dimanche 22 novembre 2020

Comment traverser l'épreuve de l'inceste ?

 


1. Libérer la parole

Il est d'une urgence vitale pour les victimes, mais aussi pour les proches, de parler, de sortir du secret, de lever le tabou. Jésus nous pousse à oser mettre des mots sur les maux car « la vérité vous rendra libres » (Jean 8, 32). Ce n'est pas un choix, mais un devoir pour nous tous, même si, évidemment, de telles paroles peuvent provoquer des tsunamis.

2. Se faire accompagner

Une victime d'agression ne peut pas s'en sortir seule. Le rôle de l'entourage, des proches, est primordial. L'accompagnement psychologique également. Si je n'avais pas entrepris une thérapie à partir de 2009, j'aurais sans doute sombré. Tout le défi est de trouver le bon thérapeute, formé au traitement des violences sexuelles.

3. Prier pour l'agresseur

J'ai entendu une parole forte un jour : « Il n'est pas en notre pouvoir de ne plus sentir et d'oublier l'offense, mais le coeur qui s'offre à l'Esprit saint retourne la blessure en compassion transformant l'offense en intercession. » Quand j'ai commencé à prier pour mes parents, pour leur conversion, j'ai fait un grand pas sur le chemin du pardon, et donc de ma libération intérieure. Car l'incapacité à libérer la bénédiction retient la guérison. J'ai pleinement conscience que certaines victimes ne souhaitent pas emprunter cette voie ou n'y parviennent pas. Le pardon est un long chemin.

4. Pardonner

Le pardon, ce n'est pas l'oubli. Le pardon ne supprime pas la nécessité de la justice. Il faut dénoncer le mal pour se considérer comme victime et pour aider l'agresseur à corriger sa faute. J'ai fini par comprendre que le vrai pardon, c'est accepter que mes cicatrices, et la souffrance qui en découle, ne disparaîtront jamais, mais qu'elles peuvent se transformer en quelque chose de beau. Pour moi, le vrai pardon est un fruit de la foi. Sans Dieu, je n'aurais jamais pu pardonner à mes parents, ni d'ailleurs à moi-même - la culpabilité aurait continué à me ronger.

Mathilde Désanges


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