émotion survient en moi, en ma personne, je suis littéralement « possédé ». Un démon prend possession de moi, de mes facultés. 

Mon intelligence, mon cœur et jusqu’à mon corps physique sont « pris », réquisitionnés pour ainsi dire, mobilisés au service d’une force aveugle et mensongère qui m’ordonne de réagir : intérieurement, en entretenant des pensées inutiles et fausses, même si basées sur des fragments de « vrai » , extérieurement,  extérieurement en posant des pseudo actions que je ne pourrai que regretter ensuite, ; avec les conséquences desquelles, en tout cas, je ne serai pas en paix. 

Tout cela étant, il n’est donc pas excessif de parler de « possession », de puissance « démoniaque ». 

Il ne s’agit pas du tout de diaboliser l’émotion, de se juger en tant que sujet susceptible d’être possédé par elle, d’entretenir l’idée fausse (elle même relevant de l’émotion) que ce serait « mal » d’être pris par ce phénomène psycho- physique … Au final, le diable lui même n’a pas à être diabolisé ! Il fait son job et le fait très bien, voilà tout. 

Et quelle puissance, quelle emprise … dont l’immense majorité des humains n’est tout bonnement pas consciente  ! 

C’est bien là la force du diable :  il est le « prince de ce monde » mais presque personne ne le sait, ne prend la mesure de son règne … "Ne nous induis pas en  tentation"  … 

Si ce que j’écris s’applique à un être humain sérieusement investi sur ce que nous appelons la voie, enraciné dans une  pratique solide et soutenue, qu’en est il, d’abord de toutes celles et ceux qui se veulent « sur la voie » mais dont la pratique est encore faible, peu solide, occasionnelle et partielle ?  Et ensuite de l’immense masse des humains qui n’ont même pas idée de la nature et du rôle de "l’émotion"  ? 

Voilà bien l’un des secrets les mieux gardés au monde…  L’une des dimensions les plus « ésotériques » de ce que nous appelons la voie, et qui cependant est là, exposée à la vue de tous. Un « secret » si flagrant, si « public », qui saute tellement aux yeux … qu’on ne le voit pas !  Et donc qu’on n’en tient pas compte, ou si peu …

Si ce n’est pas de la « diablerie » ….

Eh oui, la vérité, si simple et effrayante, c’est que quasiment tout le monde vit, existe, fonctionne, travaille, aime, « décide »…  en proie à l’émotion, autrement dit sous l’emprise d’une force à la fois immense et insoupçonnée. 

Papa et maman sont dans l’émotion, mes petits camarades sont dans l’émotion, mon chef est dans l’émotion, mes subordonnés sont dans l’émotion, mon conjoint, ma conjointe est dans l’émotion, mes enfants sont dans l’émotion, mes frères et sœurs sont dans l’émotion, mon député est dans l’émotion, mon président et mon premier ministre sont dans l’émotion, le tyran psychotique qui joue avec le bouton nucléaire est dans l’émotion, le curé est dans l’émotion, l’imam aussi, et le rabbin et le swami hindou plein de zèle et le moine bouddhiste gonflé au calme … Même le néo védantin qui serine à longueur de journée qu’ « il n’y a personne » est dans l’émotion. 

L’Histoire (la « grande ») comme mon histoire (ma « petite » histoire) est pour l’essentiel une succession d’émotions et donc de réactions, bien entendu justifiées, argumentées jusqu’à plus soif … « Un conte plein de bruit et de fureur, raconté par un idiot et qui n’a aucun sens », comme l’a si bien et une fois pour toutes dit l’ami William (Shakespeare). 

Vue depuis le point « neutre » , il n’y a pas de « petite » et de « grosse » émotion.  Tout au plus des degrés. 

Oui, le malheureux ou la malheureuse qui cèdent à la  violence, le tyran persécuteur, le criminel endurci,  sont possédés par une « émotion » a priori plus « grosse » et aux conséquences plus dommageables que celle qui m’étreint quand j’en veux bien banalement à mon conjoint, à mon ami, à mon voisin et nourris quelques pensées négatives à leur égard … Oui.

Et l’émotion est l’émotion. 

Sachant que comme le dit si bien le proverbe, les petits ruisseaux font les grandes rivières. Au fond du bourreau, du tyran, du criminel, du « méchant », il y a, au départ, des émotions toutes ordinaires, certes récurrentes,  ressenties jusqu’au traumatisme irréparable à l’échelle d’une existence. 

 Chaque fois que je collabore avec l’émotion prenant possession de ma personne - étant entendu que, pendant longtemps, je n’ai pas le choix et c’est bien là un aspect de la tragédie - «Life, what a tragedy ! - Swami Prajnanpad »- je participe activement, que je le « veuille » ou non à la maladie de l’ensemble. 

Chaque fois que, me réveillant - mais par quelle grâce ? De par quel travail ayant cristallisé en moi ?- je cesse de collaborer, je participe à la guérison. 

Oui, il est possible, peu à peu, par une pratique soutenue, rigoureuse, bienveillante et fervente , d'émerger de la toute puissance de l'émotion, autrement dit de "mon" monde. Là réside l'authentique "sagesse", la réelle "liberté", l'"éveil" digne de ce nom - autre chose qu'une expérience, fût elle bouleversante. 

Et, voyons le en face  : l’immense majorité d’entre nous, y compris gagné aux "idées" spirituelles,  aime, mange, prie (allusion à un beau titre d’un joli film) possédé par l’émotion …

Gilles Farcet

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jeudi 8 juin 2023

Le trésor de la vie


Ne vous laissez pas leurrer par des techniques ! Il n'y a pas de techniques de démontage de l'ego. Il n'y a pas de techniques pour faire de Dieu la victime de votre avidité. Il n'y a pas de techniques pour s'emparer du réel. Il y a la possibilité d'une vie de rigueur, de discipline, de conscience. Mais n'attendez pas de quelque technique qu'elle fasse de vous des êtres conscients.

Peut-être y a-t-il des différences à constater entre les disciplines de conscience. Mais si nous restons dans le rêve et le sommeil, nous serons continuellement les victimes de nos mécanismes, de nos automatismes, et opposer à cela la mentalité moderne de la technique efficace serait une autre façon de perpétuer le rêve. 

Depuis toujours, il y a la même base à toute discipline. Si la finalité de l'existence c'est aimer, avant que de pouvoir aimer il faut être conscient, et ne peut être conscient que celui qui s'oblige à la conscience

De la même façon que le rêve, le sommeil semble être devenu notre nature, il faut s'obliger de telle façon que la conscience soit notre nature. Personne ne peut nous rendre conscients, aucun événement, aucune situation en particulier. Pourquoi ? Parce que tout veut nous rendre conscients, parce que tout aspire à la conscience, ce qui vit aspire à la conscience. C'est pourquoi ce n'est ni un événement ni une situation en particulier que l'on doit favoriser ou privilégier : tout est conscience.

Tout est conscience, tout aspire à sa propre reconnaissance. Et nous faisons partie de ce mouvement-là : tout doit être occasion de travail, tout doit être occasion de conscience pour  nous.

C'est le manque de conscience qui engendre la souffrance, qui engendre la destruction. Parce que c'est dans le manque de conscience qu'il y a l'irrespect de ce qui est, le manque de souci, de soin de ce qui est.

C'est pourquoi celui qui vit dans la conscience, on doit voir dans sa vie, dans ses actes, dans ses relations le souci constant du bien. Aujourd'hui plus que jamais des êtres conscients sont nécessaires, je ne donnerai aucune technique, je ne peux que rappeler l'obligation de conscience.

La vie est très courte, vous ne savez pas ce qu'il y avait avant votre naissance, vous ne savez pas ce qu'il y aura après votre mort. Ce que vous pouvez savoir aujourd'hui, vous le savez par le biais de l'existence, de ce qui n'était pas avant votre naissance et de ce qui ne sera plus après votre mort. Ce que vous savez aujourd'hui, vous le savez au travers de votre corps. Alors qui peut dire ce qu'il y a quand il n'y a plus de corps ? Mais au moment de partir, quand vous serez devant la dernière porte à laquelle nul ne peut échapper, c'est la vie tout entière qui vous posera une question : « Comment as-tu aimé ? » Vous saurez à ce moment-là ce que vaut votre existence. Vous saurez à ce moment-là si vous avez vécu. Vous saurez si vous appartenez au club des AA, les Amoureux Anonymes.

Seule une ouverture dans la conscience peut nous faire accéder à une qualité désintéressée de vie où nous n'aurons pas le souci de ce que nous allons récolter de notre vie après la mort.

Vous connaissez la fable du laboureur et ses enfants : il y a un trésor dans le champ, et on laboure, on laboure, et le trésor c'est le labourage. De la même façon il y a des gourous, des maîtres, des saints qui vous parlent d'un trésor, et vous labourez, vous labourez, vous labourez avec des tas de techniques, mais le trésor est dans le labourage.

Dans le zen, maître Dogen dit : « La pratique est l'éveil, et l'éveil est la pratique. » Et en français découvrir un trésor se dit « inventer un trésor ». Alors si vous voulez trouver le trésor de la vie, inventez la vie. Seule une conscience libre de l'ego et libre de l'intérêt personnel peut inventer sa vie.

Yvan Amar - Tisser le lien

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mardi 6 juin 2023

Entretien avec Hubert Reeves par Gilles Farcet


Poétique de l’astrophysique - 

(je continue à poster de précieux entretiens, parfois très anciens dans le temps comme celui-ci - voir la photo  !)

 Si Hubert Reeves ressemble aux astronomes barbus des bandes dessinées, son discours n’a rien de caricatural : ses propos séduisent par leur prudence, leur mesure et leur rare éloquence. A l’heure où science et conscience aspirent à se réconcilier, la démarche d’Hubert Reeves s’impose d’elle-même.


Gilles Farcet : Comme probablement la plupart de vos lecteurs, je ne possède que peu de connaissances scientifiques, et pourtant vos livres me fascinent. Leur succès ne proviendrait-il pas, entre autres, de notre désir de renouer avec le monde ?

Hubert Reeves : Oui, absolument. Il y a chez les êtres humains un besoin d’unité, un besoin d’appartenance qui est à l’origine de toutes les religions. Dans toutes les civilisations, on constate l’existence d’un certain système religieux. On pourrait, je crois, définir l’homme comme un « animal religieux ». Au XIXème siècle, un certain discours scientifique, le discours positiviste, a prétendu que les phénomènes religieux étaient des phénomènes d’infantilisme. Vous connaissez la fameuse pyramide d’Auguste Comte qui distingue l’âge de la religion (l’enfance), l’âge de la philosophie (l’adolescence) et l’âge adulte qui est celui de la science. Il fallait donc, comme on sort de l’enfance, sortir de l’optique religieuse, relationnelle, pour s’en tenir à une connaissance purement factuelle et nier ce que l’on appelait autrefois « l’ancienne alliance ». Cela n’a pas marché. Il est évident que la religion n’est pas morte. Il suffit pour s’en convaincre d’observer le renouveau religieux partout dans le monde ; renouveau qui se manifeste par les sectes, l’ésotérisme, le retour à l’Orient… Cette réaction vient, je crois, du fait que l’être humain avait l’impression que la science ne lui parlait plus de lui et de l’univers, sinon d’une manière tout à fait impersonnelle. Or, ce que la science moderne redécouvre et que j’ai essayé d’exprimer dans mes livres, c’est qu’elle nous parle aussi de nous : elle nous raconte notre histoire. La réalité, que l’on croyait éternelle, est en fait en changement et le scientifique se retrouve donc historien. C’est ce qui est arrivé aux biologistes qui ont découvert l’évolution : le chercheur s’aperçoit que c’est sa propre histoire qu’il est en train de découvrir. Il existe donc un discours scientifique qui redonne à l’homme sa place dans l’univers. On pourrait appeler cela une nouvelle astrologie : l’astronomie relie à nouveau l’homme aux étoiles, non pas en lui disant qu’elles déterminent sa vie mais en lui montrant que c’est à cause d’elles qu’il est apparu. L’homme descend des étoiles. C’est en ce sens que la science nous parle de nous. Je crois que c’est en partie cela qui a fait le succès non seulement de mes livres mais de beaucoup d’autres ouvrages, comme ceux de Carl Sagan. Je pense – c’est en tout cas ce que me disent mes lecteurs – que ce succès provient également du fait que je m’efforce de ne pas dissocier deux visions différentes de la réalité, la vision poétique et la vision scientifique. J’ai voulu montrer que ces deux regards ne sont pas incompatibles mais au contraire s’associent et qu’il est même très agréable de les associer ; on peut être rêveur, contemplatif, et ce sont là des dimensions importantes de l’être humain, tout en demeurant critique et scientifique, ce qui n’est pas moins important. L’intelligence y trouve son compte, mais aussi la sensibilité. Enfin, les gens me disent souvent qu’en lisant mes livres, ils se sentent intelligents, capables d’accéder à des domaines qu’ils pensaient ne jamais pouvoir aborder. Et cela fait en même temps le procès de l’éducation : il est curieux que l’éducation ait pour résultat que la grande majorité des gens ne se sentent pas intelligents… Un grand nombre de gens se jugent incapables de comprendre la physique et la chimie, après des années et des années passées au collège. Il y avait là un manque, et brusquement , ces mêmes personnes redécouvrent leurs capacités intellectuelles.

Gilles Farcet : Je voudrais revenir sur l’aspect poétique de vos livres. Certaines des expressions scientifiques que vous employez sont en effet très poétiques : vous parlez de « grand ailleurs », de « hasard bridé », de la « transparence de l’univers »… Le charme de vos livres n’opère-t-il pas particulièrement lorsque le lecteur non initié, comme moi, cesse de comprendre sur le plan du signifié et se laisse mettre en orbite par les mots, porter par le signifiant ?

Hubert Reeves : Je ne serais pas tout à fait d’accord avec vous pour dire qu’il ne comprend plus, car il y a une compréhension qui vient de l’image des mots elle-même. Si la poésie est inutile sur le plan analytique, elle se révèle par contre extrêmement utile sur le plan synthétique ; le choc des images peut être très efficace pour donner une image d’ensemble d’une réalité, même scientifique. Par exemple, j’ai longtemps cherché le titre de Patience dans l’azur. Je trouvais des choses comme L’évolution cosmique, L’histoire de l’univers… Et je me disait : « Non, ça ne rend pas tout ce qui est contenu dans un tel sujet ». Il fallait un titre synthétique, contenant de multiples résonances ; je voulais quelque chose qui parle du temps, du ciel, qui décrive une sorte de gestation, de croissance, etc. Et lorsque je me suis souvenu de ces vers de Valéry, ils m’ont paru beaucoup plus efficaces pour une compréhension d’ensemble que n’importe quel autre titre.

Gilles Farcet : Dans vos livres, vous montrez que la science frôle souvent les limites du langage et de la logique. Longtemps déifiée, la science apparaît alors dans sa fragilité…

Hubert Reeves : Oui, la science n’épuise pas la réalité ; elle n’est qu’un regard sur la réalité, lequel se situe à l’intérieur de certaines limites qu’il ne peut, par définition, dépasser. De nombreux scientifiques pensent encore qu’un jour la science expliquera tout. Cependant, même si vous arrivez à comprendre ce qui se passe dans votre tête en termes de réactions chimiques lorsque vous écoutez les quatuors de Beethoven, vous n’en avez pas pour autant expliqué le phénomène.

Gilles Farcet : Ne craignez-vous pas de voir votre livre accommodé à toutes les sauces ? Des gens pourraient utiliser certains de vos propos, se prévaloir de la caution scientifique de vos livres pour tenter de justifier les théories les plus fumeuses…

Hubert Reeves : Je prends les gens pour des grandes personnes et je n’essaie pas de les ménager. Le mieux que je puisse faire, c’est de leur dire les choses telles que je les vois. Ils en feront ce qu’ils voudront. En fait, Patience dans l’azur a été utilisé par des gens totalement différents. Les lecteurs ont tendance à trouver dans un livre ce qu’ils désirent y lire. Un jour, j’ai reçu une critique d’un groupe maoïste : ils trouvaient le livre fabuleux, y voyaient presque l’ouvrage qui fondait l’idéologie communiste et ils ajoutaient : « le seul tort de l’auteur, c’est de ne pas avoir cité Lénine » ! Évidemment, je reçois des lettres de quantité de curés, d’hindous, qui me disent que « cela prouve le christianisme » ou que « cela prouve le shivaïsme », etc. Tout cela m’est égal. Mais il y a par contre des choses que je refuse. Par exemple, il existe une ligue pour la défense de l’athéisme, du genre de celles qui fleurissaient au XIXème siècle. Ils se baladent en brandissant de grandes pancartes et organisent des expositions à la gloire de l’athéisme. Ils m’ont demandé la permission de citer des pages entières de Patience dans l’azur qu’ils considéraient comme un excellent plaidoyer en faveur de l’athéisme ! Je leur ai dit : « Non, je ne suis pas d’accord, car vous voudriez utiliser mon livre à des fins idéologiques et bien que je ne sois personnellement pas croyant, au sens traditionnel du terme, je respecte les croyances des autres et n’ai aucune raison de m’inscrire dans un tel courant, si virulent, si passionnel. »

Gilles Farcet : A propos de religion, Fritjof Capra a écrit Le Tao de la physique, un best-seller où il établit des parallèles entre certaines écritures orientales et les découvertes de la science contemporaine. Vous-même citez à plusieurs reprises quelques textes bouddhistes ou hindouistes. Croyez-vous comme Capra et certains de vos collègues que la science redécouvre actuellement des données autrefois perçues intuitivement et exprimées par les auteurs des Upanishads ou du Tao Tö King ?

Hubert Reeves : Sur ce point, je suis assez méfiant. Je prends beaucoup de distance par rapport à Capra ou à d’autres physiciens qui se situent dans ce courant, car je vois là une confusion dangereuse. A chacun sa religion, mais il me paraît excessif de considérer tout cela fondé sur la science. Pour moi, Les Upanishads, comme les traités de zen ou la Bible, ne sont pas des livres de science mais des ouvrages de sagesse. Ils n’ont pas été composés pour nous apprendre comment les choses se sont passées mais pour nous aider à vivre. Contrairement à ce qu’affirme la Bible, nous savons que le monde n’est pas né en sept jours ; mais cela n’a pas grande importance et les valeurs du christianisme ne s’en trouvent pas diminuées. L’erreur consiste à prendre ces textes pour des traités scientifiques. Capra a perçu avec raison l’existence d’une certaine sensibilité commune à la physique moderne et à la pensée orientale. Il n’est d’ailleurs pas le premier à le faire : Heisenberg, Niels Bohr, Oppenheimer ont remarqué cela avant lui. Mais Capra s’aventure plus loin en optant pour la sagesse orientale contre le cartésianisme occidental. Or, chaque civilisation me paraît avoir apporté des choses valables et aucune ne détient le monopole de la vérité ou de la sensibilité adapté à la réalité. Certains aspects de la physique sont effectivement proches de la vision orientale. D’autres, par contre, sont tout à fait occidentaux et rejoignent la pensée cartésienne ainsi que la pensée platonicienne qui demeurent très importantes pour ce que nous appelons la physique à notre échelle. J’éprouve donc une certaine sympathie à l’égard de ces points de vue, mais je trouve que Capra va trop loin et préfère m’en tenir aux propos de Heisenberg, Bohr ou Oppenheimer.

Gilles Farcet : Contrairement à Jacques Monod, vous attribuez à la nature un certain dessein, une certaine intelligence, tout en prenant soin de préciser que nous entrons là dans le domaine de l’interprétation, laquelle varie suivant le tempérament, la sensibilité…

Hubert Reeves : Tout le monde se pose effectivement cette question de l’intention dans la nature, mais les réponses apportées ne peuvent être que personnelles dans la mesure où deux personnes confrontées aux mêmes faits parviendront à des conclusions totalement différentes. Si vous possédez une sensibilité de type lyrique, poétique, mystique ou religieuse, vous serez porté à lire derrière tout cela une certaine intention et vous aurez raison de le faire : il s’agit de votre interprétation, en accord avec votre sensibilité. Mais cela ne vous autorise pas à ériger un bûcher afin de brûler votre collègue qui ne pense pas comme vous, car se serait retomber dans ce vieux dualisme du « vrai » et du « faux »… Cette notion de la « Vérité » constitue un défaut largement occidental et fait bien rire les Orientaux, surtout les adeptes du zen pour lesquels il s’agit d’une illusion. L’Église y est d’ailleurs pour beaucoup car la tradition scolastique a entretenu ce dualisme du « vrai » et du « faux » et les scientifiques n'ont fait qu’adopter cet héritage. Aujourd’hui, il arrive que des savants prennent en quelque sorte la place des scolastiques et jettent l’anathème sur tel ou tel… N’oublions pas que l’interprétation reste toujours personnelle.

Gilles Farcet : A la fin de Poussières d’étoiles, vous écrivez que le subjectif est bien plus important que l’objectif. Croyez-vous que l’intuition joue un grand rôle dans la carrière d’un physicien ?

Hubert Reeves : Absolument. Dans la recherche scientifique, l’intuition est fondamentale. La science se fait surtout avec des « flashes ». A un moment donné, on a une intuition, on comprend quelque chose. Après coup, on essaie de vérifier son intuition. C’est là qu’interviennent les tests, le laboratoire, mais on procède rarement de manière déductive. Au contraire, face à un problème, on se trouve complètement coincé, sans la moindre idée de la réponse et on essaie n’importe quoi. C’est exactement l’art d’Einstein qui s’y entendait à merveille pour mettre en question les choses à première vue les plus fondées, les plus logiques. Il faut beaucoup tâtonner, viser à l’aveuglette… L’intuition me paraît essentielle pour le progrès de la science, mais il ne suffit évidemment pas d’avoir des idées. Encore faut-il les soumettre aux tests…


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