vendredi 1 février 2013

"Un jour, j'ai renoncé à la volonté" ave Michael Lonsdale


Gérard Miller a interviewé Michael Lonsdale en 2007, au moment où il était à l’affiche du film de Nicolas Klotz, la Question humaine. 
... Extrait...

Vous auriez pu jouer Timide, que vous avez été pendant longtemps…
C’est vrai, mais j’ai justement fait du théâtre pour m’extérioriser et progresser ! Au début, je jouais ce qui était évident. Puis, j’ai réussi à aller chercher ce qu’il y avait derrière les mots et à laisser parler en moi quelque chose de plus profond, dont je n’ai pas le contrôle, mais qui est très généreux.

L’Esprit-Saint ?
Oui, contrairement à beaucoup d’artistes qui se pensent géniaux, s’en attribuent le mérite et n’ont aucune reconnaissance pour le don reçu, je crois que cela vient de l’Esprit-Saint. Il y a en nous une liberté d’être et d’inventer que la paresse et l’ignorance occultent trop souvent. J’incite ceux que je rencontre à ne pas se fermer à ce possible élargissement d’infini.

Qu’est-ce qui vous a révélé à vous-même ?
La peinture. Il y a eu un jour où, en train de peindre, j’ai enfin respiré. Un jour où j’ai renoncé à la volonté. Je me suis alors abandonné à cette force intérieure qui sait mieux que vous ce que vous voulez ou pouvez faire.

J’imagine que le chemin a été long pour arriver à ce renoncement…
Pendant 10 ou 15 ans, j’ai ramé ! Je voulais faire un beau tableau, je le voyais dans ma tête, j’essayais de le reproduire et, au final, je m’ennuyais. Et puis, ce jour-là, alors que j’écoutais de la musique, j’ai tellement été pris que ma main a travaillé presque toute seule. Je me suis comme réveillé et j’ai vu sur la toile quelque chose qui me dépassait, au point que je me suis dit : « Mais qu’est-ce que j’ai fait là ? » Eh bien, j’avais laissé venir l’inconnu et le mystère des êtres humains, qui s’expriment quand on ne décide pas à l’avance ce qui va être et ne pas être. J’avais laissé venir l’improvisation. C’était moi, mais au-delà de la clarté intelligente de ce que j’étais. C’est ce qu’on peut appeler le mystère, et c’est ce à quoi je m’efforce d’être fidèle, au théâtre, au cinéma et dans la vie.