lundi 1 février 2016

Les conseils de Alexandre Jollien, Matthieu Ricard et Christophe André pour les temps d’épreuve


Matthieu Ricard, Alexandre Jollien et Christophe André viennent de publier Trois amis en quête de sagesse. Ils y présentent leur cheminement respectif, comme autant de routes menant vers un même essentiel : la paix et la joie d’être au monde. 

> Alexandre JOLLIEN

Pratiquer au quotidien : ne pas attendre d’être en pleine mer pour apprendre à nager. Commencer, quand tout va mal, à pratiquer une voie spirituelle, c’est comme vouloir marquer un penalty lors du ­Mondial de football sans s’entraîner auparavant. Ne pas surréagir : saint Ignace de Loyola invite, en cas de désolation, quand tout va mal, à ne pas surréagir, mais à rester fidèle au quotidien. En plein tourment, il est périlleux de vouloir tout changer. Et il faut un sacré courage pour ne pas nous agiter dans les vagues et laisser passer l’ouragan.

> Matthieu RICARD

On ne peut pas vouloir à tout prix changer les décors. Le philosophe indien Shantideva écrit : « Comment trouver assez de cuir pour en recouvrir toute la terre ? Avec le cuir d’une simple semelle, on parvient au même résultat. » Si on perçoit le monde entier comme un ennemi, vouloir le transformer pour qu’il ne nous nuise plus est une tâche sans fin. Il est infiniment plus simple de changer notre perception des choses !

> Christophe ANDRÉ

Je vois la souffrance comme la violence dans le monde ; nous rêvons tous qu’elle disparaisse, mais nous savons bien que nous en avons encore pour un bon bout de temps. Plutôt que de nous en affliger ou de nous en révolter, il faut se dire : « Ok, elle est là, qu’est-ce que je peux faire à mon échelle, et puis tout autour de moi ? Qu’est-ce que je peux encourager par mes propres comportements ou par mes actions, par mes dons ? »
La souffrance nous coupe du monde, elle nous prive de ce dont on aurait le plus besoin, le lien avec le monde, la capacité d’aimer, de nous nourrir de tout ce qu’il y a autour de nous, car nous sommes focalisés sur elle, sur l’idée que c’est sans solution. L’entraînement le plus précieux, quand on ne va pas trop mal, c’est de cultiver ce rapport au monde et aux autres.