samedi 20 mars 2010

Des Etincelles III de François Cassingena-Trévedy


L'homme n'a de vie que ses veilles, ses veilles où sa vie brûle et dont un violon est l'unique flamme.

Qu'est-ce que la poésie ? L'huile essentielle des choses.

Dans chaque page de l'Évangile, si l'on regarde bien, il y a un paysage: c'est un ciel, un lac, une colline, une montagne, un désert, un champ, un jardin; c'est un arbre, un portique, une barque qui laissent imaginer tout le reste, plantés là simplement pour que l'on plante à son tour tout le reste, car il faut travailler, il faut construire, il faut « imaginer », c'est- à-dire faire image, avec Lui. Chaque page est un paysage, et le paysage n'est pas décor: il est déjà, il est pleinement évangile.

L'Église est fondée sur Pierre, et Pierre est fondé sur ses propres larmes (Mt 26, 75), si bien qu'au fond l'Église est fondée sur les larmes. Et c'est bien ainsi, car les larmes sont plus solides que la pierre même.

Garder absolument le temps de penser, c'est-à-dire de laver ses filets; de les laver consciencieusement, à l'eau claire de la nuit. Les veilleurs ont l'odorat si fin qu'ils sentent les étoiles.

Nuit - le ciel ensemencé d'un livre d'étincelles.

Etincelles III , méditations écrites de François CASSINGENA-TRÉVEDY, moine de Saint Martin de Ligugé (né le 28 novembre 1959 à Rome)

Pourquoi j’ai écrit ce livre
« Étincelles III » est la suite naturelle de « Étincelles » (2004) et « Étincelles II » (2007), puisque aussi bien c’est la même nécessité intérieure, la même « observance » (au sens quasi monastique du terme) qui me pousse à consigner, tard dans la soirée, ce petit peu de lumière aperçue, reçue, devinée, qui donne à chaque jour son prix et appelle un fraternel partage. Les étincelles sont des « élucubrations », au beau sens antique du terme, c’est-à-dire des choses écrites à la clarté de la chandelle. Les « Étincelles » sont intégralement originaires de la nuit, s’alimentent à son mystère et n’ont pas d’autre dessein que d’y faire retourner. Écriture spontanément, volontairement fragmentaire qui construit peu à peu une totalité, sans que celle-ci, totalitaire, emprisonne le moins du monde. Car si chaque étincelle est un atome de sens, l’intervalle – le blanc, ou l’espace intersidéral – qui sépare les étincelles est lui-même provocateur de sens à l’infini. L’ouvrage en son entier se conçoit comme un firmament, un océan, une forêt où chacun trace librement son chemin, ou chacun trouve un chemin pour lui tout particulièrement approprié. Livre « interactif », donc, dans tous les sens du terme. Depuis qu’elles sont parues, en leurs trois livraisons successives, les « Étincelles » ont engagé dans le public une sorte de processus nucléaire : elles se colportent grâce à l’amitié et engendrent des amitiés. »
Frère François, monastère de Ligugé