mardi 28 janvier 2020

Dites-leur de viser haut ! (1)


Gilles farcet : C'est une joie d'annoncer la parution du livre important et attendu d'Eric et Sophie Edelmann. Le plus simple , pour en parler ici, me parait de partager de larges extraits de l'introduction que j'ai eu le privilège de rédiger à leur demande. 
Les personnes intéressées peuvent, en cliquant aller sur le site de Mangalam, l'ashram animé par Eric et Sophie au Québec, dans la lignée d'Arnaud Desjardins et Swami Prajnanpad.


« Quand l’amour vient en ville » …

Le livre que vous avez en main est un objet improbable, rare, et par conséquent précieux.
Plusieurs raisons à cela. La première, dont les autres découlent, est qu’il s’agit d’un livre de spiritualité, l’exposé d’une perspective autre, ouvrant sur un ordre de réalité radicalement différent.

Ces pages ne relèvent pas d’un « partage » d’expérience se voulant fulgurant. C’est bien de leur vécu que les auteurs témoignent ; mais le vécu en question ne procède pas d’une expérience qui aurait un beau jour fondu sur eux. L’expérience ici partagée participe d’une lente et patiente maturation, d’une intégration plutôt que d’une sidération.


Ce dont les auteurs témoignent avant tout, c’est de leur pratique, autrement dit d’un travail structuré, certes à mettre en acte ici et maintenant mais dont les fruits se récoltent avec le temps, comme le veut la loi de la nature. Ce livre expose avec soin et précision ce que dans le bouddhisme ou l’hindouisme on nomme un « dharma », mot que l’on pourrait traduire par « doctrine » si ce mot n’en était pas venu à suggérer un système poussiéreux et rigide. On optera donc, faute de mieux pour le terme « enseignement », lui-même quelque peu suspect dans le contexte ambiant.


Quoique limpide, cet enseignement n’a rien de simpliste. Il ne repose pas sur une poignée de concepts « choc » mai relève plutôt d’une science subtile, déploie une riche palette aux multiples facettes qu’on ne peut appréhender sans un minimum d’effort et de rigueur. Il ne brosse pas l’humain à gros traits mais l’aborde au contraire dans toute sa complexité, ses tours et détours, ses contradictions, sa merveille et sa tragédie.

On n’a donc pas là un ouvrage « facile », même s’il est tout à fait abordable. Ce livre n’entre pas dans le registre des recettes instantanées. Les auteurs ne font pas de rabais.

La spiritualité ici présentée a cela de - désormais - inhabituel qu’elle est d’ordre traditionnel.

Cet enseignement ne participe pas d’une génération spontanée. Il ne se revendique pas « sauvage », ne récuse pas fièrement toute référence, ne balaie pas d’un trait de plume l’héritage du passé. Il est transmis dans le cadre d’une lignée de maîtres et de disciples parfaitement identifiée et régulièrement évoquée. Les auteurs ne se présentent pas comme des phénomènes jaillis de nulle part mais se veulent maillons d’une chaîne. Par-delà les références à leur lignée spécifique, ils émaillent leur propos de citations puisées dans maintes époques et courants, inscrivant ainsi leur démarche dans une aspiration immémoriale de l’humain, manifestée en tout temps et sous toutes les latitudes.


Et pourtant, quoique traditionnelle en cela qu’elle procède d’enseignements millénaires, la spiritualité ici partagée est une spiritualité vivante. Vivante, c’est à dire vécue et vivable aujourd’hui, ici et maintenant dans le contexte qui est le nôtre. S’il rend hommage à une lignée, ce livre ne témoigne pas d’un passé. Son propos n’est pas de susciter la nostalgie d’un monde révolu, peuplé de maîtres et de disciples aussi grands que morts.

La force de ce livre, ce en quoi il constitue une si bonne nouvelle, c’est qu’il présente une démarche contemporaine, vécue et transmise au jour le jour par des enseignants en pleine activité à l’heure où j’écris ces lignes, dans un contexte qui n’a rien d’exotique : en Amérique du Nord, dans un lieu facilement accessible, à une heure et demie de Montréal.

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avançant dans ma lecture du livre d’Eric et Sophie, je renoue avec l’émerveillement éprouvé par le chercheur à la découverte d’un enseignement vivant, complet et accessible. Je me réjouis pour ces lecteurs, jeunes ou moins jeunes, peu importe, qui, éprouvant des impressions du même ordre, vont se sentir appelés à aller plus loin, et qui plus est vont pouvoir le faire, s’ils le veulent vraiment.

Arnaud Desjardins était élève de Swami Prajnanpad, Eric et Sophie Edelmann sont élèves d’Arnaud Desjardins par qui ils ont été personnellement guidés et qu’ils ont côtoyé de très près (pendant près de quarante ans en ce qui concerne Eric et une trentaine d’années pour ce qui est de Sophie).

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