dimanche 6 juillet 2008

Voyage sanghatique à Chartres

En direct de chez Ned, des images du voyage à Chartres

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Le labyrinthe de la cathédrale de Chartres

Le labyrinthe de Chartres portait jadis en son centre une plaque de cuivre présentant des personnages de la mythologie grecque étroitement liés au motif du labyrinthe :
- Thésée, le héros, fils du roi Egée, victorieux du Minotaure au centre du Labyrinthe.
- Le Minotaure, le monstre à abattre, mi-homme, mi-taureau, né de l’union clandestine de Pasiphaé, épouse de Minos, roi de Crète, et de Poséidon, dieu des mers, transformé pour la circonstance en un taureau éblouissant. Le Minotaure dévorait tous les neuf ans sept jeunes filles et sept jeunes gens qui lui étaient livrés, sur ordre de Minos, par Egée, roi d’Athènes. Il vengeait ainsi la mort d’un des fils du roi Minos, tué à Athènes.
- Ariane, la bonne fée, fille de Minos et de Pasiphaé et amoureuse de Thésée : elle tint dans sa main le fil magique qui permit à Thésée de parvenir sans se tromper jusqu’au centre du labyrinthe conçu par l’architecte Dédale.
L’Eglise, au Moyen Age, avait donc le souci de ne pas effacer certains éléments païens des traditions antérieures et préférait les incorporer à son propre système, se les approprier : héros mythologiques, signes du zodiaque, chiffres symboliques, figures géométriques… Le labyrinthe en fait partie : symbole très ancien, il est présent dans toutes les traditions de tous continents. Ce n’est que plus tard que l’Eglise choisira d’éliminer ces traces païennes. Ainsi seront effacés des sols des églises la plupart des labyrinthes et ce, dès la fin du Moyen âge en marche vers la Renaissance, âge de la rationalité, des lignes droites et de l’esprit scientifique. Désormais, les labyrinthes se réfugieront dans des espaces purement ludiques, comme frappés d’insignifiance : dans les jardins, les foires et les jeux de société, le jeu de l’oie en particulier.

Mais revenons à Chartres : la longueur du labyrinthe est de trois cent soixante-dix coudées, ce qui correspond à la hauteur de la nef. Autre signe de la précision des calculs des architectes de l’époque : si on couchait le mur de la façade sur le sol, la rosace ouest se superposerait exactement au labyrinthe.
Celui-ci se compose de onze enroulements : onze précède douze, le chiffre de l’accomplissement, au centre. Le labyrinthe est inscrit dans un cercle, figure du Ciel, du monde divin. Une croix s’y dessine, formée par les interstices entre les enroulements : s’y croisent l’horizontalité de la matière, de l’humain, de la temporalité, et la verticalité de l’Esprit, de la transcendance divine, de l’éternité. Au centre de la croix, une rose à six pétales : le centre symbolise l’instant présent, à la jonction du temps et de l’éternité, de l’humain et du divin. Le chiffre 6 est celui de la création du monde (en 6 jours, dans la Bible) ; il précède le 7, symbole du repos divin et de la perfection, au cœur de la rose, laquelle est l’une des figures de la Vierge Marie, à qui est dédiée cette cathédrale.

Au Moyen Age, les pèlerins qui ne pouvaient se rendre à Jérusalem parcouraient les labyrinthes d’églises à genoux, jusqu’au centre qui symbolise aussi la Jérusalem céleste, le paradis retrouvé, celui qui achève et efface l’exil hors du paradis terrestre d’Adam et Eve.
A Chartres comme en d’autres cathédrales, c’est un chemin unique, sans impasses ni fausses routes, qui conduit au centre. N’est-ce pas là la marque de toute voie initiatique, en laquelle il s’agit simplement de s’engager en toute confiance, de se laisser porter dans la paix de l’esprit, avec dans le cœur la certitude que la pratique du chemin conduit immanquablement au centre, Ici et Maintenant ? Un centre auquel, du reste, toutes les circonvolutions de l’existence sont indissolublement liées...

Article écrit par Sabine