mardi 18 avril 2017

Cinq conseils de Jean Vanier pour cheminer

Jean Vanier, philosophe et théologien, fondateur de l'Arche, qui accueille depuis 50 ans des personnes handicapées dans des communautés aimantes et fraternelles.


1. Libère-toi

Pâques est le moment de découvrir que l'Évangile est vrai. Que celui qui était mort est vivant. Prends conscience de tes vulnérabilités, de tes peurs, et des « lieux » en toi qui ne sont pas vivants – une addiction, des compulsions, des difficultés dans la vie relationnelle – et que tu as besoin d'être libéré. Espère, parles-en, et cherche de l'aide : cela peut être dans la prière, grâce à un psychologue, un prêtre, un ami.

2. Rencontre l'autre

Pâques est la fête de la libération, du passage d'un certain égocentrisme à une ouverture à l'autre. Les personnes handicapées ont, dans une certaine mesure, déjà fait ce passage. Rencontrer c'est vivre l'écoute et révéler à l'autre qu'il est important. Je ne suis pas là pour le changer mais pour l'aider à découvrir qu'il est plus beau qu'il n'ose le croire. Le véritable amour passe par la rencontre, le dialogue : « Qu'est-ce qui fait que tu as souffert... ? Raconte-moi ce que tu portes en toi... » La rencontre se vit dans ce partage réciproque. Une jeune fille bénévole à l'Arche courait partout pour faire la cuisine et ranger. Elle n'était en fait pas très à l'aise. Je lui ai suggéré de s'arrêter et de parler simplement avec ceux qui étaient là. Les assistants viennent, parfois animés d'une grande générosité et avec l'envie de « faire », or l'important ici est d'entrer en relation, d'entamer une amitié.

3. Deviens messie

Écoute le pape François, il a des choses à dire sur les « périphéries » et la rencontre avec ceux qui sont au plus bas, qui se sentent seuls. Puisque Dieu est amour, chaque geste d'amour nous unit à Lui. La première parole de Jésus ressuscité fut pour Marie de Magdala qui découvrait son tombeau vide : « Pourquoi pleures-tu ? » Il y a un cri en chacun de nous - cri de la solitude, de l'échec, de l'abandon... - mais nous le dissimulons par peur que l'autre ne l'accueille pas, ne nous aime pas véritablement dans notre fragilité. Trouve les gens qui pleurent, écoute-les pour trouver leur cri sans forcément donner de conseil, mais en disant simplement : « Je comprends. » Tu découvriras la puissance de la compassion, et, au cœur de cette rencontre, tu seras le messie pour l'autre.

4. Suis ta voix intérieure

Nous sommes appelés à entrer dans le Royaume non pas comme des robots mais comme des personnes de relation. Cette liberté se gagne par un long chemin d'écoute : il y a en nous, en toi, en moi, en chaque être humain, une conscience. Elle est le sanctuaire sacré où Dieu parle à chaque personne, qu'elle soit chrétienne ou non. C'est pour cela que tout homme porte le désir d'être juste, vrai, aimant. Même les plus grands gangsters peuvent faire un acte de bonté... Suis ce que tu es profondément en faisant confiance à cette petite voix intérieure.

5. Redécouvre la communauté

Nous avons à redécouvrir la beauté et la nécessité de la communauté dans notre société individualiste. Une maman qui met au monde un enfant handicapé ne peut le combler toute seule. Elle a besoin d'aide, de thérapeutes... L'être humain, si beau et si complexe a besoin d'une communauté, d'appartenir pour devenir. Pour accueillir l'autre différent et y découvrir un trésor, apprendre le pardon, pour devenir plus mature, plus à l'écoute, pour apprendre : « Mais toi qu'est-ce que tu penses ? Toi aussi tu as des idées.»

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