mardi 31 décembre 2013

Bols chantants pour faire résonner la nouvelle année...


L'origine des bols chantant tibétains aux 7 métaux remonteraient en Asie dès 5000 avant J-C. 
Un bol est fait avec sept métaux qui sont associés aux 7 planètes. L’utilisation des bols dans le bouddhisme vient de l’influence du chamanisme Bôn (Bôn Po) qui a suivi les routes des caravanes et a rencontré le bouddhisme au Tibet pour donner le mouvement animiste-chamaniste de Bôn. 

 Le bol chantant était utilisé comme objet de culte avec des dorjes et vajras dans des cérémonies bouddhistes. Ils étaient aussi donnés comme cadeau ou pouvait servir comme récipient pour cuisiner car les métaux étaient rares. Encore que cette dernière affirmation fait débat. 

Les bols chantants sont maintenant aussi utilisés comme instrument de musique, pour la relaxation. Il y a des massages sonores aux sons des bols tibétains. On utilise les bols chantants pour le Feng Shui ou pour la méditation. Dans certain Yoga aussi, on utilise un bol ou des bols chantants tibétains.

Je les utilise de plus en plus lors de séances de shiatsu :


Jouer en frappant :







Jouer en frottant :







Dernières lumières de 2013...


(Merci à Lysa)

Juste "ça"... avec Mooji

Témoignage d'une Ouverture :




lundi 30 décembre 2013

Unis pour la diversité...


La diversité, c'est dire le principe primordial du vivant, est menacée. Peu à peu, semblable au mazout échappé à la soute des cargos, l’uniformité étale sur le monde sa marée noire. Partout la réduction, le nivellement, le mélange contraint, l'infâme melting-pot-en un mot l’entropie - poursuit son œuvre de mort. De même qu’ont disparu déjà des milliers d’espèces — insectes, mammifères, plantes - disparaissent peu à peu les innombrables façons qu’il y a pour l’homme d’être au monde.


Les cultures et les ethnies qui ont survécu au centralisme, à la colonisation et à l’unitarisme économique sont désormais exposées à la mort sous anesthésie de l'assimilation. Les corps de métiers ont été fondus aux hauts fourneaux de l’industrialisation, les régions gobées par les nations, les nations par le stratégisme planétaire. Partout, une « normalité » despotique aplanit le relief mouvementé du paysage humain — et jusqu’aux deux principes qui tenaient le monde en balance : le yin et le yang — féminin/masculin — dont la compression en un avatar unique et pitoyable est en oeuvre. 

Les Ages de la vie 
Par Christiane Singer

dimanche 29 décembre 2013

Au coeur des derviches tourneurs ...


À Istanbul, Philippe Charlier nous fait découvrir l’ordre musulman mystique des derviches tourneurs, accompagné de Julien Jalaleddin Weiss Kanun, musicologue spécialiste de la musique ottomane et Turc d’adoption. 

Caractérisé par une danse semblable à une transe, dont le tournoiement continu rapproche l’homme du divin, l’ordre a été créé par Jalal Al-Din Rumi, un mystique soufi du XIIIe siècle. 

Un voyage initiatique à la rencontre d’un islam voué à la beauté et à la contemplation.





samedi 28 décembre 2013

Les bonheurs de Sophie (2)

Tout d’abord, ce « rêve de Sophie » est bien à prendre, littéralement, comme un « rêve de sagesse » ! L’inconscient de la jeune héroïne lui présente deux chemins de vie possibles. Chacun sait que le rêve est porteur de messages profonds et passionnants ! Je vous propose de les déchiffrer ainsi…
                                          Jérôme BOSCH, Le Jardin des délices (XVe siècle)

Le premier chemin – dans le jardin de l’Enfer - est une voie très facile à emprunter : Sophie en est « tout près » ; une frêle barrière l’en sépare à peine, elle n’a qu’un pas à faire pour la franchir et suivre un sentier de « sable fin, doux aux pieds »…
Qu’est-ce que ce jardin, sinon l’espace où nous cherchons à satisfaire nos désirs immédiats, qui ne sont que le masque trompeur de nos peurs ?

Dans ce champ d’expérience que nous fréquentons souvent, les fruits et les fleurs, « qui semblaient délicieux » parmi les « allées sablées et ombragées », sont à la portée de la main qui cherche à les cueillir. C’est l’espace où s’exercent nos impulsions premières : celles qui nous persuadent que nous avons raison de les suivre, qu’elles vont nous apporter le bonheur. En réalité, c’est le royaume des illusions, de cet imaginaire flamboyant qui nous attire à chaque instant et nous détourne du réel en nous faisant miroiter une réalité idéale… Sans trêve, nous « cherch[ons] à y entrer ». Une petite voix en nous (celle du « bon ange ») a beau nous souffler continuellement que là ne se trouve pas la clef de notre bonheur, nous persistons à ne pas l’écouter, comme le fait Sophie ici. Ces impulsions incessantes nous tirent en réalité hors du champ de la conscience de nous-mêmes : nous nous laissons « arrach[er] » ou déraciner du monde réel par ces désirs immédiats, accomplis sans conscience d’être et d’agir…

Pensons à la toute dernière fois où nous avons succombé ne serait-ce qu’au plus minuscule de ces désirs : un léger glissement vers une pensée de trop, vers un jugement factice, vers l’espoir d’une existence meilleure que la nôtre, un de ces pâles mirages où nous avons cru découvrir une foisonnante promesse de fruits et de fleurs… Cherchons-en un seul exemple, concret et récent, et flairons-le attentivement : ce simple souvenir ne répand-il pas encore en nous son « odeur infecte et empoisonnée » ? 

Ce "jardin du mal" est celui du mal-être, de la division intérieure, même infime. Un léger malaise n'empoisonne-t-il pas sans cesse les fruits de la vie que nous avons cherché à goûter trop précipitamment ? Un vague mal-être, un arrière-goût d’insatisfaction… Vous le reconnaissez ?Insidieusement, nous tournons en rond dans une « souffrance » et une « tristesse » dont nous soupçonnons même pas l’omniprésence et l’intensité toujours croissante…

Heureusement, il existe un autre chemin ; mais celui-là est « raboteux, plein de pierres ! » Eh oui ! Si rapide, si puissant est notre penchant à la satisfaction des désirs immédiats que la simple perspective de revenir à la conscience de soi nous fait percevoir cette autre voie comme parsemée d’obstacles, « aride »…  Comment cette montée plutôt pénible, et qui paraît « n’avoir pas de fin », pourrait-elle nous mener à un « jardin de délices » ? Comment croire que ce chemin « s’adoucira et s’embellira à mesure que » l’on y avancera ? 

Vous le voyez bien : non seulement Sophie « hésit[e] » entre les deux chemins, mais elle sent aussi qu’elle doit vérifier par elle-même que le sentier de ses impulsions est source de souffrance. Il lui est nécessaire d’expérimenter cette souffrance dans différents domaines : la relation aux autres, dépourvue d’amour (représentée par les enfants aux sourires enjôleurs) et la quête de jouissance personnelle, irréalisable (symbolisée par le goût « détestable » des fruits et « l’odeur affreuse » des fleurs). C’est à ce prix qu’elle peut enfin se convaincre que le chemin authentique du Bonheur vaut la peine d’être emprunté...

De fait, ce chemin est paradoxal : les obstacles apparents qui le jalonnent sont des fruits de la vie comme les autres, qui valent la peine d’être goûtés en conscience !

Cette pleine conscience qui ne cesse de sourdre au plus profond de nous-même comme une source toujours jaillissante est ici symbolisée par l’Ange. Vous pouvez constater que celui-ci joue un rôle infiniment rassurant : il assure Sophie qu’il l’attendra «  jusqu’à la mort »… Pas de manichéisme, malgré les apparences ! Seulement des paradoxes : c’est dans l’expérience de la déception que l’héroïne trouvera la clef de l'énigme ; et si elle entre seule dans le jardin de ses souffrances, en revanche, lorsqu'elle en sort, elle est guidée et portée par les événements de la Vie. Ceux-ci, grand ouverts comme « les bras de l’ange », l'entraînent sans effort inutile vers le Paradis.


Vous remarquerez qu’à la fin du texte, Sophie « allait entrer dans le jardin du bien »… Son rêve de sagesse ne suffit donc pas à l’y faire pénétrer. Pour se diriger vers la béatitude, il faut sortir du rêve et accepter de se réveiller pleinement, « agit[é] et baign[é] de sueur ». Il faut ensuite penser « longtemps à ce rêve », c'est-à-dire méditer sa signification : le sens profond du rêve pourra alors éclairer notre chemin de vie, pavé d’événements toujours renouvelés qui nous invitent au mouvement et à l’Action consciente. 

Ce Chemin de notre existence n’est autre que le « chemin raboteux, plein de pierres » que finit par suivre Sophie. Si nous le parcourons vraiment, en conscience, c’est-à-dire en acceptant de sentir nos pieds et notre cœur devenir vulnérables, voire s'écorcher un instant, cette voie nous emmènera immanquablement vers le pays des « délices » que nous n’avons jamais quitté, sinon… en rêve ! 


Sabine

vendredi 27 décembre 2013

Les bonheurs de Sophie (1)

Voici un extrait des célèbres Malheurs de Sophie, de la comtesse de Ségur. 
On a beaucoup reproché à celle-ci un manichéisme et un moralisme étroit. 
Ma lecture est différente : si je reconnais bien dans ce texte un certain vocabulaire moraliste propre au 19e siècle et un ton destiné à un public enfantin, j'y découvre aussi, plus essentiellement, un récit particulièrement riche de sens et d'une étonnante profondeur. 
Mais chut ! Pour l'instant, je ne ferai pas de commentaire. Je vous laisse entrer dans ce rêve de Sophie, la fillette dont le prénom signale la quête d'une sagesse authentique... Je vous invite à pénétrer dans l'étrangeté de ces jardins de l'Autre Monde et à laisser la narration faire son oeuvre en vous...

A suivre... 
Sabine (auteure du Jeu des Miroirs)


Sophie eut une nuit un peu agitée ; elle rêva qu’elle était près d’un jardin dont elle était séparée par une barrière ; ce jardin était rempli de fleurs et de fruits qui semblaient délicieux. Elle cherchait à y entrer ; son bon ange la tirait en arrière et lui disait d’une voix triste : « N’entre pas, Sophie ; ne goûte pas à ces fruits qui te semblent si bons, et qui sont amers et empoisonnés ; ne sens pas ces fleurs qui paraissent si belles et qui répandent une odeur infecte et empoisonnée. Ce jardin est le jardin du mal. Laisse-moi te mener dans le jardin du bien. 
– Mais, dit Sophie, le chemin pour y aller est raboteux, plein de pierres, tandis que l’autre est couvert d’un sable fin, doux aux pieds. 
– Oui, dit l’ange, mais le chemin raboteux te mènera dans un jardin de délices. L’autre chemin te mènera dans un lieu de souffrance, de tristesse ; tout y est mauvais ; les êtres qui l’habitent sont méchants et cruels ; au lieu de te consoler, ils riront de tes souffrances, ils les augmenteront en te tourmentant eux-mêmes. » 
Sophie hésita ; elle regardait le beau jardin rempli de fleurs, de fruits, les allées sablées et ombragées ; puis, jetant un coup d’œil sur le chemin raboteux et aride qui semblait n’avoir pas de fin, elle se retourna vers la barrière, qui s’ouvrit devant elle, et, s’arrachant des mains de son bon ange, elle entra dans le jardin. 
L’ange lui cria : « Reviens, reviens, Sophie, je t’attendrai à la barrière ; je t’y attendrai jusqu’à ta mort, et, si jamais tu reviens à moi, je te mènerai au jardin de délices par le chemin raboteux, qui s’adoucira et s’embellira à mesure que tu y avanceras. » 

Sophie n’écouta pas la voix de son bon ange : de jolis enfants lui faisaient signe d’avancer, elle courut à eux, ils l’entourèrent en riant, et se mirent les uns à la pincer, les autres à la tirailler, à lui jeter du sable dans les yeux. 


Sophie se débarrassa d’eux avec peine, et, s’éloignant, elle cueillit une fleur d’une apparence charmante ; elle la sentit et la rejeta loin d’elle : l’odeur en était affreuse. Elle continua à avancer, et, voyant les arbres chargés des plus beaux fruits, elle en prit un et y goûta ; mais elle le jeta avec plus d’horreur encore que la fleur : le goût en était amer et détestable. 


Sophie, un peu attristée, continua sa promenade, mais partout elle fut trompée comme pour les fleurs et les fruits. Quand elle fut restée quelque temps dans ce jardin où tout était mauvais, elle pensa à son bon ange, et, malgré les promesses et les cris des méchants, elle courut à la barrière et aperçut son bon ange, qui lui tendait les bras. Repoussant les méchants enfants, elle se jeta dans les bras de l’ange, qui l’entraîna dans le chemin raboteux. Les premiers pas lui parurent difficiles, mais plus elle avançait et plus le chemin devenait doux, plus le pays lui semblait frais et agréable. 

Elle allait entrer dans le jardin du bien, lorsqu’elle s’éveilla agitée et baignée de sueur. Elle pensa longtemps à ce rêve. [...]


Les Malheurs de Sophie
 XVI – Les fruits confits. 
Par la Comtesse de Ségur

jeudi 26 décembre 2013

Venir au monde par Gabriel Okoundji


Un matin, au sein de l’équipe où je travaille, est arrivé un faire-part envoyé par une collègue. Au recto, la figure d’un bébé émergeant de l’aube existentielle ; au verso : « Nous avons le bonheur de vous annoncer la venue au monde de notre petit Gaspard, le 19 septembre 2013. Nathalie et Pierre. »

À la découverte de cette carte, bien évidemment, comme tous mes collègues, c’est vers ce visage au regard à peine éclos que nous avons porté toute notre attention. Chacun semblant chercher la trace, le signe qui lui ferait affirmer que ce bout d’homme ressemble bel et bien à ses parents ! Mais ce qui a fait écho en moi, ce sont ces mots : « la venue au monde ». Car venir, c’est avoir parcouru un chemin, c’est avoir quitté un lieu, c’est recourir au monde.

Quel lieu le petit Gaspard a-t-il donc quitté et quel chemin a-t-il emprunté pour venir au monde ? Me posant la question, je me suis tout naturellement tourné vers les représentations de la naissance sur les terres où j’ai vu le jour, en Afrique noire. Pour la pensée traditionnelle africaine en effet, l’univers est divisé en deux parties : le monde visible, qu’encercle le monde invisible. Ces deux parties, visible/monde des mortels et invisible/monde des ancêtres, composent le monde tout entier, tout comme la lumière et les ténèbres composent le jour tout entier.

Il est dit que venir au monde, c’est emprunter un sentier singulier qui mène du monde invisible au monde visible. Car tout enfant qui naît n’est pas le produit du hasard ; il est indubitablement l’envoyé des ancêtres. Il est leur messager, il est leur parole. L’enfant est une parole : parole de création, de procréation, de reproduction, de relais d’une génération à une autre. Parole sur laquelle s’est inscrit un corps, le corps de l’humain à la ressemblance des humains.

Il est dit aussi que l’enfant n’est pas la simple graine biologique issue de l’union d’un spermatozoïde et d’un ovule ; cette graine est avant tout le symbole d’une bénédiction, un don de la providence et des ancêtres. Car l’enfant qui recourt au monde jamais n’oublie son chemin, dit-on. Et les parents à leur tour ne doivent pas oublier qu’ils ne sont que les simples intermédiaires missionnés pour accompagner dans le bonheur et l’harmonie ce corps d’homme dans la traversée des sentiers de la vie. Voilà pourquoi, en Afrique noire, l’enfant n’est jamais considéré comme n’appartenant qu’à ses seuls parents. Il est un lien, il est la richesse collective de la communauté tout entière, qui doit veiller à sa protection et à son éducation.

Et il est dit aussi que l’homme lui-même est déjà un monde enfermé dans un corps. Le monde est le corps de l’homme. Subséquemment, naître au monde, c’est ajouter un monde au monde qui existe.
Venir au monde n’est donc pas un acte fortuit, mais assurément une formidable aventure dans l’énigme de la vie, au carrefour du biologique et du symbolique. Quelle belle affaire !

Alors, à nous de tendre les bras vers ­Gaspard et de vivre avec lui, avec à ses parents, le bonheur de son arrivée.

par GABRIEL « MWÉNÉ » OKOUNDJI 
Poète-écrivain Grand prix littéraire d'Afrique noire

source : La Vie

mercredi 25 décembre 2013

Noël...une page blanche...

« Disparais un instant, fais place au paysage, 
Le jardin sera beau comme avant le déluge […]. 
 Laisse l’herbe pousser en dehors de ton songe 
 Et puis tu reviendras voir ce qui s’est passé. » 

Jules Supervielle



mardi 24 décembre 2013

A l'approche de l'Espérance !


Par l'amour, la nuit donne naissance au jour...

Avec Jésus, Dieu a choisi l'incognito


Théologienne protestante de renom, Elisabeth Parmentier porte un regard neuf sur Jésus, loin des clichés mièvres et sulpiciens qui ont cours, notamment lorsqu'on évoque l'enfance du Christ. Elle nous parle de sa jubilation de croyante devant "l'enfant", oeuvre inattendue de Dieu.


L’enfance de Jésus est très mal connue, ce mystère vous intéresse-t-il ?
Elisabeth Parmentier : "Avec Jésus, Dieu a choisi l'incognito"Les récits bibliques de l’enfance de Jésus sont bien plus tardifs, puisque les évangiles ont commencé par Pâques et la Passion, pour chercher ensuite à compléter les "blancs" de l’histoire, dans lesquels on veut surtout montrer le lien de Jésus à son peuple et aux annonces du messie (cf les généalogies, passionnantes dans leur organisation, différente chez Matthieu et chez Luc), d’autre part le destin particulier lié à l’intervention de Dieu. Il est précisément important que Jésus ne soit pas présenté comme spectaculairement "prouvé" et labellisé comme Fils de Dieu, mais comme un homme ordinaire, voire insignifiant. Sans les révélations des anges et des mages, sans les interprétations des rédacteurs des évangiles, rien ne le distinguerait d’un simple juif ordinaire. C’est précisément le chemin de la foi chrétienne, à la recherche et sur les traces d’un Dieu qui passe par l’incognito, par le chemin humain. Tout au contraire de ce que feraient les humains ! Ceci nous oblige à distinguer, à chercher des traces. Le chemin de la foi qui est montré nécessite la quête, la foi ne peut pas se baser sur un "voir".

Qu’est-ce qui pourrait vous fasciner chez l’enfant Jésus ?
Ce qui me fascine dans toute naissance est cette rencontre entre la conscience absolue de notre fragilité et vulnérabilité, toutes humaines (et Jésus ne fait pas exception, c’est même l’un des accents des textes), et l’espérance incroyable qu’ouvre chaque vie nouvelle. C’est par ce double sentiment qu’éprouvent tous ceux qui ont connu des naissances qu’on peut approcher ce qu’est le vrai "miracle", qui est tout simplement que la vie existe et se perpétue dans des conditions environnées de "mort" sous toutes ses formes. Le miracle est d’exister, alors que nous sommes environnés de toutes parts de la réalité du provisoire. Mais chez l’enfant Jésus cette naissance dit encore bien plus : pour les croyants elle dit l’incroyable, que Dieu lui-même prenne part à ces réalités de la condition humaine, et ce jusqu’au bout, jusque au-delà de la mort, pour ouvrir un chemin inédit qu’est la résurrection. Mais ce qui est encore plus important dans cette naissance-là, c’est qu’elle a besoin d’être "reconnue" comme unique pour toute l’humanité. Les textes montrent des témoins qui reconnaissent le salut arrivé, et ces témoins sont d’abord juifs, mais aussi païens (les mages). Donc la naissance de Jésus ne servirait à rien s’il n’y avait des témoins humains pour la reconnaître, la constater, la croire – ceci vaut de génération en génération – et le miracle absolu, c’est que cette chaîne de témoins a continué jusqu’à nous !

Comment imaginez-vous l’enfance de Jésus à Nazareth : son éducation, son quotidien, son rapport à sa famille, à la Loi juive ?
Au-delà de la puissance expressive de la naissance de Jésus, ce qui m’intéresse particulièrement dans les textes, c’est l’insistance sur la continuité de la vie de Jésus au sein de son peuple. C’est pourquoi j’imagine son enfance exactement comme celle de tout enfant juif de son temps. Les textes bibliques en disent très peu, donc d’autant plus on peut considérer que rien ne le distingua des autres enfants, car c’est précisément la continuité qui est marquée : c’est au sein de ce petit peuple, dans une petite tribu, dans un petit village, dans une famille simple, que naît celui qui va tout changer ! C’est important que les chrétiens n’oublient pas que leur messie est juif. Mais il y a un second accent qui m’est tout aussi important : les textes bibliques ne sont pas si intéressés par l’enfant Jésus, mais énormément par les effets de sa venue sur l’entourage. Cela commence par Elisabeth, Marie (qui annonce dans le Magnificat le leitmotiv de toute la bible : le renversement des réalités humaines), puis Siméon et Anne, et Jean-Baptiste. Ils représentent la première alliance qui se voit remplie d’une absolue nouveauté, qui ouvre une nouvelle alliance. Cela se fait à pas feutrés, à pas humains, et pourtant rien ne peut retenir la nouvelle vie. Comme dans une naissance : quand le travail est engagé, personne ne peut repousser l’enfant en arrière ! Ils sont ancrés dans leur religion et leur temps, mais ils discernent que leur espérance a abouti, le nouveau est en route et rien ne le retiendra.

Comment imaginez-vous Jésus enfant ?
Il est bon que les récits bibliques justement n’en parlent pas, car on en ferait une psychologisation : imaginez le caractère du Fils de Dieu, il faudrait qu’il soit parfait ! D’ailleurs on a des récits que la tradition chrétienne n’a pas voulu retenir, qui jouent dans le merveilleux et montrent le petit Jésus accomplissant de petits miracles !! Donc je n’imaginerai rien de son caractère, là n’est pas l’essentiel. Ce qui me frappe par contre dans les textes bibliques, c’est qu’il y a chez lui à la fois une obéissance à sa famille, et une prise de distance : lorsqu’’il s’installe au Temple pour discuter avec les responsables religieux ; et aussi tout au début de son ministère, lorsque sa famille veut le chercher parce qu’ils le croient fou (Marc 3/20-23 : "car ils disaient : il a perdu le sens") ! Cela dit la peur du scandale qu’éveillait son action. Et voici sa réponse à ceux qui lui disent d’aller trouver sa mère et ses frères : "Qui est ma mère et mes frères ?" : "quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là m’est un frère, une sœur et une mère" (Marc 3/31-35). Certes il n’est plus un enfant à ce moment-là, mais on quitte ici l’image idyllique d’un Jésus docile, fort égratignée à d’autres moments aussi ! Jésus est tout autre que l’image mièvre et doucereuse qu’on donne souvent de lui.

Comment l'enfance de Jésus peut-elle nourrir notre foi ?
Le "nouveau" vient à la manière humaine, sans ébranlement catastrophique et sans les événements cosmiques que nous prédisent d’autres cosmologies, comme pour cette année (2012) la fin du monde le 21 décembre ! Cette naissance-là n’est en apparence en rien différente de celle d’un enfant de milieu modeste. L’enfant fait jubiler car en tant que croyante j’y reconnais l’œuvre de Dieu, mais de manière si inattendue que je suis également émerveillée de l’audace de Dieu d’avoir choisi cette voie de l’incognito, où il risque à chaque génération que cette foi soit perdue. C’est une histoire folle, à bien y réfléchir !

Quel est pour vous le sens de l'Avent ?
L’Avent, grâce à ces textes bibliques, est une double préparation : à cette naissance de Jésus dans son peuple mais aussi dans ma vie et mon espérance ; mais aussi à cette "nouvelle création" ou ce "royaume de Dieu" qui existe déjà depuis Pâques. Si Pâques est arrivé presque incognito, comme cet enfant, et qu’il ne nous est attesté que par des témoins non érudits, c’est la même logique qui me fait espérer que la "Vie" au-delà des enfermements est déjà en gestation. On ne la distingue que par endroits, par épisodes, mais on ne peut pas repousser l’enfant quand le travail a commencé ! Je crois donc aussi que le Royaume de Dieu est déjà né, mais qu’il est encore très jeune. L’Avent véritable sera son âge mûr, mais en attendant je m’exerce à le reconnaître tel qu’il est et non selon les fantasmes humains.

Elisabeth Parmentier


source : La Vie (2012)

lundi 23 décembre 2013

Jacqueline Kelen pour préparer la venue de Jésus

Votre dernier livre s’intitule «Parlez- moi, je vous prie, du Royaume des Cieux». Les Eglises n’en parlent-elles pas assez? 
Jacqueline Kelen: Je m’intéresse à la démarche spirituelle, au Christ et au christianisme. Si je me suis éloignée de la pratique, c’est parce que je ne me sentais pas nourrie spirituellement en allant à l’église. Mon expérience rejoint malheureusement celle de nombreux chrétiens. C’est un signe de notre temps. Je ne me rends pas au temple pour entendre parler de problèmes sociaux, politiques ou économiques, même s’ils existent. Mais pour entendre une parole transcendante, éternelle. Ce message ravalé au niveau du quotidien me paraît trahir la dimension véritable du christianisme.
Le Royaume des Cieux, qu’est-il au juste? 
En chacun de nous, une dimension dépasse la simple existence terrestre. La grande question posée par la philosophie et par la religion chrétienne porte sur une vie supérieure à celle du corps, à l’activité cérébrale et à la vie émotionnelle. C’est la vie de l’esprit. Le Royaume des Cieux en est une belle image. Celle de réalités éternelles et divines, quand nous ne serons plus dans notre corps de chair. Cette image recouvre des questions essentielles. Qu’est-ce que la vie véritable? Que veut dire être chrétien? Que veut dire aimer Dieu?

Ne convient-il pas d’adapter le message de Jésus à notre époque? 
C’est dans l’air du temps. Or la parole de l’Evangile est parfaitement claire, et de tous les temps. Pas seulement parce que Jésus utilise des paraboles, mais parce qu’il s’adresse au coeur de chacun. C’est avoir l’esprit arrogant que de vouloir adapter une parole magnifiquement limpide qui s’adresse à tous. La question serait plutôt de s’élever jusqu’au Royaume des Cieux, de se souvenir que nous sommes créés à la ressemblance de Dieu.
Vous faites le constat d’une société où les hommes ont perdu le sens de l’éternel? 
C’est un constat affligeant. La plupart des contemporains ne se rendent pas compte qu’ils sont dépouillés de leur trésor véritable. A cause de la propagande laïciste, l’obligation d’athéisme et de matérialisme est effarante. La personne est réduite à son niveau existentiel: l’égocentrisme, les possessions, la notoriété, les ambitions et après il n’y a plus rien. Nous sommes rivés sur le matériel. Le combat spirituel est d’autant plus important de la part des fidèles. La démarche spirituelle ouvre à la liberté.
Est-il possible de retrouver le sentiment du divin, quand il est perdu? 
Oui, déjà en faisant silence. Toutes les sagesses indiquent ce chemin intérieur. Nous sommes happés par les passions ordinaires. La seule façon de retrouver son axe est de se recueillir, d’aller au plus profond de soi. Là, dans le château de l’âme dont parlait Thérèse d’Avila, une présence se manifeste. Ce n’est pas un hasard si notre société vit sous le signe de l’animation permanente, des bruits de fond. La découverte de la vie spirituelle, c’est le silence. Cela demande une discipline. Nous ne sommes plus possédés par des démons, mais par des gadgets électroniques.
Comment voulez-vous réveiller en nous l’aspiration au divin? 
Je n’ai pas de baguette magique, mais j’écris et je parle. Je me sens une grande combattante sur le plan spirituel. Au nom de la liberté de Dieu et de la liberté humaine. Je n’aime pas qu’on rabaisse l’être humain à ce point. Nous avons un héritage fabuleux, culturel et spirituel en Occident, et nous le négligeons pour des bêtises. Contre ces forces du mal qui cherchent à engloutir la lumière, chacun a à combattre, là où il se trouve. Il est capital de rappeler la dimension transcendante.
Quel sens donnez-vous à la fête de Noël? 
Pour moi, Noël est la fête du recueillement et de l’émerveillement, devant un nouveau-né qui rend toutes choses possibles et qui rappelle une magnifique espérance. A Noël, la simplicité devrait être mise en avant, au vu des circonstances précaires dans lesquelles Jésus est né. L’hospitalité aussi correspond à l’esprit de Noël. Je suis surprise de voir à quel point l’accueil se limite au cercle familial. Si vous n’avez pas de famille, vous n’existez pas à Noël.
Vous parlez de «la naissance de Dieu en nous». C’est aussi cela Noël? 
Mais oui. C’est une grande tradition dans la spiritualité chrétienne qui remonte à Origène, et reprise par maître Eckhard. La naissance de Dieu en l’homme. J’aime le mystique Angelus Silesius qui dit: «Christ serait-il mille fois né à Bethléem et non en toi, tu restes perdu à tout jamais.» La crèche, le berceau, ce n’est pas simplement à l’extérieur que nous les voyons. La naissance spirituelle de Dieu dans l’âme est quelque chose d’important. Cette lumière intérieure n’est jamais éteinte.
Vous parlerez de la prière dans votre conférence. Est-elle une voie directe pour se rapprocher de Dieu?
J’en parlerai à la lumière des mystiques que je connais. Pour moi, la prière est une déclaration d’amour. Je souhaite mettre l’accent sur cette dimension de ferveur, d’élan, de gratuité aussi: «Je cours au-devant de quelqu’un que j’aime.» Je veux rappeler l’élan gratuit, ardent, amoureux d’une authentique prière. Se mettre en état de prière, c’est se mettre devant la Présence divine. Cette attitude peut se passer de mots. Il peut y avoir une oraison silencieuse. Retrouver en soi, tout au fond de son être, cette présence qui n’a jamais trahi, qui n’est jamais partie. Les mystiques ont laissé des traces magnifiques de cette démarche de pure gratuité. Ils ne prient pas alors pour demander quelque chose, ils prient parce qu’ils s’élancent avec ferveur vers Dieu.
Vous dénoncez la contamination de la religion par la psychologie et le New Age. Des pasteurs et prêtres qui jouent le rôle de thérapeutes, de conseillers conjugaux ou de travailleurs sociaux, cela ne vous va pas?
Le prêtre comme le pasteur a une haute mission. C’est vraiment extraordinaire. C’est à la fois humble et magnifique de répandre la Bonne Nouvelle et de parler au nom de Jésus. S’ils préfèrent être assistant social ou psychologue, ils ne font pas grand cas de la mission sacrée qui leur incombe, qui touche à la dimension spirituelle de l’homme. Le problème tient aussi à ce que les fidèles eux-mêmes s’adressent à leur pasteur pour leur parler de leurs problèmes de tous les jours.
La dimension spirituelle de l’homme ne prend-elle pas de nouvelles formes comme le développement personnel?
Je ne méprise pas la psychothérapie ni le développement personnel, mais ce n’est pas de l’ordre du spirituel. Cela s’applique au physique ou au psychique. Or l’esprit n’est ni le corps, ni le psychique. Il est cette dimension en chacun, indestructible et immensément libre, qui est liée au divin. L’esprit dans l’être humain, c’est la présence de Dieu au fond de l’homme. Le développement personnel, faire fructifier ses qualités, etc., ce n’est pas se relier au divin. Il y a une différence tout à fait nette entre les deux. Les contemporains veulent aller mieux, guérir de tout, ils ne veulent pas s’intéresser à quelque chose qui dépasse l’ego.
Les gens ne s’intéressent peut-être plus au Royaume des cieux…
Lorsque vous demandez pourquoi les programmes de la télévision sont devenus si vulgaires, on vous dit que c’est parce que les gens attendent cela. Or si on leur propose au contraire des programmes de qualité, ils vont s’y intéresser. Le prêtre ou le pasteur, qui a une mission spirituelle à accomplir, va parler aux fidèles de leurs problèmes à eux, pour se mettre à leur portée. Ce n’est pas le lieu. Il doit au contraire leur faire se souvenir de leur liberté, de leur grandeur possible, les rattacher au plus haut, à cette éternité. Jésus, durant son passage sur terre, ne cessait de parler du Royaume des Cieux, de la voie âpre que nous devons gravir.
source : Bonne Nouvelle

  • Jacqueline Kelen
  • UN LIVRE Jacqueline Kelen, « Parlez-moi, je vous prie, du Royaume des Cieux », Ed. François Bourin
  • UNE CONFÉRENCE jeudi 16 janvier, 19 h, église Saint-François, Lausanne, Jacqueline Kelen parlera sur le thème « Courir, courir vers le Seigneur ». La prière comme élan du coeur. Dans le cadre d’«Offices 2014», un itinéraire culturel et spirituel, www.passionregard.ch

dimanche 22 décembre 2013

Clarté du silence avec Philippe Mac Leod


Dans la prière muette nous réaffirmons notre appartenance au Christ, nous la vérifions et nous la réactualisons, non point en déclarations solennelles, mais par la racine du silence, toujours plus ferme, plus profonde, là où notre être sait de lui-même où est la vie, où est notre justesse, notre point d’équilibre.
Le silence de recueillement déplie dans notre corps un espace clair, vierge toujours, comme un grand ciel nu, l’espace de notre innocence, en deçà du brouhaha, de la confusion, du mauvais brouillon que trace le plus souvent notre vie - un lieu originel, où tout peut recommencer, où nous touchons une vérité qu'aucun faux pas ne saurait démentir et à laquelle nous retournons comme à la source pour retrouver la force et la fraîcheur de la lumière inaltérable.



Mais le silence revêt aussi la forme du dénuement le plus radical qui soit, et donc le plus difficile à accepter, précisément parce qu’il est intérieur, parce qu’il rejoint l’exercice de notre être dans ses manifestations les plus immédiates : imposer le silence à l’imagination, à notre volonté, à l’agitation de nos désirs, aux revendications de nos manques, à notre incessant babillage, se révèle au-dessus de nos forces, et c’est là que nous mesurons la place réelle que nous accordons au Seigneur dans notre cœur, là que nous prenons conscience, en un éclair blessant, de tout le décousu, tout l’inconsistant, l’illusoire de notre vie.
Savoir y retourner, apprendre à y revenir, nous sera d’un grand secours au long de parcours souvent difficiles.

Quels que soient nos errements, à partir de ce fonds de lumière inentamée - qu’on sait si bien obscurcir, obstruer, mais sans jamais l’altérer, jamais le détruire -, tout peut renaître, tout peut s’élancer à nouveau, parce qu'a cette profondeur de nous-mêmes notre être se révèle toujours neuf, toujours jeune, et chaque jour se vit alors comme un premier matin.

Au miroir de ce profond silence, qui est en nous mais qui ne vient pas de nous, où n’entre aucun parasite, aucun commentaire, aucun jugement, on perçoit dans le même temps notre petitesse et notre grandeur, notre indignité et notre incomparable valeur. Dans la même clarté nous sont donnés l’individuel et l’universel, le fini et l’infini, étroitement mêlés en notre cœur, qu’il nous appartient de garder ouvert comme le ciel de notre chair, sa profondeur, son jour, son rayonnement.
Tout remettre au silence se révèle véritablement libérateur : nos pesanteurs se dissolvent, nous nous y lavons, lui seul accomplit le travail de clarification, de dénouement dont nous avons tant besoin, mais que nous sommes incapables d’accomplir par nous-mêmes. Il apparaît alors dans une sorte de vérité première, de blancheur, une page lisse où tout s'unifie, se simplifie et se purifie.


Il ne sert à rien de lutter contre ce qui l’entache - l’imagination tourmentée, le bruit ambiant, le tumulte des pensées -, il suffit de lui accorder suffisamment d’attention pour qu’il remonte et s’impose de lui-même comme ce qui nous est le plus intérieur, avec ce sentiment de paix, de plénitude, qui ne trompe pas.
Nous rompons un moment avec notre quotidien, avec la marche du monde, avec nos relations aussi, mais pour les retrouver sous d’autres cieux, dans la distance nécessaire à la respiration. Et notre quotidien - nous le savons tous, avec plus ou moins de pertinence - manque la plupart du temps de respiration. Il nous asphyxie parce que nous ne savons pas maintenir cette distance, ce léger recul de l'intériorité.

Philippe Mac Leod
(septembre 2013 - La Vie)

samedi 21 décembre 2013

Une journée, une vie par Marc de Smedt


Les enfants nous révèlent l’importance de la vie, de la préservation de la nature dans laquelle nous vivons. Et ils nous révèlent également la valeur de ce que nos parents nous ont donné… Ils nous enseignent autant que nous leur enseignons. Ils ont cette pureté du regard qui vous montre ce que vous ne voyez pas. Pour ma part, j’ai voulu transmettre à notre fille la clarté, l’intérêt d’être le plus clair possible avec soi et les autres, de faire le ménage dans sa tête et ses pulsions...





"Vous qui avez eu la chance de prendre forme humaine, ne perdez pas votre temps"
adage tibétain


vendredi 20 décembre 2013

Plus d'accrochage avec Upasika Kee Nanayon



Se former à la pratique ne signifie pas seulement étudier, écouter ou lire. Vous devez pratiquer de sorte à voir clairement avec votre propre esprit les étapes suivantes : Commencez par écarter toutes les préoccupations extérieures et par vous tourner vers l'intérieur, vers votre propre esprit, jusqu'à ce que vous sachiez de quelle façon celui-ci est clair ou embrumé, calme ou agité.

Pour y parvenir, utilisez la vigilance et restez alerte tandis que vous êtes conscient du corps et de l'esprit, jusqu'à ce que vous ayez entraîné l'esprit à demeurer fermement dans un état de normalité ou neutralité. Une fois que l'esprit peut demeurer dans un état de normalité, vous verrez les fabrications mentales et les préoccupations dans leur état naturel de surgissement et de disparition. L'esprit sera vide, neutre et tranquille – ni plaisant ni déplaisant – et verra les phénomènes physiques et mentaux quand ils surviennent et s'évanouissent naturellement, d'eux-mêmes.

Quand la connaissance qu'il n'y a aucun « moi » dans aucun de ces phénomènes sera devenu parfaitement claire, vous rencontrerez quelque chose qui se situe au plus profond de vous même, au-delà de toute souffrance et de tout stress, libre du cycle du changement, libre de la naissance aussi bien que de la mort, car tout ce qui est né doit, par nature, vieillir, se dégrader et mourir.

Quand vous verrez cette vérité clairement, l'esprit sera vide, ne s'accrochant à rien. Il ne se regardera même pas lui-même en tant qu'esprit ou quoi que ce soit. En d'autres mots, il ne s'accrochera pas à lui-même comme étant quelque chose.

Upasika Kee Nanayon 
(éminente enseignante femme du XXème siècle en Thaïlande)
traduction Jeanne Schut


jeudi 19 décembre 2013

Hommage à Richard Moss par Gilles farcet


Dans un futur proche, c’est le fait de nous honorer les uns les autres, d’œuvrer à la restauration et à la protection de l’environnement qui définira un être humain spirituel. 
Sans quoi la Terre nous conduira à l’extinction, car nous n’aurons pas appris comment être humain. 

La distance entre nous-mêmes et les autres est la même que la distance entre nous-mêmes et nous-mêmes. 

Le plus beau cadeau que vous puissiez offrir à quelqu'un d'autre est la pureté de votre attention.

Richard Moss





Bonus du DVD "La frontière intérieure" de Guillaume Darcq

mardi 17 décembre 2013

Hommage de Gilles Farcet à Douglas Harding

« Cette vision instantanée de ma Nature Intemporelle est aisée, il est également vrai qu’elle n’a d’effet sur ma vie que dans la mesure où je m’applique sérieusement à l’entretenir. » 
Douglas Harding

extrait du DVD "La frontière intérieure" de Guillaume Darcq

lundi 16 décembre 2013

De l'ortie pour l'énergie


Longtemps méprisée et redoutée, l’ortie fait un retour remarqué au rayon santé. En gélules ou en infusion, celte plante urticante stimule nos défenses immunitaires et nous aide à lutter contre la fatigue.

« Une ortie dans le poulailler est un œuf de plus dans le panier » , dit un proverbe populaire, qui signifie ainsi que l’ortie est reconnue pour ses propriétés revigorantes et antifatigue. Tout est bon dans l’ortie. Racines, tige, feuilles, fleurs et graines sont utilisées par les phytothérapeutes pour soigner de nombreux maux, parmi lesquels les problèmes digestifs, l’arthrite, l’eczéma, les affections prostatiques, les infections urinaires, l’asthme, l’acné, les pellicules... Mais ce sont principalement les feuilles de l’Ur tica dioica (l’ortie commune ou grande ortie), l’Urtica urens (petite ortie ou ortie brûlante) et la Lamium album (l’ortie blanche) qui agissent comme tonifiants.

Plante « adaptogène » - elle augmente la vitalité et la capacité de résistance de l’organisme pour mieux s’adapter aux différents stress -, riche en chlorophylle, vitamines, minéraux et oligoéléments, l’ortie permet de retrouver de l’énergie, mais stimule aussi nos défenses immunitaires. La plupart des pharmacies en proposent sous forme d'herbes séchées ou de gélules, et la nature en fournit toute l’année. Il suffit donc de mettre des gants et de les ramasser fraîches ! En cas de fatigue, préparez chaque jour une infusion : une à deux poignées de feuilles d’orties fraîches dans un litre d’eau chaude (ou une cuillerée à soupe de feuilles séchées). Buvez-en trois à quatre tasses par jour pendant deux semaines. Sous forme de gélules, ne dépassez pas le gramme quotidien.

L’ortie est cependant contre-indiquée chez les femmes enceintes et ceux dont l’activité rénale ou cardiaque est réduite. Elle peut interférer avec des médicaments diurétiques, anticoagulants et anti-inflammatoires. Les orties cuisinées ne font, quant à elles, l’objet d’aucune restriction particulière.

À lire : Les Incroyables Vertus de l’ortie d’Alessandra Moro Buronzo, avec des recettes (Jouvence, 2011). 
Par Marie-Laurence Grézaud

Phytothérapie féminine


Les bienfaits des plantes pour la santé des femmes :




dimanche 15 décembre 2013

Que votre oui soit oui ! avec Alexandre Jollien


La parole de Dieu me propose un sain usage de la parole et me délivre du vain bavardage. Dans ma salle de bains traîne une vieille affiche sur laquelle je lis chaque jour : « Ne pas commenter. » Or, l’ascèse se révèle plus délicate que prévue, car je me sens congénitalement enclin, programmé presque, à (dis)qualifier ce qui arrive. Et tant d'étiquettes, de théories fumeuses, de regrets inutiles défilent dans le mental.

Je sors pour me rendre en tricycle chez le médecin. Je m'aperçois que la chaîne a déraillé devant et derrière. Et, ça ne manque pas, les petits vélos s’activent et mille considérations s’enchaînent, mais vainement : « Ça ne peut pas être un hasard ! Qui est l'imbécile qui m’a joué ce mauvais tour ?» Au lieu d’activement chercher une solution, je m’encombre jusqu’à ce que j’entende un grand « stop ».

Le commentaire se tait bientôt et, sans davantage dilapider mon temps, de bon pas, je regagne enfin le cabinet médical. Toutes les palabres, les jurons ne servent à rien. Un enfant, un saint, n’emprunterait pas le tortueux détour de la pensée qui nous perd bien des fois. Je crois que s’abandonner à la divine providence c’est peut-être être profondément ajusté à ce qui advient, sans discuter le réel ni se résigner.

Récemment, je me heurtais aux affres d’un refus de l’administration. Alors, des voix m’ont dit que c’était la volonté du Très-Haut que je connaisse l’échec. D'abord, il faut être sacrément prudent pour évoquer les desseins de Dieu. Tentation est grande de l’associer uniquement à ce qui est pesant. N’est-ce pas aussi la joie de Dieu que je rie ou que je n’aie pas trop de douleur en cette heure ? Bref, Dieu n’est pas un triste sire qui nous enverrait tuile après tuile pour nous aguerrir ou nous éprouver. Devant mon désarroi, un ami m’a laissé un texto : « J’appelle l'administration illico, je vois comment régler le problème et je prie. » Aucun fatalisme mais une grande foi, voilà une bienveillance qui m’a, ma foi, profondément soulagé.

Dans l’Évangile, il n’y a aucun mot de trop, aucune banalisation de la souffrance. Et Jésus, prophète par excellence, n’est jamais un beau parleur. Le Fils de l'homme me livre une sagesse de la parole qui éclaire mon action : « Que votre oui soit oui, que votre non soit non ; tout le reste vient du Mauvais! » Les enfants connaissent cette rigueur. Et, avouons-le, le mensonge est bien souvent l’affaire des grands. Et si je commençais par gagner en vérité pour que mon oui soit oui et que mon non soit non. Il y a un gouffre entre la simplicité nue et le simplisme.

Certes, la nuance est une vertu intellectuelle et l’une des plus remarquables. Cependant, être clair, précis, sans fioritures, vierge de sous-entendus n’est pas une mince affaire. C’est au contraire un sommet, une perfection. Hier, j’ai demandé à mon fils s’il était heureux. Ses mots ont révélé, par contraste, la complexité de ma vie : « Oui, papa. » Pourquoi de longues phrases pour dire l’essentiel ?

Le chemin nous convie à revenir au réel pour répondre au mieux à l’appel de la vie et du fond du cœur. Afin que notre oui soit un oui à 100 %, pour qu’il ne nous soit pas arraché du bout des lèvres mais surgisse du fond de notre être, abandonnons mille fois par jour s’il le faut tous les jugements qui nous empêchent de vivre et d’avancer sans aigreur.

Et si je descendais au plus profond de la rencontre pour découvrir mon prochain dans son « anonymat », insondable mystère qui se tient au-delà de tout nom.


Source La Vie


jeudi 12 décembre 2013

Sortir du cercle avec Marie Pier Charron


En fin de compte, on parle ici du cycle de la guerre – au sens large du terme, bien sûr. Le cycle du non-amour et du non-respect, si vous préférez. On se passe la balle continuellement…


Ainsi, quand on voit l’ampleur de notre inconscience collective, le phénomène peut sembler terriblement gros, profond et difficile à changer. Or, la fin de ce cycle repose sur une seule personne : la première personne qui a le courage de déposer la balle plutôt que de la relancer. La première personne qui choisit de rester droite et digne plutôt que d’imiter les comportements des personnes qu’elle voudrait changer. La première personne qui a la force de respecter même ceux qui ne la respectent pas, simplement car c’est sa nature profonde d’être respectueuse et qu’elle refuse d’être ce qu’elle n’est pas. La première personne qui peut respirer profondément et laisser l’émotion passer plutôt que de crier ou klaxonner. 

On admire tous les personnes comme Nelson Mandela qui sont restées au service de l’amour, presque toujours en ligne avec leurs valeurs les plus profondes, même devant les pires circonstances qui soient. Mais nous avons tous l’occasion, chaque jour, de choisir de penser et d’agir avec ce type de courage. Nous sommes tous fondamentalement grands, importants, héroïques… Nous pouvons tous être cette première personne qui choisit la paix et qui brise ce cycle fou. En fait, ce n’est pas que nous pouvons l’être, en réalité, mais que ça ne peut être que nous.

Marie Pier Charron


mardi 10 décembre 2013

Dans l'attente que vous lisiez ce texte...


"Je pense qu'il arrive, un jour, un moment où on doit cesser d'attendre. Il nous faut rompre avec cette habitude d'attendre après les autres, après le "bon" moment. Nous arrivons tous, tôt ou tard, à un moment où nous avons assez attendu... bien plus que nécessaire. Assez attendu pour commencer à prendre soin de soi, assez attendu pour dire "je t'aime", assez attendu pour se l'entendre dire, assez attendu pour vivre bien, pour être bien dans sa peau, pour être heureux. 

 Il n'y a qu'une seule manière d'arriver à tout cela, c'est de commencer à l'instant à faire un pas devant. Demain, n'existe pas. Il n'y a que "maintenant" qui puisse faire une différence dans votre vie. Le moment que vous avez tant attendu est arrivé !" 

 Nicole Bordeleau


lundi 9 décembre 2013

Hommage à Nelson Mandela (2)


Hommage en images pour Madiba


Faites le bien, par petits bouts, là où vous êtes ; 
car ce sont tous ces petits bouts de bien, 
une fois assemblés, qui transforment le monde. 
Desmond Tutu


Eternité Mandela



dimanche 8 décembre 2013

Fatigue par Anselm Grün

À méditer :
« En général, le mot “fatigue” évoque pour nous les peines et les aléas de l’existence. La tradition spirituelle, toutefois, a développé une autre compréhension de la fatigue. Elle la considère comme une chance. 
Une chance de transformer la vie, mais aussi de doter l’âme de la capacité de recevoir. Dans la fatigue, en effet, l’âme se révèle attentive et réceptive à d’autres messages. Elle comprend que l’essentiel n’est pas de se montrer performant et de s’épuiser en efforts, mais d’être, tout simplement. D’être par la grâce. »

Anselm Grün 
Extrait de Retrouver le goût de la vie

Les conseils d'Anselm Grün pour prier pendant l'Avent

Le moine et auteur à succès Anselm Grün, qui vit et prie depuis 50 ans selon la règle de saint Benoît à l’abbaye de ­Münsterschwarzach, en Bavière, nous livre ses conseils pour vivre une vraie démarche spirituelle en attendant Noël. 



1. Priez avant les choix ou après les moments forts 
Après avoir guéri les nombreuses personnes qu’on lui a amenées, Jésus se retire dans un lieu désert pour y prier. La prière lui est manifestement indispensable en tant que lieu où il se sait relié au Père. Avant d’appeler ses disciples, Jésus passe la nuit entière à prier Dieu. Il sent que c’est à partir de cette intimité avec Dieu qu’il doit décider et agir. Ce n’est qu’ainsi qu’il aura une bonne relation à sa mission. Autrement, Jésus courrait le risque de se laisser conduire par ses émotions et non par la volonté de Dieu.

2. Méditez les trois cantiques évangéliques 
Dans son récit de l’enfance, l’évangéliste Luc nous transmet des prières liturgiques. Le prêtre Zacharie prononce le chant de louange du Benedictus, Marie le ­Magnificat, et le vieillard Siméon le Nunc dimittis. Ces trois prières ont été composées à partir de prières de l’Ancien ­Testament. L’Église a intégré ces trois chants à sa liturgie des heures : à sa louange matinale des laudes le Benedictus, aux vêpres le Magnificat, et aux complies le Nunc dimittis. Ces trois prières à forme fixe nous invitent à méditer, face à Dieu, l’action de Dieu dans l’histoire d’Israël, l’action de Dieu en Jésus-Christ et l’agir de Dieu dans notre propre vie, et à louer Dieu parce qu’il a fait et ne cesse de faire pour nous et en nous de grandes choses. Trois prières qui dans leur forme fixe nous invitent cependant à exprimer devant Dieu nos expériences personnelles.

3. Dialoguez avec Dieu dans le secret 
Dans l’enseignement de Jésus sur la prière, ce qui me plaît le plus, c’est cette parole de Jésus dans l’Évangile selon saint Matthieu : « Pour toi, quand tu pries, retire-toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte, et prie ton Père qui est là dans le secret » (Mt 6, 6). La prière est dialogue avec Dieu dans le secret. Prier signifie me retirer seul dans la chambre intérieure de mon propre cœur pour y rencontrer Dieu, qui habite en moi dans ce lieu secret de mon âme. Prier signifie découvrir en soi l’espace intérieur de silence, et y devenir un avec Dieu.


source : La Vie