jeudi 24 mars 2011

Trois questions à Pierre Rabhi

Vous dites que seule la solidarité peut faire changer le monde.

Plus que jamais nous sommes dans une phase historique où l'on n'a pas le droit de se tromper. Il faut des acteurs pour changer le monde. Ces acteurs c'est vous, c'est chacun de nous. La société est ce que nous sommes, ce que nous en faisons. Rien ne changera tant que nous ne changerons pas nous-mêmes, chacun dans notre vie.
Nous avons désappris à être sociaux. Les dispositifs sociaux actuels ont gommé la solidarité naturelle. La prospérité des nations s'inscrit sur la planète comme un gisement de ressources à exploiter. Il n'y a de richesse que monétaire. Et en réussissant par l'argent, on échoue humainement.
On donne aux enfants le modèle de la compétition, de l'opposition, de l'antagonisme, au lieu de lui apprendre le partage, la complémentarité, la solidarité, la tolérance... Servir la vie plutôt que la mort. Dans la nature, le pôle nord n'est pas contre le pôle sud.


Comment peut-on aller plus loin dans un changement de société ?

En construisant une société où toutes les compétences seront mises en commun. L'« Oasis » à Kergrist-Moëlou, « Les Amanins », dans la Drôme, le « Hameau des buis » en Ardèche, sont des exemples de ce sur quoi peut se construire le futur : créer des lieux en harmonie et cohérence avec les lois de la vie. Oser l'utopie : aller vers ce qui n'a jamais été expérimenté, transformer les règles par lesquelles toute la société est pétrifiée.
On doit réapprendre à produire, consommer localement. L'éradication des petits paysans est un désastre. Construire un monde de modération pour que tout le monde puisse vivre et non accaparer les biens au détriment des autres.


Serez-vous de nouveau candidat en 2012 ?

Les élections sont en fait l'opportunité de porter un message non conventionnel : l'humain est au coeur du changement, aller vers la modération et le partage. Priorité à l'humain et à la nature. Notre planète est généreuse, elle peut satisfaire tout le monde si l'on accepte de sortir de cette croissance effrénée qui va droit dans le mur. Alors, pourquoi pas ? Le candidat ce sera vous, qui nourrissez notre engagement et portez déjà ce message.


Source : Ouest-France Bretagne