dimanche 30 septembre 2012

L'oeuvre de Vie avec Eric Baret


Le créateur est celui qui se tait. Il ne cherche pas. Ne pouvant chercher que dans sa mémoire, il ne trouverait que ce qu'il projette, le connu et non le neuf. 


C'est le monde qui, dans son silence, le trouve. 
L'univers est à sa disposition. Cela est vrai quel que soit l'art. 
Le poète qui réfléchit n'est pas un poète. Le poète est quelqu'un qui sait se taire. 

Dans ce silence, il entend sa poésie, et il écrit ce qu'il entend. 
La créativité naît du silence, elle ne vient pas de la pensée. 
Il n'y a rien à expliquer, rien à justifier. 
Chaque oeuvre est sans cause, sans sens. 
L'oeuvre est à elle-même sa propre raison. 
Parce qu'elle vient de la créativité même, toute oeuvre d'art se situe au-delà de la compréhension. Vouloir comprendre une oeuvre d'art, c'est demeurer dans la mémoire. 

La vie n'est pas autre chose qu'une oeuvre d'art. 
Vous écoutez la vie, il y a une résonance en vous. 
 Toutes les possibilités sont là. 

 Eric Baret 

samedi 29 septembre 2012

Instants précieux avec Michel Quoist




« L’homme inquiet traîne avec lui son passé et tente de saisir l’avenir en même temps que le présent.
L’excité veut vivre plusieurs instants à la fois. Piètre jongleur, il les rate tous et court après chacun d’eux.


Si tu veux réussir ta vie, remets le passé entre les mains de Dieu, laisse-Lui le futur, et vis pleinement, l’un après l’autre, chaque instant présent. Ne rate pas une seule maille de ton tricot, tu ferais “une échelle”, car si la maille est petite elle est indispensable.


Ne néglige pas un seul instant, tous sont infiniment précieux pour tisser sans aucun trou l’étoffe de ta vie. »

Michel Quoist 
Extrait de Réussir.

" Tu veux rencontrer Dieu personnellement, le connaître pour lui parler comme à quelqu’un, t’unir à lui profondément et devenir son ami. (...) Nul ne peut être homme pleinement accompli et pleinement heureux tant qu’il ne parvient pas à cette union, dès aujourd’hui, dans cet au-delà mystérieux mais RÉEL dans lequel il entrera, quand il aura franchi la frontière du temps. "

Prêtre, sociologue et écrivain

1921  Naissance au Havre (76). 1934 Décès de son père. 1947 Ordonné prêtre. 1952  Publie sa thèse de sociologie, la Ville et l’homme.
1947 Publie le recueil Prières. 1947 Publie Réussir. 1962  Nommé secrétaire général du Comité épiscopal France-Amérique latine.
1997 Meurt au Havre.


Les bienfaits du massage

Si vous êtes en de bonnes mains...laissez-vous toucher...

vendredi 28 septembre 2012

Conseils pour être habité par la joie par Fabrice Midal (4)

4 - Accueillez tout ce qui vient 

Quand vous vous tenez en silence, dans la prière, surviennent souvent des pensées que j’appelle « étrangères », comme les doutes, les peurs ou les fantasmes. 

Ces pensées ne sont pas interdites, encore moins condamnables. Apprenez non à les rejeter, mais à les accueillir pour les sublimer, les transformer et les sanctifier. 

Cette attitude de non-violence nous invite à ne pas avoir peur de notre confusion. Souvent, on se dit qu’en se débarrassant de telle ou telle partie de soi-même, on trouvera enfin la paix. 

Il est important d’adopter un point de vue plus ample en laissant les influx divins pénétrer tout ce qui vient.

Source : La Vie

jeudi 27 septembre 2012

Conseils pour être habité par la joie par Fabrice Midal (3)


3 - Cherchez le silence 



La prière est importante, mais la préparation à la prière l’est aussi. 

Pour cela, ouvrez-vous au silence. 

Prenez le temps d’être à l’écoute de ce qui est, sans intention, mais avec une bienveillante attention.

mercredi 26 septembre 2012

Conseils pour être habité par la joie par Fabrice Midal (2)



2 - Soyez fervent

Vivre dans la ferveur, c’est ressentir un mélange de tristesse et de joie infinies. Plus vous entrez sur la voie, plus vous sentez que vous êtes loin de l’amour, de la présence. Le désespoir lié à cette prise de conscience se teinte cependant de la joie d’être engagé sur un vrai chemin.

Faites confiance à l’appel de votre cœur qui n’est pas réductible à la psychologie, mais dépasse votre subjectivité, vous parle d’ailleurs. Au fond, il ne faudrait jamais dire : « Je suis joyeux », mais : « La joie me traverse, ­m’habite. » Dans ce renversement se tient la vérité spirituelle. La ferveur est une manière de sortir de soi-même, de laisser venir en vous quelque chose de plus grand, de découvrir un secret qui vous dépasse.

mardi 25 septembre 2012

Conseils pour être habité par la joie par Fabrice Midal (1)



1 -  Veillez à chaque geste

Tout ce qui existe renferme des saintes étincelles, dit la mystique juive. 
Notre rôle consiste à faire jaillir ces étincelles, à les libérer, selon cette idée magnifique que le monde n’est pas achevé et que c’est à nous de l’accomplir. 
Dès lors, chaque geste, même le plus ordinaire, s’il est réalisé avec une juste intention, a une portée secrète, recèle en lui une parcelle divine et peut sauver le monde. La rédemption vient des choses les plus banales, comme le fait de servir un verre d’eau à quelqu’un. 
La présence n’est pas ailleurs que dans ce monde concret que nous avons à habiter.

dimanche 23 septembre 2012

Solitude pleine avec Joshin Luce Bachoux

Tout l'été, nous les avons accueillis... Ils et elles s'appellent Léopold, Noémi, Mélissa ou Jean-Marc... Ils sont enseignants ou à la retraite ; elles sont médecins ou femmes au foyer... Ils ont fini leurs études depuis plus longtemps qu'ils n'ont envie de compter, ou bien attendent avec impatience leur première année de fac ; elles s'engagent tout juste dans la vie dite « active » ou bien s'émerveillent devant leur premier petit-fils... Ils et elles viennent par curiosité, par hasard ou par conviction mais, pour tous, passer quelques jours avec nous, partager notre quotidien tant dans son silence que dans ses activités n'est pas toujours chose facile. Dès l'entrée, un petit panneau demande d'éteindre les téléphones portables : une retraite, c'est un moment de coupure. Il s'agit d'entrer dans un autre temps, non plus celui du loisir ou du travail, mais celui de la contemplation et de la présence. Il faut pour cela accepter de mettre un peu d'écart, même avec les plus proches, pour se retrouver seul en soi-même - difficile à croire au début, mais c'est exactement là où, au final, nous retrouverons tous les autres.

Pour tous, d'abord, c'est la solitude de l'arrivée dans un endroit nouveau, solitude d'être entouré de personnes inconnues, souvent vite jugées à première vue : « Elle a l'air sympa ; ils ont l'air pas drôles... » On ressent la nostalgie alors des êtres aimés, du chez-soi. Et viennent les premières difficultés : il faut se lever à 5 heures pour la méditation, il faut partager sa chambre avec d'autres personnes, il faut répondre à la cloche des repas...

On ne s'y reconnaît plus. De tous ces changements naît la peur d'un dépouillement tant psychologique que matériel : tant de choses nous entourent d'habitude, amortissant, si l'on peut dire, la vie brute, directe. Ce sont, bien sûr, les objets, de plus en plus, mangeurs de temps, amis du bavardage et du temps passé trop vite, tout ce que nous devons mettre de côté maintenant. Mais surtout : tout comme les murs de notre maison nous protègent du chaud et du froid, nous avons érigé des barrières mentales pour nous protéger de nos peurs, de nos souvenirs, des autres ; elles ne sont en fait, et nous le savons, que protections illusoires, tant de fois démolies, tant de fois reconstruites... Comme des maisons sans fenêtres, elles empêchent l'air, le soleil, la vie même de nous caresser, de nous réchauffer, de nous atteindre. Mais nous avons si peur de les perdre ! Pourtant, lorsqu'au fil des heures, ces murs intérieurs s'érodent, laissant entrer en nous chaleur et joie, lorsque, de n'être plus enfermé, notre espace intérieur devient de plus en plus vaste, la respiration de tout notre être s'amplifie, nous ouvrant au mystère de la profondeur de l'être. Seul en soi-même : c'est d'une autre solitude dont il s'agit ici, non pas de la solitude imposée par les circonstances de notre vie, voile de tristesse qui obscurcit les jours et les nuits, ni de celle qui est choisie librement, espace nécessaire d'attention à soi. Seul en soi-même, et pourtant empli de tous les autres à travers l'amour : solitude pleine, plénitude - au bout du chemin.

JOSHIN LUCE BACHOUX est une nonne bouddhiste. Elle anime la Demeure sans limites.
Source : La Vie

Art sacré

Il est encore temps d'y aller !
Des oeuvres ouvrant à elles seules la porte du sublime
Du 19 Septembre au 6 Octobre 2012   
64 rue Mazarine Paris 6      
un bel ensemble d’oeuvres de Thailande-Laos-Birmanie-Cambodge

samedi 22 septembre 2012

Étincelles avec Israël ben Eliezer

« Ceci est un principe essentiel :
tout ce qui existe dans le monde renferme de saintes étincelles.
Rien n’en est dépourvu.
Ni l’arbre,
ni la pierre.

Dans tous les actes que l’homme accomplit,
et même dans ses actions répréhensibles,
il y a de telles étincelles, lesquelles proviennent
de la Brisure des Vases.

Cependant, quelle peut être l’étincelle de la sainteté
qui reluit dans la faute ?
C’est la possibilité d’opérer
un retour sur soi-même.
À l’heure où l’homme revient du tort commis,
il en élève les étincelles vers des univers supérieurs.
Et c’est ce qui est écrit
dans la Torah :
“Il élève la faute.” »

Baal Shem Tov
ou Israël ben Eliezer,
Extrait du Testament hassidique, éd. Bibliophane.

vendredi 21 septembre 2012

Compassion et vacuité avec Jetsun Pema

La réalisation de la vacuité est l’expression la plus sublime de la sagesse dans le bouddhisme tibétain. Sa Sainteté définit la vacuité comme l’absence d’existence inhérente de soi et des phénomènes. C’est une notion mal comprise en occident où l’on confond vacuité et néant. Les religions occidentales reposent sur l’idée de création et d’un dieu créateur. Pour nous la vacuité est l’essence même de la vie car elle est associée à la notion de l’interdépendance. Aucun phénomène, aucun individu ne peut exister sans le concours de causes et de conditions, c’est en cela qu’il est dit " vide d’être en soi".

Il s’agit là d’un niveau supérieur de sagesse vers lequel je tends. Mais je ne suis pas une grande pratiquante. Sa Sainteté (Le Dalaï-Lama) le sait bien, il me donne des méditations très simples ! Comme vous le savez, la pensée précède l’action. La compassion qui naît de la contemplation de la vacuité est la forme de compassion la plus pure, parce qu’elle a source dans un esprit lui-même parfaitement pur. C’est ce que l’on appelle « l’attitude extraordinaire », ou encore « l’attitude d’exception ». La force d’une telle compassion n’est pas celle de pratiquants de moindre capacité. Elle s’accompagne de la capacité d’apporter un bonheur durable aux autres êtres sensibles.

Pour moi qui suis engagée dans l’action, je cultive une compréhension pour ainsi dire pratique et directe de la vacuité à travers l’action précisément, dans le non-attachement, le lâcher-prise, le non-ego et la conscience de ma responsabilité.

Jetsun Pema
née en 1940 à Lhassa au Tibet, est la sœur cadette du 14e dalaï-lama. Contrainte à l'exil, elle poursuivit ses études en Inde. Elle fut directrice des villages d'enfants tibétains et première femme ministre élue du gouvernement tibétain en exil...


jeudi 20 septembre 2012

mercredi 19 septembre 2012

Patrice Gourrier et la pleine conscience

...j’étais un cadre d’entreprise qui menait sa vie tambour battant en faisant du 8h-21h. Puis un gros problème de santé en 2000 a cassé cet élan : j’ai failli mourir et j’ai dû être hospitalisé longtemps. Quelques mois avant, j’avais découvert la tradition hésychaste, celle des Pères du désert, et trois mots forts résonnaient à mon oreille alors que j’étais sur mon lit d’hôpital : « Assieds-toi, tais-toi, calme-toi. » Exactement ce que je n’étais pas. C’est à partir de là que j’ai fait de la pleine conscience sans le savoir. Ensuite, j’ai découvert un ouvrage de Jon Kabat-Zinn, le pionnier de la pleine conscience aux États-Unis. J’ai pu mettre des concepts sur ce que j’avais lu chez les Pères du désert et sur ce que je vivais personnellement...

Quand je suis devenu prêtre, un changement s’imposait. Je ne pouvais rester l’homme stressé que j’étais. On a un mot, chez les catho­liques, qui est l’ascèse et qui signifie, en grec, « l’exercice, l’entraînement, la manière de vivre ». C’est ainsi qu’à Talitha Koum, le mouvement que j’ai créé avec quelques-uns, nous avons comme principe de nous arrêter une fois par jour, par semaine, et par mois, à chaque fois un peu plus longuement. Les Pères du désert affirment qu’il est ainsi possible de calmer nos pensées, d’apaiser nos passions.

Je commence donc ma journée par 5 minutes minimum de méditation de pleine conscience et essaie ensuite de travailler mes cinq sens jusqu’au soir. Toute ma vie en entreprise, on m’a appris à avaler mon repas, à marcher dans la rue pour rejoindre mon but le plus vite possible. Maintenant, au contraire, je m’évertue à goûter les saveurs, à observer ce qui se passe autour de moi et à être pleinement à ce que je fais. Toutes ces démarches sont de la pleine conscience. Avec tous ces petits exercices quotidiens, je sens une transformation : ma prière et ma manière de célébrer la messe ont changé et l’assemblée le ressent.


Patrice Gourrier
Source : La Vie

mardi 18 septembre 2012

Relations animales

Tendresse et exemple d'un monde que l'on nomme animalier...

dimanche 16 septembre 2012

Thich Nath Hanh : Koan et marche pour la Paix

Un exercice pour aujourd'hui et pour accompagner La Marche Inspirante du maître Thich Nhat Hanh à Paris : faire chaque pas de la journée en conscience et se demander "qui marche" ?



"Ne cherchez pas ce que vous voulez voir
ce serait en vain.


Ne cherchez rien, mais donnez une chance à la vision profonde de se manifester par elle-même.

Elle vous aidera à vous libérer."


...Parmi les koans les plus connus, nous pouvons citer “Regarde le cyprès dans la cour”, “Si tout retourne à l'un, où l'un retourne-t-il?” “Le chien a-t-il la nature de Bouddha?”, et “Qui récite le nom du Bouddha?” Les grands rois et dirigeants vietnamiens ont longtemps pratiqué l'art du koan, et nombre d'entre eux ont composé de ces énigmes (1*) . Le maître zen Tuê Trung, frère du célèbre Trân Hung Dao qui avait repoussé l'invasion de Gengis Khan, a offert le puissant koan: “Tous les phénomènes sont impermanents, tous sont sujets à la naissance et à la mort. Qu'est-ce qui naît et meurt?”

Si vous voulez réussir dans votre pratique des koans, vous devez avoir la capacité de lâcher prise de toutes vos connaissances, de toutes vos opinions et tous vos points de vue. Si vous êtes prisonnier d’une opinion, d’un point de vue ou d’une idéologie, vous n’aurez pas assez de liberté pour permettre au koan de faire une percée dans votre conscience. Vous devez lâcher prise de toutes vos connaissances, de tout ce avec quoi vous avez été en contact dans le passé, de tout ce que vous croyez être la vérité. Tant que vous pensez détenir la vérité, la porte de votre esprit est fermée ; la vérité a beau frapper à votre porte, vous n’êtes pas prêt à la lui ouvrir. C’est la raison pour laquelle les connaissances sont un obstacle. Le bouddhisme exige de nous d’être libres. La liberté de pensée est la condition fondamentale pour le progrès. C’est l’esprit scientifique par excellence. C’est précisément dans cet espace de liberté que la fleur de la sagesse peut éclore.

Dans la tradition zen, la communauté est un élément très positif. Lorsque des centaines de pratiquants pratiquent ensemble en silence, l’énergie collective de pleine conscience et de concentration est très puissante. Cette énergie collective nourrit votre concentration à chaque instant et donne une chance au koan de faire une percée dans votre conscience. Un tel environnement est bien différent de celui d’une conférence, d’une réunion ou d’une discussion. Avec une bonne discipline dans votre pratique de la méditation et un cadre de pratique propice à la concentration, les conseils d’un maître zen et le soutien silencieux des co-pratiquants, vous avez les meilleures chances de réussir. 

 Thich Nhat Hanh


samedi 15 septembre 2012

Le sel de la vie avec Françoise Héritier


Le goût des autres et des mots, la mémoire de l’enfance et de l’Afrique, font le « sel de la vie » de cette grande anthropologue, malgré la maladie et la douleur :


« Il faut savoir écouter la vie en soi...

La curiosité, tous les enfants l’ont. Mais ensuite les parents l’entretiennent ou l’éteignent. Je l’ai conservée, c’est vrai...
...je ne reconnais aucun mérite à la douleur, qui amoindrit la perso
nne. Ce que j’essaie simplement de montrer, c’est que l’appétit pour la vie peut vous aider à surmonter les pires douleurs, celles qui vous font blêmir, jusqu’à tomber dans le coma. Je m’en sors souvent en décalant un peu le regard et la perception. La dernière fois que j’ai vécu une crise intense, j’ai réussi à la dominer partiellement parce que c’était une belle nuit de pleine lune. J’ai fixé l’astre très lumineux par la fenêtre de ma chambre d’hôpital. Je continuais à souffrir bien sûr, mais la beauté de ce spectacle rendait la situation plus supportable...

...C’est aussi vrai des bois sacrés africains que des cathé­drales : ce sont des lieux qui portent l’élévation de l’âme, la paix de l’esprit, grâce à leur lumière, leur silence, leur architecture. La disposition des ­pierres ou celles des arbres fait que ­lorsque l’on pénètre dans le cercle ­magique, on est saisi par une forme d’émotion. Et je suis sensible à ce quelque chose qui me fait sentir tout à la fois vulnérable, ouverte et attentive. Ce que les gens religieux désignent comme la spiritualité, moi, je nomme plutôt cela la grâce, la légèreté d’exister et de sentir la vie en soi.
Mais au quotidien, on ne se donne pas assez la permission de ce bonheur-là. On ne se donne pas le temps. Il est vrai que j’ai aujourd’hui une forme de solitude – que j’aime, tout comme j’aime les autres – qui me permet de m’octroyer ce plaisir de la remémoration. 

Françoise Héritier
source : La Vie

vendredi 14 septembre 2012

jeudi 13 septembre 2012

Shel Silverstein et le don de l'arbre


Il était une fois un arbre qui aimait un petit garçon.
Et le garçon venait le voir tous les jours.
Il cueillait ses feuilles et il s’en faisait des couronnes pour jouer au roi de la forêt.
Il grimpait à son tronc et se balançait à ses branches… et mangeait ses pommes.
Puis ils jouaient à va-te-cacher. Quand il était fatigué, il dormait dans son ombre.
Et le garçon aimait l’arbre.
Et l’arbre était heureux…
… énormément ! 


Mais le temps passa…
Et le garçon grandit…
Et l’arbre resta souvent seul.
Puis un jour le garçon vint voir l’arbre et l’arbre lui dit :
Approche- toi mon garçon , grimpe mon tronc et balance-toi à mes branches, et mange mes pommes et joue dans mon ombre et sois heureux !
- Je suis trop grand pour grimper aux arbres et pour jouer, dit le garçon .
Je veux acheter des trucs et m’amuser. Je veux de l’argent. Peux–tu me donner de l’argent ?
- Je regrette, mais je n’ai pas d’argent. Je n’ai que des feuilles et des pommes. Prends mes pommes mon garçon, et va les vendre en ville. Ainsi tu auras de l’argent et tu seras heureux.
Alors le garçon grimpa sans l’arbre, cueillit les pommes et les emporta.
Et l’arbre fut heureux.


Mais le garçon resta longtemps sans revenir…
Et l’arbre devint triste.
Puis un jour le garçon revint ; l’arbre trembla de joie et dit :
Approche-toi, mon garçon, grimpe à mon tronc et balance-toi à mes branches et sois heureux.
J’ai trop à faire pour grimper aux arbres, dit le garçon. Je veux une maison qui me tienne chaud, dit-il. Je veux une femme et je veux des enfants, j’ai donc besoin d’une maison. Peux-tu me donner une maison ?
- Je n’ai pas de maison, dit l’arbre. C’est la forêt ma maison, mais tu peux couper mes branches et bâtir une maison, alors tu seras heureux.
Le garçon lui coupa donc ses branches et les emporta pour construire sa maison.
Et l’arbre fut heureux. 


Mais le garçon resta longtemps sans revenir.
Et quand il revint l’arbre fut tellement heureux qu’il put à peine parler.
Approche-toi mon garçon, murmura-t-il, viens jouer.
- Je suis trop vieux et trop triste pour jouer, dit le garçon. Je veux un bateau qui m’emmènera loin d’ici. Peux-tu me donner un bateau ?
- Coupe mon tronc et fais un bateau, dit l’arbre. Ensuite tu pourras t’en aller et être heureux.
Alors le garçon lui coupa le tronc et en fit un bateau pour s’en aller.
Et l’arbre fut heureux … mais pas tout à fait … 


Et très longtemps après, le garçon revint encore.
Je regrette mon garçon, dit l’arbre, mais il ne me reste plus rien à te donner… Je n’ai plus de pommes.
- Mes dents son trop faibles pour des pommes, dit le garçon.
- Je n’ai plus de branches, dit l’arbre, tu ne peux plus t’y balancer.
- Je suis trop vieux pour me balancer aux branches, dit le garçon.
- Je n’ai plus de tronc, dit l’arbre, tu ne peux pas grimper.
- Je suis trop fatigué pour grimper aux arbres, dit le garçon.
- Je suis navré, soupira l’arbre. J’aimerais bien te donner quelque chose… Mais je n’ai plus rien. Je ne suis plus qu’une vieille souche. Je suis navré…
- Je n’ai plus besoin de grand-chose maintenant, dit le garçon, juste un endroit tranquille pour m’asseoir et me reposer. Je suis très fatigué.
- Eh bien, dit l’arbre en se redressant autant qu’il le put, eh bien, une vieille souche c’est bien pour s’asseoir et se reposer. Approche-toi, mon garçon, assieds-toi. Assieds-toi et repose-toi .
Ainsi fit le garçon. 


Et l’arbre fut heureux.
_____

 Shel Silverstein – L’arbre généreux.


mercredi 12 septembre 2012

Philippe Bancon et le bonheur


La joie est une clé du bonheur. Elle relève à la fois d’un don et d’une décision : elle se reçoit, mais dépend aussi de notre volonté. Face aux événements, nous avons deux options : être comme le filtre à café qui retient ce qui est à jeter et laisse filer le nectar ; ou comme la passoire qui retient ce qui est bon à prendre. Je préfère la seconde option.

Pour moi, la relation avec les autres est au centre de la question du bonheur. Mes plus profondes expériences de bonheur ont toujours été partagées. Dans mon engagement éducatif et associatif, ce n’est pas tant la transmission descendante qui m’intéresse que l’échange, la réciprocité. 
À chaque fois que je tends la main à quelqu'un pour l’aider à grandir, je reçois. Cette réciprocité qui mène au bonheur, je la vis dans les relations amicales, mais aussi dans le mariage. 

Le couple est la relation la plus poussée et la plus difficile qui soit, mais aussi la plus structurante et forte. L’autre, mari ou femme, ne peut être reçu comme un idéal en soi. Le couple est un cheminement, qui comprend des difficultés et des joies. Les chrétiens ont à en témoigner : on peut traverser des crises, les dépasser, se pardonner et accepter de continuer ensemble, malgré les épreuves. Pour cela, être positif ne suffit pas : il faut aimer profondément la vie, faire le pari de l’Espérance. 
Comment transformer même les situations les plus délicates ? Ce ne sont pas les événements qui rendent heureux ou malheureux, mais la manière dont on les habite.

Le Christ en témoigne dans les Évangiles, recevant tout du Père et menant lui-même le combat jusqu’au bout. »

Philippe Bancon : « C’est la réciprocité qui conduit au bonheur » publié le 22/12/2011 Il a enseigné en centre de formation d’apprentis et dirigé un établissement de l’enseignement catholique en Gironde. Depuis 2008, il est délégué général des Scouts et Guides de France, dont il a été responsable national pour les ados.

lundi 10 septembre 2012

Promenade sauvage

Actuellement c'est la chute des pommes, la coloration des framboises, le jaunissement des nashi et des coings... 
Promenons-nous et découvrons les richesses de la nature pour nourrir notre être intérieur.

dimanche 9 septembre 2012

L'expérience spirituelle avec Jacques Castermane

« Grâce à la méditation... » Au cours de sa longue détention, la députée birmane Aung San Suu Kyi, a pratiqué quotidiennement la méditation.

A l’occasion d’une interview récente, sur France Inter, il lui a été demandé pourquoi. Voici sa réponse: « Nous devons et ne pouvons qu’accepter le monde tel qu’il est aujourd’hui. Grâce à la méditation je me sens libre à l’intérieur de moi-même, ce qui me donne la force de m’engager pour gagner la liberté dans le monde. La méditation vous éveille, c’est-à-dire qu’elle vous rend plus à-même de coller au réel, par exemple de répondre instantanément aux questions qui me sont posées ».

Dans son ouvrage « Hara, centre vital de l’homme », Dürckheim écrit : « L’être humain qui a trouvé son centre possède un jugement serein : il pèse ses mots, il sait déterminer ce qui est important et ce qui ne l’est pas. 
La réalité lui apparaît telle qu’elle est et il peut la considérer calmement dans toutes ses intrications. L’expression japonaise Hara no aru hito, désigne l’être humain centré en son juste milieu ; il est calme et exempt de passion, non pas parce qu’il est insensible, mais parce que telle est la constitution intérieure qu’il s’est forgée. Constitution souple qui lui permet de faire face à n’importe quelle situation avec le plus grand naturel. Par contre, l’expression Hara no naï hito, désigne l’homme privé du calme nécessaire à la maîtrise. 
C’est l’homme étroitement structuré, rigide, mû uniquement par sa tête ou par son psychisme ; il s’avère inconsistant et irrésolu, il réagit par des coups de tête sans aucune direction préétablie ».

On dit au Japon que la pratique méditative (zazen) est la culture de Hara.

Quelle que soit notre place, notre fonction et notre responsabilité dans le monde n’est-il pas important de se sentir libre intérieurement, calme, l’âme en paix ? Si ce désir légitime vous anime, transférez-le dans cette action accessible à chacun(e) : la pratique méditative.

Jacques Castermane

samedi 8 septembre 2012

Tout allait bien...

Tout allait bien, j’avais rencontré l’homme de ma vie, ensemble, on avait eu un petit garçon et une petite fille, j’avais un travail intéressant et rémunérateur. J’étais heureuse jusqu’à cet été où j’ai découvert que ma fille ne marchait pas normalement. De médecin en neurologue, j’ai appris le jour de ses 2 ans qu’elle avait une maladie génétique grave qui touchait le système nerveux et lui laissait quelques mois à vivre. Tout à coup, mon bonheur est tombé à plat, avec tous mes projets d’avenir. Mais le bonheur, on l’a en soi. La vie était toujours là, et on a promis à Thaïs qu’elle serait heureuse, que si nous ne pouvions ajouter des jours à sa vie, nous allions ajouter de la vie à ses jours.

J’étais persuadée de passer entre les gouttes des épreuves, et qu’être heureux, c’était être épargné par la vie. Or, j’ai découvert avec Thaïs le vrai sens de la vie et ce qu’était vraiment l’amour. J’ai appris à aimer la vie avec cette petite fille, en m’appuyant sur nos forces et nos fragilités.

Nous avons eu des moments d’abattement, de fatigue et de pleurs, mais le bonheur s’est construit dans notre famille, on a appris à être heureux tous ensemble. Notre fille ne pouvait plus voir ni entendre, mais elle pouvait aimer.

Aujourd’hui, je peux affirmer que ma fille, avec toutes ses infirmités, a été heureuse, car elle était aimée pour ce qu’elle était et comme elle était. Le bonheur ne dépend pas de nos humeurs, mais il est intimement inscrit en nous.

Aujourd’hui, je n’ai plus peur de la vie, je sais qu’on peut être heureux en toutes circonstances. Le véritable ennemi du bonheur, ce ne sont pas les épreuves, mais c’est la peur.

Anne-Dauphine Julliand
(source : La Vie)

vendredi 7 septembre 2012

Oser l'humilité (5)

Cinquième règle : Oser l'humilité

«Soyez toujours un débutant. » 
Shunryu Suzuki, fondateur de monastère zen aux Etats-Unis

Le bénéfice : 
adopter la posture du débutant permet de sortir des jeux de rôle de l'ego – imposés ou choisis –, d'évoluer dans la connaissance de soi et des autres, de ne pas s'accrocher à des croyances erronées ou limitantes et de se rendre disponible aux opportunités que la vie nous envoie. Sortir de la toute-puissance du « moi je » nous déleste d'un poids considérable et rend également les relations avec les autres plus fluides et plus authentiques. Dernier bénéfice de l'humilité : elle favorise la prise de conscience des principes d'impermanence de toutes choses et d'interdépendance entre les êtres.

La pratique : 
accueillir la critique, argumentée et respectueuse, et examiner ses actes, ses choix, son comporte-ment par son filtre. Elle entraîne une remise en question, facteur de progrès. Oser dire simplement «je ne sais pas » lorsque c'est le cas, sans se justifier. Demander de l'aide, des conseils à son entourage privé ou professionnel, établir des relations égalitaires et enrichissantes. Reconnaître ses erreurs, ses fautes, savoir s'excuser ou demander pardon.

jeudi 6 septembre 2012

Cultiver la stabilité (4)

Quatrième règle : cultiver la stabilité

« Même si votre situation est difficile, ne soyez pas pressé d'aller ailleurs. Ne suivez pas l'exemple de ceux qui viennent d'atteindre le sommet d'une montagne et s'imaginent trouver mieux à côté. » Thich Nhat Hanh, moine bouddhiste vietnamien,

Le bénéfice : 
la stabilité, par la répétition consciente des actes et des gestes, est un facteur de progrès spirituel, intellectuel et manuel, et la garantie d'un vrai plaisir de faire, car c'est par la constance que vient la maîtrise. Autre bénéfice de la stabilité par la ritualisation du quotidien : renforcer le sentiment de sécurité intérieure et d'appartenance au groupe —familial, amical ou professionnel. Enfin, la persévérance face aux difficultés est sans doute l'un des meilleurs antidotes à la confusion mentale et à l'insatisfaction chronique, deux maux propres à notre culture du zapping tous azimuts. C'est en effet en persévérant que l'on peut se découvrir de nouvelles ressources et que l'on renforce son estime de soi.

La pratique : 
réintroduire des rites collectifs — repas, rendez-vous, fêtes... — dans son groupe familial ou amical. Ritualiser ses rendez-vous — papiers administratifs, sport, méditation, soins... — à jours et à heures fixes, puis mesurer les progrès obtenus. Lister ces progrès dus à la persévérance, dans tous les domaines. Essayer d'honorer tous les rendez-vous et engagements de la semaine ou du mois, sans les reporter ni se trouver d'excuses. Énumérer, à l'aide d'un ami chargé d'apporter la contradiction, les avantages qu'il y aurait à changer de relation. d'emploi, de lieu de vie, etc.




mercredi 5 septembre 2012

Pratiquer l'hospitalité (3)

Troisième règle : pratiquer l'hospitalité

« Lorsqu'un moine étranger se présente au monastère, on le recevra autant de temps qu'il le désire pourvu qu'il ne trouble point le monastère par ses exigences. » Saint Benoît



Le bénéfice : 
en dépit des apparences, l'altérité est le parent pauvre de notre culture, qui favorise l'individualisme et incite à former des groupes de « mêmes ». Pourtant, rien n'est plus fécond que la rencontre avec la différence, l'étrangeté inhérente à l'autre : elle est source d'étonnement, d'enrichissement et de renforcement de sa propre identité. 
Accueillir celui qui ne nous ressemble pas, mais qui nous respecte, bouscule nos croyances et nos préjugés. Accueillir l'autre dans notre univers, recevoir sa différence nous permet également d'éprouver nos limites, nos valeurs et notre capacité à nous remettre en question. Cette ouverture — d'esprit et de territoire — développe notre empathie et réduit nos peurs imaginaires, toutes fondées sur la crainte de l'inconnu.



La pratique : 
adopter de temps en temps, mentalement, un point de vue différent, voire opposé au sien afin de voir le monde et les autres par un autre prisme. Ouvrir son groupe, amical, professionnel ou familial, en déjeunant, en recevant, en travaillant avec une personne que l'on n'aurait pas choisie spontanément. Ouvrir sa maison en échangeant avec des inconnus, en accueillant des enfants défavorisés en vacances, en lançant des invitations spontanées...




mardi 4 septembre 2012

Méditer et prier (2)


Deuxième règle : méditer et prier

« Ce que tu médites le matin, garde-le dans l'esprit tout le jour : applique-toi diligemment à cela, c'est d'un grand profit. » Sainte Thérèse d'Avila

Le bénéfice : 
méditer et prier... Dans la plupart des traditions religieuses, les deux notions se confondent. Méditation et prière consistent à plonger en soi pour mieux se déployer à l'extérieur. Il s'agit de s'ancrer dans l'ici et le maintenant, via ses sens, ses émotions, puis de se relier à plus grand que soi. Dans ce mouvement de l'intérieur vers l'extérieur, les angoisses s'apaisent et le mental se clarifie. Méditer, la science l'a prouvé, est l'un des meilleurs antidotes à l'anxiété. 
Dans un monde vécu comme de plus en plus menaçant, trouver en soi un lieu-ressource procure un sentiment de sécurité. Par ailleurs, méditer, ne serait-ce que quelques minutes par jour, renforce la concentration et régule les fonctions cardiaques. Prier, en étant en demande, aide à prendre conscience de ses vrais besoins – les souhaits égocentriques et superficiels s'éteignent rapidement–, à solliciter de l'aide et à sortir des jeux de rôle de la toute-puissance.


La pratique : 
émailler sa journée de pauses sensorielles de « pleine conscience » – je respire vraiment, je regarde vraiment, j'écoute vraiment, je touche vraiment, je goûte vraiment. Au réveil et au coucher, prendre cinq minutes pour inspirer et expirer – inspirer, compter jusqu'à dix, expirer lentement, puis recommencer –, les yeux fermés, jusqu'à ce que l'on se sente détendu et allégé. Oser prier à haute voix – demander pour soi, pour les autres, ou bien remercier – ou écrire ses prières dans un cahier prévu à cet effet.









lundi 3 septembre 2012

Entrer dans le silence (1)

Cette semaine, je vous propose d'adopter 5 règles monastiques à notre quotidien (tirées d'un article de Psychologies magazine)

Introduction :

Pour retrouver la paix intérieure, inutile d'enfiler une robe de bure. Plus simplement, nous pouvons nous inspirer chaque jour des principes de sagesse communs aux grands ordres religieux. (par Flavia Mazelin Salvi)

Se retirer des turbulences du monde, s'offrir le luxe du temps et du silence, plonger en soi pour redonner du sens à sa vie... Ce n'est pas un hasard si les retraites spirituelles connaissent un succès croissant. On y vient chercher un rythme apaisant ; on y vit, pendant quelques jours au moins, comme ces hommes ou ces femmes que l'on prend parfois à envier, tant leur existence semble pleine et sereine.

L'ascèse monastique serait-elle le nouveau Graal? Elle a en tout cas donné des clés à Sébastien Henry, formateur de coachs, qui vient de publier "Quand les décideurs s'inspirent des moines", et à l'historien Jacques Dalarun qui, dans "Gouverner c'est servir", voit les ordres religieux comme « les laboratoires de nos démocraties ». Ces vies vouées à la spiritualité, construites sur les deux piliers que sont l'intériorité et la communauté, nous ont également inspirés. 


Parce qu'elles peuvent nous aider à donner une assise à notre quotidien, plus d'attention à nos relations, nous avons choisi d'adapter à la vie profane les cinq grands principes communs à toutes les règles monastiques, occidentales et orientales. 


Une ascèse à pratiquer avec constance et modération. comme le précise saint Benoît, qui invite son lecteur à « n'établir rien de rigoureux ni de trop pénible ».


Première règle : Entrer dans le silence

« L'apôtre nous recommande le silence lorsqu'il nous ordonne de travailler. Et le prophète témoigne également que le silence est l'observation de la justice ; et ailleurs : dans le silence et l'espérance sera votre force.» 
Régle  primitive de l'ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel

Le bénéfice : 
seul un temps conscient de silence peut redonner du sens et du poids aux paroles que l'on prononce en quantité et qui, venant s'ajouter au brouhaha ambiant, ne font que renforcer au fond de soi le sentiment d'une grande solitude existentielle. Faire silence, ce n'est pas se retirer, s'extraire, mais au contraire vivre sa présence au monde d'une façon plus profonde, plus consciente. Le silence entraîne l'observation, la contemplation, il éclaire souvent la compréhension et donne aux échanges une saveur et une valeur nouvelles. Y entrer permet également - c'est une évidence, mais encore faut-il l'expérimenter pour s'en convaincre - de mieux écouter, dans le sens d'un accueil généreux de la parole de l'autre.

La pratique: 
se fixer un rendez-vous silence régulier (par exemple, le jeudi de 18 heures à 20 heures) et noter les émotions et sensations éprouvées. Avec son conjoint : faire une balade dans la nature, en silence, main dans la main et échanger seulement au retour. Avec les enfants : ménager des temps sans écrans ni son, autour d'activités manuelles (cuisine, modelage, peinture...). Au bureau, pour ceux qui le peuvent, choisir de travailler une matinée entière en silence, en prêtant une attention critique à ce que l'on aurait dit (questions, réactions) en temps ordinaire. Au cinéma, au musée : s'abstenir de commenter en direct, différer la parole pour aiguiser sa réflexion et pouvoir mieux argumenter.




dimanche 2 septembre 2012

Mystique de la présence avec Philippe Mac Leod

Nous ne savons rien de Dieu. Nous balbutions parfois. Nous croyons toucher quelque chose, franchir un pas décisif. Mais il n’est sans doute rien à savoir, seulement une présence à apprivoiser, en la contournant, en l’approchant avec vénération comme l’homme surpris en son désert. Il y aurait toute une mystique de la présence à promouvoir, non point en échauffant les sens, mais au jour le jour, instant après instant, dévoilant peu à peu l’immensité d’un amour qui évoque plus un infini qu’une pâle inclination.


L’amour, vois-tu, l’amour qui nous envahit, l’amour qui nous dépasse, se mesure à l’aune de la présence, présence qui se nomme et se communique du dedans. Dieu est amour. Dieu est présence. De cette présence qui dit plus que l’existence, qui fait son rayonnement comme sa substance. Vécue en profondeur, seule cette présence, toujours plus consciente, plus débordante, donnera consistance en toi à l’amour. Car lui-même se donne et se reçoit comme présence. Ne nous leurrons pas, nous ne pouvons pas aimer en esprit et en vérité sans creuser, sans développer en nous et autour de nous ce sentiment inépuisable de la présence.

Le mystère de la personne humaine nous conduit à l’universel. La simple perception que tu as de toi-même sourd d’une conscience plus large que tu ne le penses, d’abord d’une histoire propre, puis de toute l’histoire dont elle est l’ultime rameau, le fruit caché, la jeune feuille sur la plus haute branche : conscience de ce mystère d’être soi, d’être vie, et de le saisir, de le tenir un moment et de pouvoir le dire, même imparfaitement, comme si toute l’aventure de l’existence s’achevait dans ce savoir d’elle-même – conscience qui ne ­l’enferme pas, mais au contraire l’élargit à s’y perdre.

Dedans et dehors tout à la fois, immanence et transcendance se rejoignant dans le même battement, voilà ce qu’est la présence. Il est sans doute inévitable de les distinguer, mais plutôt comme des attitudes, au même titre que la chair et l’esprit. Il faut nous placer à l’intérieur des êtres et des choses, c’est-à-dire dans leur profondeur. En son for interne, on peut toujours être au-­dehors, dans l’imaginaire, les fantasmes, l’artifice. En tout et partout se trouve un centre, on peut le chercher ardemment ou s’en tenir à la périphérie. L’intériorité ne s’oppose jamais frontalement à l’extériorité : c’est une couche plus profonde, le visible et l’invisible­ se chevauchant, se ­recouvrant ou se clarifiant l’un l’autre.

Dieu est, Dieu est présence. Nous passons toute une vie à côté de cette évidence criante, car nous avons perdu le contact avec notre propre présence. Aussi, prendre conscience de toute présence, plus profondément, plus intensément que de coutume, dans une attention toute pure, au-delà des intérêts, des besoins, du plaisir comme du déplaisir, dans une sorte d’immédiateté nue, qu’il s’agisse d’une présence humaine ou de ce sentiment de la nature qui parfois nous gagne, nous rattache nécessairement à cette présence universelle qui fait l’être en son fond. Prendre conscience de Dieu, ce n’est pas penser mentalement à Dieu, mais d’abord prendre conscience de soi, de l’autre, du monde qui nous entoure, dans une sorte de transparence qui nous mène tout droit à la source, à la racine, à l’origine, à cette lumière une qui ­sous-tend et traverse toute chose.

Source : La Vie


samedi 1 septembre 2012

En mouvement vers le Jardin avec Gilles Clément (2)



Mais ce à quoi je crois le plus, c’est à la requalification permanente de tout ce qui permet à la vie d’exister – et d’évoluer. Je ne crois pas tellement à une diversité quantitative, mais à une diversité comportementale. C’est elle qui constitue le moteur de l’évolution de la vie sur cette planète. 

 L’imprédictibilité est ce qui caractérise la vie. Et l’on sait bien que l’humanité, à l’échelle de la vie, vient tout juste d’éclore dans l’histoire de la planète. Et la vie elle-même… Parce qu’avant même l’avènement de la vie, il y a la fabrication de cette espèce de socle, de l’eau, de l’oxygène… qui va permettre à la vie d’exister.


Partie 2 : 13 min. - Source : France Inter

"Une feuille morte tombée au sol n’est pas une souillure , c’est une nourriture."

 "Accepter l'autre dans sa diversité, ça permet de savoir qui on est soi-même."