lundi 22 septembre 2008

Le maître ou la Vie


L'évangile de Saint-Matthieu, ce dimanche 21 septembre, était particulièrement riche d'enseignements : le maître de la vigne récompense autant les ouvriers de la dernière heure que ceux qui ont travaillé dur toute la journée ! J'y vois plusieurs liens avec l'enseignement que propose Arnaud Desjardins, dans la lignée des grandes traditions spirituelles...

D'abord, le thème des fruits de l'action. Certes, Swami Prajnanpad s'élevait contre la traduction de la célèbre phrase de la Bhagavad Gîta : il affirmait que nous ne pouvons agir que dans l'attente des fruits de cette action. Mais il disait aussi que c'était à nous d'accepter le fait que notre action ne porterait peut-être pas les fruits escomptés... Ici, il s'agit donc pour chacun de s'adonner pleinement à son oeuvre, instant après instant, sans compter les heures passées à agir. Ainsi, nous serons moins obnubilés par les fruits de l'action et nous vivrons une forme de plénitude devant l'oeuvre accomplie...

Ensuite, le thème de la comparaison : c'est seulement parce que nous nous comparons les uns aux autres sur des bases faussées que nous pouvons trouver que les dons de la Vie sont injustes. En réalité, la Vie (Dieu) ne donne-t-elle pas autant à chacun d'entre nous ? Les dons de la Vie ne se situent-ils pas sur un plan qui dépasse toute mesure ? Mais nous préférons délimiter, mesurer, compter, jalouser... Alors que le simple accueil de ce qui vient nous permettrait de déborder de gratitude...

D'ailleurs, toute idée de hiérarchie entre les êtres est ici bousculée et dépassée : "les premiers seront derniers", "les derniers seront premiers". L'interdépendance des choses et des êtres est telle que tout classement, toute course à la victoire est vaine. Chacun pratique à son rythme, selon les possibilités que lui offre sa compréhension du moment, et contribue de la sorte pleinement au royaume des cieux.

Dans le même esprit : bien que chaque disciple, faisant ce qu'il peut, accède plus ou moins vite au royaume de l'instant présent, il est néanmoins accueilli par la Vie avec la même générosité que les autres. Quel que soit le moment : qu'il soit jeune ou vieux, au matin, au midi ou au soir de sa vie... Le royaume est promis à chaque ouvrier, à chaque instant. Nous voyons le maître sortir de son domaine, inlassablement, pour inviter chacun d'entre nous à le suivre. Il n'oublie personne, même pas ceux qui se croyaient à jamais privés de la possibilité d'oeuvrer dans le sens de la Vie. Plutôt que de nous culpabiliser si nous trouvons que notre pratique est défaillante, nous avons là de quoi poursuivre notre chemin dans l'Espérance la plus haute !