dimanche 15 août 2021

« la mer donne le cap à une vie »


Pour le navigateur breton Jacques Caraës, directeur du Vendée Globe, la mer est une école de la vie. 


S'adapter et rester humble

La mer est l’une des plus belles écoles de vie. Parce que tu ne sais pas ce qui va t’arriver demain, à toi de t’adapter à la météo, aux courants, aux vagues et aux vents, etc. Tu dois rester éveillé, attentif, ouvert d’esprit, et surtout très humble, les yeux bien ouverts pour prendre de l’expérience.

Tu en apprends tous les jours en mer, car cet espace immense et imprévisible est une source inépuisable d’enrichissement, de découvertes, comme la montagne. Le mec qui sait tout, il se trompe ! Mais il ne peut tromper personne. Sur terre, tu peux toujours fuir la réalité, vivre hors-sol, mentir à toi-même et aux autres. En mer, tu ne peux pas tricher. Ou, si tu veux biaiser, tu ne le feras pas longtemps, car tu seras vite mis à nu par les éléments qui sont plus forts que toi.

Être solidaire et au coude-à-coude

Sur une course en équipage, tu es le gardien de ton frère. Tu dois prendre soin de lui, comme lui de toi. Par exemple, quand un gars accomplit une manœuvre délicate sur le pont et que toi tu tiens la barre, tu lèves un peu le pied jusqu’à ce qu’il finisse, puis tu redémarres à fond. La vie en équipage est une société miniature, une véritable communauté où chacun a sa place, où tout homme est précieux, nécessaire. Préparer les repas, faire la vaisselle, remettre les voiles, laver le pont… : chacun doit se rendre utile et œuvrer pour le bien commun.

Récupérer des gens à la dérive

Pour toutes ces raisons, et bien plus, la mer est un moyen extraordinaire de donner un cap aux personnes qui sont à la dérive, de les récupérer lorsqu’elles se noient. Le père Michel Jaouen, ce jésuite extraordinaire, en était convaincu. Il a embarqué des milliers de jeunes et de moins jeunes, paumés et sans repères, pour traverser l’Atlantique à bord de ses voiliers, et notamment de son trois-mâts, le Bel Espoir, qu’ils retapaient tous ensemble avant de prendre la mer. Il disait souvent que pour réinsérer les jeunes délinquants ou toxicomanes, il faudrait des centaines de bateaux comme les siens ! 


source : La Vie

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