mercredi 31 juillet 2013

Maître Taisen Deshimaru pour vous servir !

Ses dernières paroles à ses disciples sont : « Please, continue zazen. » 

Yasuo Deshimaru, appelé également « Mōkudo Taisen », plus connu comme Taisen Deshimaru a légué à ses disciples l'essence du zen, zazen, qu'ils transmettent maintenant à leur tour, continuant sa mission, pratiquant dans les dojos, vivant dans le social, et se retrouvant au temple de la Gendronnière lors des grandes sessions de l'année. 
Comme Bodhidharma, il y a mille cinq cent ans, avait apporté le zen de l'Inde en Chine, comme Dogen, il y a huit cent ans, l'avait introduit au Japon, Maître Deshimaru a transmis l'essence de l'enseignement du Bouddha en Europe et dans le monde.




mardi 30 juillet 2013

Regardez votre moi divin avec votre œil intérieur

Voici un court extrait (p.394) de «La vie des Maîtres » de Baird T. Spalding - Editions J'ai lu - dans lequel Emile, un des Maîtres du livre, parle de la prière et de l'inversion du regard.


"Entrez dans le lieu secret de votre âme, fermez la porte au monde extérieur, fermez vos yeux de chair, regardez votre Moi divin avec votre œil intérieur. Vous vous êtes paisiblement mis dans un état réceptif spirituel. Le Principe de Dieu est le but unique. Je communie avec l'Energie de la Vie Universelle. Elle me traverse, je la connais, je la sens. Je remercie Dieu mon Père d'avoir la faculté d'accomplir toutes choses.

Quand vous priez Dieu et que votre âme intime est en contact avec l'Energie de la Vie Universelle, vous utilisez cette énergie dans une mesure illimitée. Vous donnez le nom de Dieu à l'Esprit infiniment sage qui existe au-dedans comme au-dehors de tout être humain. L'ex-pression extérieure de Dieu ne peut se formuler qu'à travers vous. Il n'est donc pas nécessaire de rechercher aide et connaissance à l'extérieur. Cherchez-les à l'intérieur, sachant que la vérité intelligente et la source de toute connaissance sont latentes en vous. Pourquoi chercher le savoir à l'extérieur, Puisque Dieu, l'Esprit Universel, est intérieur ? 
Ayant compris ce principe, vous pouvez faire appel à lui pour n'importe quelle oeuvre en étant certains que le Dieu intérieur est le plus grand des éducateurs."

Extrait de "Vivre sans tête", revue n°7 juin 2000

lundi 29 juillet 2013

Un moteur sans recherche...


Aucune recherche !!!

Qui Cherche ?


Vigilance estivale...


La fréquente vigilance peut donner des fruits...

Pour revenir en vitesse à la lumière intérieure...

dimanche 28 juillet 2013

L'ennui mis au jour avec Patrick Lemoine

L’ennui n’existe pas dans la nature. Et il y a des ethnies qui n’ont pas de mot pour l’­exprimer. Quand on lutte pour sa survie, on ne s’ennuie pas, même s’il s’agit de rester sans bouger pour surveiller une proie, ou de vérifier que l’on n’est pas attaqué. Les Chinois n’ont pas non plus de vocable pour le dire. Dans les cultures orientales, la méditation a une place centrale. Et l’ennui représenterait un décalage entre l’homme et son environnement, ce qui va à l’encontre de la recherche d’harmonie. En Occident en tout cas, l’ennui est une production des sociétés sédentarisées et urbanisées. Dès lors que vous savez que votre nourriture et votre sécurité sont assurées, vous commencez à vous payer le luxe de l’ennui...

Cela dit, ça se cultive. Il y a des familles où l’on ne supporte pas de laisser les enfants quelques minutes sans rien faire. Je vois des parents qui passent leur temps libre à courir, du foot au dessin puis aux louveteaux, faire des burn-out. Laisser son enfant 10 minutes sans lui proposer une activité n’est pas cruel. Les enfants trop sollicités deviennent des intolérants à l’ennui et donc plus facilement addicts. Dès lors que l’on n’est pas capable de rester face à soi-même, on fait avec ce que l’on a. La drogue, l’alcool et… pourquoi pas l’addiction numérique ? L’ennui à petites doses dès la petite enfance permet de développer l’imagination, la créativité, l’introspection, une forme d’autonomie. Je suis reconnaissant à mes parents de m’avoir laissé m’ennuyer dans le jardin à regarder les oiseaux !

Patrick Lemoine

(source : La Vie)

Ibn Arabî Le sceau de la sainteté

Grand maître spirituel de l’Islam, ce philosophe et mystique est lu par les intellectuels soufis. Pour lui, se découvrir, c’est découvrir Dieu en soi et inversement.
Par Faouzi Skali

Ibn Arabî est né à Murcie dans une Andalousie au carrefour de l’Orient et de l’Occident, à une époque d’alliance entre la science et la foi, où savants et métaphysiciens marchent main dans la main.
Ibn Arabî rencontre Averroès, très jeune. Son père, inquiet de l’engagement mystique précoce de son fils, l’a envoyé porter des livres au vieux philosophe de Cordoue. En frappant à la porte d’Averroès, celui-ci lui ouvre et lui dit : " oui ". Ibn Arabî le regarde et dit : " oui " à son tour. Puis, il le regarde de nouveau et dit : " non ". Le philosophe lui demande alors : " Qu’est-ce que vous, mystiques, découvrez de plus que nous [philosophes] ne puissions trouver déjà à travers la voie rationnelle ? " Pour Ibn Arabî la réponse se situe entre le oui et le non.
Car la voie mystique n’est ni rationnelle ni irrationnelle. L’esprit s’échappe des limites de la matière. C’est autre chose que la philosophie, hors du domaine de la raison. Sans comprendre leurs propos, on traite les mystiques de blasphémateurs, on les crucifie, on les condamne car ils parlent de choses que le commun des mortels ne peut pas admettre. Quand Ibn Arabî dit tout cela à Averroès, il a près de 14 ans.
Musulman, Ibn Arabî se forme aux théologies à sa façon. Il considère que Jésus est son premier maître spirituel. Véritable génie, il acquiert une science considérable en fréquentant par la lecture différents maîtres et prophètes. Il écrit des livres d’une façon très spéciale, notamment les Gemmes de la sagesse. Il dit l’avoir " reçu " d’un trait, une nuit, réveillé par le prophète Mahomet.
La sagesse est représentée par une pierre dont la forme est comparée à la Tradition. Ainsi, la pierre est la même pour tous les hommes, mais elle est taillée de façon différente selon les religions, selon les formes prophétiques dictées à Abraham, Jésus et Mahomet, le dernier prophète.
À La Mecque, il écrit son ouvrage majeur, l’œuvre métaphysique la plus importante de l’Islam : les Illuminations mecquoises. D’une très grande profondeur, elle résume les aspects spirituels et métaphysiques propres au soufisme, son enseignement initiatique. Ces révélations conjuguent à la fois une extrême rigueur dans la conception et un travail visionnaire qui doit à Ibn Arabî son surnom de fils de Platon.
Ibn Arabî n’est pas influencé par la scission entre raison et foi qui transparaît déjà avec Averroès. Au contraire, avec Ibn Arabî, la foi en tant que vision, conscience et expérience du cœur entre en ligne de compte. La profondeur soufie d’Ibn Arabî se situe dans la rencontre entre l’amour et la connaissance, le cœur et la raison. Il est allé très loin dans le voyage de l’âme vers la proximité divine et exprime cette expérience avec une extrême beauté en commentant ces propos du Prophète : " Celui qui se connaît lui-même, celui-là connaît son Seigneur. " Son voyage spirituel explore son être dans ses profondeurs les plus intimes.
Vivre dans le monde, c’est sans cesse se rapprocher du mystère de l’être divin. Dans un hadith qoudsi (propos divin), Dieu dit : " J’étais un trésor caché, j’ai aimé à être connu. J’ai alors créé le monde afin que je sois connu par lui. " Ibn Arabî s’appuie sur cette explication de la Création pour faire comprendre le but de l’existence. Il s’agit bien de réaliser ce désir de Dieu d’être connu. Ibn Arabî insiste ainsi sur l’importance du désir et de l’amour divins. Ce " soupir du miséricordieux " dont il parle, c’est la manifestation de l’existence, le souffle. Toute l’existence n’est que l’émanation de cette nostalgie divine. L’homme, ou l’âme humaine, quand elle se fait transparente par la prière, devient l’œil par lequel le divin se regarde lui-même. C’est l’œil de la contemplation.
Ce que personne avant lui n’avait imaginé avec tant de cohérence, devient avec Ibn Arabî un aboutissement mystique, une extraordinaire synthèse. Ce n’est pas un hasard si le Moyen Âge l’appellera le Docteur Maximus ! Quant à certains soufis, ils diront de lui qu’il porte le " sceau mahométien ".
En effet, il fut bien l’héritier du Prophète sous ses aspects tant ésotériques que spirituels. Et Ibn Arabî reste, aujourd’hui encore, une référence importante pour toutes les écoles soufies à travers le monde, au titre du visionnaire métaphysique.
Pour qui s’intéresse au soufisme, Ibn Arabî est une étape cruciale. Il trouvera chez lui une liberté, une capacité de transcender les limites de la raison et des formes, d’élargir la conscience dans la connaissance et l’amour divin. Ibn Arabî lui indiquera la voie vers des domaines extrêmement profonds, voire déconcertants. Il comprendra que la perception est toujours au-delà de ce qu’on imagine, qu’elle nous rend humbles devant une connaissance sans limites. A.S.

Né dans la médina de Fès, Faouzi Skali est directeur du festival de Fès depuis sa création en 1994. Spécialiste du soufisme, il est l’auteur de Jésus dans la tradition soufie, en cours de traduction chez Albin Michel.

"Le sommeil loin de Toi me devient interdit.
Comment peut-on dormir séparé de l’Aimé ?
L’amour est ma religion et ma foi. "

Le grand maître soufi
1165 Naissance à Murcie (Espagne).
1179 Rencontre avec Averroès, à Cordoue (Espagne).
1196 À Fès (Maroc), révélation du " sceau de la sainteté mahométienne.
1203 Commence les Conquêtes spirituelles mecquoises.
1223-1240 S’installe à Damas (Syrie), où il finit sa vie.

Aller plus loin avec le soufisme
À VOIR
- Participer au festival de Fès
Fès organise depuis dix ans un festival de musiques sacrées du monde.
Les invités de cette année : chanteurs soufis du Kurdistan iranien, derviches tourneurs de Konya, moines danseurs du Tibet, mais aussi Monserrat Figueras, sœur Marie Keyrouz et Yousou N’Dour...
Du 28 mai au 5 juin.
Les concerts se déroulent dans des lieux magnifiques : place Bab Boujloud, porte de la Bab Al Makina, patio du musée Batha...
- Les rencontres de Fès
Parallèlement au festival se tiennent des rencontres sur le thème Une âme pour la mondialisation. Invités : Laure Adler, Bertrand Collomb, Leïla Shahid, Jorge Semprun...
Du 29 mai au 2 juin, de 9 heures à 13 heures.
- Le festival off
En marge des manifestations officielles, des concerts gratuits ont lieu tous les jours à 17 h 30, place Bab Boujloud.
Soirées soufies, à partir de 23 heures, à travers la ville.
Tout le programme sur www.fesfestival.com
Y aller
- Avec La Vie : Jean-Claude Petit, ancien président de Malesherbes Publications, accompagne un groupe de lecteurs à Fès, pendant le festival (2 120 €). Inscriptions : Martine Lominé, 163, bd Malesherbes, 75017 Paris.
Tél. : 01 48 88 65 34.
- Avec Terra Diva, 340 €. Hôtels de 79 à 191 € par jour pendant le festival. 29, rue des Boulangers, 75005 Paris, 01 44 07 10 12.
- Liaisons directes Paris (Orly)-Fès avec la Royal Air Maroc. Aller-retour le 27 mai et le 7 juin : 479,42 €.
- Sur les traces d’Ibn Arabî
La mosquée Aïn el Khaïl, dans le cœur de la médina de Fès. Ibn Arabî y vécut, y travailla et y reçut sa révélation. Cette petite mosquée est menacée par deux maisons mitoyennes qui risquent de s’écrouler. Laïla Skali, architecte, se mobilise pour la sauver et en faire une bibliothèque sur le soufisme et Ibn Arabî.
À lire
- Ibn Arabî dans le texte
Traité de l’amour se lit aisément. L’introduction de Maurice Gloton, traducteur et spécialiste des grands soufis, propose une chronologie éclairante sur la vie d’Ibn Arabî. Dans la même collection, mais plus ardus pour les non-arabisants : la Sagesse des prophètes et les Illuminations de La Mecque.
Albin Michel, 8,60 €.
- L’Esprit de Fès : en quête de sens et de beauté
Pour ce livre anniversaire, Nathalie Calmé a recueilli des témoignages d’artistes, philosophes, économistes... venus au festival depuis dix ans. En vente au festival, disponible en librairie début juin, éd. Albin Michel. A.S.

Ibn Arabî et l’amour
"L’amour est ce rapport
Qui concerne aussi bien l’homme que Dieu,
Bien que notre science
Ignore cette relation.
Car l’amour est savouré,
Mais son essence incomprise.
N’est-ce pas étonnant, mon Dieu ! Ô mon Dieu !
L’Être même de Dieu
Est fondé sur l’amour,
Lui qui voit en nous comme en Lui,
Sans que nous soyons principe d’analogie.
Le terme de l’amour chez l’homme
Est de réaliser l’union :
L’union de deux esprits
Et l’union de deux corps.
Aussi l’excellence de l’amour
Est-il l’effet de l’Excellence !"
Extrait de Traité de l’amour, Albin Michel coll. Spiritualités vivantes.

samedi 27 juillet 2013

Etre à l'écoute avec Boris Jollivet

À 41 ans, Boris Jollivet recueille la rumeur du monde. De l’Afrique à l’Inde, du Queyras au Jura, de la Loire, sillonnée en canoë, à ce bois d’Indre-et-Loire, près de son village, non loin d’Amboise. 
« Gamin, j’étais déjà un naturaliste dans l’âme. » Adolescent, Boris avait été subjugué, au printemps, d’entendre chaque nuit de violentes percussions dans une poutre en bois d’une chambre. Il avait guetté ce tic-tac, ce bruit énigmatique, jusqu’à percevoir qu’un coléoptère de trois millimètres – une grande vrillette – se tapait la tête contre la poutre...



Un couple de cygnes prend son envol



Quand vous êtes au milieu d'un lac gelé, la nuit, le froid augmente, la glace se fissure, vous sentez la vibration dans vos jambes et ça chante dans tous les sens comme par magie. 
C'est pour moi le plus beau concert de la terre (que je connaisse).
C'est difficile à expliquer la prise de son car peu de personne la pratique, mais lorsqu'on enregistre, il se passe beaucoup de chose, on est concentré dans un autre monde qui procure beaucoup d'émotions. 


Boris Jollivet
http://www.deezer.com/fr/album/47546

vendredi 26 juillet 2013

Changement vers l'estime de soi avec Elina Dumont

« Enfant de l'abandon, adolescente fugueuse, femme de la rue. J'en ai bavé, pourtant je m'en sors, et je n'en reviens pas. Je raconte ma longue nuit. J'ai parlé, souri, dragué, emballé, couché : juste pour trouver un lit. J'étais dehors. Il fallait bien que je trouve un chez moi. […] J'ai des dents blanches, un sourire engageant, je n'ai pas l'air d'une fille de la rue, d'une "SDF" comme on dit. Ma mère était un danger pour ses enfants. Elle buvait, elle était psychiatrique. J'ai été placée, tôt, chez la mère Trognon, au milieu des vaches, des prés et des forêts. La mère Trognon accueillait des enfants de la DDASS comme moi. Dans le village, des gens ont abusé de moi. Je ne savais pas, personne ne m'a rien dit, je croyais que c'était normal.
 À 15 ans, j'ai grimpé le mur et j'ai fui, direction Paris. J'ai atterri dans un foyer. Monsieur Jacky m'a lancé comme stripteaseuse en me faisant croire que j'allais percer comme danseuse. Dans la rue, c'est sans limites. J'ai eu le nez dans la coke, j'ai bu, je me suis évanouie pour que les pompiers me ramassent. Dormir au chaud, à l'hôpital, […] c'est le luxe des gens de peu. 
Mes amis de la rue m'en ont beaucoup appris : "Neuneuil", "Darty" "Zonzon", "la Fiole". […] Je ne les laisse pas tomber, c'est un peu ma famille. Dehors, tu n'as que trois verbes à ta guise : manger, te réchauffer, dormir. Aujourd'hui, je me suis reconstruite. J'ai aussi rencontré des gens qui ont cru en moi, j'ai gagné en confiance, suivi une thérapie. Je suis devenue comédienne. Une fille qui se sort de la rue, qui raconte ce qu'elle y a vécu. » 
Elina Dumont
Livre "Longtemps, j'ai habité dehors"



J'ai changé, oui j'ai changé. Je n'ai pas arrêté de changer, c'est d'ailleurs ça qui m'a sauvé la vie. Je n'ai jamais voulu me laisser abattre ni rester enfermée dans une case.

Trois choses m'ont permis d'avancer : le théâtre, la psychothérapie et toutes les personnes qui, un jour, m'ont fait confiance. Grâce à elles, je peux dire que je suis sortie de la survie... pour entrer dans la vie !.

Elina Dumont
(La Vie)

jeudi 25 juillet 2013

Transformation des émotions avec Christophe Massin (3)

Tout ce processus demeure très discret, ne recherche pas les effets spectaculaires, les auréoles ni les arcs-en-ciel ! La détente de l'acceptation mène à la simplicité, à la sobriété. C'est l'exactitude de l'amour, juste ce qui est demandé, pas plus, pas moins. Je me sens intimement relié à tout ce qui m'entoure, issu de la même réalité.

Si je reviens à l'exemple, qu'est devenue mon irritation de départ? 
Le parcours intérieur de la colère jusqu'au point sensible, l'ouverture et la détente ont changé mon état. Je nous vois chacun plongé dans nos préoccupations particulières – la vérité de la différence ! « Lorsque vous voyez la différence vous devenez un. »
Je vois aussi que prendre contre moi l'indisponibilité de ma compagne crée de la souffrance en moi. Cette souffrance rejaillit en agressivité et cherche à s'assouvir en la blessant. Cela m'éloigne encore plus d'elle au moment où je voulais en être proche. Tandis que percevoir le lien qui nous unit resitue son indisponibilité momentanée comme un incident de parcours qui peut être traité sans remous et même avec humour.

L'amour a été mis au défi et paradoxalement il va se nourrir de cette difficulté : vais-je m'aimer suffisamment pour ne pas prendre comme une offense personnelle cette situation, et vais-je aimer ma compagne suffisamment pour m'ouvrir à elle telle qu'elle est? Il ne s'agit surtout pas de forcer un sentiment de manière volontariste mais d'un changement complet de perspective: le passage du point de vue de l'ego à la perception de ce qui est. L'ego s'est focalisé sur un aspect, réduisant ici l'immensité infinie de la réalité à l'indisponibilité de ma compagne pour moi. Ce qui est ne peut être défini, ne peut se ramener à un événement particulier, c'est le mystère de l'existence. Cela, l'ego ne peut l'appréhender, il doit, au contraire, se laisser absorber par ce mystère et s'y fondre.
L'amour l'emporte alors dans son flux, faisant disparaître en même temps mon problème. Plus d'ego, plus de problème ! Plus d'ego ne signifie pas de le supprimer mais de réaliser qu'il est le fauteur de troubles, comme le voleur qui crie « au voleur! » pour détourner l'attention. Il faut juste lui demander de ne plus s'en mêler, de s'effacer discrètement. Il prétend servir au mieux mon intérêt alors qu'en fait sa maladresse, sa vision étriquée, sa susceptibilité, son avidité le contrecarrent et me desservent.

Au long de ce parcours, de la souffrance à la douleur, puis de la douleur au sentiment, le ressenti émotionnel a représenté le fil rouge de la transformation. Il en est le lieu et le vecteur et nous permet de savoir comment nous sommes situés, suivant en parallèle les quatre positions, moi seulement, moi et l'autre, l'autre et moi, l'autre seulement. 
Nous pouvons les repérer aisément dans l'exemple qui précède où moi seulement se heurte à l'existence de l'autre, pour finalement l'inclure et cesser de s'opposer à lui. L'autre seulement ne signifie pas ma compagne seulement, mais s'élargit à la globalité de la situation telle qu'elle est seulement, sans l'interférence de l'ego, sans moi ni mes commentaires. L'autre seulement traduit simplement que moi s'est effacé de la scène : l'instance qui s'interpose et juge, compare, rejette, agrippe a disparu au profit d'une connexion directe avec la vie. L'autre seulement équivaut à la vie seulement, à l'amour seulement, sans condition.

Extraits de "Souffrir ou Aimer"
de Christophe Massin


mercredi 24 juillet 2013

Transformation des émotions avec Christophe Massin (2)

— Admettre que je ne sais pas.
Lâcher implique de reconnaître que je ne sais pas, qu'une large proportion des éléments qui ont concouru à cette scène m'échappe totalement. Mon point de vue se limite à un point de vue. Le réaliser véritablement me conduit à quitter le ton cassant et péremptoire de la colère, pour une attitude plus ouverte. Un début d'acceptation devient possible, quand je vois qu'il ne m'est pas nécessaire de comprendre tous les tenants et aboutissants pour accepter.

— Accepter pour comprendre.
La compréhension découlera naturellement de l'acceptation, alors que, le plus souvent, nous exigeons en priorité de comprendre avant d'accepter.

Ressentir plutôt que penser.
Plus je rumine dans ma tête à propos de la situation, moins j'arriverai à accepter. Alors que si je m'intéresse à ce que je ressens dans mon corps et dans mon coeur. cela me sera plus aisé: je sens l'oppression dans la poitrine, la tension dans mes bras et mes jambes, la crispation de mon visage. mon vécu émotionnel. Je laisse ces sensations évoluer d'elles-mêmes, en les acceptant et en me relâchant autant qu'il m'est possible.

Choisir plutôt que supporter.
Pour que l'acceptation soit libératrice et joyeuse, elle doit être vécue comme un vrai choix positif : je peux facilement refuser, je peux aussi accepter sur un mode passif, tiède — bon, c'est comme ça... ma compagne est comme ça... Mais en ce cas, le résultat risque fort de me décevoir à la mesure de cette tiédeur.

Voir un défi et une opportunité.
Je peux plutôt choisir activement cette situation comme un défi et une opportunité. Elle me défie parce qu'elle déçoit mon attente : vais-je trouver la ressource pour saisir la balle au bond ou vais-je répéter la scène de ménage sans surprise, une fois de plus ? Elle m'offre l’opportunité de m'ouvrir, de dépasser le plan superficiel, d'élargir le champ de mes possibles.

M'ouvrir à la créativité et à l'imprévisibilité.
Cette attitude qui relève le défi m'emmène vers la nouveauté, vers l'imprévisible. Je ne sais plus ce qui va sortir de moi, je vais le découvrir en même temps que ma compagne — cela devient passionnant. Je fais confiance à l'intelligence du cœur qui va savoir trouver un chemin, sans que je me prenne la tête à élaborer une quelconque stratégie. Alors que la tête oppose (j'ai raison/elle a tort), le cœur intègre les points de vue contradictoires en nous englobant tous les deux dans sa vision bienveillante : comme une mère entoure du même amour ses enfants qui se disputent. Je m'appuie aussi sur mon corps qui dispose de ses propres antennes et de son intelligence instinctive.

Me laisser aller à la détente.
L'acceptation a contribué à me détendre physiquement et je peux pousser plus loin dans cette direction en respirant avec le ventre, en le mettant en mouvement, pour retrouver une fluidité, une circulation de l'énergie. Me mobilisant ainsi, je me rapproche du plaisir sensuel de sentir la vie palpiter, avec d'autant plus d'intensité, après toutes ces émotions. Mieux je me sentirai dans mon corps, plus vivante sera ma réponse.

M'impliquer pleinement.
Tête, cœur et corps participent tous à l'alchimie qui va transformer un homme énervé et agressif en un homme aimant, déjà en lui-même, puis avec l'autre. Oui, le processus réclame la participation de tout mon être, que rien ne soit laissé en dehors, que rien ne soit évité. L'amour exige cette entièreté, ce don de soi complet qui en même temps m'emplit.

Répondre à la situation.
À partir de ce terreau fécond, la réponse se développe naturellement, prenant en compte l'ensemble de la situation, et pas seulement mon point de vue personnel. La transformation ne s'arrête pas à celle du vécu émotionnel, son aboutissement se concrétise par l'action, une action qui exprime l'unité avec l'autre, avec la situation. L'amour est réponse à ce que la vie me demande maintenant. L'égocentrisme laisse la place à une vision plus vaste où je deviens un élément au même titre que les autres.



mardi 23 juillet 2013

Transformation des émotions avec Christophe Massin (1)

La transformation des émotions participe d'une démarche qui dure dans le temps et suppose une évolution globale de la personne. Cette progression ne doit en aucun cas occulter la possibilité d'une transformation d'un état émotionnel, dans l'instant, face à une situation particulière, qu'on peut expérimenter sans s'engager dans un processus aussi long et impliquant. Tout le monde ne souhaite pas s'y lancer et le lecteur trouvera ici une synthèse des ingrédients qui lui permettront de tenter cette alchimie par lui-même. Quels en sont les principes essentiels?

  — Tout prendre.
 En premier lieu, se garder de toute discrimination négative envers certaines émotions sous prétexte que nous les trouvons indignes de nous, puériles, mauvaises: prendre toute émotion telle qu'elle s'impose spontanément, sans la discuter, déjà pour reconnaître sa nature — peur, colère, jalousie, désespoir, ressentiment. « Aucun déni, jamais, sous quelque forme que ce soit », recommandait Swami Prajnanpad. Nous serons souvent confrontés à des jugements et à des émotions secondaires qui interfèrent et brouillent notre conscience, comme la peur, la honte et la culpabilité. Elles aussi doivent être identifiées pour aboutir à un état des lieux aussi précis que possible des forces en présence, englobant aussi le fait déclencheur. Par exemple : je me sens mal après un conflit avec ma compagne. Qu'est-ce que je ressens ? Je suis énervé, contrarié, je lui en veux.

- Préciser. 
Qu'a-t-elle fait pour cela? Elle a encore une fois accordé la priorité à des considérations matérielles qui me semblaient secondaires, alors que je cherchais à lui communiquer quelque chose d'important pour moi. Déjà pour reconnaître cela, je dois au préalable constater les jugements qui montent contre elle et les pensées réactives de vengeance qui risqueraient sinon de m'absorber complètement et de me dissimuler mes émotions. L'animosité de ces pensées me confirme que j'ai de la colère et du ressentiment.
Je reviens donc à moi : quel est le point sensible qui a été touché ? Cette question est fondamentale, car sous l'effet de la colère j'ai envie de me fermer, de décréter qu'elle est trop bornée, qu'elle ne me mérite décidément pas et que je n'en ai rien a fiche.
Il est donc essentiel d'admettre que je suis touché dans un point sensible et que je ne prétende pas le contraire. Dans bien des situations notre amour-propre voudrait être au-dessus de certaines réactions émotionnelles - même pas mal ! - et nous aurons tendance à les nier. Donc ne pas nous mentir au nom de la bonne image que nous voulons préserver de nous-même.

- Ressentir pleinement. 
Nous pouvons dire : « Je sais très bien que je suis énervé », mais en fait cette conscience se cantonne à un niveau très superficiel de nous-même. C'est un piège dans lequel nous tombons souvent. Quand nous disons: « Je sais très bien », nous ne nous arrêtons pas sur l'émotion, nous passons dessus sans la vivre réellement. Nous sommes emportés par elle sans véritable expérience consciente de tout ce qui se modifie en nous du fait de cette émotion, psychiquement et physiquement. Nous sommes sous emprise et ne le mesurons pas.
Constater la présence de l'énervement et du ressentiment doit nous conduire à un arrêt sur image: si j'ai cette intensité de réaction, un point sensible a été touché, lequel ? Dans mon vécu, ses préoccupations matérielles comptent plus que ce qui me tient à coeur, donc plus que moi et, de surcroît, cette situation s'est répétée, ce qui explique le ressentiment. Je suis blessé et même, pour une part, humilié de passer ainsi après des histoires de courses et de placards à ranger. Plus je me rapproche du point sensible, plus la colère se mue en tristesse. Derrière mon irritation, j'ai de la peine que ma compagne ne perçoive pas l'importance pour moi de ce que je veux partager avec elle. Et puis, en y regardant de plus près, je m'aperçois aussi que je ne suis pas très à l'aise, car je sais que je l'ai agressée, que je ne voulais rien entendre de son point de vue sauf pour le contredire, tant la colère m'agitait. Maintenant, je me sens pleinement en contact avec la palette d'émotions déclenchées par la situation. Je les ai identifiées, je les ressens, je vois où ça fait mal.

— Lâcher prise. 
J'ai commencé à me détendre et le moment arrive où il serait bienvenu de lâcher prise. Lâcher quoi ? Déjà, l'idée que j'ai forcément raison, que mon attente était prioritaire et donc qu'elle a tort et mérite des mesures de rétorsion ; puis, que je ne m'accroche pas à l'interprétation qui affirme qu'elle se préoccupe plus du matériel que de moi. Est-ce une certitude à 100% ? Non. Je suis juste sûr qu'elle n'a pas été disponible à ce que je voulais lui dire et que j'ai mal vécu cette situation et me suis senti blessé.




dimanche 21 juillet 2013

Rendre l'absence, présence avec Alexandra Breukink


Plusieurs raisons m'ont amenée ici, à Gunsbach : le désir d'une paroisse à taille humaine, le travail en équipe avec les autres paroisses protestantes de la vallée, la mémoire d'Albert Schweitzer, qui hante ce village où il a vécu. Mais je suis aussi venue pour avoir plus de temps pour peindre. Ouvrir la Bible, méditer les textes par le biais de la peinture, seule ou avec d'autres.
Longtemps, les démarches artistiques et pastorales m'ont semblé irréconciliables. Aujourd'hui, je réalise combien la parole que je profère au culte. dans les enterrements, les mariages, fait appel à la créativité. 

À la façon d'un peintre, pour mes prêches, j'ouvre grands mes yeux et mes oreilles pour capter les impressions, les images, les laisser résonner en moi avant de les ressortir en mots. 
En mots le plus juste possible, en mots qui parlent de la vie et disent ce faisant quelque chose de Dieu. Rendre visible l'invisible, audible l'inaudible : c'est la fonction de l'art : c'est aussi la tâche vers laquelle, comme pasteure, je ne cesse de tendre. 

Alexandra Breukink
Source : revue La Vie

jeudi 18 juillet 2013

Cosmologie avec Trinh Xuan Thuan

Une partie de l’interview avec Trinh Xuan Thuan de l'émission "Grand Entretien"

Un regard sur notre univers (21 min.)

mercredi 17 juillet 2013

La voix du Diable avec William Blake


The voice of the devil (1 min .)


La voix du diable

La voix du Diable

Toutes les Bibles, ou codes sacrés, ont été cause des erreurs suivantes:

1° Que l'homme a deux réels principes existants, à savoir : un corps et une âme.


2° Que l'Énergie, appelée le Mal, ne procède que du corps, et que la Raison appelée Bien ne procède que de l'âme.



3° Que Dieu torturera l'homme durant l'Éternité pour avoir suivi ses énergies.



Mais contraires à celles-ci, les choses suivantes sont vraies :


1° L'homme n'a pas un corps distinct de son âme, car ce qu'on appelle corps est une partie de l'âme perçue par les cinq sens, principales entrées de l'âme dans cette période de vie.



2° L'énergie est la seule vie; elle procède du corps, et la Raison est la borne de l'encerclement de l'Énergie.



3° Énergie est Éternel délice.

mardi 16 juillet 2013

La carte de Douglas Harding avec Pascal Tellier (2)

Maintenant, au risque de faire hurler certains orthodoxes de l'hindouisme, et d'autres personnes peut-être, voici une recomposition de la carte proposée par Douglas HARDING et celle des Koshas. A vous de vérifier par vous-mêmes, sous votre propre autorité, sans référence à la mémoire ni à l'imagination, si cette Carte recomposée décrit bien la réalité qui vous entoure, que vous êtes, et qui, en définitive, est en Vous. 


Le JE SUIS de la carte de Douglas correspond à S.C.A.M.K. de la carte des Koshas. Ici et Maintenant, il est le support de la création, du temps et de l'espace, ou plus exactement des temps et des espaces, en étant imprégné de Divin. Dans la carte recomposée, les cercles concentriques entre le point JE SUIS et les jambes de la personne assise correspondent aux plans, aux "centres", de la "tête", du "cœur", de la vitalité de l'homme. Tout ce qui est photographiable dans l'homme et hors du corps physique de l'homme, des particules aux galaxies, se trouve à côté des jambes de la personne assise. Derrière le point JE SUIS et les bras en croix sont "représentés" le SOI, DIEU, la Nature de BOUDDHA.

Les exercices proposés par Douglas sont une science de la 1ère Personne. Ils permettent à ceux qui les pratiquent d'accéder Ici et Maintenant à la Vision, à la Réalisation, la découverte de Je Suis, c'est à dire de S.C.A.M.K. 


Les consignes données par Douglas lors des exercices comportent trois présupposés :

1- Les participants sont des êtres vivants. On n'a jamais vu une pierre ou un cadavre pratiquer ces exercices. Les participants sont dotés d'une santé (P.M.K.) en bon état.
2- Les participants sont intéressés par les exercices, sinon ils ne seraient pas venus à l'atelier ou au stage. Ils sont dotés d'affects (M.M.K.) qui s'investissent dans l'enseignement de Douglas.
3- Les participants sont suffisamment intelligents pour comprendre les consignes, la façon de procéder durant les exercices. Ils sont dotés d'une faculté de penser (V.M.K.) qui apporte son concours.


Il peut y avoir des sensations venant du corps durant les exercices, des émotions, ou des pensées parasites mais la consigne de base est de ne pas s'attacher à ces manifestations, de ne pas s'y arrêter, de ne pas s'y laisser emprisonner. Il s'agit de VOIR ce qu'il y a à VOIR au-delà ou avant les sensations physiques, les émotions, et les pensées.


A la question : "Y a-t-il quoi que ce soit qui puisse s'opposer à ce que le visage de mon ami soit accueilli ici ? ", la réponse est "non". Plus exactement, non il n'y a rien qui puisse s'opposer à l'accueil du visage de mon ami, comme pour tous les objets du monde sans exception, mais oui il y a parfois, pour ne pas dire souvent ou presque toujours, quelque chose qui essaie de s'opposer aux faits, un écran, un barrage mental, fait de refus, de peurs, de désirs, d'interprétations psycho-mentales, qui croit qu'une opposition est possible, qu'on peut empêcher cet accueil.


La consigne de ne pas faire référence à la mémoire, ni à l'imagination, neutralise l'obstruction mentale ordinaire, du moins la tentative d'obstruction habituelle. La consigne propose cette neutralisation, permettant ainsi à la conscience de revenir à sa source, de sortir des limites fixées arbitrairement par des croyances, des idées toutes faites, des opinions non fondées ou non vérifiées...


L'étude de ces cartes montre donc une parenté entre l'Enseignement de Douglas Harding et l'Enseignement multiséculaire des Upanishads...

Pascal Tellier

lundi 15 juillet 2013

La carte des Koshas avec Pascal Tellier (1)

Les Upanishads proposent, elles, dans la Taittiriya Upanishad, une Carte représentative de l'homme, connue sous le nom de Théorie des Koshas. En sanscrit, le mot ha signifie revêtement et, avec une majuscule, les Koshas désignent les 'revêtements du Soi". Ils sont au nombre de cinq selon cette Théorie.

• Annamayakosha (A.M.K.) est le revêtement (Kosha) composé (maya) de nourriture Anna). C'est l'ensemble du règne minéral et quatre éléments, eau, air, feu et terre, ces atomes et des molécules, qui constituent la matérialité la plus grossière. Cette matérialité forme le corps physique des êtres vivants.

• Pranamayakosha (P.M.K.) est le revêtement composé d'énergie vitale (prana). C'est l'ensemble du règne végétal et de la composante végétale de tous les êtres vivants qui ont une naissance, une évolution et une mort.

• Manomayakosha (M.M.K.) est le revêtement composé d'émotions (manas) et d'instincts. C'est la spécificité du règne animal, et la composante animale des êtres humains. C'est le niveau psychologique de l'homme, celui des affects, du "coeur".

• Vijnanamayakosha (V M.K.) est le revêtement composé de pensées constructives, de bon sens (vijnana), d'idées. C'est le domaine de la technique, des arts traditionnels, de l'artisanat, des sciences, de la philosophie, propres aux hommes, celui de la "tête".

• Anandamayakosha est le revêtement composé de Béatitude (ananda), ainsi que de Conscience (chit), et d'Etre (sat). Il conviendrait mieux en fait d'appeler ce Kosha, Sat-Chit-Anandamayakosha (S.C.A.M.K.). Ce Kosha est sans forme, à la différence des quatre autres. Il les contient tous et les imprègne, ce qui ne figure pas sur le dessin mais doit être compris dans la réalité.

• Au Centre de l'homme, mais également à l'extérieur et à l'intérieur des Koshas, se "trouve" l'Atman ou le Soi (Self en Anglais). La Toute-Présence du Soi n'est ni représentée, ni représentable dans un dessin à deux dimensions comme celui de cette Carte.

Habituellement, l'homme n'a pas conscience de sa Conscience, ou plus exactement de La Conscience. La Conscience est Unique, elle n'est la propriété de personne et elle appartient à tout le monde. L'homme ordinaire est identifié aux quatre premiers Koshas, et encore n'a-t-il souvent qu'une conscience limitée et approximative de ces Koshas. C'est pourquoi, l'homme non accompli est décrit par les Textes sacrés comme étant A.E.I.O.U., A pour aveugle, E pour endormi, I pour ignorant, OU pour oublieux de sa propre nature. 

La Route à suivre est donc celle qui mène à la prise de conscience de la Conscience Immuable qui est à l'arrière-fond de toute la création, puis du Divin qui est à l'origine de cette Conscience et de la création. Il est à remarquer, d'abord, que l'homme récapitule l'univers entier et que les deux sont intimement mêlés. Il ne peut pas y avoir l'homme d'un côté et la nature de l'autre. Ensuite, nous sommes tous Nature de Bouddha, et tous nous existons en tant que 1ère Personne, de naissance, de droit divin depuis l'origine des temps, sans exception. Et c'est par la 1ère Personne et la Nature de Bouddha que nous sommes en communion les uns avec les autres et avec la création entière. Le sens de la séparation qui caractérise les 2ème/3ème personnes disparaît, se volatilise, quand a lieu la prise de conscience de la Conscience de la 1ère Personne.

Tant qu'un homme vit du matin au soir dans le sens de la séparation, il est A.E.I.O.U. Dès que cet homme accède à la Conscience de la le Personne, de Sat-Chit-Ananda-mayakosha, le sens de la séparation disparaît, le sens de l'unité, de la communion apparaît, l'Amour fleurit. C'est ainsi que Dieu est présenté comme Amour inconditionnel, un Amour inconditionnel à trouver en chacun de nous, qui sous-tend la création entière même si ce n'est pas apparent à première vue. 

dimanche 14 juillet 2013

Renouer avec la Vie par Philippe Mac Leod

Car la Bonne Nouvelle qu’il nous faut désormais proclamer à tous les hommes, c’est que la vie, dans sa profondeur, est esprit, et qu’il y a au fond de tout être cette réserve insoupçonnée de perfection, au sens de plénitude, d’accomplissement, d’achèvement, là où l’absolu prend toute sa dimension. Là où l’idée de vérité s’éclaire et se précise, où il ne fait plus aucun doute que quelque chose existe au-delà de l’immédiateté du visible. Même s’il reste difficile à rejoindre, à exprimer, comme souvent ce sentiment mêlé d’impuissance et d’exaltation qui nous envahit devant la beauté du monde. Mais nous savons que ce quelque chose est là, qu’il est nous, que le Royaume est en nous.

Il faudrait nous y arrêter plus souvent, pour y puiser des ressources nouvelles et ne jamais perdre le contact avec notre horizon intérieur. Notre vérité est là et pas ailleurs, dans ce silence que nous impose le miracle de la présence, entre vertige et sentiment de plénitude...


Il est urgent de prendre au sérieux la vie qui est en nous, ce cœur qui bat, la conscience qui nous est donnée. S’il est un renouveau spirituel à attendre, il viendra de là, de notre capacité à développer cette intériorité humaine, comme l’ultime maillon au bout de la chaîne de l’évolution, pour y faire résonner la Création tout entière, pour la rassembler et la rendre à sa source. 



Philippe Mac Leod
source : La VIe

samedi 13 juillet 2013

Écosystème humain...



Le corps-esprit de l’être humain est un écosystème, intégré aux écosystèmes de la nature. L’équilibre du Tout se maintient grâce à la communication et au pouvoir d’adaptation des différents agents. Le fruit ne peut apparaître sans la fleur, elle-même l’aboutissement d’un processus initié dans la graine, au sein de l’obscurité de la terre.

Selon ce point de vue l’homme doit donc, pour se maintenir en bonne santé, respecter les rythmes et cycles des saisons, s’adapter aux climats, prendre soin de son alimentation et maintenir l’esprit paisible. En hiver par exemple, en accord avec ce que nous observons en milieu naturel, il convient de réduire ses activités. Il y a peu de lumière, le froid est dominant, la vie végétale et animale est ralentie. C’est donc pour nous le temps de l’introspection, du repos qui permet de restaurer et nourrir nos énergies profondes. Simple bon sens, comme celui de dormir la nuit pour être en forme la journée !

Isabelle Laading

vendredi 12 juillet 2013

Spinescent bonheur... avec Thérèse de Lisieux


Il est des âmes sur la terre 
Qui cherchent en vain le bonheur 
Mais pour moi, c’est tout le contraire 
La joie se trouve dans mon cœur 
Cette joie n’est pas éphémère 
Je la possède sans retour 
Comme une rose printanière
Elle me sourit chaque jour.


Vraiment je suis trop heureuse,
Je fais toujours ma volonté…
Pourrais-je n’être pas joyeuse
et ne pas montrer ma gaieté ?…
Ma joie, c’est d’aimer la souffrance,
Je souris en versant des pleurs
J’accepte avec reconnaissance
Les épines mêlées aux fleurs.


Sainte Thérèse de Lisieux
extrait de "Ma Joie"




mercredi 10 juillet 2013

Valse des étiquettes avec Alexandre Jollien

" Une lecture m’habite, me déroute et me convertit sans cesse. Je viens de lire le Soûtra du Diamant. Un refrain revient sans cesse, une logique paradoxale jalonne le discours du Bouddha : « X n’est pas X, par conséquent, je l’appelle X. »

Rarement, énoncé m’a autant aidé. Je l’emploie partout et toujours dans mon quotidien, enfin j’essaie. « Ma femme n’est pas ma femme c’est pourquoi je l’appelle ma femme. », « mes enfants ne sont pas mes enfants, c’est pourquoi je les appelle mes enfants. ». Le Bouddha invite à dégommer toutes les étiquettes. Ma femme n’est pas ma femme. Elle est beaucoup plus riche, beaucoup plus dense, beaucoup plus unique, beaucoup plus insolite que ce que j’en perçois. Et ainsi en va-t-il pour mes enfants, pour mes amis, pour la réalité, bref, pour le monde.

Nos étiquettes figent le réel, le rétrécissent, le tuent. Mais lutter contre les étiquettes est encore une posture, une fixation. Le Tathagata invite à aller plus loin. Le cœur libre peut utiliser les étiquettes et appeler un chat un chat. Du moment que je sais que ma femme n’est pas ma femme et que jamais je ne pourrai la saisir dans des concepts, je peux librement, avec légèreté, l’appeler ma femme.

Le malheur, c’est de se fixer dans les étiquettes, se figer dans ce qu’on a été et dans ce qu’on est. Ainsi, aujourd’hui, je me suis dit « Alexandre n’est pas Alexandre. L’Alexandre d’hier n’est déjà plus. Celui qui est fatigué en ce moment mourra dans la journée pour naître nouveau. » La non fixation, c’est peut-être de laisser mourir ce  moi fatigué, humilié, content parfois, gratifié et heureux souvent. La non fixation, c’est se laisser vivre plutôt que vivre. "

mardi 9 juillet 2013

Amour et pardon avec Tim Guénard


L'histoire de cet homme est à connaître... En tout cas, je vous laisse ici quelques mots pour vous en donner l'envie... 

La vie est aussi cabossée que mon visage. Mon nez, à lui seul, compte vingt-sept fractures. Vingt-trois proviennent de la boxe ; quatre, de mon père. Les coups les plus violents, je les ai reçus de celui qui aurait dû me prendre par la main et me dire " je t’aime ".

Il était iroquois. Quand ma mère l’a quitté, le poison de l’alcool l’a rendu fou. Il m’a battu à mort avant que la vie ne poursuive le jeu de massacre. J’ai survécu grâce à trois rêves : me faire renvoyer de la maison de correction où j’étais placé - un exploit jusqu’alors jamais accompli ; devenir chef de bande ; tuer mon père. Ces rêves, je les ai réalisés. Excepté le troisième. C’était à deux doigts... Durant des années, la flamme de la vengeance m’a fait vivre.

Dans la prison de ma haine, des personnes habitées par l’Amour m’ont visité et m’ont mis à genoux dans mon cour. C’est à ceux que notre société rejette, les cassés, les tordus, les handicapés, les " anormaux ", que je dois la vie. Et une formidable leçon d’amour. Je leur dédie ce livre. Ils m’ont permis de renaître.

Cette rencontre inattendue avec l’Amour a bouleversé mon existence. Je vis aujourd’hui dans une grande maison claire, sur les hauteurs de Lourdes, avec Martine, ma femme, Églantine, Lionel, Kateri et Timothée, nos enfants. Plus quelques personnes de passage qui font halte chez nous en attendant de reprendre la route. Ce matin, j’ai posé mes ruches sur le versant de la montagne. Demain, je les emmènerai ailleurs, vers d’autres fleurs, d’autres parfums. Je savoure le silence des collines qui m’emportent dans leurs chevauchées vers l’horizon.

Tim Guénard
tiré de cet article

Le passé se réveille à cause d’un son, d’une parole, d’une odeur, d’un bruit, d’un geste, d’un lieu entr’aperçu... 
Un rien suffit pour que les souvenirs surgissent. 
Ils me bousculent, ils me griffent. 
Ils me rappellent que je suis encore
 sensible.
J’ai toujours mal.
Je ne serai peut-être jamais totalement pacifié.
Il me faudra sans doute recommencer mon pardon, encore et encore.
Pardonner, ce n’est pas oublier.
C’est accepter de vivre en paix avec l’offense.
Difficile quand la blessure a traversé tout l’être jusqu’à marquer le corps comme un tatouage de mort.
J’ai récemment dû subir une opération des jambes : les coups de mon père ont provoqué des dégâts physiques irréparables.
La douleur se réveille souvent ; avec elle, la mémoire.
Pour pardonner, il faut se souvenir.
Non pas enfouir la blessure, l’enterrer, mais au contraire la mettre au jour, dans la lumière.


Philippe Guénard

tiré de ce blog



dimanche 7 juillet 2013

A l'écoute de l'intériorité avec Karlfried Graf Dürckheim


"L'homme est un être spirituel jusque dans son corps." K.G. Dürckheim


Karl Graf Dürckheim a élaboré dans les années 1950, dans le cadre de son activité psychothérapeutique, une forme très personnelle de soin corporel qu’il a appelée la Personale Leibtherapie. Elle est aujourd’hui largement transmise comme une forme de thérapie initiatique. La thérapie initiatique – développée par Karl Graf Dürckheim et Marie Hippius – repose sur les découvertes de la psychologie analytique de C.G. Jung et de Eric Neumann. Elle s’en distingue cependant en proposant des formes de travail pratique, telles que le dessin intuitif et la Personale Leibtherapie.  Alain Morales


Un moyen important pour se rencontrer et se trouver est la méditation. Dürckheim est entré en contact avec la tradition Zen, au Japon où il vécu dix ans pendant la second guerre mondiale. Au cours de conversations avec des érudits et des personnalités du monde Zen, il a établit des parallèles entre Meister Eckehart, prédicateur du Moyen-Age, et les expériences de la Pratique Zen. Il a lui-même pratiqué le tir-à-l'arc. Il est entré en contact avec l'Energie du Khi, appelé au Japon Hara. Ce qui signifie « ventre ». Ce centrage sur un point précis du bas-ventre, calme, harmonise, clarifie, et amène l'unité dans tout le corps...

La vie quotidienne comme exercice, ce n'est pas seulement le titre d'un livre de Dürckheim. Ça signifie également le rapport conscient à tout ce que je suis en train de faire, de penser au de sentir. La conscience du Présent devrait influencer de plus en plus mon attitude, non seulement au moment de l'exercice, mais dans la Vie. Ainsi Dürckheim raconte que, juste avant de mettre en route le moteur de sa voiture, il se demandait : « qui tourne maintenant la clé de contact ? ». Dans toutes les situations de la vie, il cherchait l'accès à son être. A 23 ans, une sentence de Lao Tse l'a touchée avec une telle violence, qu'il a voulu sans cesse approcher de l'inconcevable Transcendance. Le début de la 11ème sentence tirée du Tao Te King nous dit : « Trente rayons rencontrent le moyeu, mais le vide entre eux créée la réalité de la roue » . . . « la Transparence comme Transcendance »...


Une séance en Leibthérapie personnelle dure une heure. Elle se compose d'un court entretien préliminaire pour saisir le thème, le problème...

Il y a beaucoup de chemins qui mènent à la profondeur du cœur. La Leibthérapie en est un. 

Par le toucher et le langage verbal centré sur la sensation du corps, ce chemin peut commencer. Non pas l'intellect froid et logique doit mener mais un échange entre Coeur et Raison. Là commence le travail conscient sur l'ombre. Celui-ci amène des crises profondes. Il se fait là le pas courageux dans le monde du cœur et des sentiments. Ici le cœur se transforme paradoxalement dans la confiance. Ce n'est pas volontaire. C'est un processus de se laisser aller dans l'intégration du cœur et de l'âme. Ce processus est comparable au laisser-aller dans le fluide de la respiration. Ce courant n'est pas volontaire non plus. Le lâcher-prise restera un secret. C'est un lâcher-prise dans le récipient du corps « genre la forme d'un vase et son contenu » . Quand je me sens soutenu dans mon corps, alors je sens mon âme par mon corps. De plus en plus, j'apprends maintenant à penser ce que je sens.

Extrait d'une conférence de Wolfram Helke


samedi 6 juillet 2013

L'Amour visionnaire avec Christiane Singer


Ce qui nous met vraiment dans la résonance de l'autre, ne nous lassons pas de le répéter, c'est l'amour. L'amour ne rend pas aveugle, il rend visionnaire, il met directement en contact avec l'être réalisé qui habite cette personne que j'ai choisie, cet amant ou amante, choisi entre tous ceux et celles que j'ai rencontrés. L'amour essuie la pruine du fruit, dissout la brume et fait voir, derrière les apparences, la perfection du projet divin que chacun de nous incarne sans le savoir. En somme, cette percée directe, à travers les apparences, ce que l'amour me permet de voir, c'est l'accomplissement de ce qui est en devenir, une sorte d'avance, sans versement d'intérêts, une sorte d'acompte sur héritage de lumière de celui que j'aime.

La rencontre d'un maître dans les traditions les plus diverses est de cette nature, avec la différence qu'il n'y a plus d'acompte nécessaire et que le maître a déjà reçu en partage cet héritage de lumière ; il a atteint sa transparence, là où il se tient, il n'y a plus personne sinon un accroc à travers lequel je peux voir derrière les apparences le déploiement du Réel. Derrière la Maya, l'être aimé, vénéré ; comme l'accroc dans le rideau, je vois au travers, dans le frémissement infini du crée, dans cet univers indifférencié de l'au-delà.

Christiane Singer 
- Où cours tu ? Ne sais tu pas que le ciel est en toi ? - Editions Albin Michel